Recevez notre Marketbriefing
boutros
Member since May 2012
374 commentaries - 10 followers
Follows 5 members
10 followers
has posted a comment on the article :
>Pour en finir avec l’égalitarisme  - Jérémie T. Rostan - 
"Le dumping dont vous parlez fait sortir des centaines de millions de la pauvreté. On gagne dans les sweatshops 5 fois plus que dans les rizières."
Voilà exactement le genre de phrase qui me fait bondir et sauter sur mon clavier pour écrire une réponse.
Alors voilà. J'habite dans un pays d'Asie, où les rizières ne manquent pas, ni les usines de textile.
Quelques faits pour commencer :
- Il est vrai qu'on gagne beaucoup plus dans les sweatshops que dans les rizières.
- Il est faux que l'on soit moins pauvre en travaillant dans les sweatshops. En voici les raisons :
- Quand vous travaillez dans les rizières, vous êtes en grande partie hors du système économique. Vous logez chez vous, vous mangez une bonne partie de votre récolte, vous gardez une part des semences pour semer l'an prochain, une autre part pour troquer contre d'autres biens, une autre part pour vendre, celle-ci permettant d'obtenir un peu d'argent (très peu effectivement), pour couvrir les rares dépenses (santé, vêtements, biens de consommation essentiels à la vie de tous les jours). Vous pouvez faire un peu de cueillette et élever quelques poissons dans vos bassins d'irrigation, voire faire un peu de pêche, pour compléter ce que vous avez en riz. Tout ça est gratuit.
- Quand vous travaillez dans les sweatshops, vous gagnez plus d'argent (disons 100 dollars par mois, en faisant des heures sups), mais vous dépensez tout cet argent, en logement (sordides, et bonjour la promiscuité !), en eau et en électricité, en nourriture surtout, en transports (pour vous rendre au travail, pour vous rendre dans votre village natal quelques fois par an), en vêtements, en frais de santé. Dans une capitale ou une grande ville asiatique, 100 dollars par mois suffisent à peine pour survivre. Donc, l'on est pas plus riche.
Qui plus est (et pour moi, ce ne sont pas des détails) :
* Vous travaillez plus que dans les rizières (plus longtemps, et à un rythme plus élevé)
* Vous travaillez pour quelqu'un d'autre, dans des conditions proches de l'esclavage ; vos pauses-pipi sont chronométrées...
* Vous n'êtes ni maître de vos horaires, ni de votre rythme de travail
* Vous vous détruisez la santé (usines qui emploient des produits chimiques et qui sont mal ventilées, position assise prolongée, etc)
* Vous vivez en ville, dans des conditions atroces (pollution, malbouffe, promiscuité)
Les conditions de vie sont bien plus saines dans les rizières. Pour vous en convaincre, comparez simplement les attitudes et les traits du visage des ouvrières du textile et ceux des paysans à la fin de leur journée de travail.
En conclusion :
- La pauvreté ou la richesse ne se mesurent pas seulement au montant des revenus, qui plus est si on l'exprime simplement en "salaire" exprimé dans une unité monétaire quelconque.
- Il existe d'autres valeurs à mettre dans la balance, comme sur un plan individuel le cadre de vie / la qualité de vie / la liberté individuelle, etc, sur le plan collectif les liens sociaux et familiaux / l'environnement / la culture, etc.
- Il faut repenser les notions de "pauvreté", "progrès" et "développement" et cesser de raisonner exclusivement en termes d'argent.


Commented
4393 days ago
-
Send
Beginning of the headline :L’époque étant au ravivement de l’idéologie égalitariste, une petite explication de texte me semble utile - celle d’un extrait du philosophe David Hume (Écosse, XVIII°), aussi clair que concis, et plus que jamais pertinent : « Les historiens, et même le bon sens, peuvent nous faire connaître que, pour séduisantes que puissent paraître ces idées d'égalité parfaite, en réalité elles sont, au fond, impraticables, et si elles ne l'étaient pas, elles seraient extrêmement pernicieuses pour la société humaine... Read More
Reply to this comment
You must be logged in to comment an article8000 characters max.
Log in or Sign up
Top articles