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La dystopie et ses limites

IMG Auteur
 
Published : January 24th, 2014
728 words - Reading time : 1 - 2 minutes
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La dystopie n’est pas une nouveauté littéraire mais de nombreuses personnes ignorent ce que recouvre cette notion : il s’agit d’un récit peignant une société utopique qui tourne au cauchemar et qui, comme le précise Wikipédia, vise à montrer les conséquences néfastes d’une idéologie. Les idéologies totalitaires, et, surtout, les idéologies communiste et nazie, sont souvent visées dans les dystopies. Le fascisme est également quelquefois « sous le feu des projecteurs », notamment sous la plume de H.G. Wells. Ce n’est pas étonnant, tant l’utopie recèle généralement un aspect totalitaire. Les dystopies jouent donc un rôle, ingrat, de « briseuses de rêves ».


La « bonne » dystopie sera celle qui ne s’écarte pas trop de la réalité même s’il est évident que l’évolution des technologies demeure incertaine. Wikipédia donne d’ailleurs quelques exemples parmi lesquels on trouve Nous autres de Ievgueni Zamiatine, La Kallocaïne de Karin Boye et Limbo de Bernard Wolfe.


On pourrait parler de l’influence, plus ancienne et involontaire, d’un Jeremy Bentham qui, à la fin du XVIIIème siècle, avait écrit un ouvrage, assez méconnu, Panoptique, mémoire sur un nouveau principe pour construire des maisons d’inspection et nommément des maisons de force. Bentham proposa un modèle pénitentiaire d’une transparence absolue. Ce livre n’a sans doute pas échappé aux auteurs de dystopies précités.


Le roman de Ievgueni Zamiatine a inspiré de nombreux auteurs à succès comme un certain George Orwell. Il est d’autant plus intéressant qu’il a été écrit en 1920, soit aux débuts de l’ère soviétique. Zamiatine était lui-même un révolutionnaire bolchévique mais est devenu rapidement aigri par le système, d’où son ouvrage. Mais il était isolé, étant donné que peu de monde pouvait imaginer la réalité du régime communiste qui sévissait à l’Est et, en cela, cet ouvrage, « anti-utopique » et utopique à la fois, s’avère être avant-gardiste.


Les faits se déroulent au XXVIème siècle. Un constructeur de vaisseau sans nom, vivant dans l’« État unique » (à savoir un État ultra-totalitaire), était un thuriféraire du régime, essayant même de prêcher la bonne parole auprès des quelques sceptiques. Mais il va alors connaître l’amour auprès d’une résistante et se mettre à douter du bien-fondé dudit État. Entre parenthèses, dans l’œuvre de Zamiatine, comme dans la plupart des dystopies, il convient de préciser que les femmes jouent souvent un rôle positif. Certains analystes considèrent d’ailleurs Zamiatine comme une sorte de précurseur du libertarisme. Dans de nombreuses dystopies, sans doute à tort, le libertarisme est une sorte de remède au totalitarisme, les auteurs ne s’étant visiblement pas aperçu des dangers de cette autre idéologie.


Bien entendu, Nous autres est quelque peu caricatural et même l’Union soviétique n’aura pas réussi à s’immiscer dans la vie privée de ses sujets de la même façon que l’« État unique » décrit par Zamiatine. Mais le livre sonne comme un avertissement salutaire aux naïfs susceptibles de croire aux vertus de l’État soviétique.


L’autre grand ouvrage qui a d’ailleurs lui aussi influencé Orwell est La Kallocaïne. La Kallocaïne est la preuve la plus aboutie du célèbre slogan « Diviser pour mieux régner ». Le totalitarisme parvient, en effet, à créer un climat de méfiance entre les êtres humains, y compris entre un mari et une femme, ce qui ne peut que conforter le pouvoir de l’État.


Limbo est d’un autre genre en ce qu’il caricature grossièrement l’idéal pacifiste. Limbo a été écrit en 1952, en pleine crainte universelle des répercussions de l’armement nucléaire et de la guerre froide entre les deux superpuissances militaires qu’étaient les États-Unis et l’Union soviétique. Le pacifisme avait alors le vent en poupe dans certains milieux. Bernard Wolfe imagina la prise de pouvoir d’un pacifiste, Helder, qui, pour s’assurer que plus aucune guerre n’aura lieu, invita ses sujets à… se couper les membres !


Limbo n’est qu’un ouvrage parmi tant d’autres, durant cette période, à s’être focalisé sur la thématique nucléaire.


Encore une fois, ce type d’ouvrages vise à discréditer certaines idéologies et le message diffusé est intéressant. Et comme nous l’avons dit précédemment, l’être humain doit être constamment alerté des risques d’une idéologie utopique.


Toutefois, les dystopies demeurent finalement assez éloignées de la réalité, raison pour laquelle Tv Tropes indiqua « Dystopia is hard 

». Le totalitarisme a plutôt eu tendance à disparaître de la surface du globe et on peut espérer que le cauchemar imaginé par Ievgueni Zamiatine ne prendra jamais forme au XXVIème siècle

 

 

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Ronny Ktorza, diplômé de l'IEP d'Aix-en-Provence et d'HEC, est avocat depuis janvier 2011
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" Le totalitarisme a plutôt eu tendance à disparaître de la surface du globe et on peut espérer que le cauchemar imaginé par Ievgueni Zamiatine ne prendra jamais forme au XXVIème siècle."
Pas en france en tout cas.
"Dans de nombreuses dystopies, sans doute à tort, le libertarisme est une sorte de remède au totalitarisme, les auteurs ne s’étant visiblement pas aperçu des dangers de cette autre idéologie."
Libertarisme des libertaires ou des libertariens ? Autant les libertaires sont sans foi ni loi, autant les libertariens ont des principes : état minimal, respect des droits naturels... Il ne s'agit pas de la même liberté, sans limites pour les libertaires, la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres pour les libertariens.
Cette phrase à un sens s'il est question de l'idéologie libertaire mais n'en a aucun si elle fait allusion à l'idéologie libertarienne, ce serait même un parfait contresens puisque c'est la seule politique qui ne peut pas aboutir au totalitarisme quand on l'applique complètement. Dans une société libertarienne même les pires socialistes fascistes communistes auraient le droit de vivre comme ils l'entendent, entre eux, pourvu qu'ils respectent la liberté de ceux qui ne sont pas comme eux. En bref, le totalitarisme est impossible dans une société libertarienne.
"Bien entendu, Nous autres est quelque peu caricatural et même l’Union soviétique n’aura pas réussi à s’immiscer dans la vie privée de ses sujets de la même façon que l’« État unique » décrit par Zamiatine."
Par contre les Etats "démocratiques" actuels, grâce à Facebook, Google et Yahoo, peuvent le faire encore mieux...
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" Le totalitarisme a plutôt eu tendance à disparaître de la surface du globe et on peut espérer que le cauchemar imaginé par Ievgueni Zamiatine ne prendra jamais forme au XXVIème siècle." Pas en france en tout cas. "Dans de nombreuses dystopies, sans dou  Read more
Pierre70 - 1/26/2014 at 2:26 PM GMT
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