Mes chères contrariées, mes chers
contrariens !
Cela n’aura échappé à personne mais au
moment où j’écris ces lignes, il est environ 17h00. Je ne connais donc pas
les chiffres exacts de clôture mais peu importe, la tendance est là. Partout
baissière.
Je vous propose donc ce dossier
spécial, beaucoup plus long que d’habitude car je le souhaite exhaustif sur
ce qui se passe et sur ce que nous sommes en train de vivre. Pour nos
lecteurs fidèles, vous reconnaîtrez certains passages de certains éditos
puisque nous avons déjà écrit énormément de choses sur tous ces sujets.
Un constat : tout baisse !
Les marchés actions chutent
sérieusement. Ce n’est pas un krach. Ceux qui ont vécu ces dernières années
un peu en Bourse n’ont pas oublié en 2008 les chutes à deux chiffres des
principaux indices… En une séance !
Le pétrole et l’énergie au sens large
baissent largement.
L’euro s’affaiblit face au dollar.
Les taux d’intérêt sur les obligations
souveraines sont en forte augmentation.
L’or, l’argent et de façon générale
toutes les matières premières trébuchent, et fortement pour l’or.
Voilà pour les constats. Maintenant
essayons de reprendre, de décrypter et de comprendre tout cela.
Je vais largement détailler dans ce
dossier l’ensemble des paramètres qui influent sur la situation actuelle mais
pour ceux qui n’auraient pas le temps de lire l’ensemble de ce dossier je
vous propose cette petite synthèse en quelques lignes.
QUE RETENIR DE CES 10 PAGES ?
Il y a trois éléments qui influent sur
le prix de l’or depuis 10 ans.
- La demande industrielle. Impact
négligeable sur le prix de l’or. Disons que lorsqu’il n’y a que ce facteur
l’or vaut 300 dollars l’once.
- Le risque hyperinflationniste. Impact
massif et très fort qui explique 99 % de la hausse de l’or durant cette
dernière décennie.
- Le risque d’insolvabilité. Impact
quasi inexistant pour le moment car personne ne veut prendre en compte le
risque pourtant réel d’insolvabilité généralisée des État, c’est-à-dire en
d’autres termes une énorme faillite mondiale et simultanée de presque tous
les pays !
L’arrêt annoncé, mais je dis bien
annoncé, car il y a une différence majeure entre annoncée et avérée… Lorsque
« je verrai de mes yeux vus » la FED stopper ses injections de monnaies alors
j’y croirai. Pas avant, car pour tout vous dire je pense que la FED et toutes
les autres banques centrales sont prisonnières des taux bas. Donc elles ne
peuvent pas cesser ces injections. En revanche, elles peuvent déclencher les
raisons qui rendraient leur poursuite nécessaire à tout prix.
Il faut que tout le monde exige la
reprise des injections !
Je pense que c’est là l’essentiel.
Aujourd’hui, certains s’inquiètent du risque hyperinflationniste. Il n’y a
plus de consensus sur la création monétaire massive.
Pour que ce consensus revienne, il faut
quelques raisons suffisantes pour que les bénéfices à court terme l’emportent
sur les risques hyperinflationnistes à moyen et long terme.
Une dépendance réelle de l’économie aux
injections monétaires
Tous les intervenants sur les marchés
ont bien compris que nous ne vivons qu’une illusion de reprise économique. Il
n’y a pas, et il n’y a jamais eu depuis 2007, de retour à une croissance
saine, autonome et durable. La fameuse croissance américaine a fait long feu
et il devient de plus en plus difficile de faire croire que tout va beaucoup
mieux.
Tout, absolument tout, repose sur une
nouvelle montagne de dettes créées afin d’ensevelir la montagne précédente.
C’est tout cet édifice du mensonge économique qui se fissure avec l’arrêt
éventuel des quantitative easing. Au bout du compte, et si la FED persiste
dans cette voie, alors le krach sur les marchés actions et, encore plus
grave, obligataires sera magistral.
Si les obligations s’effondrent, c’est
l’ensemble des épargnants et des retraités du monde entier qui seront touchés
avec un effet d’appauvrissement majeur. Mais avant que cela ne se produise,
les banques et compagnies d’assurance qui ont obligation d’investir dans les
obligations d’État leurs fonds propres verront leurs réserves disparaître. Ce
sera l’ensemble du système financier qui explosera et le retour du risque
systémique.
À partir d’un certain seuil, en
quelques jours seulement, le système bancaire s’effondrera. Les autorités
monétaires vont-elles, après tous les trésors d’ingéniosité qu’elles ont
déployés depuis 5 ans, laisser faire… sans rien faire ?
Je ne le crois pas.
Je pense que Ben Bernanke subit des
pressions fortes pour cesser cette politique. Mais nous sommes déjà allés
trop loin. Si nous cessons ces injections alors tout disparaîtra dans un
immense fracas.
Les politiques, les marchés, les
investisseurs, les économistes, les peuples supplieront que l’on réouvre les
vannes de l’impression monétaire. Et comme il n’y aura pas le choix pour
éviter le pire à court terme, les vannes s’ouvriront à nouveau.
À court terme, tout cela risque d’être
très pénible pour les cours du métal jaune. L’or pourrait aller tester de
nouveaux plus bas. La résistance graphique majeure se situe globalement sur
le seuil des 1 000 dollars l’once. Il est possible que nous nous dirigions
sur ces niveaux.
