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Les 2 milliards de Monsieur Hollande

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Jean de Selzac
Published : July 18th, 2013
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Avez-vous déjà essayé de vendre un produit alors que personne n’a les moyens de l’acheter au prix où vous voudriez le vendre ? C’est très dur. En fait c’est impossible. On peut le présenter, le vanter, dire qu’il est formidable, qu’il apportera une vraie-valeur ajoutée, mais si l’acheteur potentiel n’a pas l’argent ou pense que le prix est trop élevé – compte tenu de l’ensemble de ses besoins - il n’achètera. Même s’il est par ailleurs convaincu que le produit est bon. Bien sûr, face à telle situation l’entreprise peut décider de réduire son prix et ses marges mais cette variable d’ajustement a ses limites. Si le prix ne permet pas de recouvrir l’investissement humain, financier et technologique à un niveau suffisant, cela sonnera le glas du projet. Pire, si celui-ci n’était qu’à l’état d’ébauche, il pourrait ne jamais voir le jour. Il faut que le jeu en vaille la chandelle.


Ce simple constat, tiré de l’expérience concrète en entreprise, en particulier en cette période de crise, devrait éclairer Nicolas Dufourcq, le désemparé directeur de la banque publique d’investissement, la Bpifrance. Il est inquiet car les entreprises « n’ont pas encore envie d’investir en 2013. Le discours qui consiste à rappeler que les vainqueurs de 2016 sont ceux qui auront investi en 2013 est en train de progresser, de prendre corps. Mais il n’a pas encore convaincu l’essentiel de l’économie française. » Et pour cause notamment : les Français achètent de moins en moins et la tendance n’est pas prête de s’inverser. Alors pas question d’investir dans des conditions qui n’augurent pas d’un retour sur investissement correct.


Or, pendant ce temps, les guichetiers de Bpifrance s’ennuient ferme. Certes 5 600 dossiers ont été traités depuis la création de la banque il y a moins d’un an. Ce sont 600 millions d’euros qui ont été ainsi distribués au titre du crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice). Pourtant l’incitation devrait attirer : il s’agit d’une baisse de cotisation sociale effectuée sous forme d’une réduction d’impôt à acquitter en 2014 au titre de l’exercice de 2013. Mais Nicolas Dufourcq est inquiet car l’objectif que lui a assigné François Hollande est d’atteindre les 2 milliards d’euros d’ici fin 2013. « L’argent est là », dit Nicolas Dufourcq, gêné aux entournures, « mais le problème ce sont les dossiers. » Il n’y en a pas assez !


Mais l’économie ne se traite pas à coup de dossiers, ni à coup de préfinancement ou autres formes d’aides aux entreprises. Il semble que toute une logique marchande échappe à nos énarques Hollande et Dufourcq, trois réalités notamment. Tout d’abord une réalité incroyable : quand on fait un produit, c’est pour le vendre. Ensuite une réalité impensable : pour vendre un produit, il faut des clients. Enfin une réalité inconcevable : quand on vend, c’est pour faire du bénéfice. Pour relancer l’activité des entreprises, il ne suffit pas de dire : j’ai 2 milliards d’euros pour vous ! Encore faut-il qu’il y ait un marché, c’est-à-dire des acheteurs, et que les bénéfices soient suffisants pour réinvestir. Ce n’est plus le cas en France : la consommation recule au premier trismestre 2012 pour la deuxième fois depuis 1945 et les bénéfices des entreprises sont de plus en plus ténus à cause du matraquage fiscal du gouvernement, mais aussi du fait d’un contexte fiscal et réglementaire très incertain. L’illustration nous en a été donné il y a quelques jours : le 28 mars François Hollande promet de ne plus augmenter les impôts et les prélèvements pour, cent jours plus tard, le 7 juillet faire dire par son ministre des finances Pierre Moscovici, que les prélèvements augmenteront en 2014. On ne sait plus sur quel pied danser !


Cependant ces réalités sont ignorées : nos dirigeants n’y croient pas, ni pensent pas, ne les conçoivent pas. Ils ont leurs analyses à eux, leur réalité. On imagine très bien Nicolas Dufourcq accompagné de Pascal Faure, directeur de la compétitivité, de l’industrie et des services à Bercy, assis devant le bureau élyséen de François Hollande qui, stupéfait à la lecture des chiffres de la Bpifrance, pose candidement cette question : mais pourquoi, alors que nous avons 2 milliards d’euros à la disposition des entreprises, celles-ci ne se précipitent pas ? Que se passe-t-il ? La réponse méditée, concertée, analysée, - et bien réelle puisque rapportée dans le Figaro du 25 juin - fuse aussitôt de la bouche de Pascal Faure : « si les entreprises ne demandent pas à bénéficier du préfinancement du Cice, c’est que la situation de leur trésorerie ne va pas si mal que ça. » Les entreprises vont bien. Il fallait être un fonctionnaire de Bercy pour sortir ça.


Dans cette même logique, si les emplois d’avenir ne marchent pas, c’est qu’on n’en a pas besoin car on est presque au plein emploi. Si le RSA activité n’est pas suffisamment attribué, c’est qu’il n’y a pas tant de personnes que ça dans le besoin. Si les Français ne consomment pas, c’est qu’ils ont déjà tout ce qu’il leur faut. Encore un peu d’effort et l’économie française sera au beau fixe : on sent la croissance qui remonte, le chômage qui baisse, on va mettre les Chinois à genoux.


