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Des cigarettes, de l’argent et de la sécurité

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Published : February 09th, 2012
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Wallace, Idaho – « Excusez-moi Monsieur, puis-je vous emprunter du feu ? »

 

 

Nous étions en train de griller une American Spirits sur le trottoir réservé aux taxis, à l’extérieur de l’aéroport international de Montréal Pierre Trudeau (connu localement sous le nom de Mirabel, bien qu’il existe en réalité deux aérodromes distincts). C’est là que l’on peut s’en allumer une après un long vol vers les abords splendides de cette cité du vieux pays ; et pourquoi ne serions-nous pas sur le trottoir de cet aéroport, si nous pouvions trouver une excuse pour être à Montréal pour une journée ou une semaine ? Le campus de l’université de McGill attend, tout comme un Vieux-Montréal judicieusement restauré et, pendant les quelques jours où nous étions là-bas, par un heureux hasard, le festival annuel international de Jazz. Ils doivent avoir des hivers bien tristes, à Montréal, car ils sortent tout en été.

 

Mais bien sûr, avons-nous répondu, nous retournant pour tendre notre petit Bic, ce sur quoi nous sommes tombé nez à nez avec le gentleman qui demandait du feu : un pilote d’Air Canada en uniforme complet à quatre galons, une du Maurier à la main, en attente d’être allumée. Etant nous-même un pilote de petite envergure, nous bondissons d’attention face à un type avec plus de grades, plus de temps de vol, plus d’heures de tout, que nos pauvres carnets de vol, ne concernant principalement que les atterrissages de Cessna 172s, ne puissent faire état. « Bien sûr, voilà Monsieur”.

 

Nous tirons profondément sur nos cigarettes respectives, tous deux reconnaissants de pouvoir avaler un bol d’air frais, avec juste un zeste de nicotine pour se remettre le système nerveux en place, après trois heures passées dans un tube à air pressurisé. Nous nous racontons un peu nos vols passés, comme le feraient naturellement deux pilotes, puis notre taxi apparaît, mettant fin à notre conversation, et nous voilà parti pour les hautes falaises de McGill, abandonnant notre pilote à quatre galons d’Air Canada à son trottoir et à son prochain vol.

 

En montant dans le taxi, nous n’avons pu nous empêcher de demander : « Vous voulez dire qu’ils confisquent aussi les briquets des pilotes de ligne ? »


Oui. Il vole au-dessus de la dangereuse frontière américano-canadienne tous les jours. Et pas de briquet : ce sont les règles américaines. Le plus drôle, c’est que la raison pour laquelle nous avions un briquet était que nous avions pris l’avion entre la dangereuse frontière entre le Québec et Toronto une heure plus tôt, avec un briquet Bic rouge dans la poche de notre chemise, et personne ne s’en est soucié. Et pourtant, il y avait là ce pilote d’Air Canada, à la recherche d’un briquet alors qu’il attendait son prochain billet.

 

On lui confie un appareil de 37 mètres de long, 11 mètres de haut, 4 mètres de large pour la cabine, 73 tonnes, avec dans ses réservoirs 23850 litres de carburant injectés à l’envie dans ses réacteurs de 10 tonnes de poussée chacun, ce tube pouvant asseoir 200 vies humaines ainsi que quelques jolies hôtesses. On lui confie la mission de lancer cette masse à 10 kilomètres au-dessus du sol et à travers d’épais nuages sur une distance de 4800 kilomètres, puis de le re-poser à terre, avec toute la charge humaine mentionnée ci-dessus, sur une bande de goudron d’un peu plus d’un kilomètres, qu’il ne pourra voir avant de se trouver 75 mètres au-dessus, à une vitesse de plus de 250 km/h, puis de s’arrêter et remorquer la bête jusqu’à un endroit où vous n’avez même pas besoin de vous mouiller les pieds pour débarquer, et dire alors « Désolé, nous avons cinq minutes de retard ». Et de refaire tout ça, le même jour, vers une autre destination. Et pourtant, à ce type, qui sait faire tout ça, toute la journée, semaine après semaine, on lui dit : on ne peut pas vous confier un briquet Bic à 1,29 dollar ! Au lieu de cela, vous devrez taper du feu à un passager. Et d’ailleurs, enlevez vos chaussures

 

C’est l’esprit du Nouveau Terrorisme. Maintenant, nous sommes tous des criminels. Et que penser du fait que notre pilote d’Air Canada doivent quitter son cockpit et naviguer à travers la Sécurité des Transports même pour trouver un endroit où s’allumer une cigarette ? Pourquoi l’aéroport ne lui a-t-il pas fourni un endroit où il peut se mêler à d’autres pilotes fumeurs ? Car après avoir fini sa cigarette, il lui faudra re-naviguer à travers les fonctionnaires de la Sécurité, qui lui redemanderont d’enlever ses chaussures, de mettre son ordinateur portable dans le scanner, de se débarrasser de toute sa monnaie, d’enlever son chapeau et ses chaussures, et de prouver une fois de plus son innocence, le traitant comme un terroriste. 

