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L’Autriche aux prises avec la crise de ses banques

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Published : June 19th, 2014
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On parle souvent ici de la situation difficile que connaissent les pays du sud de l’Europe, mais les effets de la crise financière touchent aussi des pays considérés comme sains et bénéficiant d’une bonne image. C’est le cas de l’Autriche qui fait face aux difficultés de son secteur bancaire.

Une banque mobilise l’attention du gouvernement, la Hypo Alpe Adria (HAA). Dans les années 2000, la banque s'est lancée dans une politique d’acquisition et d’expansion, notamment à destination des Balkans, son bilan a alors été multiplié par huit en moins d'une décennie, pour atteindre 40 milliards d'euros en 2009. HAA bénéficiait de la garantie à la fois du Land de Carinthie et de la banque régionale allemande BayernLB, propriété du Land de Bavière, et manifestement cela a fait tourner la tête aux dirigeants qui ont oublié tout bon sens en matière de gestion du risque. Encore un exemple de capitalisme dévoyé par l’intervention publique, ou de "capitalisme de connivence" (crony capitalism).

Comme on pouvait s’y attendre, avec la crise de 2008, la banque se retrouve en faillite. La facture est lourde puisque pour le moment Vienne a dépensé 5,5 milliards d'euros pour empêcher la faillite de HAA et doit rajouter 4 milliards d'euros pour éponger ses pertes et ses besoins de refinancement cette année. Et ce n’est pas terminé. Ces sommes commencent à sérieusement entamer les capacités budgétaires de l’Etat fédéral, qui cherche des solutions pour limiter les dégâts (il a déjà du réduire le budget de l’éducation, ce qui a bien sûr été très mal perçu par la population).

Dans le cadre de la restructuration, et afin d’en limiter le coût, le gouvernement a décidé de prendre une mesure inédite et très risquée, qui n’est autre qu’un défaut pur et simple, comme un vulgaire pays d’Amérique latine ! En effet les détenteurs de titres subordonnés de HAA, autrement dit ceux qui ont acheté de la dette non prioritaire, vont voir leurs créances purement et simplement annulées. Le problème est que ces créances étaient garanties par le land de Carinthie, mais pour contourner le problème l’Etat fédéral va faire passer une loi qui annulera cette garantie… On se croirait en Argentine. Comme dans ce pays, les créanciers risquent de porter plainte, considérant que l’Autriche a enfreint ses engagements.

Avec cette affaire, c’est la réputation de la place bancaire viennoise qui est en jeu. Déjà l’agence Standard & Poor’s a placé sous surveillance négative les notes des établissements financiers suite à cette décision. Le pouvoir ne cesse de rappeler qu’il ne s’agit là que d’un cas "exceptionnel", mais en réalité c’est l’ensemble du secteur bancaire autrichien qui se porte mal. Les actifs des banques autrichiennes totalisent 1.090 milliards d'euros, soit près de trois fois le PIB du pays (335 milliards d'euros), et celles-ci sont très engagées dans les Balkans, la Russie et l’Ukraine, ce dernier étant virtuellement en faillite...

Quoi qu’il en soit, on constate une nouvelle fois que les règles peuvent changer du tout au tout en cas de crise. Ce qui se passe en Autriche n’est pas aussi grave que Chypre, certes, les épargnants ne sont pas touchés cette fois, mais le fait qu’un Etat puisse décider de s’affranchir de ses engagements ne manque pas d’inquiéter.

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L'imprudence "désinvolte" des autrichiennes, à l'attention "scrupuleuse" des suisses ...
On ne voit guère qu'un défaut de temps en temps pour assurer l'autorité d'un souverain sur ses créanciers aussi.
En l'absence d'un défaut assumé, on ne voit d'ailleurs aucun moyen pour l'emprunteur de commander au créancier.
Et moralement, le défaut n'est finalement pas nettement plus vilain que l'impôt.
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Oui, on avait déjà lu qqch sur le sujet il y a qqs semaines : pour sauver une banque l'état lui injecte du pognon et réduit le budget de l'éducation nationale.
Chez nous ce pourrait être une manoeuvre pour dégraisser le mammouth et remetttre enfin au boulot les qqs milliers de délégués syndicaux permanents de l'éduc' nat' qui sont payés pour saborder le système.
Il n'en reste pas moins que dans tout pays l'instruction des enfants est la priorité des priorités. Qu'une banque crève, c'est accessoire, un autre naîtra un jour. Mais une génération sacrifiée sur l'autel du profit...ça en dit long sur ceux qui gouvernent le pays.
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Oh mon dieu, ils vont peut-être décider de ne pas organiser le prochain eurovision pour faire des économies !

Tiens à propos, info du jour, le patron d'UBS Belgique a été interpellé pour une affaire de blanchiment d'argent.

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