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Pour la santé des Français, on ferait n'importe quoi

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Published : February 09th, 2012
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Category : Editorials

 

 

 

 

Jean-Claude Mas n'a pas fini de faire parler de lui. Mis en examen pour « blessures involontaires », le très controversé fabricant des prothèses PIP (Poly Implant Prothèse) suscite l'indignation des victimes potentielles et de la classe politique. S'il est légitime de s'inquiéter, le Ministre de la Santé Xavier Bertrand est-il pour autant bien inspiré de recommander l'explantation préventive des prothèses défectueuses ?


Le problème n'a rien à voir avec la distinction entre chirurgie réparatrice et chirurgie esthétique. Une prothèse mammaire défectueuse se moque de savoir qu'elle a été implantée suite à un cancer du sein ou par pure coquetterie. Il n'y a donc rien d'illogique à ce que les 30 000 françaises porteuses de prothèses PIP voient leur opération prise en charge par la Sécurité sociale.


Le problème, c'est plutôt qu'une fois de plus, le gouvernement se montre généreux avec l'argent des autres. Mais faut-il s'en étonner ? La demi-mesure est un luxe que le gouvernement ne peut pas s'offrir : dès lors que d'importantes sommes d'argent peuvent être dépensées (fût-ce au prix de l'équilibre budgétaire), et dans la mesure où le principe démocratique intime aujourd'hui aux dirigeants non seulement de gouverner, mais de « gérer » les inquiétudes de la collectivité, le gouvernement est fortement incité à faire du zèle.


Il n'est certes pas nécessaire de retirer d'emblée toutes les prothèses PIP : on peut procéder au cas par cas. D'autant plus qu'une femme est plus susceptible de contracter un cancer du sein que ne le sont les porteuses de PIP de subir des complications. Mais pour le gouvernement, la question n'est pas de savoir si les risques encourus sont importants, modérés ou négligeables : la question est de savoir comment réagirait l'opinion si le gouvernement tolérait des risques – même dérisoires – qu'il pourrait prévenir.


Le coût politique de l'inaction est sans commune mesure avec son impact réel, et bien souvent le principe de précaution ne signifie rien d'autre que :  « tout ce que l'État peut faire pour prévenir un risque, il doit le faire, quelle que soit l'importance du risque, quel que soit le coût de la prévention ».  Il est vain de critiquer la position de Xavier Bertrand si on ne prend pas la peine d'en comprendre les raisons. Le problème est structurel, il est inscrit dans le code génétique du « modèle » politique et économique français.


Car la gabegie est le fait d'un système et d'une culture. D'un système d'abord, qui donne aux pouvoirs publics les moyens d'intervenir dans de nombreux domaines, exposant les décideurs politiques aux foudres de l'opinion si des maux apparaissent qui auraient pu être supprimés. D'une culture ensuite, qui tient pour légitime et nécessaire de se tourner vers l'État pour résoudre nos problèmes, sous prétexte que la plupart de ces problèmes peuvent être résolus simplement, moyennant certes des dépenses conséquentes (60 millions d'euros pour l'explantation des prothèses PIP), voire insensées (869 millions pour la campagne de vaccination contre la grippe A lancée fin 2009).


Derrière la recommandation de Monsieur Bertrand, il y a donc un souci de la sécurité qui n'est pas sans danger.


Mais le danger, ce n'est pas l'abus de pouvoir. Le danger, c'est que le pouvoir soit utilisé à fond pour rassurer l'opinion, quels que soient le coût et l'efficacité des mesures adoptées. Une thérapie collective que nous n'avons pas les moyens de nous offrir.

 

 

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c'est pas faux pour l'industrie pharma, c'est un peu l'histoire de la poule et de l'oeuf : l'un protège l'autre et inversement.
Mais là amha c'est plus l'outil qui au centre de la magouille, le corps médical, qu'il ne faut pas mettre sur la place publique. Parce que les médecins (tout autant que les agences-fusibles) étaient au courant et sont pa$$€$ outr€, dans ce dossier comme dans celui du médiator ou bien d'autres scandales passés et à venir sur les mass médias (sur internet il y a déjà trop de dossiers accablants).

(c'est quoi ce bug avec la nouvelle version, plus possible de faire une réponse à un post d'un autre internaute ... )
l'état en a rien à faire. c'est même pas à visée principalement électoraliste (sinon il y a plus efficace). ce qu'il faut c'est calmer le jeu avant qu'on s'en prenne à son lieutenant le corps médical officiel. ne pas ouvrir la boite de pandore.
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J'aurais mis la causalité dans l'autre sens.

Pour moi le corps médical officiel et le lobby des industries pharmaceutiques sont un des principaux corrupteurs du pays. Après avoir mis au pas les banques il faudra un jour s'attaquer à ces profiteurs et à leur puissance sur l'appareil d'état
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Y'a clairement un paquet de gens à qui cette histoire fait mal aux seins.
Ces problèmes n'existeraient pas si la justice fonctionnait. Un dommage a été causé, une entreprise est mise en cause, c'est à elle de payer pour les dommages causés, et / ou à son assureur si elle est insolvable. Si le comportement du dirigeant est délictueux, il doit être jugé et condamné.

Les choses sont simples si on les prend dans le bon ordre. Il faut arrêter de tout mélanger.
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c'est pas faux pour l'industrie pharma, c'est un peu l'histoire de la poule et de l'oeuf : l'un protège l'autre et inversement. Mais là amha c'est plus l'outil qui au centre de la magouille, le corps médical, qu'il ne faut pas mettre sur la place publiq  Read more
Atlantis - 2/12/2012 at 12:09 AM GMT
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