Dès lors, il y a deux possibilités et
chacun choisira celle qui lui correspond le mieux car les deux se justifient
parfaitement.
La première stratégie pour les détenteurs d’or est de ne
rien faire. De tout conserver puisque plus que jamais, nous dansons sur un
volcan qui peut exploser à tout moment. Dans ce cas, vous prenez le risque de
constater une perte potentielle de 20 à 30 % supplémentaire par rapport aux
cours actuels.
La deuxième stratégie consiste à revendre son or au plus
vite. Conserver le cash en banque. Attendre que l’or continue sa correction
de 20 à 30 % supplémentaire et de se repositionner aux alentours de 1 000
dollars l’once.
Le risque dans cette stratégie est
triple.
Premièrement, rien ne dit avec
certitude que nous irons aussi bas et il suffit que Ben Bernanke prenne le
micro dans deux jours en disant « je vous ai compris » pour que tout reparte
aussi sec à la hausse, la Bourse comme l’or.
Deuxièmement, si vous sortez de l’or
alors vous aurez du cash. Votre cash sera donc soumis au risque bancaire, au
risque de « chyprage » qui peut survenir à tout moment.
Troisièmement, rien ne dit ni ne vous
assure avec certitude de pouvoir vous repositionner à temps sur l’or.
En conclusion, j’ai déjà exprimé ma
vision personnelle à ce sujet et je vous la redonne. J’ai de l’or parce que
la situation est grave. Très grave. Qu’elle est explosive. Et parce que je ne
connais pas le moment de l’explosion, je conserverai mon or quoi qu’il arrive
et quel que soit son cours. Mais cela a un corollaire. Je supporte une
moins-value potentielle latente qui, soit dit en passant, m’empêche beaucoup
moins de dormir que les conséquences prévisibles d’un effondrement total de
nos économies qui me donnent quelques cauchemars (d’où l’idée du plan épargne
boîte de conserve).
En réalité, il n’y a pas de bonne
solution pour un détenteur d’or. Soit vous en sortez au risque ne plus jamais
pouvoir y revenir, soit vous y restez et vous risquez de contempler vos
pertes quelques temps encore.
Vous pouvez aussi faire du 50/50 et ne
sortir que la moitié et pas la totalité au cas où… Enfin, vous pouvez faire
comme moi. Les bons mois, on achète quelques piécettes d’or supplémentaires.
Les mauvais mois (en terme d’épargne), quelques pièces d’argent et on accumule
sans se poser de question. C’est à mon sens la meilleure façon de faire et
ce, quel que soit l’actif concerné. Celui qui accumule des actions Air
Liquide depuis 40 ans… est à la tête d’une véritable fortune.
En tout état de cause, cette forte
chute des marchés sur laquelle j’attire votre attention depuis plusieurs mois
était parfaitement prévisible. Nous y sommes. Nous ne connaissons pas
l’ampleur de la glissade. Mais tout cela vous prouve, s’il en était besoin,
l’extrême nervosité des marchés et des investisseurs. Pourquoi ? Parce que
les risques n’ont jamais été aussi élevés, ce que Jacques Attali est encore à
nouveau en train d’expliquer dans tous les médias.
« L’édito du 19 février 2013 intitulé
Merci Mario, l’or baisse et alORs »
Je vous reproduis ici les passages les
plus importants. Il faut impérativement que vous remarquiez, car la
similitude est frappante, les paroles prononcées à cette époque par Mario
Draghi sur les bulles. Il y a quelques jours Ben Bernanke a prononcé mot pour
mot exactement les mêmes ! C’est important que vous relisiez tout ça afin
d’être en mesure de prendre du recul et de pouvoir éliminer les bruits de
fond.
Tout commence aujourd’hui par la
dernière intervention de Mario Draghi, notre grand argentier devant la
commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen, à
Bruxelles (pas d’ironie c’est le surnom donné aux gouverneurs des banques
centrales à travers la planète) qui a provoqué une belle baisse sur le métal
jaune qui se situe en plus sur des seuils graphiques très importants.
La BCE ne devrait pas aider l'économie
à repartir à nouveau
Mario Draghi, le Gouverneur de la
Banque centrale européenne (BCE), a parlé. Ce qu’il a dit est mauvais. Très
mauvais pour l’or. L’essentiel de son message se résume avec l’idée suivante,
que la monnaie doit être forte, que les politiques monétaires ne peuvent pas
utiliser ni la planche à billets ni les taux bas pendant de grandes périodes
impunément et sans que cela ait de conséquences. Je suis parfaitement
d’accord avec lui et c’est pour cela justement que je suis un acheteur
invétéré d’or (en plus ça brille et c’est beau).
Alors voici les petits moments choisis
de l’intervention de Mario.
« La BCE est consciente des défis que
soulève une longue période d'une politique de taux bas et d'une abondance de
liquidités. »
« Les faibles taux d'intérêt risquent
d'affecter la capacité des épargnants et des investisseurs à générer des
rendements, notamment pour les compagnies d'assurance et les fonds de
pension. »
« Des taux d'intérêt bas pendant une
longue période, couplés à une abondance de liquidités en circulation,
facilitent des prêts de refinancement à coûts très faibles ce qui peut
conduire les banques à être moins prudentes dans la gestion du crédit, et
peut encourager la formation de bulles spéculatives, en particulier dans
l'immobilier. »
C’est exactement cela que redira Ben
Bernanke, le gouverneur de la FED, il y a quelques jours.
