Voltaire et l’éloge du luxe

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From the Archives : Originally published January 30th, 2012
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A gauche comme à droite, certains candidats à la présidentielle nous ressortent une vieille recette fiscale : le relèvement de la TVA au taux majoré (33,3 %) des biens ou produits de luxe : caviar, parfumerie, perles fines et pierres précieuses, fourrures etc. Passons sur l’aberration fiscale d’une telle mesure, aux effets pervers bien connus. La querelle du luxe est bien plus qu’un débat sur le commerce et la richesse. C’est une querelle philosophique à propos des sciences, des arts et du progrès en général.


La question philosophique sous-jacente est de savoir si les progrès de la technique et de l’industrie contribuent au bonheur et au bien-être de l’homme ou au contraire à sa perte. La frugalité est-elle une vertu et le luxe un vice ? Le luxe dispose-t-il à la corruption des mœurs ou bien au contraire adoucit-il les mœurs ? Au XVIIIe siècle, Voltaire et Rousseau se sont vigoureusement opposés sur cette question.


Voltaire a écrit les Lettres Philosophiques (1734) pour critiquer les mentalités françaises sur les plans religieux, politique, économique ou encore scientifique. Il s’agit de la première critique radicale de l’Ancien Régime. Voltaire propose un nouveau partage des pouvoirs politiques calqué sur le modèle britannique, il défend les classes moyennes face aux privilégiés et aux aristocrates.


Ce qui constitue le bonheur d’un individu ou d’une nation pour Voltaire, c’est un régime dans lequel les hommes vivent en paix les uns avec les autres, dans un certain confort matériel. C’est pourquoi, une société est d’autant plus libre et heureuse qu’elle est fondée sur le commerce au sens de l’échange économique.


Trois points sont à considérer selon Voltaire :


1° le bonheur d’une nation nécessite une vie matérielle aisée qui favorise les arts ;


2° le luxe et le commerce qui l’engendre sont garants des libertés ;


3° enfin le commerce est bon parce qu’il promeut des rapports civilisés et donc pacifiques entre les hommes.


Le luxe engendre le confort et les arts


Voltaire consacre une partie de ses Lettres philosophiques aux arts. Les arts rendent la vie plus belle et plus agréable. Ils doivent donc être cultivés. Selon lui, la grandeur et le bonheur d’une société se juge par l’état de ses arts. Quatre âges se sont distingués par le perfectionnement de leurs arts, écrit-il : les siècles d’Alexandre, d’Auguste, des Médicis et de Louis XIV.


Or, le développement intellectuel et artistique n’existe que dans une nation prospère. L’abondance est la mère des arts selon Voltaire. C’est pourquoi le commerce est un moteur du progrès historique. De plus, le confort qu’il procure est en lui-même une source de bonheur.


Prospérité et liberté


Dans sa Dixième Lettre (Sur le commerce), Voltaire associe commerce, prospérité et liberté dans un cercle vertueux : le commerce enrichit les citoyens ; la richesse les rend libres ; la liberté étend le commerce et ainsi la nation s’enrichit encore davantage. Mais il y a plusieurs types de libertés selon Voltaire.


Le commerce est la source d’une première liberté, la liberté individuelle, que Voltaire appelle la liberté de propriété. Par exemple, les paysans anglais possèdent des vêtements, des bestiaux, une maison confortable et personne ne peut leur enlever arbitrairement la possession de ces biens. En s’enrichissant par le commerce, les citoyens augmentent leur niveau de vie et, de cette façon, deviennent moins dépendants de la nature : ils ne luttent plus pour le nécessaire et vivent plutôt dans le superflu.


Mais la liberté désigne aussi l’équilibre des pouvoirs, c’est la liberté politique. Pour Voltaire, la reconnaissance sociale des commerçants pourrait avoir pour effet d’apporter un partage plus équitable du pouvoir. Il donne l’exemple de l’Angleterre où la monarchie est désormais tempérée dans ses prérogatives par le Parlement, depuis l’action des révolutionnaires constitués surtout de commerçants. Là encore il y a une sorte de cercle vertueux : la liberté de propriété permet de s’enrichir et le luxe permet aux classes moyennes de participer au pouvoir. La liberté politique renforce à son tour la liberté individuelle, car sans la liberté politique, les commerçants comme les paysans ne seraient pas libres de jouir des biens qu’ils ont gagnés à la sueur de leur front.


Le commerce engendre la paix civile


Le commerce favorise la tolérance religieuse qui est une composante essentielle de la paix civile et donc du bonheur selon Voltaire. Malgré leurs différences confessionnelles, les hommes qui commercent ont tous un même objet au centre de leurs préoccupations : le profit. Or la recherche commune du profit entraîne la coopération et le respect des opinions d’autrui, en particulier de ses croyances religieuses.


