Une erreur économique de plus.

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Published : November 05th, 2014
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Category : Fundamental


1. Le pouvoir d'achat de la monnaie.

Au début du XXè siècle, Irving Fisher a installé dans l'économie politique la notion de "pouvoir d'achat de la monnaie" (cf. ce texte d'octobre dernier ).’’
La notion, en définitive "rhétorique au mauvais sens du mot", ne procédait plus d'une analogie avec les sciences physiques, comme elle pouvait l'avoir été auparavant par la "théorie de la quantité de monnaie", mais de l'application d'une mathématique particulière, l'analyse matricielle, pour y introduire les notions de "niveau de prix en monnaie" des marchandises échangées et de "volume des échanges".


En effet, dans son livre de 1911, intitulé The Purchasing Power of Money, Fisher a fait intervenir le pouvoir d'achat de la monnaie en relation avec les prix en monnaie passés des marchandises échangées exprimés sous la forme d'un "niveau de prix" et leurs échanges en volume.


L'inverse du concept de "niveau des prix" à quoi a été donnée l'expression "pouvoir d'achat de l'unité de monnaie", était ainsi d'abord une notion mathématique.’
Le pouvoir d'achat de l'unité de monnaie a fait florès par la suite pour mettre en relation les taux de change des monnaies les unes avec les autres (par l'intermédiaire des travaux de Gustav Cassel).
Dernier méfait en date : la création de ce qu'on dénomme "€uro" depuis 1998 sur la base des taux de change spot des "monnaies nationales" d'un certain nombre de pays (cf. ce texte). » »
 

2. L’équation des échanges écornée.


On ne peut que regretter que Murray Rothbard (1962) ne se soit pas appesanti davantage sur la mathématique qui avait permis à Fisher d'introduire le concept de "niveau de prix en monnaie des échanges" (cf. le texte), de prolonger la théorie absurde de Marx au terme de quoi la quantité de la monnaie est un obstacle pour les échanges et de s'acoquiner avec la théorie de la quantité de monnaie en la déformant.
A sa façon, il a surtout rationalisé la vieille théorie qui voulait que les variations de la quantité de la monnaie dans un sens entraînassent des variations des prix en monnaie dans le même sens (dans un temps plus ou moins long, cf. "effets Cantillon").


L'analyse matricielle que Fisher a adoptée, peut-être sans le savoir lui-même, l'a amené à proposer une "équation des échanges" à la fois simple et particulière pour celui qui n'est pas fermé à la démarche.
L'inconnue qu'il a montée en épingle, à savoir la "vitesse de circulation de la monnaie", se calculait sans difficulté mathématique.
Elle pouvait même faire en sorte qu'au gré du savant, l'"équation des échanges" restât "équation" ou devînt "égalité", "identité" ou "tautologie".
Mais, en aucun cas, elle ne justifiait de transformer l'équation, l'égalité ou la tautologie en une causalité.


3. Le péché monétaire de l’Occident.


En outre, en introduisant par la même occasion le concept de "volume des échanges", elle ouvrait la porte à une "fausse porte de sortie", à un trompe l'oeil qui était celui qui voulait que la quantité de monnaie limitât le volume des échanges (antienne marxiste).



Salvador Dali : "Trompe l'œil".


Et les gouvernements des pays s'en sont saisis et servis pour - croire - justifier que les quantités de monnaie nationales, telles qu'elles étaient définies alors, constituaient un obstacle sur le chemin de la restauration des économies européennes détruites par leur guerre de 1914-18.


C'est ainsi qu'au terme d'une conférence monétaire internationale (Gènes, 1922), il fut décidé par un grand nombre de gouvernements de pays que désormais les "substituts de monnaie bancaires" (billets et dépôts bancaires) échangeables en monnaie or, à la demande, pourraient être détenus en dehors de leurs frontières à la suite d'échanges internationaux de marchandises alors que, jusqu'à présent, ils ne pouvaient pas l'être.


Le "péché monétaire de l'Occident" venait d'être commis.


