La Guerre de Monsieur Hollande

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Jean de Selzac
Published : January 28th, 2013
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Category : Crisis Watch

 

 

 

 

S’il y a bien un domaine où l’État agit de manière légitime, c’est dans l’usage de la force pour protéger ses citoyens. Frédéric Bastiat l’avait souligné dans son texte sur la Loi en rappelant que l’Etat n’est rien d’autre que « l’organisation collective du droit individuel de légitime défense ». Il ajoute que « c’est la substitution de la force collective aux forces individuelles […] pour garantir les Personnes, les Libertés, les Propriétés, pour maintenir chacun dans son Droit, pour faire régner entre tous la Justice. » Or dans cette dernière phrase, il parlait des personnes, des libertés, des propriétés des individus qui avaient décidé de constituer librement un État : l’armée doit être utilisée pour protéger ces individus-là et leurs intérêts puisque c’est eux qui paient. Ayn Rand l’avait souligné : l’État doit utiliser « l’armée, pour vous protéger des envahisseurs étrangers. » Dans cette perspective, les maliens en sont pour leur frais : il est évident que leur État ne peut pas remplir son devoir envers eux.


En se portant au secours de l’ancienne colonie française, François Hollande substitue l’armée française à l’armée malienne, en d’autres termes plus clairs et directs, il utilise l’argent français pour assurer la protection de la population malienne. Mais alors, pour justifier que l’État français engage ainsi l’argent de ses citoyens pour une autre mission que celle de leur protection propre, la France doit avoir un intérêt national évident au Mali ? La réponse est non. François Hollande est explicite : « Les terroristes doivent savoir que la France sera toujours là lorsqu’il s’agit non pas de ses intérêts fondamentaux mais des droits d’une population, celle du Mali, qui veut vivre libre et dans la démocratie. » François Hollande, comme presque tous ses prédécesseurs d’ailleurs, détourne le rôle fondamental de l’armée française qui est de protéger ses propres citoyens. Il  fait endosser à la France le rôle de gendarme de l’Afrique, prêt à utiliser le droit d’ingérence pour intervenir partout où les droits de l’homme seront en danger.


Afin de saisir les conséquences de cette ligne politique pour chacun d’entre nous, il faut se souvenir de cette réalité : la guerre est une dépense publique. À ce titre, elle pèse sur l’activité économique puisqu’il faut la financer. Quelques chiffres pour avoir une idée du coût global : le bombardement en Libye ordonné en 2011 par Nicolas Sarkozy avait coûté officiellement 320 millions d’euros sur un budget annuel des opérations extérieurs de 600 millions d’euros. Il s’agissait seulement d’opérations aériennes. Aujourd’hui, 2500 soldats sont engagés sur le terrain, soutenus par des frappes aériennes, dans une guerre de reconquête avec une perspective d’occupation pour sécuriser le Nord-Mali puisque cet Etat est incapable de constituer une armée digne de ce nom. La facture ira bien au-delà du milliard d’euros. Pour mémoire, et toute proportion gardée, l’occupation de l’Afghanistan et de l’Iraq par l’armée américaine a couté près de 86 milliard d’euros par an selon un bilan préparé en 2010 pour le Congrès américain.


Cette dépense publique peut être assumée si le pays possède une économie solide. Or la France n’est pas un pays en bonne santé économique, bien au contraire : une croissance flirtant avec le 0%, un chômage en constante augmentation, une pression fiscale qui fait fuir les entrepreneurs, une industrie qui n’emploie plus, ce sont autant de ressources financières qui se tarissent pour l’État. Le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault parlait ces derniers temps de diminuer la dépense publique, mais avec la guerre elle risque au contraire de déraper et les quelques économies faites ici et là seront inutiles. Dans ce cadre, la vraie question concernant la Guerre du Mali est : la France a-t-elle aujourd’hui les moyens de mener cette guerre et d’en assumer toutes les conséquences ?

 

 

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Sapin, Fillon et " l'Etat en faillite " titrait le JDD 28 jan 2013.
Ce qui ne fait que confirmer que l'eau est mouillée et que nos politicards prennent les citoyens pour des niais.
Faut-il que nos politicards fassent les hypocrites encore et toujours, lors des résultats des élections, constatant chaque fois un peu plus que " le parti majoritaire est le parti de l'abstention " ? Si les électeurs votent blanc c'est parce qu'ils ne sont plus dupes, justement, de ces élus " noirs " qu'ils sont, de leurs politiques délétères (les guerres à la légitimité plus que douteuse, à titre de présent exemple) sur la marche et le devenir de la France, rendus très périlleux.

_ " (La France est; NdL) un État totalement en faillite. " Michel Sapin, Ministre du Travail, dim 27 janvier 2013
_ " la France n'a plus les moyens de sa politique : alors qui va payer ? " NdL
_ " La guerre est la mère de toutes les taxes. " St Gregoire de Nysse
_ " Le vol est le fondement de l'état providence. " Gary North
_ un peu d'humour... : http://actu.orange.fr/insolite/impots-un-perigourdin-revanchard-paie-son-tiers-provisionnel-en-50-kg-de-pieces-afp_1320564.html

Merci à Sylvain Charat pour ses éclairssissements instructifs.
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Syrie : 5 bonnes raisons de ne pas faire la guerre, par Pierre Beylau
Pierre Beylau
La France a tout à perdre à se lancer dans une aventure hasardeuse à la remorque des États-Unis.