 

Ah, oui, cet article devait parler d’argent métal. Le message est simple. La raison nous a abandonnés, tout comme ce panneau d’affiche bestial au-dessus de nos têtes a abandonné toute raison : NE LAISSEZ PAS VOS BAGAGES SANS SURVEILLANCE OU NOUS LES SAISIRONS, LES JETTERONS A LA BENNE ET VOUS EN PRISON. Est-ce que ces gens ne se font pas confiance à eux-mêmes ? Les bagages dont ils parlent sont ceux que vous avez déjà passés au contrôle et qu’ils ont déjà estimé être sans danger. Quelle importance, où terminent ces bagages désinfectés, si c’est dans leur propre circuit ? Est-ce qu’un faux « terroriste » va se faufiler entre les mailles du contrôle et glisser d’indésirables bombes dans votre ordinateur portable ? Donc, deux heures d’escale dans un aéroport, et vous avez besoin de fumer. Les fonctionnaires de la sécurité vous ont déjà désinfecté. Mais maintenant, les Nazis de la Santé insistent pour que vous retourniez dehors, que vous retraversiez ce labyrinthe avec vos bagages, car vous ne pouvez pas fumer à l’intérieur, ce sur quoi vous tapez du feu à quelque personne non-désinfectée le sur trottoir. Puis, une bonne heure avant votre vol, vous re-traînez vos bagages à travers la même boîte de Skinner.


Et cette boîte de Skinner est vraiment un truc de dingues, car c’est une boîte de Skinner dans une autre boîte de Skinner. Revenez aux Etats-Unis d’un pays berceau du terrorisme, tel que la Suisse ou la Finlande. Lorsque vous arrivez à l’aéroport de correspondance, il vous faut descendre de l’avion, aller chercher vos bagages, les soulever du carrousel, puis les traîner à travers une autre boîte de Skinner pendant quelques centaines de mètres, votre nerf sciatique vous faisant mal, et les mettre sur un autre carrousel. 

 

Voyez ce que les terroristes ont réussi. Ils nous ont transformés en bagagistes, nous ont fait enlever nos chaussures et transporter des allumettes au lieu de briquets. Et malgré cela, après avoir passé tous les points de contrôle, l’on nous dit que l’on ne nous fait toujours pas confiance.

 

Voici une petite histoire. Durant notre adolescence déformatrice, nous ne pouvions pas imaginer plus agréable façon de passer notre samedi qu’à l’aéroport international de Spokane (Geiger Field, GEG, pour ceux qui ont une bonne mémoire), desservi à l’époque par United Airlines, Northwest Orient Airlines et West Coast Airlines. United Airlines utilisait les vénérables DC-6B, Northwest, les DC-7, les nouveaux Lockheed Electra, et à l’occasion, un Boeing 707-320B, et West Coast, les DC-3 et l’étrange F-27. On embarquait dans ces avions à partir du sol, les passerelles télescopiques n’avaient pas encore été inventées. Il y avait un patio splendide à GEG, d’où l’on pouvait observer les allées et venues de ces appareils. Et vous pouviez, si vous ne vous mettiez pas dans le chemin de l’agent responsable de la porte d’embarquement, franchir la porte après que les passagers soient descendus de l’avion et vous promener autour de l’appareil. Donner des coups de pied dans les pneus, renifler le sang du monstre. Et avec de la chance, si l’ingénieur de vol ou le co-pilote faisaient leur inspection, entrer en contact avec l’un d’eux. Ce sur quoi vous lui disiez que vous veniez juste de piloter en solo un Cessna 150, et que vous vouliez devenir pilote de ligne quand vous seriez grand.

