Un nouveau pas vers la « démocratie illibérale » en Hongrie

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Published : September 17th, 2014
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« L’époque des démocraties libérales est dépassée. » La phrase, lancée cet été par Viktor Orbán aux cadres de son Parti Fidesz, fait froid dans le dos. D’autant plus que le Premier ministre hongrois vient de joindre le geste à la parole. Ce lundi 8 septembre, des dizaines de policiers ont fait irruption dans les bureaux de deux ONG sous prétexte de financement illégal. Une intervention qui confirme la dérive autoritaire que connaît la Hongrie.


En pratique, les ONG visées par le pouvoir de Budapest, Demnet et Okotars, constituent des véhicules pour distribuer des aides venues de Norvège. En échange d’un accès au libre marché européen, la Norvège verse des bourses à des ONG locales pour lutter contre les disparités économiques et sociales au sein de l’Union européenne. Mais, d’après le gouvernement, il s’agirait plutôt d’ « activistes politiques payés par l’étranger pour promouvoir des intérêts étrangers. » Un discours qui reproduit exactement celui de Vladimir Poutine. En Russie, toutes les ONG qui acceptent des dons étrangers doivent être enregistrées comme « agent étranger » et sont soumises à des contrôles stricts. Une situation qui inspire de plus en plus ouvertement le gouvernement hongrois.


En effet, l’opération de cette semaine s’inscrit dans un rapport de force qui se construit depuis des mois. « Nous érigeons une sorte de Dôme de Fer spirituel – avait annoncé M. Orbán, en référence au système anti-roquette de l’armée israélienne – qui ne pourra être forcé par personne. » Lors d’une réunion des cadres du parti Fidesz en juillet dernier, il s’est ouvert longuement de son objectif politique : construire une « démocratie illibérale ». Selon lui, la crise économique de 2008 aurait démontré que « les états démocratiques libéraux ne peuvent pas rester compétitifs. » Et de donner en modèle la Russie, la Turquie et la Chine, « dont aucun n’est libéral et certains ne sont même pas démocratiques. »


Depuis plusieurs années déjà, Viktor Orbán s’est illustré par ses tendances autocratiques. En 2011, une loi sur les médias a instauré un contrôle de l’information unique en Europe. Tous les organes de presse doivent s’enregistrer auprès d’un Conseil des médias qui dispose de larges pouvoirs de supervision et qui peut juger du caractère « approprié des informations en rapport avec les affaires publiques. » Son autorité s’étend aussi à la sphère numérique, prochaine victime probable de la répression. La soumission de la presse à Viktor Orbán est telle que le rapport de l’OCDE sur les récentes élections d’avril 2014 parle « d’avantages indus » en faveur du parti Fidesz. En plus d’un « biais dans la couverture médiatique » et « régulations électorales restrictives », le rapport cite un « estompement de la séparation entre l’État et le Parti. »


La confusion croissante entre l’État et le Parti rappelle de biens mauvais souvenirs dans cette ancienne dictature communiste, une dictature que Viktor Orbán avait pourtant contribué à faire chuter. Mais l’ancien Václav Havel hongrois semble avoir désormais mis ses pieds dans les traces du nouveau Tsar. Les observateurs parlent de plus en plus souvent de la « poutinisation » de la Hongrie et commencent à poser la question de son maintien au sein de l’Union européenne. Or, si M. Orbán peut déclarer : « Je ne pense pas que notre appartenance à l’Union européenne puisse nous empêcher de construire un nouvel État illibéral basé sur des fondations nationales », il n’est certainement pas seul à pouvoir en juger.

 

 

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Consultant, formateur et écrivain, Thierry Damaux se passionne pour les processus de changement et d'innovation. Après des études de Science Politique et une spécialisation en management, il s'est consacré à la formation dans le milieu associatif. Aujourd'hui, il combine ses activités de consultant indépendant avec le journalisme économique et social. A travers ses articles, Thierry cherche à rendre perceptible l'effervescence actuelle du monde que cause l'effondrement des vieilles structures centralisées et bureaucratiques au profit d'initiatives individuelles.
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