Formation et CPF : le coup juteux des syndicats

IMG Auteur
Published : January 14th, 2015
1187 words - Reading time : 2 - 4 minutes
( 5 votes, 5/5 ) , 7 commentaries
Print article
  Article Comments Comment this article Rating All Articles  
0
Send
7
comment
Our Newsletter...
Category : Crisis Watch

Parce que la baisse du nombre d’emplois pourvus en France est une réalité que les entourloupes statistiques n’arrivent pas à masquer, parce qu’offrir du travail est l’une des missions les plus importantes, si ce n’est LA mission ultime que l’exécutif s’est fixé (au moins officiellement), et probablement parce que les résultats de la lutte contre le chômage sont catastrophiques, François Hollande s’est décidé il y a quelques mois à lancer une grRrande réforme de la formation professionnelle, en accord, du reste, avec sa 35ème proposition de campagne.

C’est difficile d’être président de la République. C’est difficile de réformer dans ce pays. C’est difficile de faire passer pour des réformes des bricolages suffisamment petits pour ne pas déclencher une guerre ouverte avec les syndicats, les salariés, les fonctionnaires ou les corporations. C’est difficile de vendre ensuite l’absence de résultats devant les trop timides ajustements. Mais, malgré tout, « réforme » il y aura donc eu : le DIF, Droit Individuel à la Formation a vécu, place maintenant au CPF, Ce Pays est Foutu le Compte Personnel de Formation.

Et pour du changement, c’est du changement. D’une part, on passe d’une situation connue et maîtrisée à quelque chose de … nouveau.

Enfin, maîtrisée, c’est vite dit, puisque la complexité du DIF était tout de même assez élevée : entre les droits qui se perdaient deux ans après avoir quitté une entreprise, les formations disponibles limitées (en qualité, en quantité, en accessibilité), les difficultés des chômeurs pour en bénéficier, disons que le DIF n’avait pas remporté un succès majeur au sein de la population française. Absence de succès qui se traduit d’ailleurs assez bien lorsqu’on sait qu’une grosse majorité de Français (76%, selon un sondage Opinionway pour l’AFPA) n’ont pas du tout utilisé leur DIF au cours de leur vie professionnelle. Autrement dit, la situation était assez peu connue. Il aurait sans doute fallu former les Français à l’utilisation de leur droit à la formation, je présume.

24hGold - Formation et CPF : l...

Heureusement, avec le Compte Personnel de Formation, on va remettre les pendules à l’heure, et si, pour le moment, 51% de ces mêmes Français, interrogés dans le même sondage, avouent ne pas avoir entendu parler de ce CPF, il est probable que la situation change pas mal dans les prochaines semaines. En effet, d’ici à la fin du mois, toutes les entreprises ont obligation de faire parvenir à leurs salariés l’état des lieux les concernant à ce sujet, c’est-à-dire, soit au travers d’une attestation, soit via le prochain bulletin de paie, leur apprendre combien ils ont emmagasiné d’heures de DIF. Munis de ce nombre magique, de leur numéro de sécurité sociale, d’un brin de courage et de patience et d’une solide dose de calme, les salariés, frétillant d’aise à l’idée de pouvoir enfin se former, iront s’inscrire sur le site de Gouvernemaman qui leur expliquera bien tout comment il faut faire.

Reconnaissons que si l’on pouvait sans doute penser à un système plus simple, au moins cette démarche aura-t-elle le mérite de faire prendre conscience de l’existence même du bidule à cette majorité de salariés qui ne savaient même pas qu’il existait, et générera (on peut s’en réjouir en cette période d’activité morose) un regain de paperasserie pour les entreprises qui n’en ont pas trop actuellement. Et du point de vue du système d’information gouvernemental, c’est tout bénéfice puisque des milliers de salariés vont venir s’inscrire sur le site, permettant à la belle idée de prendre son envol de façon harmonieuse et sur des bases saines. Hum.

24hGold - Formation et CPF : l...En tout cas, le nouveau CPF promet tout de même une véritable amélioration de la situation puisqu’en effet, le plafond d’heures monte de 120 à 150, que le compte est indépendant de l’entreprise, suit le salarié tout au long de sa vie professionnelle, et qu’il ouvrira des droits sur des formations plus larges d’un catalogue élargi. Celles-ci seront préalablement sélectionnées par les partenaires sociaux (oh, que voilà jolie formule !), c’est-à-dire les syndicats, ceux-là même en qui vous pouvez avoir toute confiance tant ils ont montré, au-delà de tout doute raisonnable, à quel point ils étaient indispensables à la bonne marche du marché du travail français.