« En assurant la stabilité des prix, la
politique monétaire a contribué à des conditions financières plus stables.
C'est essentiel pour les épargnants et les investisseurs. La politique de la
BCE reste accommodante. »
« Soyons clairs : des changements de
politique de taux d'intérêt ne sont pas normalement le meilleur instrument
pour répondre à des déséquilibres financiers. Si ces déséquilibres ne
menacent pas directement la stabilité des prix au niveau de l'ensemble de la
zone euro, c'est aux États d'y faire face. »
Enfin, Mario Draghi a indiqué qu’il «
était très exagéré de parler de guerre des devises ».
« J'invite tout le monde à adopter une
stricte discipline verbale (sur les taux de change). Moins on en parle, mieux
ce sera », a conclu Mario Draghi sur ce sujet.
La politique monétaire actuelle est
bien la chronique d’une catastrophe inflationniste annoncée
Premier enseignement, nous sommes pour
une fois tous d’accord. Effectivement des taux bas, l’injection massive de
liquidités, et la création monétaire ne sont pas des politiques normales ni
sans risque. Oui cela conduit à la création de bulles spéculatives
dévastatrices comme la bulle immobilière dont il parle (mais rassurez-vous il
n’y a pas de bulle immobilière en France, nous, c’est différent), ou encore
celle des marchés actions qui sont gonflées à l’hélium et à l’hydrogène qui
va finir par nous exploser à la figure.
Deuxième enseignement : nos grands «
zamis » allemands qui n’y sont sans doute pas pour rien me semblent avoir
sifflé la fin de partie monétaire. Fini la facilité. Message implicite
adressé à la France qui ne veut plus faire des 3 % une limite intangible et
qui devra se débrouiller seule.
C’est cela le message diplomatique
subliminal délivré lorsque Mario dit que « si ces déséquilibres ne menacent
pas directement la stabilité des prix au niveau de l'ensemble de la zone
euro, c'est aux États d'y faire face ».
On va devoir se débrouiller sans l’aide
de la BCE.
Troisième enseignement, l’euro fort
n’est pas un problème pour l’Allemagne, qui a parfaitement conscience du fait
que ce n’est pas l’euro qui est trop fort mais bien toutes les autres devises
qui commencent à ne plus valoir tripette… Et c’est ce qui arrive lorsque l’on
imprime trop la même quantité de billets. Tout le monde a déjà joué cette
partie de Monopoly où, à la fin, la banque n’a plus d’argent, alors les
gamins comme les grands commencent à tenir des ardoises vis-à-vis de la
banque… Seule façon que la partie continue encore et encore sinon le jeu
s’arrête.
Retenez donc que l’économie est aussi
simple qu’une partie de Monopoly, surtout en ce qui concerne les aspects
monétaires.
Il n’y a pas de guerre des monnaies
mais un effondrement des monnaies, nuance !
Quatrième enseignement, maintenant que
la situation recommence à devenir grave (bien qu’elle n’avait en réalité
jamais cessé de l’être), il serait temps de se taire… Mario n’ayant pas osé
dire de mentir. Donc il n’y a pas de guerre monétaire.
Lorsque l’on y pense, il n’a d’ailleurs
par fondamentalement tort. Ce n’est pas une guerre monétaire à laquelle vous
assistez mais à l’effondrement des grandes monnaies partout à travers la
planète, et Mario Draghi est parfaitement au courant.
Cinquième enseignement, comme on tourne
en rond depuis maintenant cinq ans et le début de cette crise (qui je vous le
rappelle est finie, n’est-ce pas), on se repose la question de savoir si
l’euro va exploser, ou si l’euro va être sauvé notamment grâce à la pression
allemande qui souhaite que sa monnaie continue à valoir quelque chose.
Voilà de quoi nous parlions en Février
2013…
Ensuite, je souhaitais vous remémorer
l’édito du 24 mai 2013, il y a peine un mois, lorsque les marchés au Japon
ont commencé à trembler justement en raison des craintes de voir l’arrêt de
l’impression monétaire.
« La peur du Big One ! »
J’avais consacré l’édito du 14 mai
dernier du Contrarien Matin à « la bulle finale ». Voilà ce que je disais il
y a presque quinze jours sur la notion de peur qui, quand elle disparaît,
montre et démontre que nous sommes en pleine bulle financière :
« La définition d’une bulle, c’est
lorsque les « zinvestisseurs » n’ont plus peur de rien, qu’ils n’ont plus
peur de perdre, qu’il y a un sentiment général où on ne « peut que gagner ».
C’est une définition simple, très
simple, mais c’est la meilleure. Lorsque le sentiment de peur s’efface, que
l’on ne pense que pouvoir gagner à tous les coups alors la catastrophe n’est
jamais loin.
Le sentiment de peur fait partie de
tout être humain. L’absence de ce sentiment est, en terme psychiatrique, une
pathologie. L’homme a peur parce que la peur lui donne conscience du danger.
Avoir conscience du danger est la base de la survie dans le règne animal… et
humain !
