Le D Day... Le Draghi Day...

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Published : September 08th, 2012
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Le temps qu'il nous reste. 


Mes chères Contrariées, mes chers Contrariens,


« Aujourd'hui c'est le jour J, le D Day comme disent les Anglo-Saxons. D pour Draghi bien sûr, Mario Draghi, le Gouverneur de la Banque Centrale Européenne (BCE).


Alors que j'écris ces lignes…Mario Draghi parle, et les tractations se poursuivent entre les Etats pour trouver le plus petit dénominateur commun, et laisser la marge de manœuvre nécessaire à la BCE pour imprimer des billets à la hauteur de « juste ce qu'il faut ».


Les autorités monétaires européennes sont désormais obligées d'intervenir. Le problème n'étant plus de savoir s’il le faut, mais comment le faire.


Comment le faire, en respectant le mandat de la BCE et l'objectif allemand de maîtrise de l'inflation, qui ont une peur panique de la création monétaire débridée depuis l'époque de la République de Weimar qui déboucha sur l'avènement du nazisme et la ruine de l'Allemagne.


Comment le faire, en sauvant l'euro, et en permettant aux pays du Sud en plein marasme (avec en ligne de mire bien entendu l'Espagne et l'Italie) de s'en sortir au mieux.


Comme nous l'avons toujours dit et affirmé, le FESF ou le MES, les mécanismes de sauvetages prévus, ne seront pas suffisants pour ces deux pays. Ils sont donc fondamentalement inutiles et ne serviront pas.

Compte tenu des sommes en jeu, seule la BCE peut, en créant de la monnaie en quantité suffisante, permettre d'éteindre l'incendie qui menace d'emporter l'ensemble de la construction européenne de ces 60 dernières années.


Pour le moment, les marchés donnent crédit aux à la stratégie d'intervention massive annoncée aujourd'hui par la Banque Centrale Européenne.


Des rachats d'obligations sans limite de montant.


Mario Draghi, en s'appuyant sur l'article 18 des statuts de la BCE, lance un programme de rachat d'obligations illimité sur des échéances allant jusqu'à trois ans. Cette maturité relativement courte recueillerait l'assentiment de notre partenaire allemand puisque cela permet de cadrer la création monétaire dans le temps.


Le président de la Bundesbank, quant à lui, resterait farouchement opposé à ce changement radical de politique monétaire, et son gouverneur, Jens Weidmann, devrait démissionner dans la foulée afin de protester contre cette décision. 


Mais ce n'est pas tout, la BCE renonce également à son statut de créancier privilégié pour ces achats d'obligations... Ce qui signifie en clair qu'elle accepterait de ne jamais être remboursée de ses créances... Au bout du chemin il faudra choisir entre renflouer la BCE (qui possède un bilan comme n'importe quelle banque), ou lui autoriser la création monétaire pure correspondante.


En contrepartie, des conditions strictes seront demandées aux pays qui feront appel à l'aide de la BCE (Italie et Espagne) et l'intervention de la BCE d'une rigueur budgétaire sans faille.


Cependant, à ce jour, les modalités concrètes d'application de ce plan n'ont pas été dévoilées ce qui illustre les tensions politiques toujours à l'œuvre et que les négociations entre Etats membres  semblent s'éterniser.


Une volonté, sauver l'euro.


C'est bien de cela fondamentalement qu'il s'agit. L'objectif n'est pas de sauver la croissance. L'objectif n'est pas de sauver l'économie, mais bel et bien de sauver la monnaie unique : l'euro.


Les propos tenus par Maio Draghi aujourd'hui sont sans ambiguïté:

"Comme je l'ai déjà dit, nous ferons tout ce qu'il faut et ce sera assez. L'Euro est irréversible et les craintes sont infondées. Je répète, infondées".


Le premier pari de la BCE est qu'en disant que les rachats sont illimités en montant, cette simple annonce coupera l'herbe sous le pied des spéculateurs.


