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Les réformes d’abord, la dette après

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Published : June 25th, 2012
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Le problème de la dette publique en Europe est devenu un écran de fumée qui cache le vrai problème. En effet, la dette publique n’est rien d’autre que la conséquence naturelle d’un ensemble de déséquilibres institutionnels et financiers des économies européennes.


Payer ou ne pas payer la dette. Renégocier ou ne pas renégocier la dette. Nationaliser ou ne pas nationaliser le système bancaire privé. Peu importe le chemin choisi pour y répondre. Sans réforme des systèmes fiscal et social et du marché du travail, tout traitement du problème de la dette se soldera par un échec cuisant.


La dette publique s’accumule quand l’État perd le contrôle de son budget, dépense plus de ce qu’il obtient en impôts, ce qui aboutit à  des déficits budgétaires. La législation en vigueur limite les sources de financement de ces déficits au seul marché privé, cependant l’Etat n’est pas obligé de faire des déficits et donc de recourir au marché privé. Le dérapage des dépenses publiques n’a pas donc  pour origine l’existence de  banques privées ou publiques. En effet, la dépendance au crédit bancaire vient justement du dérapage.


Le système bancaire et financier en place dans les pays européens en crise est pratiquement le même système qu’ailleurs. Et pourtant, certains pays arrivent à gérer leur dette publique y compris en Europe (voir tableau ci-dessous).


Pays ayant un ratio dette publique brute/PIB de 50% ou moins en 2011

PAYS

RATIO DETTE BRUTE/PIB

Australie

22,86

Corée du Sud

34,14

Danemark

46,43

Estonie

6,04

Finlande

48,56

Luxembourg

20,85

Norvège

49,60

Nouvelle Zélande

37,04

République Tchèque

41,46

Slovaquie

44,63

Slovénie

47,31

Suède

37,44

Suisse

48,64

Taiwan

40,79

Source : IMF World Economic Outlook, 2012.



On constate des caractéristiques communes aux  pays développés qui affichent un ratio dette/PIB relativement bas : des taux d’imposition et de cotisations sociales relativement bas par rapport aux pays en crise, des marchés du travail plus flexibles. Il se peut qu’ici et là, un de ces pays adopte une mesure plus interventionniste, mais l’impact de cette mesure sera plus que compensé par la flexibilité existant dans le reste de l’économie.


Par exemple, l’Australie et le Luxembourg ont les salaires minimums les plus élevés au monde. Ces pays ont cependant rendu  leur économie très flexible dans presque tous ses autres aspects, de sorte  que les effets du salaire minimum y sont réduits. Depuis une grave crise financières dans les années 1990, le Danemark et la Suède ont maintenu un filet de sécurité sociale important tout en rendant leur marché du travail beaucoup plus flexible et leur fiscalité moins contraignante tant pour les salariés que pour les entreprises.


A quoi sert-il donc de répudier une dette si les bases structurelles qui permettront immédiatement d’en créer une autre, restent en place ? A quoi bon renégocier les échéances et les intérêts d’une dette, si les dépenses exorbitantes de l’administration et de la sécurité sociale ne prennent pas fin ? Enfin, la nationalisation du système bancaire accompagnée de déficits conduira simplement  à financer toutes les dépenses par la création monétaire  et donc à détruire le pouvoir d’achat et l’épargne de la population. Dans tous les cas, on remplacera une situation inquiétante par une situation tout simplement infernale.


Une réforme du système fiscal et de la sécurité sociale doit chercher à rendre le système plus simple et moins onéreux pour les ménages et les entreprises. Plus on est imposé, fiscalement ou socialement, plus on est incité à chercher à se soustraire à cette imposition, à réduire les activités soumises aux taux marginaux les plus élevés, ou à chercher des niches dont la portée limitée à un certain nombre d’individus est injuste.


La simplicité de la fiscalité élimine des coûts de transaction pour tous en réduisant la bureaucratie et en faisant gagner du temps aux contribuables. Une fiscalité légère rend le pays plus attractif que d’autres qui auraient une structure économique similaire mais une fiscalité plus lourde. En outre, une fiscalité allégée pour le contribuable diminue les avantages de l’évasion fiscale.