Mardi 27 aout, devant les ambassadeurs réunis à Paris à l’occasion de leur grand-messe annuelle, François Hollande a choisi le registre de la morale pour évoquer la tragédie syrienne. Un ton et un vocabulaire qui rappelaient curieusement celui de George Bush et des néoconservateurs américains tentant de justifier la calamiteuse expédition d’Irak. Quelques excellences ont discrètement haussé un sourcil interrogateur devant cette rupture avec l’approche cyniquement réaliste dont se réclame traditionnellement la diplomatie française. L’indignation, la compassion et les bons sentiments ne sont pas des vertus en matière de politique étrangère.

L’usage des gaz est-il un motif suffisant pour se lancer dans une aventure hasardeuse aux objectifs flous ?

Première raison : il s’agit d’une guerre civile. La société syrienne est une mosaïque religieuse et ethnique : sunnites, alaouites, chrétiens, Druzes, Kurdes. Elle est profondément divisée. Les alaouites (environ 12 % de la population) constituent le coeur du pouvoir et le fer de lance de l’appareil répressif. Mais beaucoup de Syriens qui ne portent pas nécessairement Assad dans leur coeur redoutent une prise de pouvoir des islamistes radicaux. Les chrétiens ont peur. La grande majorité d’entre eux sont orthodoxes et considèrent la Sainte Russie comme leur protecteur historique. La bourgeoisie sunnite s’inquiète devant la multiplication des exactions dans les zones “libérées”. Résultat : Assad a sans doute encore 30 ou 40 % des Syriens qui le soutiennent ou s’accommodent de sa présence.

Deuxième raison : c’est une confrontation régionale sunnites-chiites. Même si les alaouites sont de curieux chiites (ils croient à la réincarnation, vénèrent Aristote et Alexandre le Grand), ils appartiennent cependant à la grande famille de ceux qui se réclament de la descendance de Mahomet. Par opposition aux sunnites qui voient dans l’oumma, la communauté des croyants, la seule légitimité. La fracture entre frères ennemis de l’islam remonte à la nuit des temps. Au VIIe siècle (680) plus exactement, quand Hussein, petit-fils du prophète, périt à la bataille de Kerbala face aux troupes de Yazid, calife de Damas. Depuis, les chiites ont pris leur revanche. Ils gouvernent la Syrie par alaouites interposés, ont un poids politique crucial au Liban avec le Hezbollah. Grâce aux Américains, ils ont pris le pouvoir à Bagdad, où l’Iran exerce désormais une influence déterminante. Une montée en puissance mal supportée par le monde sunnite. Si l’Arabie saoudite et le Qatar apportent une aide active aux insurgés syriens, ce n’est pas pour promouvoir la démocratie et les droits de l’homme, mais pour renverser un gouvernement chiite allié de l’Iran

Troisième raison : la France n’a pas la maîtrise du jeu. Les rodomontades de François Hollande ne peuvent occulter une triste réalité : ce sont les États-Unis qui sont maîtres de la manoeuvre. Au Mali, la France pouvait conduire les opérations militaires et veiller à la mise en place d’une solution politique. En Syrie, elle est, pour des raisons militaires et politiques, à la remorque de Washington. Dans le sillage du général de Gaulle, Paris a longtemps cultivé une singularité dans l’Orient compliqué. Ce qui lui permettait de jouer un rôle non négligeable entre Nil et Euphrate. L’alignement sur les États-Unis prive la France de tout espace politique et expose dangereusement le bataillon français déployé au Liban dans le cadre de la Finul.

Quatrième raison : un séisme régional n’est pas à exclure. Si les frappes programmées sont très limitées, l’incendie sera peut-être vite circonscrit. Mais si l’on entre dans un cycle de bombardements-représailles, le pire est à redouter. La Syrie est sur la ligne de fracture d’une sorte de tectonique des plaques géopolitiques. L’ébranlement peut s’étendre au Liban, à Israël, à l’Irak, au détroit d’Ormouz où transite une partie importante du pétrole mondial. Si les frappes surviennent dans les tout prochains jours, le G20, samedi 5 septembre à Saint-Pétersbourg, risque d’être mouvementé, une majorité de participants étant hostiles à une action militaire en Syrie. Les Russes pourraient bien être poussés à aider encore davantage Assad et à se dissocier des Occidentaux sur le dossier nucléaire iranien.

Cinquième raison : l’hostilité des opinions publiques. Le bon peuple ne voit pas très bien pourquoi et pour quel objectif il est urgent d’aller guerroyer en Syrie même par le truchement de simples tirs de missiles. Les sondages confirment que les Français, les Britanniques, les Américains sont tous à peu près sur la même longueur d’onde. Échaudées par le précédent irakien, les opinions publiques sont très sceptiques.
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