Lorsque l’on ne perçoit plus le danger,
on peut dire que nos sens physiques ou psychiques sont altérés et cela aura
pour conséquence directe une diminution considérable de notre espérance de
vie. »
Un beau gadin au Japon !
Dans la nuit, l’indice phare de la
Bourse japonaise le Nikkei a terminé en baisse de 7,32 % ce qui s’appelle un
krach.
Graphiquement, c’est même assez
extraordinaire ce qui s’est passé à Tokyo puisque qu’en début de séance l’indice
a en réalité commencé par inscrire un plus haut et un nouveau record
historique… suivi d’une dégringolade également historique où, à la clôture,
plusieurs jours de hausse ont été effacés, sans oublier que tout cela s’est
fait dans des volumes également historiques.
Pour rester dans l’histoire, il faut
savoir que ce genre de configurations techniques signe en général un
renversement durable de tendance sur fond d’un retour de la peur.
La peur, le retour !
Cela ne trompe pas. Après avoir
progressé de plus de 50 % depuis le début de l’année, ce qui est une hausse
totalement irrationnelle, le marché japonais semble avoir retrouvé la
sensation de peur.
Cette baisse prouve également la
fragilité de cette hausse qui ne repose sur aucun fondamental sérieux ou
crédible de retour de la croissance.
La peur de la fin des injections
quotidiennes de monnaie
Hier, les minutes de la FED,
c’est-à-dire le résumé des débats entre les différents membres du Board de la
FED, ont été rendues publiques. Et là, panique sur les marchés puisque de
plus en plus de gouverneurs souhaitent l’arrêt de la création monétaire
illimitée… Tout en sachant que Ben Bernanke, le gouverneur en chef, disait
hier devant le Congrès américain que stopper trop vite les quantitative
easing pouvait poser quelques problèmes majeurs à la reprise économique.
Et c’est tout le problème des autorités
monétaires partout à travers le monde (c’est un peu moins le cas en Europe)
qui sont tombées dans le piège des taux bas et de la création de fausse
monnaie.
La question devient : comment en sortir
?
Avant d’aborder le comment, voyons
d’abord le pourquoi ! Pourquoi sortir de ces politiques dites
non-conventionnelles ? Pour une raison finalement assez simple. Ce n’est pas
la monnaie qui crée la richesse mais la richesse qui crée la monnaie.
Pour comprendre ce concept économique
de base, utilisons l’image employée par Olivier Delamarche dans sa dernière
intervention sur BFM Business et qui disait pour un autre sujet que « ce
n’est pas la queue qui remue le chien mais le chien qui remue la queue » !
En clair, injecter trop de monnaie ne
peut avoir comme conséquence à terme que la dévalorisation de cette monnaie
et donc de l’hyperinflation. Tout le monde le sait ! Y compris les gamins qui
font une partie de Monopoly et qui, pour la faire durer, pillent la banque
puis finissent par faire ce que fait Ben Bernanke… imprimer des nouveaux
billets ! C’est la seule façon de rendre solvable les joueurs qui ont déjà
perdu pour que la partie puisse continuer sans fin… C’est ce que nous
faisons, avec une grande différence : nous ne sommes pas dans un jeu !
Alors pourquoi en sortir ? Parce qu’à
aller trop loin, nous déclencherons un tsunami hyperinflationniste qui
ruinera tout le monde dans un bain de sang monétaire à la République de
Weimar.
Maintenant comment en sortir ?
Tout d’abord, en essayant de préparer
les esprits progressivement dans un savant dosage de communication avec un
jour où je dis on va arrêter peut-être dès juin 2013, puis le lendemain en
disant que non ce ne sera sans doute pas juin, puis en disant que ce sera
juillet… On attend les réactions des marchés et en fonction on réajuste le
discours. Au bout d’un certain temps et d’un nombre indéfini de séances
boursières en yo-yo, les intervenants finiront par s’habituer à ce nouveau
discours et répéteront à l’envie comme les crétins lobotomisés qu’ils sont «
ben oui c’est normal comme l’économie va mieux que bien faut arrêter tout ça
et tout se passera bien… »
Le petit hic, bien visible hier au
Japon, c’est que l’on visualise bien ce que l’on dit depuis plusieurs mois à
savoir que cette hausse ne repose que sur l’argent gratuit imprimé par les
banques centrales. Il n’y a rien de sérieux et de solide économiquement derrière
tout ça.
Le problème précisément c’est que
l’économie ne va pas mieux !
Et il est bien là le problème majeur.
Il n’y a aucune croissance saine, durable et autonome que les gouverneurs de
banques centrales ont réussi à créer avec ces politiques. Rien, que de
nouvelles bulles qui menacent la stabilité de l’économie mondiale de façon
systémique.
Une situation rare sous vos yeux !
Les marchés boursiers baissent
fortement. Au même moment, l’once d’or cotée monte de presque 2 %, ce qui est
très rare lorsque les marchés boursiers s’effondrent. Normalement l’or doit
baisser, or il monte.
Pourquoi ? Ce n’est pas tant
l’explosion de la bulle boursière que les investisseurs redoutent mais
l’explosion de la bulle obligataire et donc d’une part de la capacité des
États à se financer et d’autre part la remise en cause de l’ensemble des placements
à travers la planète qui sont en très grande majorité investis en obligations
d’État.
