Aller direct vers l’instabilité

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Published : December 05th, 2014
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Les mêle-tout qui souffrent d’une déficience intellectuelle et peuplent les monts et vallons de l’univers des commentaires, des informations câblées, de la blogosphère et des vestiges pathétiques du journal papier s’extasient partout de la baisse du prix de l’essence. Ajoutez à cela le mythe de l’indépendance énergétique des Etats-Unis, mélangez le tout à l’approche de l’hiver dans la région pétrolière du nord du Dakota, décorez le tout du vortex polaire du début novembre, et vous avez là de quoi briser toutes les attentes.

La baisse du prix du pétrole est un symptôme de l’escalade de l’instabilité de par le monde. Après des années de stagnation, de complaisance et de prétendus officiels, la matrice de systèmes dont dépend le fonctionnement de notre société techno-industrielle se retrouve mise en pièces. Les officiels américains eux-mêmes ne sont pas certains de ce à quoi ils assistent, ou ne veulent pas que nous sachions ce qu’ils en pensent. Les tensions entre l’énergie, la monnaie et l’économie sont entrées dans une nouvelle phase de destruction.

L’économie globale a attrapé l’équivalent financier de l’Ebola : la déflation, qui n’est autre que la reconnaissance du fait que la dette ne pourra jamais être remboursée, que les obligations ne pourront être satisfaites et que les contrats ne pourront être honorés. En conséquence, le crédit s’évapore et les activités commerciales effectives sont en déclin. Qui pourrait bien vouloir envoyer une cargaison de bauxite vers Guanghzou si personne au port d’arrivée n’est prêt à payer cette livraison par chèque certifié ? L’Ebola financière fait que les tissus conjonctifs du commerce commencent à se dissoudre ; et très bientôt, les économies nationales commenceront doucement à se vider de leur sang.

Tout cela se manifeste entre autres dans les fluctuations violentes des valeurs comparatives des monnaies. Le yen japonais et l’euro baissent, et le dollar grimpe. Tout s’est passé en l’espace de quelques mois, ce qui n’est rien de plus qu’un instant dans l’univers monétaire. Les meneurs américains pensent que la montée en puissance du dollar est comparable à l’amélioration du score d’une équipe de football de la NFL n’importe quel dimanche de l’année. « On est les champions ! » Mais ça n’a rien à voir. L’économie globale n’a rien à voir avec une compétition de football insignifiante.

Quand la valeur des devises fluctue très rapidement, comme au cours de ces derniers mois, les grosses banques font face à de gros problèmes. Leurs sources de revenus sont liées à ce que nous appelons les « carry trades », qui consistent en de grosses sommes de monnaie empruntées en une devise particulière afin de parier sur d’autres. Lorsque la valeur d’une devise fluctue brutalement, les carry trades explosent. Il en va de même pour les produits dérivés comme les paris sur les différentiels de taux d’intérêt. Lorsque les sommes impliquées deviennent grotesquement larges, les parties impliquées découvrent qu’elles n’ont jamais eu la capacité de rembourser leurs paris perdants, et que tout n’était qu’un jeu de prétendu. A dire vrai, l’idée que leurs paris puissent mal tourner n’a jamais été prise en compte dans leurs calculs. La conséquence nette de cette ridicule irresponsabilité est que les banques se retrouvent incapables de s’accorder une confiance mutuelle quel que soit le type de transaction impliqué.

Et lorsque cette situation se présente, le flux de crédit que nous appelons « liquidité » s’assèche, et nous entrons une phase de crise financière. Personne ne peut plus rembourser personne. Personne ne fait plus confiance à personne. Des fortunes se perdent. De lourds éléphants titubent, s’écrasent au sol et meurent. Et beaucoup de « petites gens » se retrouvent écrasés sur le sol poussiéreux.

