Entre l'odieux et l'innommable

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Published : February 23rd, 2016
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Pensez-vous qu'Hillary ait été rassurée d'avoir enregistré moins de 11.000 voix lors d'un sondage d'opinion auprès des nombreux syndicats d'employés de l'hôtellerie dans le Nevada ? Il est évident, au vu du sourire pincé et artificiel qu'elle a arboré sur le podium de la victoire, que ce triomphe étroit ait des airs de prix de consolation. Et que dire de sa tenue rouge métallique qui aurait pu la faire passer pour une vielle guirlande de Noël deuxième main ? Peut-être que ses assistants l'ont vêtue de Kevlar pour l'occasion.

Elle en aura besoin pour la prochaine manche de sa campagne électorale fébrile. Le sourire peu convainquant que nous lui connaissons si bien masque une vérité embarrassante : les dés sont pipés pour Hillary au sein de la sombre machine qu'est la hiérarchie du Parti démocrate, qui a été détournée par la ligue de la chef de parti Debbie Wasserman-Schultz. Ceux que l'on appelle « super-délégués » ont tous été rassemblés et marqués au fer rouge d'une lettre « H » sur le derrière, laissant notre pauvre Bernie dans le bassin alcalin des rêves brisés.

Mes lecteurs ont pu se rendre compte ces quelques derniers mois (et ils s'en sont plains) que je ne suis pas particulièrement en faveur de Bernie. Je suis content que quelqu'un se soit opposé à Mademoiselle C'est-Mon-Tour, mais ce Sénateur-du-Vermont-venu-de-Brooklyn n'a pour moi pas suffisamment de volonté pour enfoncer un pieu de bois dans le cœur d'escroc d’Hillary. Les frais de conférencier de Goldman Sachs (plus de 200.000 dollars chacun) auraient dû suffire pour l'envoyer au cimetière des âges, mais, comme tant d'autres tristes vérités dans notre monde trop plein d'énergie et vide de réflexion, ils se sont retrouvés coincés dans l'univers alternatif de vérités abandonnées de TMZ.

Une récente théorie idiote qui flotte sur les ondes voudrait qu'Hillary obtienne le soutien unanime des électeurs noirs. Pour quelle raison, exactement ? Et qu'est-ce que cela signifie ? Va-t-elle remettre en scène l'ère des droits civils ? Va-t-elle elle-aussi brandir des pancartes en faveur de « lieux sûrs » sur les campus ? Va-t-elle boycotter les Oscars ? Et qu'a fait Mr Obama, exactement, pour l'Amérique noire, mis-à-part lui prouver qu'il est possible d'avancer dans cette société en apprenant à s'exprimer correctement en Anglais ?

Voici ce que nous dit cette théorie absurde : Hillary gagnera les voix des Noirs et des Hispaniques, et celles de beaucoup de femmes. Qu'est-ce que cela veut dire ? Que les Etats-Unis sont désormais divisés entre un Parti ethnique et des femmes (Démocrates) et un Parti des hommes blancs (Républicains) ? N'est-pas là la recette parfaite d'une guerre civile multidimensionnelle ?

Il ne s'agirait en fait de rien de plus qu'un assaisonnement dans le ragoût de crise civilisationnelle qui mijote aux marges des élections présidentielles les plus ridicules de l'Histoire des Etats-Unis et pourrait faire partir le pays tout entier en fumée. Les médias semblent complètement ignorer les terribles instabilités qui se développent sur la scène financière. Les banques et les marchés se comportent d'une manière qui laisse supposer de profondes ruptures en matière de vie de tous les jours, et ce avant même que les élections générales aient lieu. Quelle serait l'issue du match Hillary-Trump si le mois de septembre était celui de recapitalisations bancaires et d'étalages de supermarchés nus en conséquence de l'incapacité pour les entreprises de faire des affaires les unes avec les autres ?

Les grondements qui se font entendre au travers du système bancaire nous informent que la confiance en les obligations mutuelles s'approche du niveau des taux d'intérêt du monde. Quelque chose devra bien céder un jour pour commencer la grande dégringolade de dominos qui nous fraiera un chemin vers l'interruption des opérations complexes de la vie de tous les jours grâce auxquelles nous sommes capables de mettre de la nourriture dans nos micro-ondes et du carburant dans le réservoir de nos voitures. Quand ce moment sera venu, il ne servira plus à rien de parier. Sans vouloir vous paraître l’idiot du village, nous avons des raisons de croire que les Etats-Unis plongeront dans un tel chaos cette année qu'il ne leur sera pas possible d'organiser les élections générales de 2016.

Pour ce qui est de Trump, je maintiens ce que j'en ai dit au début de sa campagne : il est pire qu'Hitler. Il lui manque la cervelle, le charme et le savoir-faire du vieux Führer, et son côté sombre est plus visible encore. Même Adolf pouvait faire un nœud de cravate de telle sorte qu'elle ne lui pende pas devant les testicules. Je n'essaie pas de banaliser la différence entre ces deux psychopathes, mais tout simplement de dire que les Etats-Unis seront un jour très, très désolés d'avoir dansé en cadence avec le joueur de flûte de Hamelin aujourd'hui en tête du Parti républicain.

Très franchement, si Trump parvient à être nominé, nous en souffrirons de lourdes conséquences. La première est qu'il parviendra véritablement à détruire le parti. Les autres membres de sa hiérarchie n'accepteront jamais de s'aligner avec lui. Auquel cas ils formeront une nouvelle branche du Grand Old Party et prendront la défense de Michael Bloomberg, si tant est qu'il décide d'entrer en scène - et il se peut qu'il soit un assez bon patriote pour le faire. La conséquence alternative, bien moins appétissante, implique, s'il était élu, le renversement de Trump ou l'orchestration d'un coup d'Etat contre lui par l'appareil du Deep State (la NSA et le secteur militaire). Je ne souhaite évidemment pas d’être témoin de tels scénarios, mais nous devons nous y préparer.

Avant toute autre chose, ne sous-estimez pas cette année le pouvoir des évènements à prendre de l'avance sur les personnalités.

 

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James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé, une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde fonctionnera de manière décentralisée et local.
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