C'est une bonne nouvelle car cela peut fonctionner, même si il est fort à parier que dans les prochaines semaines les marchés testeront la détermination des européens.



Est-ce que ce nouveau plan de la dernière chance peut réussir?


Oui et non.


Oui sur le court et moyen terme pour éviter l'explosion de la monnaie unique et la faillite d'Etats européens importants.


Non sur le long terme, dans la mesure où le rachat d'obligations ne résoudra en aucun cas le problème fondamental de nos économies à savoir le manque de croissance, pour ne pas dire l'absence de croissance qui est un phénomène durable.


Mais cette décision sans nul doute permettra au système économique de tenir certainement quelques années de plus et nous pouvons imaginer un répit d'environ deux à trois ans.


Cependant, pour que cela fonctionne, il faudra voir dans quelle mesure les "conditionnalités" imposées, disons le clairement, par nos "amis" allemands, seront dans leur détail acceptable par nos partenaires espagnols ou italiens.


Le principal écueil reste bien politique. Si les politiques de rigueur exigées sont trop drastiques, elles peuvent tout simplement politiquement être refusées. Dès lors, de fait, cela signifiera un retour aux monnaies nationales et de facto la reconfiguration de la zone euro. A court terme c'est le danger. A ce jour rien ne dit que l'orgueil ibérique pourra s'accommoder d'une mise sous tutelle de la Troïka (FMI, BCE, Union Européenne).


Y a-t-il des risques à mener une telle politique de création monétaire?


Le risque majeur est celui bien évidemment de l'inflation, avec à terme, si le processus de création monétaire n'est pas maîtrisé, une hyperinflation qui peut s'avérer catastrophique aussi bien pour les finances des Etats que pour le pouvoir d'achat des ménages.


Il faut bien comprendre que, contrairement aux années 70 où la mondialisation n'existait pas, où les frontières protégeaient chaque économie nationale et où les salaires étaient indexés sur l'inflation, la situation a radicalement changé. Dans un monde ouvert, chaque point d'inflation en plus vient appauvrir d'autant les peuples dont les salaires n'évoluent plus ou très faiblement depuis maintenant plus de 10 ans.


Peut-on maîtriser ces risques?


C'est tout le pari qui est fait par les autorités monétaires, d'abord par la FED, la Banque Centrale Américaine qui s'est lancée depuis plusieurs années dans une politique dite de « Quantitative Easing » désormais imitée par la BCE.


Nombreux sont ceux qui pensent que nous entrons dans un monde d’inflation voire d’hyperinflation.


Les forces déflationnistes à l’œuvre restent très fortes. La mondialisation (les délocalisations), la démassification (le remplacement des « travailleurs » par des machines ou des ordinateurs), le désendettement, la baisse des actifs immobiliers, la baisse des actifs actions, le vieillissement mondial de la population, sans même parler de l’impact d’une explosion des dettes souveraines qui effacerait des milliards d’euros d’épargne pour ne citer que les plus importantes.


Il ne s’agit pas de trancher le débat aujourd’hui mais de mettre en exergue, le risque non nul de voir le monde occidental basculer dans une déflation sévère. Le mauvais remake des années 30 n’a pu être évité que grâce aux interventions massives des banques centrales.


Un arrêt des Quantitative Easing pour permettre une maîtrise de la masse monétaire, des risques inflationnistes et des déficits aurait pour conséquence un retour du risque déflationniste.


C’est une tendance qui se matérialise clairement depuis le début de l'année 2012, notamment en Europe avec la mise en œuvre de plans de rigueur de plus en plus nombreux et aux Etats-Unis à travers l’épisode difficile du relèvement du plafond de la dette, ou encore des derniers chiffres macro économiques qui sont mauvais et montrent une dégradation forte de la conjoncture économique en l'absence d'injections monétaires supplémentaires.


Le pari des banques centrales peut donc être résumé par la formule suivante :


Beaucoup de créations monétaires - de fortes pressions déflationnistes = une inflation un peu plus forte mais maîtrisée.


