Le Taylor-Burton

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From the Archives : Originally published March 27th, 2013
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Category : Gems and Treasures

 

 

 

 

 

Les diamants sont sans merci… ‘Dès qu’ils en ont l’occasion, ils nous disent tout sur la personne qui les porte’, disait un personnage dans The Sandacstle, l’une des premières nouvelles écrites par l’auteur Britannique Iris Murdoch. C’est peut-être vrai pour certaines femmes – qui en portant un diamant solitaire extravagant laissent paraître toute leur vulgarité – mais est-ce également applicable à Elizabeth Taylor ? Les cadeaux très médiatisés qu’elle a reçus de son cinquième mari, Richard Burton, ont certainement amélioré son apparence et n’avaient, sur elle, aucun air déplacé. Il semblerait qu’une certaine compatibilité puisse être établie entre un bijou et la personne qui le porte.

 

Le premier bijou qu’a acheté Richard Burton pour Elizabeth Taylor en 1968 est le diamant Krupp, taillé à la manière ascher. Ce diamant appartenait autrefois à Vera Krupp, seconde femme du magnat de l’acier Alfred Krupp. Mademoiselle Taylor le portait sur une bague. Vous avez pu le voir dans un certain nombre de ses films d’avant 1968, ou dans son interview sur CNN dans l’émission Larry King Live en 2003. Burton lui a ensuite offert le diamant La Peregrina Pearl, qu’il a acheté pour 15.000 livres sterling. L’histoire de cette pierre est longue et complexe. Pour le 40e anniversaire d’Elizabeth en 1972, Richard Burton lui offrit un diamant taillé en forme de cœur connu sous le nom de Taj Mahal. Cette gemme est assez large et plate, et porte des inscriptions en arabe sur chacun de ses côtés. Elle a été sertie sur un collier aux côtés d’une série de rubis et d’autres diamants. ‘J’aurais aimé pouvoir lui offrir le Taj Mahal’, a dit Burton. ‘Mais il aurait été trop cher de le faire déplacer. Les diamants sont des investissements. Lorsque plus personne ne voudra nous voir, Liz ou moi, sur un écran, alors nous en vendrons quelques-uns’.

 

Le cadeau le plus célèbre fait par Burton à Elizabeth est le diamant de 69,42 carats taillé en forme de poire qui fut plus tard appelé le Taylor-Burton. Il provient d’une pierre brute de 240,80 carats qui fut découverte à Premier Mine en 1966 avant d’être achetée par Harry Winston. Et voici une belle coïncidence : huit ans auparavant, une autre pierre de poids quasiment identique (240,74 carats) avait été découverte dans cette même mine. Harry Winston avait aussi acheté cette pierre avant de décréter : ‘Je ne pense pas qu’il existe plus d’une demi-douzaine de pierres de cette qualité à travers le monde’. Et ce n’était pas la première fois que Premier Mine eut le dernier mot, puisque la gemme de 69,42 carats taillée dans la pierre découverte en 1966 est de couleur D et ne comporte aucun défaut.

 

Après l’arrivée de la pierre de 240,80 carats à New York, Harry Winston et son tailleur, le pasteur Colon Jr, l’étudièrent six mois durant. Des marques furent tracées, effacées puis retracées pour déterminer à quels endroits la pierre devrait être taillée. Le jour de la taille de ce diamant, la tension qui entoure habituellement une telle tâche fut accrue par la chaleur et la lumière projetées par l’écran de la télévision qui avait été placée dans l’atelier pour l’occasion. Après avoir fini de tailler le diamant, le pasteur de 50 ans de prononça pas un mot – il attrapa le morceau de diamant nouvellement taillé et l’observa pendant une fraction de seconde avant de s’exclamer : ‘Magnifique !’.

 


Elizabeth Taylor portant le Burton-Taylor sur un collier créé par Cartier

présentant un certain nombre de diamants plus petits taillés en forme de poire.