La flexibilité du marché du travail est elle-aussi indispensable. Elle permet d’adapter plus facilement l’offre de travail aux changements de plus en plus fréquents de l’économie moderne. Sans coût de licenciement significatif, il n’y a pas non plus de  coût à l’embauche. Si l’employeur sait qu’en cas de coup dur ou d’’incompétence de l’employé, il n’aura pas de coût financier et psychologique trop important à assumer, il embauchera avec d’autant plus de facilité. Pourquoi perdre son temps et son argent afin de trouver l’employé idéal quand on peut tenter sa chance à moindre frais ? De surcroît, une plus grande flexibilité dans le licenciement incite les employés à être plus attentifs à leur contrat de travail et se focalisent davantage sur leurs  compétences que sur une sécurité de l’emploi garantie par une législation dépassée par la réalité des circonstances.


En outre, un marché du travail plus flexible se traduit aussi par un temps du travail plus flexible et la neutralisation des salaires minimum voire leur abolition. L’Allemagne, le Danemark, la Suède et la Suisse s’y sont mis et on ne peut pas dire qu’il s’agisse de pays pauvres et exploiteurs. Certes, ce genre de réformes peut se traduire par une baisse de la masse salariale dans certains secteurs, mais elle ouvre aussi les portes de l’emploi à d’autres catégories de travailleurs qui  se trouvent aujourd’hui au chômage. Cela permet aussi de réduire ce fléau qu’est le chômage de longue durée. Car plus de flexibilité implique moins de réticence à faire appel au travail plutôt qu’aux machines. En fait, dans un système de travail flexible, les machines assistent le travail des individus en le rendant plus productif et ne visent pas à le remplacer car ce dernier serait devenu artificiellement cher du fait de la législation en vigueur. En plus, un marché du travail flexible est un marché où les travailleurs ont davantage tendance à se former en continu, à être plus innovateurs et même plus entreprenants.


Finalement, une fiscalité simple et peu onéreuse et un marché du travail flexible et adaptable sont les deux grandes caractéristiques des  économies dynamiques et entreprenantes. Les incitations à l’immobilisme dans le travail disparaissent. L’individu qui veut développer ses capacités et ses idées trouve plus facile de quitter son travail de salarié et devenir entrepreneur. Les coûts de formation et de développement de l’entreprise étant plus bas, les individus seront moins à la recherche d’une sécurité légale que sur un épanouissement basé sur leurs compétences et leur capacité d’innovation. Avec plus d’individus entreprenants, la concurrence augmente, les « grands intérêts » se voient menacés par des groupes plus petits. La quête de l’efficience devient ainsi la règle pour tous, petits et grands.


Dans une économie réformée, devenue plus souple et dynamique, les richesses ainsi libérées se diffuseront plus rapidement et plus largement. Avec plus de richesses, la dette peut être payée ou alors si elle est répudiée, l’économie peut repartir sur des bases plus solides. Une économie plus dynamique et riche peut renégocier ses obligations plus facilement. Un État qui ose ce type de réformes, rend l’économie du pays plus productives sur les plans qualitatifs et quantitatifs et devient alors un État qui n’a plus besoin de financer ses déficits car le budget est en équilibre. La question de la nationalisation des banques et de la monétisation des déficits ne se pose même plus.


Osons le vrai changement, celui d’une économie interventionniste et immobile vers celui d’une économie flexible et dynamique. Le problème de la dette pourra ensuite être traité de façon durable.


 

 

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Gabriel A. Giménez-Roche est professeur et responsable du département économie du Groupe ESC Troyes et maître de conférences à Sciences Po Paris. Son domaine de recherche est l'analyse économique de l'entrepreneuriat et son contexte socio-institutionnel. Il est également chercheur associé de l’Institut économique Molinari.
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Bonjour monsieur Gabriel Gimenez-Roche. Merci de m'avoir répondu. Concernant vos réponses je vais vous répondre. Laissez moi un peu de temps. Merci encore. S
Bonjour et merci pour votre article qui mérite d'être analysé de près. Du fait qu'il est impossible de vous répondre en quelques lignes j'indiquerai seulement que les pays vus sur votre tableau sont de faible population hormis la Corée du sud et Taiwan (source Wikipédia). En effet les autres pays comptent moins de 11 millions d’habitants chacun, ce qui pourrait éventuellement être une cause du faible ratio dette/PIB. mais c'est à démontrer...

Une remarque sur le Luxembourg: 40% du PIB est produit par les transfrontaliers (source: http://is.gd/elgPu5). Mais le PIB est comptabilisé au Luxembourg.