C'est un pari, et cela n'a jamais été tenté. Dans l'histoire économique du monde, quelle que soit l'époque, la création monétaire a toujours amené les monnaies vers une valeur proche de 0.


Création monétaire européenne sans limite mais pas sans règle.


C'est toute la subtilité de ce qui a été annoncé aujourd'hui par le Gouverneur de la Banque Centrale Européenne. Certes aucune limite de montant n'est fixée, pourtant, ce n'est pas pour autant un blanc sein et une autorisation pour faire n'importe quoi.


D'abord la création monétaire viendra en accompagnement d'actions politiques dans les pays qui demanderont de l'aide. Pas d'austérité, pas d'aide. Le message est clair et limpide.


Ensuite, contrairement à ce qui a été fait précédemment, les chiffres seront communiqués pour certains toutes les semaines et pour d'autres mensuellement. Ce suivi permettra d'assurer une traçabilité quasiment en temps réel de la création monétaire en cours et là encore on reconnaît la main allemande.


Enfin, Mario Draghi, n'a pas souhaité baisser à nouveau les taux d'intérêt en insistant sur le niveau relativement élevé de l'inflation qui reste la priorité du mandat de son institution.


Je pense que s'il y avait une manière de sauver l'euro, sans tomber dans le risque de création monétaire excessive, c'est la bonne méthode qui a été trouvée. Nous pouvons nous en réjouir car c'est une bonne nouvelle, enfin.


Néanmoins, les marchés attendaient beaucoup, beaucoup plus "d'argent gratuit" et lorsque l'on y regarde de plus près, rien ne dit que la stratégie annoncée aujourd'hui par Mario Draghi sera suffisante à terme.


Elle a beau être juste et équilibrée, économiquement fondée, je crains que la BCE ne soit vite dépassée, sur sa droite par les marchés (qui détestent les conditions et les contreparties), et sur sa gauche par des politiques démagogues qui ne souhaiteront pas être les premiers ministres, ou les Présidents de l'austérité.


Ce qui est sûr, c'est qu'il n'y aura aucun moyen indolore de sortir de cette crise et que le chemin sera encore long.


Charles SANNAT

Edito issu du Contrarien Matin

 

 

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Je commentais un autre article ce matin même, et m'interrogeais comment la BCE par le biais du MES,
nouvelle mouture, pouvais valider ses ambitions... Je vous rejoins tout à fait.

Le directoire de la BCE, pourra gerer la situation quelques petites années, avec une rigueur particulière, dans la création monétaire, et, les compensations demandées aux états.
Les "politiques" seront à la botte de cette institution, les pays perdront alors lentement et totalement leur souveraineté .
Les moyens pour sortir de cette crise ne seront pas qu'indolores, ils seront catastrophiques. Je vous laisse imaginer la situation si les Français vivaient la situation grecque, portugaise ou espagnole.
Les mesures de rigueur mises en place par Mario MONTI, déclencheraient déja un marasme impressionnant.

Et pourtant, ils sont nombreux, ceux que nous entendons sur nos antennes, politiques, syndicalistes, économistes, qui estiment, (chacun dans son registre, bien evidemment)
que la France est à l'abri de la situation inimaginable de nos voisins.
Ils en parlent avec une telle incurie, que j'en suis stupéfait.

Ainsi chaque jour, nous rencontrons nos politiques, cette nouvelle espèce du show business, dans des émissions du soir, "le petit journal", par exemple où ils exposent leurs idées, leurs futures mesures,
entre la météo de "Solweig" et le dernier roman de "trucmuche".
Ils ont du temps libre, ces gogos, disponibles, le matin chez bourdin, l'aprés-midi chez ruth, le soir chez Calvi.

Vous manquez d'imagination, et d'intelligence, alors au boulot messieurs les politiques.
Ne dites rien, plutôt que de promettre.
Placez vos arcanes au placard, dites le vrai et le réel.
