4. Des réglementations ultérieures absurdes.


Malgré les réglementations intervenues entre temps, les gouvernements des pays se sont retrouvés en 1944 pour "améliorer" ce qu'ils avaient pris l'habitude de dénommer "système monétaire international".
Comme pour "solder" les destructions considérables à quoi allait donner lieu la guerre de 1939-45 en cours, ils sont convenus de créer un organisme particulier, à savoir le Fonds monétaire international (en sigle F.M.I. cf. texte de mars 2009), qui aiderait les pays qui le lui demanderaient, à rétablir l'équilibre de leur balance des paiements, nouvelle donnée politique.
Plus de trente ans plus tard, les gouvernements des pays membres du F.M.I. ont dû se rendre à l'évidence, à savoir l'inefficacité totale des règlementations dont ils étaient convenus depuis 1944, F.M.I. compris.
Faute de trouver de nouvelles réglementations, ils en sont arrivés à abandonner d'un commun accord le principe qui gouvernait le système monétaire international, jusqu'alors à savoir celui des substituts de monnaie bancaires convertibles en monnaie or.


En conséquence de quoi, les taux de change des prétendus substituts de monnaie bancaires sont devenus "flottants" pour ne pas dire "variables". »


Et le F.M.I. a perduré sans aucune raison malgré tout.


5. L’équation du revenu/dépense erronée.


Suite aux travaux de Milton Friedman et des monétaristes (décennies 1960-70) menés dans l'intervalle pour modifier le "niveau de prix en monnaie des échanges " en "niveau de prix du revenu/dépense" et le "volume des échanges" en "revenu réel" - représenté en pratique par le produit intérieur brut en volume des comptabilités nationales toutes nouvelles -, la "quantité de monnaie" a été jugée, à son tour, être le grand obstacle à la variation du revenu réel dans le bon sens.
Et, par exemple, aujourd'hui, les gouvernements s'efforcent d'augmenter la quantité de monnaie de façon à augmenter le revenu réel, par l'intermédiaire de ce qu'ils dénomment "quantitative easing" (cf. ce texte d'octobre 2012) .


6. Le néant habillé en monnaie.


Reste que la "quantité de monnaie" d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec la quantité de monnaie de 1911.
La France, par exemple, n'a plus de quantité de monnaie nationale, mais une quantité qu'elle partage avec d'autres pays sous la dénomination "€uro".
A l'échelle du monde, la "quantité de monnaie" n'est plus qu'un ensemble de quantités de substituts de monnaie bancaires sans ancre, un ensemble de "néants habillés en monnaie" (pour reprendre l'expression de Jacques Rueff, cf. le texte de janvier 2014) que des taux de change relient les uns avec les autres grâce aux marchés.


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La monnaie est le médium de l'échange. Si la monnaie est devenue néant, ne serait-ce pas parce que l'échange a perdu son sens? Et alors la société, qui est formée par l'ensemble des échanges a également perdu son sens... Est-ce le début d'une mutation ou d'une disparition? En fait, du point de vue du sujet, cela revient au même,.
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Pas tellement. Si les échanges s'arrêtent, la monnaie disparaît, d'où l'importance aujourd'hui de la vitesse de circulation de la monnaie.
Heureusement, la société ne peut pas se passer des échanges donc de la monnaie mais il ne s'agit plus d'une société libre parce que la monnaie vient de l'état. Si l'état disparaît, sa monnaie aussi et la société redevient libre. Reste à restaurer la Monnaie et les échanges redeviennent possibles, cette fois sur des bases solides.
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"Si l'état disparaît, sa monnaie aussi et la société redevient libre. Reste à restaurer la Monnaie et les échanges redeviennent possibles, cette fois sur des bases solides."

