Une monnaie saine est-elle une mauvaise idée ?

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From the Archives : Originally published February 07th, 2015
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Category : Today's Editorial

Les gouvernements ne supportent pas l’idée d’une monnaie saine. Pire encore, les gens en général ne la supportent pas non plus. Les gouvernements la détestent parce qu’elle limite leur champ d’action. Les gens la détestent parce qu’elle signifie être responsables de leur propre survie et se reposer sur leurs propres ressources plutôt que celles du gouvernement. Une monnaie saine ne peut être imprimée, et les gouvernements qui ne peuvent pas imprimer ne peuvent pas acheter beaucoup de voix. Ils ont tendance à laisser par terre ce qui y tombe.


Dans un marché libre, une monnaie saine représente la démocratie en action. Comme l’a écrit Mises, la devise est la plus échangeable de toutes les marchandises aux yeux des participants au marché. L’une des raisons pour lesquelles le marché a choisi l’or et l’argent comme monnaie est leur disponibilité limitée. C’est aussi la raison pour laquelle les gouvernements les rejettent. Les peuples qui autorisent leurs gouvernements à contrôler la valeur de leur monnaie en en contrôlant la disponibilité ont abandonné leur liberté.


Je doute que beaucoup de gens sachent ce qu’est une monnaie saine. Et, pourraient-ils dire, puisqu’il n’y a plus de monnaie saine aujourd’hui, en quoi cela importe-t-il tant ? L’or et l’argent sont des monnaies saines ? Nous avons subi de terribles paniques quand l’étalon or était en vigueur (ils oublient que l’or a été la victime du système bancaire de réserve fractionnaire). Et quand des récessions se sont développées, l’économie en a souffert parce que personne n’avait la capacité d’imprimer pour relancer la machine de production (ils n’admettent pas que l’impression monétaire ait pu être à l’origine du problème). Les meilleures personnes sont celles qui sont proactives – qui n’aiment pas rester assises à attendre que le les choses suivent leur cours, comme nous avons pu le voir pendant la crise du XIXe siècle. Mais les choses vont bien mieux aujourd’hui, puisque nous disposons d’une banque centrale prête à combattre l’inflation par des injections de liquidité parfois énormes. Une monnaie saine est une mauvaise idée. L’or est une relique barbare.


L’acceptation d’une monnaie saine par une population dépend de la valeur qu’elle accorde à sa propre liberté, qui se définit ici par « l’absence de tout contrôle arbitraire ou despotique ».


Là où tout a commencé


Des découvertes archéologiques ont déterminé que les Hommes vivaient autrefois à la manière d’animaux sauvages, chassant et cueillant de quoi se nourrir. Ils ont plus tard découvert qu’ils pouvaient faire pousser une partie de leur nourriture. Et puis ils se sont rendu compte qu’ils pouvaient domestiquer certaines plantes et certains animaux. Ils ont formé des colonies. L’agriculture a apporté un surplus de nourriture et permis aux gens de passer moins de temps à essayer de se nourrir et plus de temps à s’adonner à d’autres activités productives. En est née une diversification du travail. Avec la spécialisation est apparue l’opportunité de commercer, qui s’est d’abord traduite par le troc puis par un système d’échanges indirects.


Toutes les autres découvertes qui sont ensuite venues améliorer notre niveau de vie reposent sur l’idée très simple d’échanger un bien contre un autre bien liquide. La liquidité fait référence à un bien commercialisable facilement. Avec ce bien commercialisable, qui doit pouvoir être échangé plutôt que consommé, les gens peuvent acheter les produits dont ils ont besoin et qu’ils ne peuvent pas se procurer au travers d’un simple échange. Les produits qui sont devenus universellement acceptés dans le cadre des échanges ont été appelés monnaies. Ce n’est seulement qu’après l’émergence de la monnaie que la division du travail a pu se développer et permettre aux gens de se spécialiser en fonction de leurs compétences, condition ou tempérament. La monnaie a rendu possible l’avancement de la civilisation.