Mais ce n’est pas tout. Un krach
obligataire c’est aussi ravageur pour le bilan… des banques ! Et quoi qu’en
dise notre président de la République, qui n’a toujours rien compris (il faut
dire que si c’est Moscovici qui lui fait la leçon on est vraiment mal) et
pour qui la crise financière est finie, elle pourrait bien recommencer !
Non seulement elle pourrait recommencer
mais surtout le risque systémique est réel et tout peut vaciller en quelques
semaines. Pourquoi ?
Mais parce que les banques sont
bourrées d’obligations d’État qui ne vaudront plus tripette si les banques
centrales cessent leurs injections illimitées (ce qui permet de maintenir les
taux au plus bas), puisque les taux d’emprunt des États exploseraient à la
hausse, que les obligations émises ces dernières années à un taux réel
négatif s’effondreraient, massacrant l’épargne des gens, et le bilan des
banques et des compagnies d’assurance, en faillite, feraient appel à l’État
surendetté qui ne pourrait plus sauver personne… d’où l’idée sans doute de la
dernière directive européenne qui consiste à dire que ce qui s’est passé à
Chypre deviendra la nouvelle norme dans le futur. Futur qui pourrait être plus
proche que ce que l’on croit.
L’or c’est LE refuge ultime !
Du coup, l’or joue à plein ce rôle de
refuge ultime et ce mouvement risque de s’amplifier si la baisse se poursuit
et si les autorités monétaires ne ramènent pas le calme rapidement.
Les « zinvestisseurs » étant des
crétins binaires et monomaniaques
Ils ont une vision en noir et blanc des
choses. Soit ils chaussent leurs lunettes roses et toutes les nouvelles leur
font acheter tout et n’importe quoi et à n’importe quel prix, soit ils sont
pessimistes et quelle que soit la nouvelle, elle sera interprétée dans son
acceptation la plus négative, le tout sur fond d’utilisation massive de
robots boursiers travaillant à la milliseconde, ce qui amplifie tous les
mouvements.
Est-ce le Big One ?
Reprenons les faits. L’or physique est
au plus bas et les primes sur les pièces sont très faibles. Avec un Napoléon
20 Francs cotant moins de 215 euros, nous sommes dans des niveaux de prix
très attractifs.
Vous l’aurez donc compris : marchés qui
baissent, or « papier » qui monte alors qu’il devrait baisser, et or physique
au plus bas depuis presque deux ans notamment sur les pièces de monnaies.
C’est une configuration rarissime qui
se présente aujourd’hui… sous vos yeux.
Pour ceux qui étaient en attente ou qui
souhaitaient renforcer, sans contexte, c’est le moment. Ne perdez pas de
temps car l’or physique pourrait ne pas aller beaucoup plus bas.
Pour ceux qui pensent que nous
pourrions vivre les prémices du Big One monétaire et financier – ce qui
pourrait être le cas puisqu’Hollandouille nous disait l’inverse la semaine
dernière mais nous ne pourrons jamais le prévoir avec certitude sans le prévoir
à de multiples reprises à tort –, alors en plus de vos piécettes n’oubliez
pas le célèbre PEBC (Plan Epargne Boîte de Conserve). Même ma femme est à
l’heure actuelle en train de faire les comptes de MES boîtes de conserve qui
sont subitement devenues les siennes… Que voulez-vous… c’est de toute façon
elle qui commande à la maison !
Allez je vous laisse, Carrefour est
ouvert et il paraît qu’il y a des promotions ! Car je ne sais pas si c’est le
Big One, mais si c’était le cas je préfère prendre mes précautions avant. Une
vieille leçon de vie enseignée par mon grand-père paysan. « Toujours être
préparé au pire et profiter du meilleur. Un homme averti en vaut deux mon
garçon mais un homme préparé en vaut quatre. Tu t’en voudras rarement d’avoir
pris trop de précautions ! »
Beaucoup plus récemment, le 13 juin
j’écrivais un édito intitulé L’or dort et le réveil se profile… Je dois vous
avouer que pour le réveil, vu les performances d’aujourd’hui, nous
repasserons un peu plus tard et nous allons continuer la sieste. Mais, comme
le dis le proverbe… il faut se méfier de l’eau qui dort.
L’or est mou, c’est fatiguant !
Voilà mon sentiment sur les cours de
l’or et je suppose que pour vous, ce doit être relativement similaire.
Alors quelles sont les raisons fondamentales
qui expliquent cette mollesse de notre métal jaune préféré ?
La réponse tient dans le triptyque «
Récession, Déflation, Dépression ».
Les marchés n’anticipent pas à
plusieurs années ni même à un an mais tout au plus à 6 mois. Au-delà de 6
mois, toutes les anticipations deviennent totalement hasardeuses.
Aux États-Unis
Après avoir monté sur des injections
massives de liquidités, les marchés se rendent compte que la croissance
américaine tant vantée tient du mythe plus que de la réalité.
Créations d’emplois dans l’industrie
qui ne repartent pas et restent proches de leurs plus bas niveaux
historiques.
Une reprise du crédit pour de mauvaises
raisons (les Américains s’endettent pour payer leurs soins médicaux, c’est le
deuxième motif d’emprunt aux USA, ou pour payer le remboursement de leur
crédit étudiant…).
