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L’étalon or qui n’en sera pas un

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Published : October 07th, 2014
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Category : Editorials

 

 

 

 

Un spectre hante le monde entier : celui de l’étalon-or ! Steve Forbes considère qu’un retour à l’or aux États-Unis serait possible en cinq ans. Le patron de la Banque Mondiale, Robert Zoellick, a déclaré qu’il faudrait considérer l’or comme une référence monétaire internationale. Selon Wikileaks, la Chine redouterait que les États-Unis et l’Union européenne adoptent l’étalon-or avant elle. En effet, l’or représente respectivement 60,7% et 74,7% des réserves de devises des pays de la Zone Euro et des États-Unis. Cependant, dans le reste du monde (Chine, Inde et Russie incluses), l’or dépasse rarement les 10% du total des réserves forex.


Dans un système d’étalon-or, la base monétaire d’un pays est constituée de ses réserves en or. La fiabilité du système est fondée sur la convertibilité illimitée du papier-monnaie en or. L’étalon-or exige donc une discipline budgétaire sans pareil aujourd’hui. Il met une limite sévère aux déficits de l’État en empêchant celui-ci de les financer par la production monétaire directe ou par celle des banques commerciales. En effet, la fin de l’endettement étatique mettrait un coup fatal à la banque à réserves fractionnaires dû à la fin du financement des besoins de liquidité bancaire par une Banque Centrale.


Si un retour à l’étalon-or est concevable, il est néanmoins difficile d’imaginer qu’il puisse l’être de façon durable ou même qu’il s’agisse d’un vrai étalon-or. Rien ne nous permet aujourd’hui d’affirmer  que les États du G20 ont une quelconque intention d’éliminer leurs banques centrales ou de diminuer considérablement leurs dépenses financées avec du crédit bancaire. Du coup,  si un étalon-or était restauré, ce ne serait pas pour remplacer le système en place, mais pour l’assainir temporairement et lui donner plus de longévité.


Par le passé, l’assainissement monétaire a nécessité une indexation de la monnaie affaiblie à un  bien dont le cours de marché était solide  : or, autres biens réels, ou monnaie étrangère.


A la fin du 18ème siècle, la circulation de l’argent métallique diminue considérablement en Europe du fait du commerce avec la Chine et des guerres Napoléoniennes. Pour pallier au manque d’argent, les banques commerciales anglaises émettent alors des notes bancaires en sus de leurs réserves en argent. Avec la fin des guerres Napoléoniennes, le métal rentre massivement en Angleterre ajoutant l’inflation métallique à l’inflation papier. L’or va alors permettre de rétablir la confiance dans la monnaie. En effet, la reprise de la frappe de pièces en or et la stricte convertibilité des billets de la Banque d’Angleterre en or vont assurer son acceptation auprès du grand public au détriment de l’argent pour lequel les individus avaient perdu confiance. Le Bank Charter Act de 1844 donne cours légal aux billets de la Banque d’Angleterre et inaugure l’étalon-or moderne.


Au lendemain de la Grande Guerre, l’Allemagne – manquant d’or – met fin au processus hyper-inflationniste du Papiermark, initié en 1921, en cautionnant le Rentenmark de 1923 non par des réserves d’or, mais par des obligations indexés au prix de l’or. La population rassurée va utiliser le Rentenmark qui deviendra le nouveau Reichsmark en 1924. La qualité du Reichsmark s’est maintenue jusqu’à l’arrivée au pouvoir du parti Nazi en 1933 qui se lance alors dans de vastes programmes de dépenses.


 Au milieu des années 1990, l’économie brésilienne souffre à son tour d’un processus hyper-inflationniste initié 30 ans auparavant – moyenne annuelle de 764% d’inflation entre 1990 et 1994. Après cinq changements de monnaie, l’État crée, en mars 1994, l’Unidade Real de Valor (URV)  indexée au Dollar américain à un taux de change fixe. Le Dollar étant très apprécié à l’époque par le grand public, l’URV est vite reconnue comme une monnaie relativement  « stable ». Elle remplace le Cruzeiro Real en juillet 1994, pour devenir la nouvelle monnaie, le Real. Aujourd’hui, le Brésil est l’un des rares pays  où le dollar s’est valorisé ces derniers mois, ce qui révèle le caractère à nouveau inflationniste de la politique monétaire brésilienne.


De mon point de vue, les États-Unis et la Zone Euro envisagent clairement de nouvelles  injections de liquidité pour renflouer leurs banques. Une hausse significative de l’inflation s’ensuivra, ainsi qu’une baisse de la valeur du dollar et de l’euro. Le surendettement de l’État, le fardeau fiscal et les législations économiques rigides se chargeront du reste. Un assainissement monétaire deviendra absolument nécessaire et il deviendra de plus en plus probable que l’or soit appelé à la rescousse comme il a déjà pu l’être.


 

 

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Gabriel A. Giménez-Roche est professeur et responsable du département économie du Groupe ESC Troyes et maître de conférences à Sciences Po Paris. Son domaine de recherche est l'analyse économique de l'entrepreneuriat et son contexte socio-institutionnel. Il est également chercheur associé de l’Institut économique Molinari.
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Mais c'est toujours pareil quelle que soit la matière : quand on ne sait plus quoi imaginer on se rabat sur l'histoire. C'est tout à fait vrai pour la philosophie et cela devient vrai en économie entre autre dans cet article ! Décevant !
Seule l'Histoire est ré-imaginée en permanence. Le problème de vieillir est, entre autre, de pouvoir comparer les différentes interprétations de l'histoire - ici, de France. Instructif pour faire des prédictions !
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