 

Elizabeth Taylor ne fut pas exactement la première propriétaire de la pierre après Harry Winston. En 1967, Winston vendit le diamant taillé en poire à madame Harriet Annenberg Ames, la sœur de Wales Annenberg, ambassadeur Américain à Londres sous l’administration Nixon. Deux ans plus tard, cette dernière mit le diamant aux enchères aux Parke-Bernet Galleries à New York et justifia ainsi sa décision : ‘Je me suis surprise à garder mes gants par peur que quelqu’un le voit, j’ai toujours été une personne extrêmement sociable et ne suis pas parvenue à apprécier ce sentiment. J’ai laissé le diamant dormir dans un coffre en banque des années durant, et je trouve dommage de l’y conserver sans que personne n’en profite. A New York, personne ne pourrait se permettre de le porter publiquement’. Il est vrai que l’on pourrait penser cette pierre trop imposante pour être sertie sur une bague, et encore moins être portée en public.


Le diamant fut vendu aux enchères le 23 octobre 1969 avec la possibilité pour l’acheteur d’en choisir le nom. Avant la mise en vente, beaucoup spéculaient à l’idée de qui était prêt à enchérir, certains mentionnant ici et là quelques noms étrangers. Elizabeth Taylor était l’un de ces noms, et il faut ajouter ici qu’elle avait alors déjà eu l’occasion d’observer le diamant, puisqu’il avait été transporté jusqu’en Suisse pour qu’elle puisse l’apprécier avant d’être renvoyé à New York avec une précaution qui fut jugée d’inhabituelle.

 




Illustration présentant le Taylor-Burton sur un collier serti de plusieurs

centaines de petits brillants taillés en marquise.

 

Le commissaire-priseur commença par demander qui était prêt à offrir 200.000 dollars pour l’achat du diamant, question à laquelle la salle bondée répondit d’un ‘Ici’ simultané. Les enchères commencèrent à grimper, et neuf enchérisseurs en portèrent rapidement le prix à un demi-million de dollars. A partir de cette somme, les enchères augmentèrent par tranche de 10.000 dollars. A 650.000 dollars, il ne restait plus que deux enchérisseurs. A 1.000.000 de dollars, Al Yugler, de chez Frank Pollack, qui représentait Richard Burton, abandonna l’enchère. Lorsque le marteau tomba, tout le monde se leva dans la salle, et le commissaire-priseur eut beaucoup de mal à identifier qui avait gagné. Le grand gagnant de l’enchère était Robert Kenmore, directeur de Board of Kenmore Corporation, propriétaire de Cartier Inc. Il paya 1.050.000 dollars pour la pierre, qu’il baptisa le Cartier. Le précédent record de prix payé pour un diamant était de 305.000 dollars, pour l’achat d’un collier de diamants qui appartenait aux Rovensky et qui fut mis en vente en 1957. L’un des diamants sertis sur le collier, connu sous le nom de Rovensky (qui serait, selon certains, le diamant Excelsior III) pesait approximativement 46,5 carats. Il est apparu dans un article sur les diamants publié dans le National Geographic d’avril 1958 aux côtés du Niarchos, du Nepal et du Tiffany Yellow.

 


Harry Winston

 

Tout comme Richard Burton, Harry Winston s’est avéré être un acheteur potentiel lors de la mise aux enchères du diamant. Mais Burton n’était pas prêt à s’arrêter là. Il s’est entretenu par téléphone avec l’agent de Mr. Kenmore depuis une cabine téléphonique du sud de l’Angleterre. Burton négocia l’achat de la pierre en insérant les unes après les autres des pièces dans le téléphone public. Ceux qui passaient près de lui l’ont peut-être entendu s’exclamer ‘Je me fous de combien il coûte, je l’achète’. Robert Kenmore accepta finalement de le vendre à la condition que Cartier puisse l’exposer à New York et Chicago. Il n’a pas caché que Cartier a pu tirer profit de la situation. ‘Nous sommes des hommes d’affaire, et nous sommes heureux que mademoiselle Taylor soit satisfaite’.