C'est vrai. Mais il faut plus de trois jours pour bâtir un nouveau système d'échanges et faire circuler réellement une économie. Pendant ce temps les citadins ont toutle temps de mourir de faim.
Un redémarrage est donc possible, mais avec une petite fraction seulement de la population précédente !
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Près de 100% des gens qui interviennent ici ont de l'or et de l'argent, c'est la Monnaie sur une base solide dont je parle.
En cas de crise grave, un napoléon permet de tenir une semaine, voire plus et ceux qui n'en ont pas c'est tant pis pour eux.
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Comment "tenir" si les maraîchers ne lâchent pas leurs légumes, si les camionneurs ne peuvent pas acheter de gazoil, si Rungis est fermé, si les policiers rackettent leurs retards de solde à chaque rond-point... etc ...
Le Nap est un moyen de paiement universel, ok. Mais pas de transaction possible sans marchandise en face.
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A nuancer : les négociants en produits périssables (les maraichers dans ton exemple) sont condamnés a vendre ou à tout perdre .
Ils ont donc tout intérét à trouver du chaland .
Après se pose la question du moyen de paiement : or ou plomb ?
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En Allemagne en 1923, les paysans ont cessé de ravitailler les villes puisqu'avec l'argent obtenu ils ne pouvaient pas acheter ce dont ils avaient besoin.
Le patates ne sont pas périssables.
Jusqu'au jour où les citadins affamés sont allés les déterrer eux mêmes en cravate et en chapeau.
Pierre, Ne me sors pas ton Riccardo pour les nuls. Elle circule à la vitesse de la lumière aujourd'hui, la "monnaie", et pourtant elle crée bien plus de pauvreté que de richesse. Le bilan est donc négatif. Ne regarde pas le doigt quand on te montre la lune. Il y aura toujours des échanges et toujours des monnaies parce que la société humaine est plus profonde que la marchandisation des échanges. Ce n'est pas quelques pervers, fussent-ils au pouvoir, qui peuvent y changer quelque chose.

Un bon repas doit être partagé, sinon il n'est plus aussi bon.
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La monnaie ne crée ni pauvreté, ni richesse. Elle ne sert qu'à faciliter les échanges, permettre la division du travail et éviter le troc.

En revanche, la fausse monnaie créée par le système des banques à réserve fractionnaires, effectivement, crée de la pauvreté au sens qu'elle est une taxe invisible sur les moins riches
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Certes, mais dans la théorie monétaire classique, la monnaie permet tout de même de calculer la richesse créée - par le travail, bien entendu, qui consiste à la faire circuler...
Comme vous le reconnaissez finalement - après l'avoir nié - elle peut tout de même créer de la pauvreté...
Mais l’échange naît-il vraiment d'un quelconque troc mythique et primitif? c'est très contestable, et contesté... Or vous le présupposez sans ambages, alors que là est justement la question intéressante.
Et alors que peut-il signifier d'autre?
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Allez, allez, c'est bien essayé, mais tout de meme.

Tout d'abord la richesse n'est pas créée par le travail. Vous le savez parfaitement, et cette définition purement marxiste est parfaitement inexacte et on sait le nombre de millions de morts qu'elle a causé.

Secondement je nie absolument avoir reconnu que la monnaie créait de la richesse. J'ai juste mentionné que la fausse monnaie créée par les banques centrales transférait la richesse des plus pauvres vers les plus riches. Remarquons que la création d'une banque centrale était une des demandes de Marx.

Pour le reste, sur le troc et l'échange, merci de développer votre question de manière plus précise.
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"Tout d'abord la richesse n'est pas créée par le travail. Vous le savez parfaitement, et cette définition purement marxiste est parfaitement inexacte et on sait le nombre de millions de morts qu'elle a causé."

Eh bien, quelle sentence! Marx, grand assassin et piètre économiste. Evidemment. Il fallait y penser.

Je pense que nous avons fini. Cette conversation n'est pas sérieuse.
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Troc mythique ? Rien n'est moins sur . Je ne ferai pas référence à "Pierette et le pot au lait" où il n'est question que d'échanges , de troc en clair et jamais de monnaie .
Simplement : j'ai eu le privilège de discuter avec une délicieuse vieille dame née avec le XX° siècle à Saint Jean de Buége , OK c'est pas Paris mais c'est très représentatif de la France rurale de l'époque .
J'ai tout vu arriver disait elle , l'automobile d'abord , on descendait à la route pour la voir passer , puis l'aéroplane juste avant la guerre , puis le téléphone au café du village , les premiers sous que j'ai vu c'est avec la guerre grâce à la paye des soldats .
Il est clair que pour ce qui est de la vie courante la France profonde d'alors fonctionnait encore au troc .
Jusqu'à l'introduction de la TVA, un agriculteur qui apportait son blé chez le boulanger, repartait avec des bons pour x pains... de quoi se fournir toute l'année.

Dans le contexte qui est celui "d'aller chercher la croissance avec les dents" c'est impensable.

La croissance enrichit le gouvernement et la décroissance enrichit le peuple.
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Jusqu'à l'introduction de la TVA, un agriculteur qui apportait son blé chez le boulanger, repartait avec des bons pour x pains... de quoi se fournir toute l'année. Dans le contexte qui est celui "d'aller chercher la croissance avec les dents" c'est impe  Read more
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