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Drame : des journalistes découvrent la vraie vie politique

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Published : March 10th, 2017
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Category : Editorials

Décembre 2012, un drame secouait le monde du journalisme : Jean-Baptiste Malet découvrait le monde du travail très manifestement sur un malentendu. Mars 2017, rebelote tragique : des journalistes découvrent que, dans le monde réel, faire de la politique au lieu de collecter des informations comporte parfois des risques, surtout lorsqu’ils ont abondamment miné le terrain auparavant.

L’article de référence sera produit par FranceInfo, cette indispensable chaîne « d’informations » que tout le monde réclamait à cors et à cris. Dans ce dernier, on découvre, effaré, le nouveau calvaire des petits Albert Londres de la France profonde, les risques insensés que prennent chaque jour les futurs Hemingway et autres Blaise Cendrars du 21ème siècle.

Et ce n’est pas joli joli : à la violence des combats en Syrie, à la tension à peine soutenable des reportages sur des otages en milieu djihadiste se sont succédé les interviews trottoir sur militants locaux et les questions à chaud au candidat présidentiel en goguette, et au lieu d’un parcours de santé, c’est à une véritable guérilla urbaine qu’il faut faire face à présent dans laquelle aucun coup, aucune bassesse, aucune limite ne sera envisagée ni même tolérée.

En quelques paragraphes circonstanciés, la situation est décrite, horrible dans son aspect le plus brut : des militants sont méchants avec des journalistes et pire encore, ces militants sont fillonistes.

La lecture est dure, insoutenable parfois dans la précision chirurgicale des exactions ignobles qui sont perpétrées sur les journalistes qui, héroïquement, se sont aventurés dans ces jungles modernes de meetings de droite où se sont, très rapidement, radicalisés les centristes de droite, où œuvrent en sous-main les sections d’assaut séguinistes révolutionnaires, où les escadrons de la mort estrosiens sévissent sans frein.

On apprend ainsi que lors d’un meeting enfiévré, le carré presse, situé au milieu d’un rassemblement de militants, probablement encadrés par de jeunes fillonistes en chemises brunes portant drapeaux à sourcils gammés, va vivre un moment « étonnant » puisque, d’un coup, « Il y a eu une vague de sifflets contre les journalistes. »

Plus loin, on découvre avec horreur que certains soutiens officiels de Fillon n’hésitent pas à sortir l’une des pires injures qui puisse être, à peine un cran en dessous de « facho » qu’on n’entend pourtant jamais ni sur les plateau télé, ni dans aucune tribune, jamais : une journaliste se fait ainsi traiter de « collabo ». L’impact est insupportable pour le petit flocon de neige la journaliste qui ne pourra qu’en faire part à ses confrères.

Mais il y a pire : les tensions sont telles que les journalistes n’arrivent plus à faire leur travail puisque, tenez-vous bien, les gens refusent maintenant de répondre à leurs questions. Il semble qu’a complètement disparu l’attrait du gros micro mou, jadis aimant puissant qui permettait au journaliste d’attirer n’importe qui en lui posant des questions puissamment pertinentes.

Et le reste de l’article ne laisse aucun doute : c’est un véritable fossé, que dis-je, un canyon d’ampleur biblique qui s’est ouvert entre les journalistes et les hordes « fanatisées » de militants de droite. La France vient d’entrer dans une ère nouvelle où le Front National n’est plus seul à répandre la peur et à nourrir le ventre fécond des heures les plus sombre de notre vivrensemble.

Au-delà de ce constat, l’article, bien qu’écrit par les scribouillards habituels déjà pas du tout biaisés, réussi quand même le pari de fournir quelques informations intéressantes, comme par exemple ceci :

« D’affables et courtois, certains militants sont devenus hostiles, méfiants voire agressifs à l’encontre des journalistes. »

Étonnant puisqu’on apprend que des militants, alors qu’ils étaient affables et courtois jusqu’à présent, sont maintenant excédés par l’attitude de certains journalistes. Rassurez-vous quand même : si le constat est ferme et définitif, le questionnement sur un tel cheminement de la part de ces gens auparavant affables n’a pas lieu.

Jusqu’à présent, notons que la violence n’est guère plus que verbale. Un peu plus loin, toutefois, c’est le drame :

« C’était au moment où Fillon est arrivé. Un homme m’a attrapé, tordu le bras puis a voulu prendre mon micro avant de finalement me pousser. »

Au moins avons-nous ici un cas (unique certes, mais clair) de violence (inouïe) sur un journaliste, par un individu totalement et indubitablement filloniste qui s’avérera un peu plus loin être un élu. Un politicien qui se laisse aller à des violences, voilà qui ne surprendra que les plus naïfs. Au-delà de cet exemple, force est de constater que l’ensemble des plaintes et autres chouinements de journalistes constituent essentiellement une variation sur le thème si délicieusement mignon des sentiments heurtés, des blessures sentimentales, psychologiques ou de conviction qu’un cerfa, justement destiné à bien enregistrer, permet de couvrir amplement.

En somme, le journalisme sur terrain hostile n’a qu’à bien se tenir.

Bien évidemment, on ne doit pas s’affranchir de conclure qu’il est globalement stupide et inexcusable de s’en prendre physiquement à des journalistes. Le libéral qui ne sommeille pas en moi se doit de rappeler que rien n’excuse la violence physique sur des individus qui font leur travail, même si c’est de façon alternative. Bien évidemment.