Je reprocherai à votre article le manque de sources de référence (hormis celle du tableau présenté dans votre article mais que je n'ai pas su trouver!) afin de pourvoir analyser les données dont vous vous êtes servi et ainsi de comparer cette analyse à vos propos.

En dernier lieu, pouvez vous nous rappeler ce que dit la loi du 3 janvier 1973 en son article 25 et ses corollaires indélébiles dans les traités européens, avalisés tant bien que mal par les populations, articles 104 du traité de Maastricht (1992) et 123 du traité de l'union européenne? (traité de Lisbonne) adopté par le Congrès français le 5 févr. 2008 accélérant la fin de notre démocratie...

A mon humble avis, si l'on ne tient pas compte de ces articles (création monétaire par les Etats ou par les banques privées) on ne peut faire une analyse exhaustive du ratio dette brute/PIB.... Par exemple le ratio dette brute/PIB avant 1973 (sous De Gaulle)est très en dessous du plus petit pourcentage observé dans votre tableau car la création monétaire était issue de l'Etat et donc à taux 0 à contrario des marchés financiers qui réclament depuis 1973 un intérêt...
Si les marchés financiers prêtaient à taux 0 (euh..admettons!) on ne parlerait certainement pas de dettes incommensurables à payer aujourd'hui... La quasi totalité des populations ne s'en porterait que beaucoup mieux!

Pour rappel les français ont payé, depuis 1973, autant d'intérêts (charge de la dette) que de dette à rembourser (1600 milliards d'€ d'ardoise en 2012)

Autrement dit s'il n'y avait pas de charges sur la dette celle ci (créée ex nihilo par les banques) serait payée en totalité depuis 1973.
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Bonjour S.

Tout d'abord, merci beaucoup pour vos commentaires et questions. Je considère que les commentaires des lecteurs sont toujours très utiles pour améliorer le contenu de mes articles. J'essayerai de répondre de mon mieux à vos questions et remarques sur le sujet dont est question mon article.

La question de la population n'affecte pas le raisonnement. Comme vous l'avez remarqué vous même, il reste à démontrer qu'une faible population est liée à un petit endettement. Car on peut voir que les petites populations des pays présentés dans l'article sont quand même capables de créer d'énormes richesses, ce qui est clair lors qu'on trouve leurs statistiques de PIB par tête. En effet, c'est tout à leur honneur d'être petits mais capables de générer beaucoup de richesse sans trop d'endettement. En outre, je ne vois pas pourquoi un pays avec une population considérable devrait être plus endetté, au contraire, avoir plus des personnes devrait permettre au pays de créer des richesses encore plus facilement. Il y a donc quelque chose qui empêche ce processus d'avoir lieu...

Cependant, je serai d'accord avec vous que dans les pays peu peuplés les coûts de surveillance de la population sur les élus sont relativement plus faibles que dans les pays plus peuplés. Toutefois, n'oublions pas que les pays scandinaves sont passés par une crise financière et d'endettement aux années 1990...

En ce qui concerne le Luxembourg, si les transfrontaliers produisent 40% du PIB dans le territoire luxembourgeois, alors peu importe qu'ils soient transfrontaliers ou non, le produit a été créé et négocié en territoire luxembourgeois. Mon problème avec le Luxembourg est le fait qu'il soit une grande base d'activités de plusieurs banques internationales qui bénéficient du système de réserves fractionnaires. Il devient alors difficile de savoir si le PIB luxembourgeois est "réel" ou pas. Un autre problème est la domiciliation fiscale d'entreprises transfrontalières au Luxembourg. Je n'ai rien contre cette procédure, mais grâce à ce mécanisme on pourrait comptabiliser une partie de la production d'autres pays au Luxembourg. Après, il faut voir si c'est vraiment considérable par rapport au PIB luxembourgeois...

Je n'ai pas inclus plus des références car elles ont déjà été données dans plusieurs de mes articles que je vous invite à lire sur le site de 24hgold. Pour vous faciliter la tâche en ce qui concerne le IMF World Economic Outlook, cherchez "imf world economic outlook database" sur google. Cependant, il faut ordonner les données vous-même après. Je suis désolé.

La Loi de 1973 dans son article 25 stipule que « le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l'escompte de la Banque de France ». Autrement dit, si l’État veut financer ses déficits avec de l'argent de la BdF, il faut s'endetter auprès des banques commerciales qui bénéficient des opérations de marché ouvert (via des "repurchase agreements") avec la BdF. Le même système s'applique maintenant à la zone euro par rapport à la BCE. Ceci ne veut pas dire pour autant que l’État DOIT s'endetter. La stipulation concerne le cas éventuel des déficits.