Et c’est là qu’on commence à comprendre que les syndicats viennent, en ce début d’année 2015, de faire un magnifique bond en avant dans la lubrification de leurs rouages. En effet, comme j’en faisais mention dans un précédent billet, difficile d’oublier qu’à partir de cette année, ces derniers bénéficient d’un abondement automatique et obligatoire par une petite taxe spécifique sur la fiche de paie de tous les salariés français. À cette ponction, déjà fort bienvenue en ces temps de disette (ce ne sont pas les adhésions qui renflouent les caisses des syndicats, mon brave monsieur), il faudra donc ajouter la manne de la formation que ce CPF améliore encore un peu.

« Améliore », car il en faut pas oublier que, comme l’explique fort bien un précédent dossier de Contribuables Associés sur la copieuse question de la formation en France, les syndicats ont déjà largement mis la main sur l’ensemble du secteur, et se disputent, avec les partis politiques, les juteuses subventions et volumes financiers massifs (plus de trente milliards, tout de même) que l’État laisse en partage. Pour les partis, on se souvient des reportages plus que gênants sur (par exemple) les Verts qui bénéficient de systèmes pour le moins opaques – et probablement pas très légaux, une plainte a été déposée – de financement. Du reste, le financement direct des syndicats par les fonds de formation professionnelle n’est même pas un secret, même s’il « laisse pantois », comme le dit assez bien cet article du Point.

Or, si le CPF semble une bonne chose sur le papier et du point de vue du salarié, la réforme n’a pas touché à ces aspects douteux. Les syndicats continueront donc à être étroitement liés à la formation, les partis politiques aussi, et l’État continuera toujours à distribuer de la subvention comme avant, à hauteur, par exemple, de plus de 60 millions d’euros pour l’AFPA, premier organisme de formation professionnel, Titanic largement renfloué à fonds publics et « association Loi 1901″ dont le but officieux mais très lucratif ne fait plus aucun doute.

24hGold - Formation et CPF : l...

Mais le pompon, c’est que le CPF risque bien d’avoir un coût très supérieur à ce qui a été prévu. Ainsi, en 2013, l’État a dépensé 3.7 milliards d’euros pour la formation professionnelle, dans le cadre du DIF, alors bien plus restrictif que cette nouvelle mouture. Or, avec l’importante publicité qui est faite pour le CPF au travers de cet enregistrement massif des salariés dans le dispositif gouvernemental, et compte-tenu de sa plus grande facilité d’usage, on peut s’attendre à ce qu’au moins 5% des salariés en utilisent les facilités offertes. Or, à 5%, les projections réalisées amènent le coût du CPF entre 5 et 6 milliards d’euros (soit 50% d’augmentation par rapport au feu-DIF).

Tout ceci sent décidément la réussite flamboyante.

J'accepte les Bitcoins !

14SQDxZpJAHNrERucDHijeiBFXhidVWxik

Vous aussi, foutez Draghi et Yellen dehors, terrorisez l’État et les banques centrales en utilisant Bitcoin, en le promouvant et pourquoi pas, en faisant un don avec !