Selon une étude (américaine et
sérieuse), à ce rythme, le taux de chômage US sera sous les 7 % pas avant…
2020, c’est-à-dire dans 7 ans. Ce n’est pas une reprise fulgurante.
Le déficit américain semble s’améliorer
certes, mais c’est au prix d’une augmentation des impôts et d’une baisse des
dépenses, ce qui a un effet récessif important sur l’économie pour le moment
compensé en grande partie par les interventions de la FED, la Banque centrale
américaine, qui imprime et imprime encore.
Le problème c’est que même la FED
commence à vouloir essayer de limiter ses impressions monétaires pour ne pas
continuer à alimenter des bulles financières sans fin, raison pour laquelle
elle essaie tant bien que mal de piloter le plus finement l’arrêt de ces
injections en essayant de ne pas provoquer un krach brutal.
Inutile de vous dire que, pour le
moment, ce qui menace aux États-Unis, ce n’est pas l’inflation mais bien
notre triptyque « Récession, Déflation, Dépression », et ce n’est pas bon
pour l’or à court terme (mais « excellent » à moyen terme).
En Europe, c’est la catastrophe
économique !
En Europe, le triptyque « Récession,
Déflation, Dépression » est carrément à l’œuvre. En Grèce bien évidemment,
puisque comme vous avez pu vous en apercevoir ils en sont même à couper la
télé publique tellement les caisses sont vides.
En Espagne ? N’en parlons pas,
maintenant ce sont les Espagnols qui sont clandestins et sans papiers au
Maroc dans une inversion des flux migratoires hallucinante et inattendue ! Tout
s’effondre en Espagne. Tout. Le Portugal n’est pas mieux loti, l’Italie
s’enfonce, la France rejoint progressivement les pays d’Europe du Sud dans la
récession et la déflation avec une baisse de la consommation des ménages sans
précédent depuis… 1949 !
Seule l’Europe du Nord, Allemagne en
tête, résiste encore mais pour combien de temps ? L’Europe est donc en pleine
récession, et là aussi, inutile de vous dire que les marchés n’anticipent pas
vraiment le retour de l’inflation à court terme puisqu’en réalité elle est en
train de se rapprocher très dangereusement de 0. Là encore, ce n’est pas bon
pour l’or, en tout cas à court terme.
Les pays émergents
C’est-à-dire tous les autres, les BRICS
et consorts subissent les effets du ralentissement de leurs deux principaux
clients que sont l’Europe et les USA. Résultat : croissance en baisse en
Chine, Russie qui annonce un plan de relance. Bref, les émergents ne peuvent
pas prendre le relais de la croissance mondiale.
Là aussi, cela signifie qu’au niveau
international il n’y a pas vraiment de craintes hyperinflationnistes.
Une mention spéciale pour le Japon
Le Japon est un cas particulier puisque
l’excès de création monétaire de la Banque centrale nippone est tel que
certains prémices d’hyperinflation se font sentir avec quelques augmentations
de prix de l’ordre de 20 %, sans oublier une très forte dégradation de la
balance commerciale déficitaire en raison d’un renchérissement de toutes les
importations à commencer par les produits énergétiques.
Et là, les marchés anticipent plutôt
une inflation forte et une baisse de la devise japonaise, le yen, puisque
l’or exprimé en yen est justement sur ses plus hauts niveaux, ce qui confirme
la théorie que pour le moment les marchés ne feront monter l’or que sur des
craintes inflationnistes.
Les marchés ne prennent en compte que
la moitié du risque !
Reprenons. Point d’inflation à
l’horizon, (vous pouvez vous reporter à mon édito sur l’indéflation pour plus
d’explications). Résultat : point d’appréciation de l’or et de l’argent
(métal), avec un recul encore plus marqué pour l’argent qui amplifie très
fortement les tendances à l’œuvre sur l’or en bon et en mauvais.
Donc pour les marchés, ce n’est pas un
risque crédible à 6 mois, par conséquent l’or reste désespérément scotché sur
des niveaux 30 % plus bas que ses plus hauts.
Mais les marchés ont tort car ils
omettent un risque essentiel qu’est celui de l’insolvabilité des État, de
l’explosion de l’euro ou encore du choc de confiance… qui pourrait vite se
transformer en choc de défiance, sans oublier non plus le risque systémique
bancaire, puisque les banques sont encore plus fragiles qu’hier, puisque tout
continue comme avant mais en pire.
Le problème avec ses éléments, c’est
que personne ne veut les pricer à 6 mois, les anticiper maintenant. Tous les
acteurs jouent une partition d’autiste, orchestre sur un Titanic en train de
sombrer et faisant comme si de rien n’était. Courage et honneur pour les uns
sur le vrai Titanic, déni pour les autres sur le Titanic financier. Des
autruches. Rien de plus.
Pour le moment, c’est cette politique
de l’autruche qui l’emporte mais déjà ce consensus se fissure, et l’on voit
bien pointer à l’horizon quelques sombres nuages annonçant une nouvelle
tempête. Il faudra du temps encore pour admettre que la France est insolvable
et insauvable. Pour l’Italie, l’Espagne, le Portugal, il en est de même.
Mais tôt ou tard, les marchés seront
obligés d’anticiper et de prendre en compte ces risques. Dès lors, le
potentiel de l’or et de l’argent sera énorme et nous connaîtrons sans doute
des performances de plus de 20 ou 30 % par jour !