Évidemment, s'endetter auprès des banques commerciales revient plus cher que si cela était fait directement auprès de la BC (par contre, ce n'était pas vraiment à taux 0, mais à 1%). Néanmoins, quand on parle de s'endetter auprès de la BC, ce dont est question est un processus de création monétaire très visible vis-à-vis l'économie. La période avant 1973 était marquée par plusieurs dévaluations (Attention! Une dévaluation doit forcément passer par la création monétaire pour provoquer une baisse du taux d'échange de la monnaie nationale et qui dit création monétaire dit aussi inflation des prix et donc perte du pouvoir d'achat). Dans les deux cas, endettement auprès des banques commerciales ou auprès de la BC, on aurait eu une perte nette pour l'économie. La source du problème donc est la réalisation même des déficits publiques.

Une remarque explicative. Si notre objectif est réduire l'intervention de l’État sur l'économie, alors l'idée de limiter les sources de financement des déficits publiques aux banques commerciales n'est pas mauvaise en soi, mais SI ET SEULEMENT SI il n'y a pas de banque centrale derrière pour inciter les banques commerciales à préférer l’État aux entreprises et individus.

Il serait encore mieux si on interdisait tout simplement les déficits publiques...

En tout cas, la situation actuelle dans laquelle les banques commerciales couvrent leur création de monnaie scripturale grâce à la vente de titres de dette publique à la BC est probablement le pire des systèmes.

Merci encore une fois pour vos commentaires.

Prof. Gabriel A. Giménez-Roche
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Dette publique...et la dette privée?
Je comprends qu'on veuille parler de cet Etat imposteur qui a vécu au dessus de ses moyens (et qui nous a fait vivre au dessus des nôtres), mais la dette, c'est aussi le fait du secteur privé....
Les banques ont elles aussi leur dette...leur montagne de dette sur le dos...proportionellement avec un ratio bien plus élevé que les autres acteurs de la vie économique. Difficile pour un particulier d'avoir un effet levier de 1 à 50....
En somme, si les banques ne s'etaient pas autant fourvoyées dans des produits financiers à la rentabilité normale et non surhumaine, il n'y aurait pas l'asséchement de confiance que le marché connait actuellement.

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Demain , mardi 26 juin 2012 : ouverture officielle du P.A.G.E.


... Quelles conséquences pour les cours des métaux précieux ?????



:-X

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Très bonne analyse, le problème n'est pas de trouver une solution que vous décrivez très bien, le problème est que notre démocratie n'existe plus que sur le papier. Nos gouvernements ne cherchent qu'à rester en place pour "profiter" et "faire profiter". Les élections sont devenues un marché où chaque candidat rivalise de promesse pour ce faire élire, et ça marche !
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...A quoi sert-il donc de répudier une dette si les bases structurelles qui permettront immédiatement d’en créer une autre, restent en place ? A quoi bon renégocier les échéances et les intérêts d’une dette, si les dépenses exorbitantes de l’administration et de la sécurité sociale ne prennent pas fin ?...

Effectivement , cela ne sert à rien .

Mais nous pouvons aussi examiner l'hypothèse qui a le mérite d'expliquer le pourquoi du désordre monétaire actuel , de la non recherche de l'équilibre budgétaire , du pillage des biens nationaux par privatisation , comme nous pouvons le voir partout en Europe :

Dans le paradigme juridique actuel , la dette est l'objectif , la dette est crée délibérément par des gouvernements plus corrompus que stupides , comme étant la contrepartie , la rente crée de toute pièces du banquier parasite.
La dette est une invention du système rothshildien ,la preuve de son existence.
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Pas certain que les Français qui ont élu Hollande soient d'accord avec vous...
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La dette est l'opium des démocraties. Elles ne peuvent pas s'en passer précisément parce que les équipes au pouvoir changent et peuvent refiler le bébé des conséquences à long tmer de leurs décisions clientélistes à court terme à l'équipe suivante, et ainsi de suite.

N'attendez donc aucune réforme qui aurait un cout politique à court terme et un effet bénéfique à long terme, ce serait un voeux pieux et contraire à la manière dont le système fonctionne.
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Punk destroyed, no future
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