 

Et la réponse tombait : « Voudriez-vous voir le cockpit ? ». « Ben tiens, bien sur ! », répondions-nous. Quelques instants plus tard, nous voilà assis aux commandes d’un DC-6B d’United Airlines, et l’on nous propose le strapontin pour le vol aller-retour de Pendleton à Portland. Proposition que bien sûr, nous acceptions. (Note pour maman : je ne t’ai jamais dit pourquoi ces après-midi prenaient autant de temps). Et, à l’insu des quelque soixante passagers derrière nous (en vol stabilisé, avec le pilote automatique en route, bien sûr), un adolescent pilotait l’avion, sa main droite sur la manette des gaz, contrôlant quatre moteurs en étoile Pratt & Whitney R-2800, et sa main gauche sur le manche. Dans des circonstances telles, personne ne songeait à crasher un avion.

 

Puis un idiot, en Floride, réquisitionna un Boeing 727 et le détourna sur Cuba. Avec un pistolet. Personne ne fut blessé, et le détour ne fut qu’un simple désagrément, mais la réaction fut rapide et véhémente. Détecteurs de métaux, et rien que des passagers à la porte d’embarquement. Et Lyndon Baines Johnson, ce voleur d’argent métal, déclara les armes à feu illégales. Les conséquences immédiates furent que les étudiants-pilotes adolescents n’eurent plus le droit de s’approcher des appareils qu’ils aspiraient à piloter, les passerelles télescopiques virent le jour, il fallut des pièces d’identité pour embarquer à bord d’un avion ou même acheter un billet, et il fut fait en sorte que nous nous sentions tous en sécurité.

 

Les détournements d’avion continuèrent et empirèrent, de même que les conditions de vols des passagers. Ils furent criminalisés. Le système ne pouvait pas être plus sûr, ni plus triste. Les proches ne purent plus vous accueillir à la porte de débarquement. Puis quelques arabes énervés armés d’une poignée de couteaux retournèrent le Système une fois de plus. Un cas classique dans lequel on ferme l’écurie après que les chevaux se soient enfuis.

 

Et maintenant, on ne peut plus laisser ses bagages désinfectés sans surveillance, même pour faire pipi ou s’acheter quelque chose à manger. Et ils ne font pas confiance à un pilote d’A-320 avec un briquet. Et si les Nazis de la Santé parviennent à leurs fins, le pilote connaîtra en permanence les affres du manque de nicotine. Et pour quel résultat ? Si quelques couteaux suffisent à mettre en échec les mesures déjà draconiennes qui empêchent les pilotes en herbe de s’approcher de l’aire de stationnement, à quoi bon enlever ses chaussures ?

 

C’est grâce à notre acceptation aveugle de ces nouveaux désagréments et de ces travestissements de la logique que nos arguments en faveur de l’argent métal  se renforcent. Imaginez un système bancaire géré avec la même idiotie que notre nouvelle Administration de la Sécurité des Transports. Imaginez la Fed.


Se fondant sur la même ignorance et crédulité publique que l’AST, la Fed intimide, contraint, et « corrige » les déficiences avec le bon sens dans lequel Mr Tout-le-Monde se complait. Ce qui est en réalité de la dette, on nous dit que c’est de l’argent ?


Lisez cette phrase en haut du billet vert. Il est inscrit : « billet ». Un « billet » est un titre de gage, ce que la banque a pour garantir votre hypothèque ou le prêt sur votre voiture hybride. Ce qu’on appelle un « Peacekeeper » (soldat de la paix) est en réalité un missile à tête nucléaire capable d’anéantir toute une ville ; ce qu’on appelle « dette nationale » est en réalité une dette personnelle contre vous. On appelle « inflation » les impôts, et les impôts, de l’inflation ; et la FED profite des deux.

  

De peur que vous ne pensiez que tout ce que j’ai écrit ci-dessus n’est qu’une série de jérémiades du quelqu’un qui prend beaucoup l’avion, détrompez vous. L’abêtissement de l’Amérique n’a jamais été aussi généralisé. « Mission Accomplie » signifie « La Mission a échoué». Le dollar US et le dollar canadien sont presque au pair, mais combien de jours en prison Paris Hilton a-t-elle effectué ? Nous accordons davantage de droits aux travailleurs étrangers qu’à un pilote de ligne d’Air Canada.

 

Hier, un ami à Francfort m’a informé que l’on ne trouvait d’argent métal nulle part en Allemagne, malgré une forte demande. Là-bas, la pièce populaire, la Luna australienne de 1 kilo, a du retard dans les commandes. La vérité est qu’il n’y a d’argent nulle part. Des cryptonazis dirigent notre Département d’Etat, même Colin Powell le dit. Le bon sens, comme l’argent, est en quantité très limitée.