C’est bien pour cela que Nicolas Dufourcq, le 24 juin 2013 au sortir d’une réunion avec des chefs d’entreprises toulousains, annonce avec un je-ne-sais-quoi de mystère : « quelque chose est en train de se passer ». Oui, Nicolas Dufourcq a raison, quelque chose est en train de se passer. Mais ce n’est pas forcément ce à quoi il pense.

 

 

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Cela me rappelle une certaine "Marie Antoinette d’Autriche", qui face au peuple de Paris affamé, demanda à son majordome.
"Mais que veut le peuple !!!", "il n'y a plus de pain ma reine", "mais qu'il mange des brioches".
Je n'ai jamais pu dire qui était le plus imbécile des deux, la reine, qui était à mille lieux des préoccupations quotidiennes du peuple, ou le majordome qui alla répété les dires de la reine aux représentants du peuple...
On est aujourd'hui dans la même situation, mais vu comment tout cela s'est fini la première fois, moi à la place des politiques, je commencerai par fermer ma bouche... et m'acheter un petit pied à terre en suisse...
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achetez aussi des livres, pour la culture. ça aide.
vous ressortez les vulgaires ragots que vous ont inculqués vos profs de l'endoctrinement national.
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"vous ressortez les vulgaires ragots que vous ont inculqués vos profs de l'endoctrinement national. "
oui, je suis un fils du peuple, de la communale. Je suis d'une intelligence très moyenne je vous l'accorde.
Mais ces profs m'ont appris à lire, à écrire et à compter. Ils m'ont permis d'obtenir quelques diplômes, qui aujourd'hui me permet de nourrir ma famille, et de vivre humblement mais correctement, moi le béotien.
Ma culture est pauvre, et la encore je vous l'accorde; Mais je préfère m'occuper de ma femme et de mes filles. Je préfère consacrer les quelques heures qu'il me reste, après ma journée de travail à discuter de choses simples avec elles. Pas de mettre le nez dans les livres.
Je ne vis pas au dessus de mes moyens, les grands intellos qui nous gouvernent oui.
Je travaille pour le bonheur de ceux qui m'aime et que j'aime, les grands intellos qui nous gouvernent non.
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Y'a pas de mal, bienvenu au club, voyez vous, moi je n'ai aucun diplôme, pas un seul, maîtriser le français correctement et travailler de bonne heure ayant été la préoccupation principale dans ma famille, je n’en éprouve aucun complexe social, simplement parce que j'ai appris à regarder la ligne d'horizon et jamais le bout de mes pompes.
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et ils continueront à vous gouverner (et vivre avec VOS moyens) tant que leurs prisons psychologiques (celles du langage, celle de l'histoire officielle, celle des valeurs, ...) continueront à faire leur effet (ce qui se mesure très bien : taux de participation lors d'élections, nombres d'urnes qui brûlent, protestations lors de chypriotages, ...). De fait vous acceptez non seulement vos chaînes mais également en donnez, sans leur avoir demandé leur avis, à vos amis, famille etc ...
On a rien sans rien.
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Jamais le Roi Louis XVI ne fut violent envers son peuple, et c'est ce qui l'a perdu après le renvoi de Necker, tout c'est déclenché - " Les capitalistes voulaient que Mr Necker régnât pour les payer, qu'on essayât d'une révolution pour les payer, que tout fût renversé pourvu qu'on les payât. Ils aidèrent le peuple et l'assemblé à s'emparer de tout à condition que tout serait conservé pour eux " Antoine de Rivarol.
La situation pourrait effectivement nous éclairer sur la notre, mais par pitié qu'on laisse en paix la Reine et le Roi de France dont le crime reste d'ailleurs à ce jour toujours impuni et leurs mémoires souillées par les descendants de la clique manipulatrice de la populace avinée et qui travesti leurs crimes crapuleux en actes héroïques jusqu’à nos jours, ou véhicule encore des ragots, tel votre histoire de brioche.
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Effectivement, il est peut-être bon de rappeler que les français ont tué leur roi et leur reine pour asseoir leurs républiques qui ont donc...les pieds dans le sang. Il y a mieux comme bases.
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La même chose se passe encore aujourd'hui dans le monde, sous nos yeux. A partir du moment ou le Roi à revêtit la cocarde, il reconnaissait la suzeraineté de l'émeute et la sainteté de l’insurrection. Tout un monde s'effondrait. L'image du père était ternie, plus rien ne s'opposait donc à son meurtre pour que la boucle soit bouclée et que les éducateurs prennent la relève. Conclusion: - " En rien le quatorze juillet ne saurait être une fête pour nous. Nous laisserons là les flonflons aux sodomites et à leurs souteneurs électoraux." Michel Fromentoux.
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Mais non, vous n'avez pas compris. Dans la tete des élites de la promotion Voltaire, si ca ne marche pas c'est parce qu'on a pas mis assez de moyens pour que cela marche. Il faut donc doubler, ou tripler la dose, et ca marchera.

C'est comme cela, par exemple, qu'en doublant ou triplant les impots on finira bien par résorber le déficit, non ?
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Ben en même temps on leur donne que ça (et les déclarations aux médias) comme moyen d'action. Ils savent pertinemment que si ils commencent à réfléchir et sortir des sentiers battus que leur ont tracé les riches financeurs qui les ont mis là, ils sont grillés dans le quart d'heure (ou coulé, ça dépend que l'on se nomme Batho plutôt que Dufourcq )
Ils savent pertinemment qu'un singe pourrait faire leur boulot.
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Quel jeu de mots !
Un peu d'humour, ca mange pas de pain comme dirait Marie Antoinette !
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Atlantis - 7/19/2013 at 11:26 AM GMT
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