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Blues national

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Published : May 04th, 2017
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Category : Editorials

 

Alors que les ondes ne cessent plus de cracher des flash infos sur les « abus d’opiacés des Américains », vous avez peut-être réalisé que très peu d’efforts sont nécessaires pour comprendre ce qui se cache vraiment derrière cette épidémie, qui se trouve être que la vie de tous les jours aux Etats-Unis est devenue effroyablement déprimante, vide et dénuée de sens pour une grande portion de la population. Si vous voulez une preuve de notre incapacité à construire une histoire cohérente concernant ce qui se passe dans ce pays, la voilà.

Je vis dans un coin des Etats-Unis où il est facile de lire ces conditions sur le paysage environnant – les rues de centre-ville désertes, et plus encore après la nuit tombée ; les maisons laissées à l’abandon qui tombent au fil des mois dans la décrépitude ; les fermes délabrées et leurs granges qui s’écroulent, leurs moissonneuses qui rouillent sous la pluie, leurs pâturages envahis de sumac ; et les chaînes de magasins parasites qui poussent telles des tumeurs en périphérie des villes.

Vous pouvez les lire sur les corps de ceux qui se promènent sur la nouvelle place publique, ou devrais-je dire au supermarché : prématurément âgés, l’air malade et engraissés par toute cette malbouffe pensée pour plaire à ceux qui se noient dans le désespoir, pour servir de consolation mortelle à des vies autrement peuplées d’heures creuses, de télé-réalité, de jeux vidéo et de mélodrames familiaux concoctés pour donner quelque sens à des existences autrement dénuées d’évènements ou d’efforts.

Ce sont là des gens à qui on a volé les rôles sociaux et économiques. Ce à quoi ils travaillent n’a aucune importance. Ils n’ont aucun espoir de jours meilleurs – et puis, de toute façon, cette même notion a été réduite à des fantaisies absurdes de luxe à la Kardashian, de confort maximum pour le seul objectif de rendre possible la dramatisation de soi. Et rien de dramatise plus une vie désespérée qu’une dépendance à la drogue. Les drogues concentrent l’esprit, comme l’a un jour dit Samuel Johnson, un peu comme attendre d’être pendu.

C’est la dépendance névrotique des Etats-Unis aux études supposément « scientifiques » qui s’est trouvée exhibée dans les articles sur le mystère des abus d’opiacés. Jamais encore une société n’avait étudié autant pour en apprendre si peu – et c’est exactement là ce qui se passe quand ce qui sont essentiellement des questions de conduite sont observées à la manière de sciences. C’est une attitude qui repose sur l’idée fausse selon laquelle, si suffisamment de statistiques sont compilées relativement à un sujet spécifique, il devient possible de le contrôler.

La dépendance aux opiacés n’est qu’un racket supplémentaire, cette fois-ci personnel, au sein d’une culture de rackets qui s’approche inéluctablement d’un échec significatif, pour la simple raison que les rackets sont malhonnêtes, que la malhonnêteté omniprésente est en conflit avec la réalité, et que la réalité a toujours le dernier mot.

Ce qu’il y a d’étrange dans la lecture de ce paysage de désespoir, c’est qu’il est possible d’y percevoir les fantômes de la finalité et de la signification. Avant 1970, ma petite ville comptait au moins cinq usines, toutes pensées pour fonctionner grâce à l’énergie hydraulique (hydro-électriques) du fleuve Battenkill, un affluent de l’Hudson. Les ruines de ces entreprises sont encore visibles aujourd’hui, leurs murs de briques aux toits béants, leurs grillages tordus qui n’ont plus rien à protéger.

Les fantômes du commerce sont eux-aussi visibles dans le squelette de Main Street. Ils étaient autrefois des entreprises qui appartenaient à ceux qui vivaient en ville, qui en employaient d’autres qui y vivaient également, et qui achetaient toutes sortes de choses cultivées ou faites aux alentours. Chaque niveau d’activité offrait à la vie de chacun un sens, une signification particulière, même si le travail était parfois difficile. Ensemble, ces activités formaient un riche réseau d’interdépendance, un réseau de vies humaines et d’histoires familiales.

Ce qui m’effroie aujourd’hui, c’est la facilité avec laquelle le pays tout entier accepte les forces qui ont mené à la destruction de ces relations. Aucun des articles d’actualité, aucune des « études » menées sur les opiacés ne remet en question la logique mortelle qu’est la destruction systématique des économies locales par WalMart et les autres corporations du même type. Les médias voudraient nous faire croire que nous accordons plus de valeur aux « bonnes affaires » qu’à n’importe quelle autre dynamique sociale. En fin de compte, nous n’avons aucune idée de ce dont nous parlons.  

Comme je l’explique depuis maintenant des années, nous devrons certainement traverser un effondrement de nos arrangements actuels pour que notre pays puisse retrouver un certain sens d’accomplissement et de signification. Dans un sens, je suis assez content de voir échouer les chaînes de magasin, qui emportent avec elles l’un des grands fardeaux qui accablent la vie américaine. Trump n’était qu’un symptôme du désir du public de voir s’installer une nouvelle disposition des choses. Il sera emporté par l’effondrement des rackets, y compris de celui de l’immobilier sur laquelle il a construit sa propre carrière. Une fois que l’effondrement aura commencé, et que sera tombé à genoux le plus toxique de tous les rackets, celui de la finance contemporaine, il y aura beaucoup à faire. Les Américains pourraient bientôt redevenir trop occupés pour s’en résoudre aux abus d’opiacés, et pourraient enfin dériver une certaine satisfaction des choses qui les occupent.

 

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James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé, une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde fonctionnera de manière décentralisée et local.
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Les psychiatres s'accordent pour dire que très bientôt, plus de 50% de la population mondiale sera "folle" (diagnostiquée de troubles psychologiques, psychiatriques et/ou neurologique).

Je me suis fait une réflexion hier à ce sujet : si demain WW3 éclate et qu'il s'agit d'une guerre totale, les usines pharmaceutiques et les réseaux logistiques seront réquisitionnés par l'effort de guerre.
Alors tous les malades dépendant de médicaments (que ce soit psy, ou le diabète ou autre)... que vont-ils devenir ?
Imaginez qu'en une semaine, tous les bipolaires du monde tombent en phase maniaque, tous les schizophrènes se remettent à halluciner, tous les dépressifs envisagent le suicide.... (le tout favorisé par le stress de la guerre).

Il est là l'effondrement de notre civilisation, et il suffit de pas grand chose pour le déclencher. En soi, une guerre totale c'est relativement "banal" dans l'histoire de l'humanité, mais la dépendance des humains à leur industrie n'a jamais été aussi forte.
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et on va peu etre mettre un psychopathe pour gouverner la france
Le professeur Adriano Segatori analyse le profil de Macron
http://echelledejacob.blogspot.fr/2017/05/le-professeur-adriano-segatori-analyse.html
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