Dans la Sixième lettre, Voltaire donne l’exemple de la Bourse de Londres. En ce haut lieu du commerce international, « le juif, le mahométan et le chrétien » font des affaires ensemble, « comme s’ils étaient de la même Religion ». Ils ne donnent « le nom d’infidèles qu’à ceux qui font banqueroute ». Le passage vaut la peine d’être cité tout entier tellement il est fameux :


« Entrez dans la Bourse de Londres, cette place plus respectable que bien des cours ; vous y voyez rassemblés les députés de toutes les nations pour l'utilité des hommes. Là, le juif, le mahométan et le chrétien traitent l'un avec l'autre comme s'ils étaient de la même religion, et ne donnent le nom d’infidèles qu'à ceux qui font banqueroute ; là, le presbytérien se fie à l'anabaptiste, et l'anglican reçoit la promesse du quaker. Au sortir de ces pacifiques et libres assemblées, les uns vont à la synagogue, les autres vont boire ; celui-ci va se faire baptiser dans une grande cuve au nom du Père par le Fils au Saint-Esprit ; celui-là fait couper le prépuce de son fils et fait marmotter sur l'enfant des paroles hébraïques qu'il n'entend point ; ces autres vont dans leur église attendre l'inspiration de Dieu, leur chapeau sur la tête, et tous sont contents ».


Le commerce réunit donc les hommes autour d’une « même religion », le profit, une religion pacifique.


Concluons par ce jugement de Voltaire sur Rousseau : « Si l'on entend par luxe tout ce qui est au-delà du nécessaire, le luxe est une suite naturelle des progrès de l'espèce humaine ; et, pour raisonner conséquemment, tout ennemi du luxe doit croire avec Rousseau que l'état de bonheur et de vertu pour l'homme est celui, non de sauvage, mais d'orang-outang. » (Dictionnaire de philosophie)


A lire pour approfondir : http://agora.qc.ca/thematiques/rousseau.nsf/T...u_XVIIIe_siecle


 

 

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Damien Theillier est professeur de philosophie en terminale et en classes préparatoires à Paris. Il est l’auteur de Culture générale (Editions Pearson, 2009), d'un cours de philosophie en ligne (http://cours-de-philosophie.fr), il préside l’Institut Coppet (www.institutcoppet.org).
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Le plus remarquable avec les philosophes, c'est qu'ils ont toujours pas compris que leur rideau de fumée-escroquerie mentale qu'ils ont mis en avance dans le passé ne tenait que parce qu'une partie de la foule était ignare et incrédule. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Ils n'ont plus le "monopole de la réflexion" (alias "manipulation d'autrui") mais sont incapables de s'adapter à cette nouvelle donne où le peuple développe une sorte d'immunité aux parasites intellectuels. Une espèce en voie d'extinction maintenue artificiellement en vie. On les regrettera pas ...
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Ce n'est plus que de la rêverie d'écrire : " le peuple développe une sorte d'immunité aux parasites intellectuels " alors qu'il vote à gauche sur des promesses, des promesses et encore des promesses.... jamais tenues, parce qu'impossibles.
Que les sectes ne se sont jamais aussi bien portées, et les religions aussi ! On ne fait pas mieux comme parasites.
M. Vous rejoignez Descartes... pour les rêves !
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sectes ne sont jamais aussi bien portées ? faut arrêter de gober le ragottage du gouvernement relayé par les mass médias ...
et le monde est tout juste en train de s'éveiller, depuis qq années, laissez-lui le temps. la tendance est là, profonde.
Descartes ? allons donc, douter de tout est aussi nocif que de ne douter de rien. Suivre sa conscience ...
Allons bon. On s'en prend à la philosophie maintenant.

Dites moi, si personne ne pense et ne cherche à comprendre, vous donnez quelle espérance de vie à l'espèce humaine ?

Et quand à lier "monopole de la réflexion" et "manipulation", le manque de lien causal entre les deux me fait comprendre le peu de gout que vous avez de la philosophie, qui demande un minimum de rigueur.
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Vous inquiétez pas pour la rigueur, j'en ai à revendre, ayant poussé le parcours scientifique jusqu'au bout. C'est justement le manque de rigueur qui est patent chez ceux qui se titrent "philosophe". La discussion n'a jamais été possible puisque plutôt de regarder les faits, de faire les expériences pour confirmer/infirmer des théories, ceux-ci ne font que se retrancher derrières d'autres "philosophes". Il y a longtemps que les scientifiques ont pris le pas sur les philosophes pour les avancées, et pour cause.
(je ne jette pas des fleurs aux scientifiques dont je fais partie : actuellement le mouvement global ressemble plus à une religion qu'à autre chose. Une fois la formation scientifique faite, l'individu y cherchant à se faire une place n'applique plus de rigueur pour pointer les erreurs de pairs mieux placés. C'est en grande pour cela que je reste à frontière, dans une des rares zones où mon honnêteté compte.)
Je suis tout-à-fait d'accord avec votre parenthèse qui a conduit les sciences par définition "intelligentes" c.à-d. permettant la compréhension puis l'adaptation de l'homme à l'univers; mais qui a dévié vers le scientisme que vous définissez correctement.
Mais la science est et n'est qu'une vision de l'univers, intéressante pour l'humanité certes, mais très loin d'être la seule.
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Il me semble que les sciences sociales se sont fourvoyées depuis un siècle en essayant d'imiter l'approche de la physique notamment, dont les méthodes sont expérimentales et souvent inductives.