En observant la manière dont les choses se sont développées, je me suis rendu compte de quelque chose d’étrange. Jamais personne n’a été capable d’échanger un produit contre rien du tout – à moins d’avoir triché. Sur le marché libre, une personne ne pouvait pas ramasser une poignée de feuilles mouillées, les appeler billets de banque, et s’attendre à pouvoir les échanger contre un panier d’œufs ou un ticket de concert. Un commerçant devait fournir quelque chose sur le marché, quelque chose dont les gens avaient besoin. Les gens ont embrassé l’idée de monnaie parce qu’elle les rendait plus riches. Contrairement au système de troc, elle ne les limitait plus à une double coïncidence des besoins. Quand l’or et l’argent sont devenus universellement acceptés en Occident, les produits traversaient librement les frontières, et leurs flux n’étaient limités que par les politiques des gouvernements.


Avec le développement de la civilisation est née son antithèse, les Etats-nations. Les guerriers sont devenus des chefs en s’imposant sur des colonies productives. Pourquoi travailler pour vivre lorsque l’on peut forcer les autres à travailler pour soi ? Convenablement déguisée, la contrainte peut aisément passer pour un pilier de la civilisation. Le monde est un endroit dangereux. Les fermiers et les artisans ont besoin d’être protégés d’éventuels envahisseurs. L’élite au pouvoir leur promet de leur fournir cette protection. Leur spécialité est de tuer. Les plus forts se sont auto-proclamés gouvernement civil.


Mais il y a quelques problèmes. Les gouvernements sont supportés par l’argent qu’ils soudoient à la population grâce à ce que l’on appelle taxes. Les taxes ont toujours été populaires. Lorsqu’elles deviennent trop élevées, ceux à qui elles sont imposées cherchent à les éviter. Et parfois, ils y parviennent.


Les dirigeants ne veulent pas s’attirer trop d’ennuis. C’est pourquoi ils ont inventé une taxe indirecte au travers de la dévaluation de leur monnaie. Les gens ont pu voir qu’il s’agissait d’une arnaque, mais ils n’ont rien pu y faire. Ceux qui ont osé accumuler des pièces moins dévaluées l’ont parfois payé de leur vie.


La monnaie papier a ensuite commencé à circuler comme substitut plus transportable aux pièces de monnaie. Et presqu’immédiatement, de la monnaie papier s’est mises à circuler à la place des substituts papier légitimes. Les émetteurs monétaires n’auraient pas pu rêver mieux. Contrairement aux pièces falsifiées, le simple papier ressemblait exactement aux substituts papier.


La mort de la monnaie saine


Au travers de guerres et de crises financières, le gouvernement a été en mesure d’abolir toute forme de garantie pour la monnaie papier, nous laissant donc avec une monnaie papier susceptible d’être dévaluée – à la volonté des dirigeants ou de leur banque centrale. Les Etats se battent contre toute tentative d’utiliser autre chose que leur change légal.


En Occident, et plus particulièrement aux Etats-Unis, nous avons tendance à nous considérer libres et à penser que le gouvernement sert de quelque manière à nous servir. Nous pourrions penser d’un dictateur qu’il réprime toute tentative d’utiliser autre chose que la monnaie papier comme moyen de paiement. Mais qu’en est-il des gouvernements démocratiques ? Les économistes ont-ils découvert une vérité capable de légitimer les activités répressives des gouvernements ? Est-il désormais normal de penser que plus nous avons d’argent, plus nous sommes prospères ? Est-ce là pourquoi la monnaie saine est illégale ?


Pas tout à fait. Aucun économiste ne s’est jamais prononcé en faveur d’une impression monétaire illimitée, bien que presque tous les économistes pensent la création de monnaie fiduciaire indispensable. Hunter Lewis illustre cette idée dans How Much Money Does an Economy Need?, grâce à un simple exemple emprunté à Milton Friedman :


Imaginez que le gouvernement décide de construire une route. Plutôt que de lever des taxes pour pouvoir financer la construction de cette route, il se contente d’imprimer de l’argent. Tout le monde semble en profiter. Des emplois sont créés, une route est construite, pour laquelle personne ne doit payer. Un véritable tour de magie. (pp. 31-32)