Mais jusqu’à preuve du contraire et en prolongement de ce qu’on observe, envoyer paître des journalistes reste aussi tout à fait légal. Les siffler aussi, même si ce n’est pas très agréable pour eux. Ça fait même partie de la liberté d’expression que ces derniers devraient s’empresser de défendre et non utiliser à géométrie variable. Plus à propos, en fait d’agression fillonistes, on trouve surtout une poignée de cas (et encore, je suis gentil) qu’on pourra retrouver pour tous les partis et pour différentes équipes de journalistes (exemple ici avec Cyrille Eldin).

En revanche, je trouve extraordinaire la capacité de cette profession ou, en tout cas, des spécimens rapportés par l’article à complètement occulter leur part de responsabilité dans ce retour de bâton : ces derniers observent que l’attitude des militants et sympathisants a fondamentalement changé, pouf, d’un coup, à la suite d’un travail tout à fait exemplaire de la presse, mais surtout, surtout, n’essayent pas de comprendre pourquoi, n’essayent pas d’expliquer, se contentent de condamner et de ne surtout rien corriger à leur attitude.

Pourtant, il suffira de se reporter au dernier rapport du CSA concernant le temps de parole de Fillon pour comprendre l’ampleur de l’hypocrisie et l’ironie de la situation : la presse ayant consciencieusement pilonné le candidat de droite se retrouve à devoir le laisser tranquille pour s’occuper du vaste néant de gauche ou des bateleurs des extrêmes pour compenser. Difficile de croire en un traitement impartial devant une telle différence entre les candidats. Difficile de corroborer l’idée d’une presse neutre qui aurait correctement fait son travail devant les témoignages nombreux d’un changement brutal des attitudes du peuple face à elle. Difficile d’oublier la méfiance toujours grandissante des citoyens envers la presse.

Eh oui : à force d’afficher leur mépris pour une partie du peuple, celle qui ne vote ou ne pense pas comme il faut, à force de tenter de manipuler tout le monde, de faire de la propagande au lieu d’informer, les journalistes subissent un retour de bâton. Pour nos petits flocons de neige journalistiques, il est plus que temps de chouiner sur leurs sentiments blessés.

Source : h16free.com
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H. Seize rédige sur http://h16free.com ses chroniques humouristiques d’un pays en lente décomposition, et apporte des solutions dans son livre, Egalité, Taxes, Bisous. Dans un monde toujours plus dur, et alors que la crise, la vilénie, les aigreurs et les misères allant de la maladie aux bières tièdes font rage, un pays fait courageusement face et propose toute une panoplie de mesures plaisamment abrasives qui permettront d'aplanir les aspérités, gommer les difficultés et arrondir les angles. Ce pays, rempli de gentils et d'aimables tous les jours mieux pensant, est devenu un véritable phare scintillant dans la nuit noire de l'obscurantisme des méchants et des vilains. Et pour mieux scintiller, il s'est doté d'une devise qui est parvenue à se hisser au rang de slogan, d'accroche et de modus vivendi : pour chacun et pour tous, il faudra de l'égalité, des taxes, et des bisous.
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pauvres journalistes ca devient compliquer pour eux par nécessite alimentaire il fallait faire le choix soit se plier a la désinformation et la propagande imposer par leurs patrons soit pole emploi
beaucoup ont fait le choix de trahir l ethique et la déontologie du journalisme informer et dire la verite c est difficile en ces temps de mensonge et de parjure permanent ,dire la la vérité devient un acte révolutionnaire
maintenant il faut payer le prix de la trahison alors ne vous étonnez pas d etre déconsidérer et décrédibiliser

http://snj.fr/content/charte-d%E2%80%99%C3%A9thique-professionnelle-des-journalistes

John Swaiton, l'éditeur du New York Times, lors de son discours d'adieu avait tres bien resumer la situation

" La presse libre n'existe pas. Vous, chers amis, le savez bien, moi je le sais aussi.
Aucun de vous n'oserait donner son avis personnel ouvertement.
Nous sommes les pantins qui sautent et qui dansent quand ils tirent sur les fils.
Notre savoir faire, nos capacités et notre vie même leur appartiennent.
Nous sommes les outils et les laquais des puissances financières derrière nous.
Nous ne sommes rien d'autre que des intellectuels prostitués ".

On peut, pendant quelque temps, tromper tout le monde,
ou tromper tout le temps une partie des gens, mais on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps.

- Abraham Lincoln

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Il n'y a pas que les journalistes. Moi, ce qui m'exaspère aussi c'est la multiplication à la télévision de talk-shows où tout le monde et n'importe qui s'autorise à donner son avis sur n'importe quoi. Et surtout à critiquer et puis asséner son jugement. Mais mesdames-messieurs les chroniqueurs-les invités-les potiches-les artistes, on s'en balance de votre avis ! Vous n'êtes des experts dans aucun domaine, arrêtez de venir polluer notre espace avec votre opinion dont tout le monde se fiche ! Si on ajoute à ça cette horripilante et omniprésente publicité, on comprendra que je n'ai allumé la télévision qu'une dizaine de fois sur les 3 dernières années ... pour l'éteindre 5 minutes plus tard.
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rg100 - 3/11/2017 at 10:05 AM GMT
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