Compétitivité Globale et Avenir : Austérité et compétitivité limitée

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Published : April 19th, 2012
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Lors de mon dernier article, nous faisions le constat que la compétitivité d’un pays dépend certes de sa capacité productive, mais aussi du cadre institutionnel qui protège plus ou moins  la propriété privée et donc les investisseurs. Ce cadre institutionnel a trois dimensions. La première comprend les réglementations. Il s’agit notamment des lois qui par exemple établissent un salaire minimum relativement élevé ou qui donnent des privilèges à certaines entreprises et catégories de travailleurs. La deuxième dimension est celle de  la fiscalité en vigueur dans le pays considéré. Il s’agit du fardeau fiscal propre au pays et aussi de la complexité du système d’imposition en question. La troisième dimension englobe le système judiciaire du pays, à savoir sa facilité d’accès, son mode de fonctionnement et son efficacité à rendre des décisions rapides. La dernière dimension touche au cadre institutionnel d’un pays dans son ensemble car il ne suffit pas d’avoir de bonnes lois, encore faut-il un système judiciaire pour les appliquer.


Le cas de la Grèce est emblématique. En termes de capacité de production, la Grèce est aussi attractive que d’autres pays Européens. Certes, le pays n’offre pas de produits à très grande valeur ajoutée mais il dispose d’une main d’œuvre pas chère et relativement bien éduquée. Sa position géographique est aussi un atout. Elle a des accès maritimes, terrestres et aériens avec les principaux marchés européens et orientaux.


Cependant, ces avantages sont affaiblis par un cadre institutionnel défaillant. Jusqu’à l’éclatement de la crise de sa dette, la principale caractéristique de l’État grec était d’y être très interventionniste.


En 2008, l’OCDE y avait calculé un indice de protection de l’emploi de 2,97 (très rigide) – très proche d’ailleurs du niveau français de 3. Cet indice atteint 2,63 en Allemagne et seulement 1,91 (peu rigide) au Danemark. En outre, son indice de protection des marchés est trop élevé (2,3) comparé à l’Allemagne (1,27), le Danemark (0,99) ou même la France (1,39). Selon le Global Competitiveness Report de 2011-2012 du Forum Économique Mondial, le système judiciaire grec enregistre une très mauvaise performance. Parmi 142 pays étudiés, la Grèce occupe la 98ème place[1] dans la catégorie « Paiements irréguliers et pots de vin », et la 121ème place dans les catégories « Efficacité du cadre juridique dans le règlement des différends » et « Efficacité du cadre juridique dans la contestation de la régulation ». La Suisse, par exemple, occupe les 10ème, 7ème, et 4ème places respectivement pour ces mêmes catégories.


La seule dimension dans laquelle la Grèce s’assurait une place relativement bonne est celle de sa fiscalité car son fardeau fiscal y est relativement plus faible que celui de se voisins européens. Néanmoins, depuis 2010, les mesures d’austérité en Grèce ont malheureusement consisté à augmenter le fardeau fiscal des grecs. Après quatre plans d’austérité depuis 2010, la Grèce va enfin dans le 5ème s’attaquer principalement à ses problèmes de rigidité en termes de protection du travail et des marchés.


Reste à voir si les réformes visant à rendre plus flexibles les marchés grecs pourront contrebalancer la hausse des impôts. Le scepticisme est de mise lorsqu’on sait que la fourchette du taux d’imposition marginal sur les salaires en Grèce se trouve maintenant entre 18% à 45% et que le taux de la TVA grec atteint désormais 23%.[2]


Le secteur économique le plus développé en Grèce est le tourisme. L’agriculture, autre grand secteur,  est très subventionnée (la Grèce est le principal bénéficiaire de la Politique agricole commune en Europe). Il est difficile d’imaginer comment la Grèce pourrait dès lors attirer des investissements quand d’autres pays ont mieux su développer ces secteurs. Pour cela, il lui faudrait acquérir des avantages institutionnels comme un plus grand respect de la propriété privée. Pour le moment, c’est loin d’être le cas.


En France, un plan d’austérité identique – axé sur les impôts - pourrait y avoir un impact négatif considérable. S’il est vrai qu’en France la fourchette de l’impôt sur les salaires (5,5 à 40%) et la TVA (19,6%) sont légèrement plus faibles qu’en Grèce,  les taux des cotisations sociales y sont au moins six fois plus élevés. La compétitivité française serait donc lourdement affectée par un alourdissement du fardeau fiscal.


Il est en fait difficile d’imaginer comment la dimension « réglementation » via une plus grande flexibilité des marchés pourrait contrebalancer la dimension « fiscalité » quand celle-ci devient trop élevée et rendre à un pays sa compétitivité.


A ce sujet, la Suède qui a traversé dans les années 90 une crise financière et fiscale a accompagné ses déréglementations d’une baisse des charges sociales  sur les salariés et d’un assouplissement de nombre de réglementations des marchés. Le Danemark, à la même époque, a connu une évolution similaire. De plus, le taux d’imposition de base sur les sociétés dans ces deux pays (25% pour le Danemark et 26,3% pour la Suède) y est plus bas qu’en France (34,4%).[3]


Ce constat nous permettra d’examiner de façon critique  les plans d’austérité de la Zone Euro. Leur objectif est clairement de  redonner de la compétitivité aux pays en crise mais ils se limitent à la dimension « réglementation » tout en alourdissant la dimension fiscale. Le risque est alors de déployer des efforts colossaux pour un résultat au mieux très limité.


 

 



[1] Dans toutes les catégories du « Global Competitiveness Report 2011-2012 », les premières positions indiquent une bonne performance du pays analysé.

Data and Statistics for these countries : France | All
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Gabriel A. Giménez-Roche est professeur et responsable du département économie du Groupe ESC Troyes et maître de conférences à Sciences Po Paris. Son domaine de recherche est l'analyse économique de l'entrepreneuriat et son contexte socio-institutionnel. Il est également chercheur associé de l’Institut économique Molinari.
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24hGOLD Citation du jour : "Le principal intérêt du calcul du PNB est de rendre tous les autres chiffres insignifiants lorsqu'ils lui sont comparés" Everett Dirksen

Ce brave homme n'avait pas connaissance des dettes des pays !
Comme quoi, il faut se méfier de ce que l'on écrit pour la postérité.

Hors ceci, la France et ses français sont persuadés que leur modèle social est le meilleur et surtout le plus avancé au monde. Et nul n'en démorde bien qu'il soit contre-nature !
La France n'est que le poste avancé de la décadence profonde du monde occidental.
La chute n'en sera que plus dure.
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