Regardez par exemple la manière dont Popper aborde les choses, en niant toute réalité et puisque une vérité n'est qu'une proposition qui n'a jamais encore été falsifiée.

Je pense qu'il faut reprendre les sciences sociales et notamment l'économie sur une base déductive, en partant de postulats non contestables et en en déduisant des règles.

Cette approche donne d'excellents résultats, mais, comme les phénomènes observés, à savoir les être humains, sont dotés d'autonomie et de libre choix, le timing est impossible.

Mais les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets, ce qui valide la notion de science.

Pour le reste, je suis d'accord avec vous sur la politisation de la science, ce qui est un vrai drame pour l'humanité.
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Je n'ai jamais aimé ni Voltaire, ni Rousseau, mais il faut bien dire que leurs positionnements sont toujours d'actualité, on le voit bien dans les débats ici. Leurs fonds datent un peu c'est le moins que l'on puisse en dire même si de nos jours les plus extrémistes de nos "Verts" sont bien proches de Rousseau, peu défendent le commerce en tant que tel et l'ont remplacé par le terme de Libéralisme pour justifier la civilisation par la consommation.
Dans cet univers qui est fondé entièrement sur la dualité, nous ne pouvons rien créer sans que se crée immédiatement son contraire ou son opposé. C'est aussi valable en science physique qu'en science morale ou plus généralement en toute abstraction. Je n'ai trouvé aucune exception à cette règle en explorant tous les domaines.
Les conclusions en sont dramatiques pour nos consciences car si soeur Térésa est la contrepartie d'Hitler ou, pire, si soeur Térésa entraîne de facto la création de maux ; alors où est le Bien , où se trouve le Mal ?
Si, au départ l'univers s'est créé sous la forme binaire, je pense que sa logique en toutes choses reste construite par paires et que la résultante de tout ceci par fusion est égale à 0.
Cela conduit à beaucoup d'humilité.
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Sur la dualité, ce n'est qu'une image. La dualité, en physique par exemple, c'est comme considérer la force centrifuge comme une force existante, alors qu'elle n'est que le reflet de force centripète, ou plutôt, un autre point de vue ; c'est la complémentarité des points de vue qui donne la réalité. Mais avoir plusieurs projections d'un phénomène ne le dédouble pas pour autant. En fait, la notion de dualité vient du point de vue scalaire que nous avons naturellement sur les choses, telles la température. Mais il n'existe pas de température négative physiquement parlant (-10° Celsius n'est ni l'inverse ni l'opposé de 10°). C'est pour cela que les degrés Kelvin sont plus utilisés en science fondamentale. Il n'existe pas de longueur négative absolue non plus.
De même, il existe des unités dites vectorielles, qui peuvent paraître totalement différentes selon le point de vue. Une voiture ira à droite pour quelqu'un d'un bord de la route et ira à gauche pour l'observateur opposé. En additionnant leurs point de vue, la voiture n'avance pas! Il faut tenir compte d'un 3ème point de vue, voire plus, pour déterminer la réalité des faits.
Ceci démontre que la dualité n'est qu'un effet de l'observation et que s'y accrocher empêche la vision de la Réalité.
On retrouve cette notion aussi dans la philosophie asiatique sous le terme, entres autres, de mâyâ. Le mâyâ désigne le monde tel que nous le percevons naturellement, par soi-même, et son apparence duelle. D'où le concept de "Voie du Milieu" ou "Voie médiane". Elle consiste à ne pas tenir compte des apparences et à rechercher la vraie substance, la "Vacuité des choses". Car, la multitudes des points de vues s'annulent entre eux et ne donnent pas de solution.
Dès lors, je vous rejoins sur le fait que l'univers égale zéro. Mais cela ne signifie pas l'inexistance ni la dualité, à l'instar d'une vague dont les creux et les crêtes font 3m. Le total est égal à zéro, mais elle existe néanmoins et est un phénomène unique (un creux n'est pas un vague négative, elle en fait partie intégrante).
Il n'y a alors ni de Bien ni de Mal, mais des points de vue. Les Nazis étaient convaincus d'agir pour le Bien, tout comme les élites européennes actuelles quant bien même nous voyons un autre point de vue qu'eux. Et toute personne dans le monde paraît bien aux yeux de certains et mauvaise aux yeux d'autres.
Et ça, ni Voltaire ni Rousseau ne l'ont compris !
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Sur la dualité, ce n'est qu'une image. La dualité, en physique par exemple, c'est comme considérer la force centrifuge comme une force existante, alors qu'elle n'est que le reflet de force centripète, ou plutôt, un autre point de vue ; c'est la complémen  Read more
roger.martin.92167 - 1/30/2013 at 2:05 PM GMT
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