Les réjouissances qui accompagnent la baisse du prix du pétrole à la pompe, combinées à l’instabilité des marchés des devises, finiront par faire se déferler une vague de destruction sur le miracle du pétrole de schiste. L’industrie du pétrole de schiste s’est longtemps reposée sur des financements toxiques aux rendements élevés pour financer ses opérations de forage et de fracturation – qui sont impératives en raison de l’épuisement rapide des puits de pétrole de schiste. La production de pétrole de schiste n’a depuis 2006 jamais été une opération profitable. A moins de 80 dollars le baril, ceux qui éprouvaient déjà des difficultés à enregistrer des profits lorsque le prix du baril était de 100 dollars se retrouvent en grande difficulté. Une majorité de ces investissements toxiques ne vaudront bientôt plus rien, et la « communauté de l’investissement » devrait bientôt ne plus en réclamer davantage. Voilà qui laissera le gouvernement des Etats-Unis dans le rôle d’investisseur de dernier recours. Voilà qui devrait être l’élément déclencheur du prochain programme de QE. La destination ultime de tout cela ne sera rien de plus que la crise financière de 2015.

 

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James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé, une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde fonctionnera de manière décentralisée et local.
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Tiens, les pouvoirs publics commencent à révéler un peu plus leur hypocrisie.

En Californie, l'Etat est déçu des recettes fiscales sur la consommation des véhicules (taxe écolo), normal vu que les voitures consomment de moins en moins, voire pas du tout pour les électriques.

Au lieu de se réjouir de la baisse de consommation, l'Etat envisage de modifier la taxe et de l'appliquer à la distance parcourue.

Bientôt chez nous ?

On peut imaginer les gouvernements profiter de la baisse des cours du pétrole pour alléger la fiscalité sur le carburant, incitant les gens à encore plus utiliser leurs voitures (ce que je constate déjà depuis quelques semaines, et a été particulièrement criant hier, justement le jour où l'essence tombe à un niveau inférieur à celui de 2010), pour ensuite mieux les entuber avec une taxe sur la distance parcourue.

(sinon la limitation à 80 sur les routes nationales n'est pas mal dans son genre aussi.... quand on sait que la vitesse la plus sobre d'une voiture se situe autour de 90-100 km/h...)
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Pour précision : un puits de gaz de schiste perd 50% de sa capacité de production après un an.
D'après ce que j'en ai lu dans des magazines scientifiques, pour exploiter un gisement il faut forer un puits par kilomètre carré.

Dans le Financial Times du jour :

- Grande nouvelle, les découvertes de gaz de schiste portent les réserves naturelles américaines au plus haut niveau depuis 1975.
(haha, mais comment les exploiter ?)

- Les investisseurs les plus "bearish" (du terme "bear market", quand un marché est à la baisse) prennent des contrats pariant sur un prix inférieur à 40$ pour le baril de pétrole.


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Gaz de schiste : quelqu'un pourrait il confirmer ?
Avec les technologies d'exploitation actuelle la déperdition serait de 80 % fuitant dans la nature .
Si c'est vrai , pas très bon pour la couche d'ozone ça .
Et d'un point de vue économique il serait peut être malin de sursoir jusque a la mise au point de techniques à meilleurs rendements .
Bon c'est "leur" gaz .
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Malheureusement on ne peut rien confirmer, c'est une bataille de propagandes :

> Propagande du lobby "énergies fossiles" : le gaz de schiste est idéal pour l'indépendance énergétique, il pollue moins que le pétrole des jihadistes, la technologie est parfaitement maîtrisée, zéro retombée sur l'environnement

> Propagande anti-schiste (certains disent que les Russes la financent) : le gaz de schiste est l'aberration ultime, ça pollue partout et provoque des tremblements de terre qui vont détruire le monde.

Donc, où se trouve la vérité ?
D'après "Sciences&Vie", les fuites de l'exploitation du gaz de schiste annulent (voire inversent) l'avantage écologique du gaz sur le pétrole (en effet de serre), mais ceci n'est qu'une estimation, les chiffres officiels étant tous soigneusement cachés.

En tout cas j'estime que la France fait le bon choix de retarder l'exploitation de ce truc... (surtout quand on sait que le sous-sol français regorge de trucs radioactifs qui remonteront à la surface lors de l'exploitation, et il faudra donc investir lourdement pour les traiter, sans parler du risque de fuite)
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Malheureusement on ne peut rien confirmer, c'est une bataille de propagandes : > Propagande du lobby "énergies fossiles" : le gaz de schiste est idéal pour l'indépendance énergétique, il pollue moins que le pétrole des jihadistes, la technologie est par  Read more
RalphZ - 12/8/2014 at 8:37 AM GMT
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