 


Le Taylor-Burton, exposé sous le nom ‘Cartier Diamond’ dans une boutique Cartier

peu de temps après que Burton l’ait acheté mais avant qu’il lui ait été envoyé.

 

Plus de 6000 personnes se rendirent chaque jour dans la boutique Cartier de New York pour y admirer le diamant, la file d’attente s’étalant parfois tout le long du trottoir. Un article du New York Times s’est cependant montré assez amer sur le sujet. Sous le titre ‘The Million Dollar Diamond’ fut publié le commentaire suivant :

 

‘Des paysans ont fait la queue devant chez Cartier cette semaine pour venir s’extasier à la vue d’un diamant plus gros que le Ritz qui a coûté plus d’un million de dollars. Il est destiné à pendre au cou de madame Richard Burton. Comme quelqu’un l’a déjà dit, il aurait été de bon effet de le porter sur un tombereau (un chariot destiné à transporter des gravats, des chariots de ce type étaient utilisés pour emmener des prisonniers à la guillotine durant la Révolution Française) en partance pour la guillotine’.

 

Peu de temps après, le 12 novembre, mademoiselle Taylor porta le Taylor-Burton en public pour la première fois lors du 40e anniversaire de la princesse Grace à Monaco. Il fut transporté à Nice depuis New York par deux gardes armés employés par Burton et Cartier. En 1978, à la suite de son divorce avec Richard Burton, Elizabeth annonça la vente aux enchères du diamant, dont une partie du prix de vente serait utilisé pour construire un hôpital au Botswana. En juin 1979, Henry Lambert, un bijoutier de New York, annonça avoir acheté le diamant pour la somme de 5 millions de dollars.

 

Avant le mois de décembre, il vendit la pierre à son propriétaire actuel, Robert Mouawad. Peu de temps après, monsieur Mouawad fit retailler la pierre, qui pèse aujourd’hui 68,09 carats. Avant la retaille, le rondiste de la pierre était très arrondi. Il est aujourd’hui légèrement plus plat. Le Taylor-Burton avait également un culet de petite taille, que sa retaille rendit encore plus petit.


Sources: Famous Diamonds par Ian Balfour et My Love Affair With Jewelry par Elizabeth Taylor.

 

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Je ne donnerai jamais la note maximale à ces articles sur les diamants qui ne donnent pas même les caractéristiques exactes des diamants dont ils traitent. Par exemple celui-ci est-il D-IF ou bien F-VS2 pour prendre deux extrêmes de la plus pure et la plus belle "eau" à un diamant de mauvaise qualité. Donc j'aimerais enfin que l'on traite le sujet complètement.

J'ai tout de même mis 4 étoiles car l'article traite de l'essentiel "humain". Je suis d'accord avec le constat que le collier d'E-TAYLOR lui va à ravir, la met en valeur et surtout n'est justement aucunement "vulgaire". Par contre, effectivement le collier rempli d'une épaisseur de diamants en "marquise" est parfaitement VULGAIRE, il dénote un (e) parvenu(e), bobo arrivé et prétentieux. Richard BURTON était quelqu'un de vraiment "TRES BIEN" ! Et Elysabeth TAYLOR lui doit tout, en sus du bon goût et même la vie quand on sait comment il a réussi à la sortir de l'alcoolisme.

Donc merci de redonner toutes les caractéristiques physiques complètes et pas seulement les poids de tous les diamants traités ici.
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Je ne donnerai jamais la note maximale à ces articles sur les diamants qui ne donnent pas même les caractéristiques exactes des diamants dont ils traitent. Par exemple celui-ci est-il D-IF ou bien F-VS2 pour prendre deux extrêmes de la plus pure et la pl  Read more
LMDM - 3/30/2014 at 8:40 AM GMT
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