 

 

 

David Bond

Editeur : The Silver Valley Mining Journal

Silverminers.com

 


 

 

 

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David Bond est journaliste minier et suit les sociétés aurifères et argentifères pour de nombreuses publications depuis Wallace, dans l'Idaho, au cœur de la Silver Valley.
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Cela me fait penser également à la phrase que je suis sûr, chacun de nous l'a entendu lorsqu'un train de la SNCF est arrêté en pleine voie : "Pour votre sécurité, ne tentez pas d'ouvrir les portes", alors qu'il est impossible de les ouvrir !
Je me demande si dans quelque temps, les contrôleurs ne nous diront pas "Pour votre sécurité, ne commencez pas à penser de tenter d'ouvrir les portes".

Pour ceux qui ont déjà eu la chance de prendre des trains en Inde, c'est d'autant plus hallucinant !
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E pericoloso sporgersi
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Pour votre sécurité, on a éteint les lumières au bout du tunnel
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"La guerre c'est la paix".

George Orwell, 1984
Citoyen :

Anciennement ceux qui, dans un état organisé, jouissent des mêmes droits et obéissent aux mêmes lois.

Actuellement : terme désuet qui évoque la révolution française et de ce fait semble (re)donner du pouvoir à la population. On lui préférera les termes passifs et vagues d’électeur, consommateur, etc. Il a statut d'esclave/outil de l'ordre économique.
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et c' est aussi pour cela que désormais, les gouvernements et leurs représentants ( jusqu' au petit flicaillon de 25 ans ) sont tous devenus des zautorités et que tout un chacun se retrouve soumis à des "organismes de tutelles" !...
j' écoute notamment - parfois - France Intox ( ... euh pardon, France info ) et je reste sidéré par l' extrême fréquence du suave emploi de ces locutions par la myriade de journaleux-commissaires du peuple de cette officine ultra-gauchiste...
comme disait je ne sais plus quel moraliste, ce à quoi aspire la plupart des gens avant la liberté, c' est la servitude.
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Etienne de la Boetie, Discours de la servitude volontaire

http://classiques.uqac.ca/classiques/la_boetie_etienne_de/discours_de_la_servitude/discours_servitude.html
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"petit flicaillon de 25 ans"... pourquoi cette frustration ? vous rêvez de pouvoir ?

S'ils vous emmerdent, s'ils vous contrôlent, c'est qu'ils en ont reçu l'ordre. Lorsqu'une mère donne un ordre à son enfant, lorsqu'un patron donne un ordre à ses secrétaires, lorsqu'une autorité donne un ordre à ses policiers, ils exécutent du moment que l'ordre est légal. Et pour qu'il soit légal, il suffit de faire voter les lois correspondantes aux députés. Donc vous ne tapez pas au bon endroit. Vous tapez sur le haut de l'iceberg, là.

Pour l'argent, tant mieux qu'il devienne introuvable. Pour l'instant en tous cas, on ne constate pas de pénurie d'argent chez les bijoutiers. Lorsque l'on en arrivera là, si l'on doit patienter jusqu'à ce point là, ce sera magnifique. La pénurie arrivera alors aux oreilles du "grand public" et ce sera l'explosion finale.

D'un côté une demande énorme envers ce métal, et de l'autre une offre volontairement inexistante.

Oh bien sur, on passera d'abord par des rachats d'argent métal au double du prix que l'on connait actuellement, ce qui suffira à faire céder leur métal aux gens les plus aux abois, aux gens qui ne savent pas compter, aux gens qui disaient au lycée "à quoi ça sert les maths, dans la vie de tous les jours???",....

Mais tout ça ne durera qu'un temps. Lorsque tous les petits porteurs se seront débarrassés de leur métal en pensant avoir fait une bonne affaire, ils n'auront plus qu'à pleurer en voyant la véritable grimpée du prix de ce métal. Encore une fois, ils auront été bluffés par les médias et les politiques. L'argent vaudra alors très très très très très cher. Vivement que ce jour arrive. Patience.

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"petit flicaillon de 25 ans"... pourquoi cette frustration ? vous rêvez de pouvoir ? S'ils vous emmerdent, s'ils vous contrôlent, c'est qu'ils en ont reçu l'ordre. Lorsqu'une mère donne un ordre à son enfant, lorsqu'un patron donne un ordre à ses secrét  Read more
La Caye - 2/10/2012 at 2:24 AM GMT
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