Posez-vous cette question : quel prix
êtes-vous prêts à payer une pièce d’or ou d’argent si vous avez la certitude
que nous allons tous être chyprés d’ici quelques semaines ou quelques jours ?
Sans doute un prix proche du
milliardaire en train de mourir de soif dans le désert et à qui on propose
une planche de salut sous la forme d’une bouteille 1,5 l d’Évian et fraîche
!! Combien pour cette bouteille ? L’acheteur paiera le prix que fixera le
vendeur dans la limite de sa fortune.
Que peut-on rajouter à cette analyse
quelques jours après et à la lumière des événements du jour sur les marchés ?
Pas grand-chose. Le risque de défaut et d’insolvabilité n’est pas pris en
compte par les marchés. L’or ne s’est apprécié que sur des craintes
hyperinflationnistes qui, pour le moment, ne se matérialisent pas.
Enfin, le 17 juin 2013, il y a juste
quelques jours, je faisais part de ma vision concernant l’inflexion
sémantique des propos tenus par Ben Bernanke concernant la future politique
monétaire américaine.
« Que peut faire la FED ? »
Désormais, tout le monde a compris que
la FED, la Banque centrale américaine, souhaitait sortir de ses politiques
monétaires dites non-conventionnelles.
Je voulais revenir sur ce que c’est
qu’une politique monétaire conventionnelle, c’est-à-dire finalement une
politique monétaire normale et standard.
Dans un monde normal, où il y aurait
une situation économique normale et sans doute un président normal, une
banque centrale « pilote » (en théorie seulement, car en pratique les
résultats ne sont pas si évidents que ça) l’économie pour essayer de tendre
vers le potentiel de croissance normal de son économie.
L’idée c’est d’éviter toute surchauffe
génératrice de déséquilibres quand tout va très bien, et de stimuler
l’économie quand tout va très mal.
Pour ce faire, les gouverneurs de
banques centrales ne disposent globalement que d’une seule arme ou d’un seul
outil dans leur boîte à outils pour reprendre une analogie « hollandaise » :
les taux d’intérêt.
Lorsque tout va mieux que bien (cela
fait très longtemps que ça ne s’est pas vraiment produit), on augmente les
taux d’intérêt. L’emprunt devient plus cher. Moins d’investissement, moins
d’achat à crédit, moins d’emprunt vont « calmer » la croissance et
indirectement l’inflation.
Lorsque tout va mal, on baisse le taux
d’intérêt (ça se passe très souvent depuis mars 2000 et l’explosion de la
bulle Internet), le crédit est moins cher, les emprunteurs sont plus
solvables, il est plus facile d’acheter à crédit (au hasard de l’immobilier),
la croissance repart à la hausse.
Les limites de la politique du taux
d’intérêt unique
Or il y a un double problème avec cette
histoire de taux d’intérêt comme seul outil disponible dans la boîte à
outils.
Le premier c’est qu’une fois les taux à
zéro, on ne peut plus aller plus bas, ou cela voudrait dire que l’on
commencerait à payer au sens propre un emprunteur pour qu’il emprunte et que
la banque lui verserait un intérêt à chaque crédit effectué… ce qui, vous en
conviendrez, serait assez surprenant. Donc une fois les taux à zéro, si
l’économie ne repart pas et que le moteur reste calé… on ne peut plus rien
faire si ce n’est simplement contempler la crise faire ses ravages (c’est ce
qui se passe depuis 2007 et le début de la crise dite des subprimes).
Le deuxième problème c’est que le taux
d’intérêt est unique. Unique pour tous les achats, pour tous les secteurs,
pour tous les États lorsque l’on parle de l’Europe ou même des USA qui sont
de si vastes régions.
Résultat ? On peut obtenir la formation
de bulles spéculatives dans certains États ou dans certains secteurs, la
crise actuelle nous montrant que l’on obtient en réalité des bulles dans
certains États et certains secteurs encore plus prononcées, au hasard comme
l’immobilier en Espagne ou en Floride.
Lorsque ces bulles explosent, c’est
dévastateur pour l’économie.
C’est parce que les banques centrales
ont touché les limites de la politique dite du taux d’intérêt unique, et que
les taux à zéro ne servent plus à rien ou presque pour stimuler des économies
profondément malades tout autour de la planète, qu’elles ont dû se lancer
dans ce que l’on a appelé les politiques monétaires non-conventionnelles.
Ceux qui veulent aller plus loin sur ce
sujet peuvent relire mon article sur l’importance de la mise en place de taux
d’intérêt multiples qui sont une des solutions pour un réglage plus fin de la
politique économique des banques centrales.
Kesako qu’une politique monétaire
non-conventionnelle ?
Dans une politique conventionnelle, il
y a donc deux positions pour régler l’économie (ce qui n’est pas très
pratique pour avoir un pilotage fin et précis des choses), un accélérateur
(taux plus bas) mais limité à zéro. Un frein, illimité en augmentant les taux
qui là, en théorie, peuvent monter de façon infinie. Dans un tel processus,
il n’y a aucune création monétaire ex nihilo, c’est-à-dire à partir de rien
et ne correspondant à aucune réalité économique.
L’idée du non-conventionnel c’est de
faire ce que l’on peut pour sortir de l’impuissance du taux à zéro et de
pouvoir se rajouter des outils dans sa boîte… histoire de continuer à pouvoir
faire quelque chose, même si ce quelque chose devient n’importe quoi.