Source : h16free.com
Data and Statistics for these countries : France | All
Gold and Silver Prices for these countries : France | All
<< Previous article
Rate : Average note :5 (5 votes)
>> Next article
H. Seize rédige sur http://h16free.com ses chroniques humouristiques d’un pays en lente décomposition, et apporte des solutions dans son livre, Egalité, Taxes, Bisous. Dans un monde toujours plus dur, et alors que la crise, la vilénie, les aigreurs et les misères allant de la maladie aux bières tièdes font rage, un pays fait courageusement face et propose toute une panoplie de mesures plaisamment abrasives qui permettront d'aplanir les aspérités, gommer les difficultés et arrondir les angles. Ce pays, rempli de gentils et d'aimables tous les jours mieux pensant, est devenu un véritable phare scintillant dans la nuit noire de l'obscurantisme des méchants et des vilains. Et pour mieux scintiller, il s'est doté d'une devise qui est parvenue à se hisser au rang de slogan, d'accroche et de modus vivendi : pour chacun et pour tous, il faudra de l'égalité, des taxes, et des bisous.
WebsiteSubscribe to his services
Comments closed
  All Favorites Best Rated  
Une fois de plus nos chers syndicats savent se placer au bon endroit pour se faire rincer. Quant à leur gestion.....
Personnellement je suis un produit de l'AFPA. Elle m'a permis une reconversion et plus tard ma spécialisation. J'en garde un excellent souvenir, je suis passé par 3 centres (Bourges, Toulouse et Limoges). Des profs de très bonne qualité et un enseignement qui valait largement si ce n'est plus que celui de l'éducation nationale. Je veux dire par là que si on comparait le niveau des examen de CAP, l'AFPA était plus exigeante. Pour ma spécialisation, plus tard, il n'y a qu'à l' AFPA où il était possible de se former. Je reste persuadé que cette institution et l'esprit que j'y ai connu doivent perdurer.
Malheureusement, de ma session, je suis le seul a être resté dans le bois, certains mêmes de mes co-stagiaires étantt venus là pour faire du tourisme ou apprendre un métier pour avoir une corde de plus à leur arc à titre personnel. J'ai même croisé à Bourges une fille qui venait de l'imprimerie et venue se former en Mécanique Moteur Essence Diesel pour être autonome sur le plan mécanique en vue d'une transafricaine en moto !
Plus tard, j'ai fait qqs fois de l'enseignement. Hélas, stages-foutaises pour planquer de chômeurs ! J'ai vite largué les amares !
Donc formation oui, pas du n'importe quoi à n'importe qui, de la qualité, une gestion des centres rigoureuse + vues sur l'évolution future des métiers.
Rate :   1  0Rating :   1
EmailPermalink
j'ai enseigné quelques temps dans l'organisme que tu cites.
Je crois que tu confonds ce qu'il se passait à une époque et la réalité actuelle.
Le tableau qui en est fait dans l'article est en dessous de la réalité, celle-ci est bien pire.
Ce sont les syndicats et les cadres-politiques qui y sont placés qui font la loi. Ils se torchent avec le code du travail et le règlement intérieur. On s'y moque des stagiaires, qui subissent un mépris affligeant.
Les formateurs qui ne respectent pas les ordres des délégués-destructeurs sont diffamés à tout va.
Les cons-tribuables n'ont pas fini de rincer tout ce beau monde.
De mon passage dans d'autres organismes, j'ai mesuré l'écart de performances entre ceux-ci, où l'on obtient de bons résultats et les pseudos-fonctionnaires précédemment cités.
Cependant, comme je crois sincèrement en ta bonne foi, une 'tite flêche verte" pour ton témoignage.
Rate :   1  0Rating :   1
EmailPermalink
@ Père Plexe
Merci également pour ton témoignage... Bon, ça fait drôle de lire ça, encore de chouettes souvenirs d'une France compétente qui partent en fumée ! Bourges c'était en 81. Ma spécialisation pour les escaliers bois, à l'époque il n'y avait que Toulouse et Limoges, le diplôme de perfectionnement n'étant validé (après examen par des pros) que dans cette dernière ville. Cela s'est passé en 92 et 93. Ben oui, ça fait donc quasi une génération déjà... Les 2 enseignants que j'ai eu à Toulouse puis à Limoges étaient issus du compagnonage. C'est dire la qualité dans laquelle j'ai baigné.
Je constate donc que même là ça part en sucette. Et j'en conclus qu'une fois de plus nos syndicats (dont il n'était absolument pas question lors de mes séjours) continuent inlassablement le travail de démolition du monde du travail.
Mais tu vois, ce qui me fait le plus "caguer" (et je reste poli !) c'est que je n'ai pas pu transmettre le savoir faire de mes 15 ans d'escaliers à qui que ce soit. Jamais embauché pour ne pas mettre ma petite entreprise artisanale en porte-à-faux donc en péril, comme hélas quasi tous mes collègues autour de moi.
Merisier.
Rate :   1  0Rating :   1
EmailPermalink
En effet, nous avons tous ce goût amer dans la bouche de tout ce gâchis. Beaucoup de formateurs et de professionnels ont tant envie de partager ce qu'ils ont appris de leurs longues années d'activité, et voir tout celà partir en sucette à cause de quelques parasites.
De mon passage je retiens que la carte syndicale de certains les rend intouchables, mais surtout que la progression dans les grades de la FM:. est préalable à la progression dans l'organigramme interne.
Juste à côté de cela, des gars dévoués passionnés par la transmission, qui ne regardent pas plus loin que leur étau, et ne comprennent rien à ce qui les entoure...

36 Milliards !! Chaque année... 100 Millions par jour !
Rate :   1  0Rating :   1
EmailPermalink
Hélas beaucoup ( pas tous ) de représentants syndicaux, n'occupent ces fonctions que pour assurer leur propre protection, et ne se soucient pas le moins du monde de l'avenir de la boîte qui les nourrit, et encore moins de leurs collègues ( je devrais écrire "de ceux qui bossent")
Rate :   1  0Rating :   1
EmailPermalink
Il faut leur reconnaitre une chose : une imagination sans limite . . . concernant l'art et la manière de plumer le pigeon .
Rate :   1  0Rating :   1
EmailPermalink
Latest comment posted for this article
Hélas beaucoup ( pas tous ) de représentants syndicaux, n'occupent ces fonctions que pour assurer leur propre protection, et ne se soucient pas le moins du monde de l'avenir de la boîte qui les nourrit, et encore moins de leurs collègues ( je devrais écr  Read more
Père Plexe - 1/15/2015 at 4:05 PM GMT
Rating :  1  0
Top articles
World PM Newsflow
ALL
GOLD
SILVER
PGM & DIAMONDS
OIL & GAS
OTHER METALS