Mais il ne s’agit en réalité que d’un tour de passe-passe, d’une confusion de la monnaie avec le capital. Ce qu’il se passe vraiment lorsque de la monnaie est imprimée, c’est que quelqu’un se trouve dupé. L’Histoire en est truffée d’exemples, bien que le plus célèbre soit l'hyperinflation de 1923 en Allemagne, au cours de laquelle des « millions d’Allemands ont découvert que leur épargne pour laquelle ils ont si durement travaillé ne pouvait plus leur offrir de quoi acheter un timbre ». Lewis se penche sur ce problème grâce à une illustration très simple :


Si vous avez quatre pommes et un dollar, votre dollar peut vous aider à fixer un prix de vente pour vos pommes. Mais posséder un autre dollar ne sert pas à augmenter votre capital, il ne fait qu’augmenter le prix de vos pommes. Pour faire gonfler le capital, une pomme ou une autre marchandise doit être ajoutée.


Cet exemple n’explique pas les conséquences d’un dollar supplémentaire. Au sein d’une économie réelle, elles sont connues sous le nom d’effet Cantillon, après l’économiste du XVIIIe siècle Richard Cantillon, qui a déterminé que « ceux qui obtiennent la nouvelle monnaie les premiers jouissent d’un meilleur niveau de vie que ceux qui la reçoivent plus tard ».


Rien à voir avec de la science de haut niveau. Mais parce que les bénéfices de l’inflation sont généralement immédiats, parce qu’elle crée de nouveaux emplois et de nouvelles routes, ses désavantages sont souvent ignorés – bien que dans les cas les plus extrêmes, ils puissent mener à l’effondrement d’une devise.


Si nous voulons comprendre ce que le gouvernement a fait de notre argent, nous ne pouvons rien faire de mieux que lire le livre de Murray Rothbard, La Monnaie et le Gouvernement. Il s’agit d’un ouvrage intelligible de seulement 100 pages. L’alternative à l’économie rothbardienne est la reddition du contrôle monétaire et bancaire à des experts non-élus que nous devons penser capables de gérer les réserves monétaires de notre nation tout en privilégiant l’intérêt du public. Ils ne sont pas sujets aux lois des marchés ou à l’électorat. Ils ne travaillent pas pour le public. Ce n’est pas le public qui signe leurs chèques en fin de mois.


Les billets de la Réserve fédérale sont frappés des mots « In God we Trust ». Les experts monétaires peuvent croire ou non en Dieu, le public se doit de faire confiance en le Federal Open Market Committee. Aujourd’hui, les 23,3 millions d'Américains les plus pauvres gagnent 36% de moins que les 2.915 plus riches des Etats-Unis.


Une monnaie saine renverserait cette tendance. Lisez Rothbard pour savoir comment.


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L'or et les billets


La vie implique un coût pour entretenir son corps, ses biens et son environnement, qui se détériorent avec le temps. On doit " gagner sa vie à la sueur de son front ". Tout ces travaux au cours de la vie ont un solde positif ou négatif. Si le solde est positif, la richesse est augmentée, si non il y a destruction de richesse. Ce solde est notre contribution aux générations futures.

Cette richesse, le capital que l'on a reçu, ce sont des maisons, des terres plus ou moins productives, des forêts plus ou moins bien entretenues, un environnement plus ou moins propre, des outils de production et de transport, des infrastructures, des maisons de commerce. (a) L'or intemporel devrait servir à mesurer la valeur de cette richesse et en faciliter les transferts.

Les échanges, qui servent à maintenir le corps et la valeur du capital, sont nombreux. Ce nombre est une mesure de la température de la vie, qui s'échauffe avec l'activité. Mais la résultante de ces échanges peut être nulle, positive ou négative. Ces échanges peuvent n'avoir rien créer, voire même détruit de la richesse. C'est pourquoi pour financer tous ces échanges, il faudrait un moyen de paiement éphémère, que j'ai appelé des " billets ". Éphémère car régulièrement, tous les trois mois par exemple, on apurerait les comptes de ces échanges. Les personnes ayant un solde positifs recevraient de l'or et les autres devraient en donner. Les papiers, les " billets " ayant servi à faciliter ces échanges seraient alors détruits. La conclusion de ces échanges ne devrait jamais être reportée indéfiniment et en aucun cas être transférée aux générations futures.