Résultat ? Les banques centrale
impriment des billets et de la monnaie, rachètent des obligations aux banques
pour qu’elles ne fassent pas faillite ou puissent continuer à faire leur
travail de banquier, elles rachètent aussi les obligations d’États,
c’est-à-dire qu’en réalité ce sont elles qui financent les pays avec de
l’argent tout frais sortant de leurs rotatives !
Depuis 5 ans, le résultat n’est pas
brillant. Cette politique non-conventionnelle a créé de nouvelles bulles
potentiellement très dangereuses que sont la bulle boursière (pas trop grave
si ce n’est pour les banques et les fonds de retraite du monde entier) et,
plus dramatique, une bulle obligataire gigantesque qui menace le monde entier
en cas d’explosion. D’où l’idée de la FED, qui est la plus avancée dans ces
politiques non-conventionnelles, d’en sortir dès que l’économie montrera
quelques prémices de rémission.
L’objectif : en sortir avant qu’il ne
soit trop tard !
Le problème c’est que cet objectif
repose sur plusieurs postulats plus que douteux
Le premier : en sortir avant qu’il ne
soit pas trop tard signifie par définition qu’il n’est pas trop tard. Or je
pense qu’il est trop tard. Il n’est pas minuit moins cinq mais minuit cinq et
cela fera toute la différence. Pourquoi ? Parce qu’avec des indices boursiers
stratosphériques, la bulle boursière est déjà là ! Elle est déjà formée. Donc
la dégonfler c’est l’exploser. Une bulle ne se dégonfle pas, elle explose !
Pour la bulle obligataire, c’est la
même chose : elle est déjà là. La FED rachète environ, selon les mois et
d’après les estimations, 60 à 70 % de la nouvelle dette émise par le Trésor
américain.
Résultat ? Si la FED arrête ce type de
politique non-conventionnelle, les taux vont grimper vers le ciel.
Mécaniquement, toutes les obligations qui rapportent du 1 % ou 2 % vaudront
beaucoup moins cher. Les banques et les assureurs, les épargnants, devront
constater des pertes énormes.
Le deuxième postulat, c’est que
l’économie et les États soient suffisamment forts pour supporter et survivre
à cet arrêt d’injection de monnaie et donc de supporter des taux élevés.
Lorsque vous voyez le marasme européen avec des taux qui, somme toute, sont
proches de zéro, il y a de quoi avoir de sérieux doutes quant à la capacité
de l’économie mondiale de s’accommoder d’argent moins abondant.
Le troisième postulat, c’est de penser
que la FED pense vraiment ce qu’elle dit ! D’accord, ce n’est pas clair, donc
je vais préciser.
Tout le monde pense, (à juste titre)
puisque c’est ce que dit son gouverneur, que la Banque centrale américaine
veut cesser progressivement et en douceur cette politique. Mais Ben Bernanke,
son gouverneur, connaît très bien la réalité de l’économie américaine et donc
sa fragilité intrinsèque.
La question qui se pose est donc
croit-il lui-même dans ses chances de succès ? Rien n’est moins sûr, et cela
pourrait être l’une des dernières manœuvres pour faire croire que l’on
contrôle encore la situation alors que cela fait bien longtemps que l’on ne
contrôle plus rien.
Impossible me direz-vous ?
Ce n’est pas plus impossible que de
m’expliquer en 2009, 2010 et 2011 qu’il fallait impérativement faire des
politiques de relance en France et en Europe qui ne pouvaient qu’aboutir à
des déficits monumentaux et à plus de dettes (c’était parfaitement prévisible
ET prévu) pour nous expliquer dès 2012 et 2013 qu’il fallait impérativement
faire de la rigueur avec un bref passage sur l’idée de « rilance » –
mi-rigueur, mi-relance – pour réussir à faire de la relance tout en faisant
de la rigueur…
Là encore, c’est une illustration
parfaite en réalité d’une situation qui dépasse totalement les dirigeants
puisqu’il n’y a plus aucune bonne solution à leur disposition pour affronter
cette crise.
C’est bien cette absence de solution
facile et non douloureuse qui montre la gravité de cette crise.
Alors la FED va-t-elle le faire ?
Je pense qu’au bout du compte la FED ne
fera pas grand-chose, elle ne peut plus sortir des politiques
non-conventionnelles. Tout au plus peut-elle essayer de le faire croire, au
moins un temps, histoire de gagner encore un peu de temps et de faire croire
qu’il n’y aura pas d’hyperinflation et que le roi dollar est toujours vivant.
Un peu comme Jean-Claude Trichet qui
avait augmenté les taux d’intérêt juste avant de laisser la place à Mario
Draghi et qui mettait en garde en pleine crise contre l’inflation et qu’il
allait continuer à les augmenter. Il n’en fut rien, mais l’essentiel c’était
de le faire croire. C’était en 2011 ! C’était hier, et cela semble une
éternité.
Charles SANNAT
Editorialiste et rédacteur du
Contrarien Matin
Directeur des Études Économiques
Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
http://www.boursorama.com/actualites/espagne-le-fmi-percoit-la-fin-de-la-recession-mais-s-inquiete-du-chomage-1cbb3989913d7cbb63b6299b6f189bbe
|