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quantitative easing signifie tôt ou tard inflation.
"Recourir à l'inflation pour surmonter des difficultés passagères équivaut à brûler ses meubles pour se chauffer" Ludwig von Mises
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blanc-seing Charles blanc-seing.
J'espère quil est meilleur en économie qu'en orthographe

"la création monétaire a toujours amené les monnaies vers une valeur proche de 0." Il n'y aura pas exception à la règle. Ceux qui en doutent finiront ruinés : c'est le lot des optimistes béats.
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la bce fait marcher la planche a billet pour racheter de la dette et ainsi en cree encore plus
le but est d endetter encore plus les etats et leurs citoyens qui paieront de leurs veritable deniers celui
qui gagne au final comme dans l emission sur goldman sachs toujours les memes les requins de la finance
la bce est comme la fed des usines de fausse monnaie
toute deux devrais etre nationaliser et etre sous controle de commissions d elus des nations et les banques privees sous controle strict
kennedy a essayer Le 4 Juin 1963, un décret présidentiel pratiquement inconnu,Executive Order 11110,
par lequel le gouvernement retrouvait un pouvoir inscrit dans la Constitution, celui de créer sa monnaie sans passer par la Réserve Federale. Cette nouvelle monnaie, gagée sur les réserves d'or et d'argent du Trésor, rappelait les greenbacks et le coup de force du Président Lincoln. qui fut assassiné comme kennedy etonnant non !!
Un dollar de 1963, "KENNEDY GREENBACK"
Le Président Kennedy fit imprimer 4,3 milliards de billets de 1, 2, 5, 10, 20 et 100 dollars. En 1994 il restait l'équivalent de 284,125,895 dollars en circulation aux Etats-Unis
Les conséquences de l'Executive Order n° 11110 étaient énormes. En effet, d'un trait de plume John Fitzgerald Kennedy était en passe de mettre hors jeu tout le pouvoir que les banques privées de la FED s'étaient arrogé depuis 1816 et qu'elles détenaient officiellement depuis 1913. Car si, dans un premier temps, les deux monnaies auraient circulé parallèlement, la monnaie d'Etat, gagée sur les réserves d'argent, aurait fini par terrasser la monnaie créée ex-nihilo par les banquiers. Cette nouvelle monnaie aurait considérablement diminué l'endettement de l'Etat, puisqu'elle éliminait le paiement des intérêts.
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Je m'interroge sur les vrais finalités de ce plan. Pour ceux qui ont vu le reportage sur goldman et sach cette semaine sur Arte, on peut réellement s'inquiéter car Draghi est un ancine de GetS. GetS à réussi à placer beaucoup de ces anciens présidents ou vice présidents dans le monde politique et ces gens là ont toujours pris des décisions qui favorisait GetS (par exemple, sous Bush, le ministre des finances était un ancien de GetS, il a refusé de donner de l'argent public pour sauver lehman et brother qui était le principal concurrent de goldman et sach. Par contre, il a mit la main au porte monnaie du contribuable pour sauver une compagnie d'assurance qui devait 10 milliards à GetS. Sommé de s'expliquer devant le congrés sur ce favoritisme, le ministre n'avait rien à dire, faisait l'innocent, et n'a pas été inquiété par la justice). A priori GetS à mis la main sur la finance mondiale et ne semble pas avoir d'autre but que de ruiner le plus grand nombre (les peuples) pour le profit de quelques-uns (banquiers et traders) et avec la complicité des pouvoirs politiques noyautés. Sachez que malgré la crise, ce genre de banques fait des millions de bénéfices chaque année. L'argent pris aux peuples par le biais de l'austérité n'est pas perdu, elle va directement dans les poches de ces requins de la finance, grossir leurs salaires et bonus. Tout ce que fera Draghi n'aura pour but que de bénéficier à G et S, qui n'en à rien à foutre du reste du monde, alors méfiance !!!
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Nemrod - 9/8/2012 at 6:56 PM GMT
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