Si la température devient de la fièvre, cela traduit par boulimie, obésité et excès d'excrément, donc une pollution excessive. Apurer les comptes tous les trois mois, a l'effet d'une purge. Les éléments malades sont obligés de consommer leur capital pour payer leurs abus. Quand ils n'en ont plus, ils se trouvent exclus des échanges, leur température baisse et ils doivent à nouveau produire pour pouvoir consommer. La fréquence de ces purges évite en générale que la fièvre devienne chronique et la maladie, mortelle.

Pour que la population en moyenne ne s'appauvrisse pas, il faut que la richesse croisse au moins au rythme de la population et afin d'éviter l'inflation ou la déflation de la valorisation du capital, il faut que le stock d'or évolue aussi au rythme de la richesse. La paresse avec laquelle on laisse le capital se dégrader, les catastrophes naturelles et nos folies guerrières sont inflationnistes, car elles augmentent le ratio entre l'or disponible et le capital existant.

Quand on est vieux et que l'on a besoin des autres pour survivre, il faut payer avec son épargne les services demandés. On achète alors avec du capital, un service éphémère. Si cela permet de transférer son capital à ses enfants, cela me semble bien mais il ne faut pas devenir un trou noir, qui absorbe et détruit tout. Mobiliser trop de ressources dans un but non productif est destructeur de richesse.

(a) Le développement de certaines techniques, qui rendent la vie plus facile, celui des connaissances ou la création d'œuvres d'art, qui libèrent, ouvrent et épanouissent sont aussi des richesses transmises d'une génération à l'autre. Comme telles, elles devraient être valorisé par un retour envers leurs auteurs, ingénieurs, savants ou artistes. Il est vrai que la valorisation de ces éléments n'est pas chose facile. Une technique qui permet de tuer ses semblables plus rapidement, un savoir qui permet de les manipuler aisément, une œuvre d'art qui fait sortir tous les mauvais côtés de l'homme sont des coûts et non pas des valeurs ajoutées.

Mais richesse ou coût, c'est le marché, motivé par la mode, les intérêts et les passions, souvent peu avouables, qui va les valoriser.



Richesse et appropriation


La richesse est crée par le travail mais biens des travaux ne sont que des coûts et l'appropriation de la richesse est une fonction indépendante du travail.

La première façon de s'approprier les richesses a toujours été la violence et le pillage. Très proche de cette manière de faire, on trouve souvent le pouvoir, qui confisque les biens de ses sujets et l'église qui leur vend des indulgences pour leur ouvrir la porte du paradis. Puis vous avez des entrepreneurs, des hommes qui ont des idées, qui osent et savent utiliser le travail des autres pour avoir un effet de levier. Enfin vous trouvez les usuriers, qui viennent vous aider à mettre en place vos idées ou satisfaire vos envies et qui vous ruinent par leurs agios.

Une trop grande concentration de la richesse est un système aussi peu efficace pour en créer qu'un système où la richesse est répartie uniformément. Ce sont des systèmes peu motivants car dans le premier, le prince veut tout contrôler afin de ne pas voir quelqu'un venir ébranler son pouvoir et dans le second, l'état vient vous prendre le fruit de votre travail pour le redistribuer à la communauté. La création de richesses nécessite la liberté et la possibilité de bénéficier du fruit de son travail.

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"Des découvertes archéologiques ont déterminé que les Hommes vivaient autrefois à la manière d’animaux sauvages, chassant et cueillant de quoi se nourrir"

Ah bon ? Ce n'est pas ce que j'ai lu. A lire d'urgence, le classique de Marshall Shalins pour avoir un avis différent sur cette question. Après un siècle de tueries
et au début d'un autre pendant lequel nous allons connaître un effondrement, dire "nos ancêtres, ces sauvages", ce n'est pas sérieux...
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