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La langue de chêne massif

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Published : May 16th, 2012
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Category : Editorials

 

 

 

 

Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, n’a pas attendu la passation de pouvoir de François Hollande pour lui demander dès la veille « d’éviter la précipitation ». En l’occurrence, il évoquait le très épineux dossier de la séparation des activités de dépôt et de spéculation des banques, qui menace leur statut de « banque universelle ». Cela suppose, fait-il remarquer, « un travail d’analyse assez complexe », y revenant ensuite pour préciser : « un travail d’analyse tout à fait serein sur lequel nous pouvons apporter toute notre expertise ».


Le gouverneur a également recommandé que le doublement du plafond du livret A annoncé par le nouveau président soit mené afin de « laisser le temps aux établissements de s’adapter », et « d’éviter de créer des situations de tension, que ce soit dans le secteur de la banque ou de l’assurance, avant tout, in fine, pour le bon financement de l’économie française ». Pas un mot n’est dit sur les raisons assez mercantiles de cette prudence : le transfert qui en résultera se fera au détriment d’autres produits financiers des banques. Or celles-ci devront partager les dépôts sur le livret A avec la Caisse des Dépôts, qui les centralise pour financer le logement social. Alors qu’elles cherchent des fonds pour se renforcer, ils vont être réduits.


Pour le reste, le gouverneur est lui-même serein. « Quoi qu’il arrive, ce ne sera pas un problème pour le secteur financier français », a-t-il assuré à propos de la Grèce. Le coût d’un défaut total serait pourtant de 19 milliards d’euros pour les banques, d’après Eric Dor de l’Université catholique de Lille, et de 66 milliards pour l’État, tout compris. Sans compter les effets indirects et l’effet domino en Europe, impossibles à chiffrer.


Les additions donnent le tournis, ce qui a fait déclarer lundi à Jean-Claude Juncker au sortir de la réunion des ministres des finances : « La possibilité que la Grèce sorte de la zone euro n’a pas été l’objet de débat, personne n’a plaidé en ce sens. » Et à Charles Dallara, de l’Institute of International Finance : « Je pense que le coût pour la Grèce, le coût pour l’Europe et le coût pour l’ensemble de l’économie globale sont encore suffisants pour faire en sorte que les responsables politiques grecs et les responsables politiques européens fassent une pause avant d’appuyer sur la détente de la sortie. » Nous savons maintenant qu’Angela Merkel et François Hollande sont pour que la Grèce reste dans la zone euro, sans pour autant donner le mode d’emploi.


À propos du Crédit Immobilier de France, un dossier très chaud, Christian Noyer n’a pas failli : « au moment où je vous parle, il n’y a pas de problème en soi ». Admirons les deux réserves, et le parapluie qu’il ouvre en ajoutant : « depuis des années, nous avons encouragé le groupe à chercher un adossement ».


La capitalisation boursière des grandes banques françaises est en chute libre depuis 2007, si on compare les chiffres. Pour BNP Paribas, elle est passée de 108,9 milliards de dollars à 32,4 milliards (29,5 %). La Société Générale pèse aujourd’hui 12,2 milliards de dollars, soit 14,2 % des 85,5 milliards de l’époque. Le Crédit Agricole affiche 7,6 milliards de dollars, soit 11,6 % des 65,4 milliards de 2007. Cela n’affecte pas le gouverneur de la Banque de France, qui a toujours soutenu mordicus que les banques françaises étaient en excellente santé. Il ne s’est pas davantage exprimé sur la débâcle de Dexia, pour laquelle le gouvernement belge demande actuellement à son homologue français un nouveau partage de la garantie financière de 90 milliards d’euros assurée avec le Luxembourg afin que la banque puisse garder la tête hors de l’eau. Ce qui n’est pas un très bon signe, des fois que cette garantie devrait jouer.


Il faisait hier un temps à ne pas mettre un banquier dehors.


Billet rédigé par François Leclerc


Son livre, Les CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de paraître.


Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.


 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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