Made in France, E6 : « Syndicat ou liste, le dilemme du syndicaliste »

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Published : March 07th, 2014
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Tranches de vie ordinaires en République Démocratique (et Populaire) Française, imaginées mais pas dénuées de réalité – Épisode 6 : « Syndicat ou liste, le dilemme du syndicaliste. »

Par h16 et Baptiste Créteur.

La France sans le syndicalisme ne serait pas ce paradis de douceur de vivre, aux rivières de miel et de lait pour tous et toutes. Mieux encore, le syndicalisme mène à tout.

C’est le cas, notamment, pour Martin Édouard.

24hGold - Made in France, E6 :...Martin Édouard est depuis des années responsable syndical, c’est-à-dire qu’il est responsable de l’activité syndicale dans l’entreprise qui le salarie, mais surtout pas coupable. Et il s’y est notamment illustré dans sa lutte contre son rachat par un actionnaire indien, lutte qui lui a permis de lancer en pleine réunion syndicale un tonitruant :

« Et pis quoi encore, bientôt on sera payés comme des Indiens et on mangera avec les mains ?! Déjà qu’on travaille comme des Chinois ! »

La lutte, il sait ce que c’est, Martin. Il en a mené une, longue, épuisante mais juste, contre la suppression de sa place de parking attitrée. Il se souvient du temps passé à imprimer des tracts sur les photocopieurs de l’entreprise, de l’odeur d’ozone qu’ils dégagent passé les 1000 premières copies. Il se souvient aussi de ses échecs, comme celui lors de la demande de suppression des tests d’alcoolémie pour les postes à risque…

La lutte, il la connaît aussi par la pression médiatique, subie lorsque des bus entiers l’ont amené avec ses camarades syndicalistes soutenir des grévistes dans des usines de Picardie et d’Île-de-France, par so- so- solidarité. La lutte, pour lui, c’est aussi l’odeur caractéristique des pneus qui brûlent et des saucisses qui grillent, le goût spécial de la 33 Export éventée. La lutte, il la connait bien, mais rien ne l’a préparé à la suite.

Malgré tout, malgré la lutte, l’actionnaire indien a décidé de fermer une partie de l’usine où il travaille. Elle perd de l’argent depuis des années et depuis des années, Martin sent venir ce jour ; depuis le rachat, il sait, il sent même que l’actionnaire étranger a déjà fait ses comptes et n’a rien à faire de l’emploi sur place. Salaud d’actionnaire qui cherche la rentabilité au lieu de faire du social ! La fermeture, il n’y a jamais cru… Jusqu’à ce que cela arrive.

Et lorsqu’il apprend cette fermeture, officiellement, il est, bien sûr, désemparé. La lutte serait-elle finale ? Le sentiment perdurera jusqu’à l’appel de son chef de section local.

Tu vas voir, c’est très simple : on va préparer un plan pour le maintien de l’entreprise en activité. Une fois que les médias parleront du plan, tout le monde croira que le site est viable. Et là, c’est magique : soit l’État nous soutiend, soit on continue la lutte, le site fait faillite et on monte une SCOP. Facile, non ? T’inquiète pas Martin, on est avec toi !

Et effectivement, tout le syndicat est avec lui. Et ça tombe bien, parce que pour les démonstrations de force, et surtout son utilisation, le syndicat s’y connait : grève, protestations médiatiques bruyantes, séquestrations de cadres, interdictions d’accès à l’usine, tout y passe. Et pendant qu’une petite partie des salariés est joyeusement mobilisée, l’autre est violemment immobilisée avec le renfort de nombreux camarades.

Comme prévu, les médias s’emparent du sujet, écrivent de courts articles décidés sur le rôle stratégique de l’acier dans une économie, de longs articles larmoyants sur une région déjà dévastée, de moyens articles philosophiques sur une lutte syndicale forcément d’envergure. Rapidement, tous les projecteurs se braquent sur l’usine, ou, plus précisément, sur Martin, qui devient la figure de proue facile à identifier de ce combat des petits contre les grands, des gentils contre les méchants, des ouvriers contre les actionnaires, des Français contre les Indiens. Et mieux encore, Martin parle aux hommes politiques, il s’entretient avec les ministres, bref, il tutoie le pouvoir.

Les élus qui visitent promettent bien sûr leur soutien, annonçant sans risque que des mesures concrètes seront prises, bientôt, après les élections, à la rentrée au plus tard, et des lois seront adoptées. Publiquement, c’est no pasaran et plus jamais ça, mon brave Martin ! En privé, ils lui proposent même de « porter son combat plus haut, là où on a besoin de gens comme lui », c’est-à-dire jusqu’aux racines du mal : l’Europe. Seule condition : Martin ne doit pas en parler avant le bon moment, ce petit point délicat dans le temps où on va le propulser tête de liste aux élections européennes, par exemple.

Martin hésite. Il ne sait pas s’il doit accepter. Certes, il pourra porter plus haut les couleurs et la voix du syndicat, étendre la lutte et montrer la puissance de son discours et de ses engagements aussi haut que possible. Mais cela revient aussi à soutenir des politiciens dont il ne sait pas s’il peut leur faire confiance. Un vrai dilemme que ce choix entre la lutte locale ou le destin national, que dis-je, européen !

Et le destin, chafouin, semble avoir déjà choisi.

Ce jeudi, Martin a été appelé par la chef du Cabinet du Ministre de l’Industrie Solidaire et de la Production Citoyenne. Elle a insisté pour que Martin se rende à une soirée où seront présents de nombreux responsables politiques locaux. Martin ne s’est pas fait prier :il veut pouvoir leur parler, il a besoin de se sentir rassuré par leur soutien.

La soirée lui fera découvrir une autre façon de faire de la politique.

24hGold - Made in France, E6 :...Au Conseil Général, dans une salle de réception, Martin tombe sur de vieux messieurs aux ventres dodus et gonflés par des années de banquets, qui discutent calmement en présence de jolies jeunes filles, apparemment stagiaires en communication et relations publiques. Elles boivent du bon champagne, abondamment servi à un buffet des plus raffinés, et discutent parfois entre elles, parfois avec certains hommes politiques dont elles sont souvent proches. Martin ne peut s’empêcher de remarquer la similitude de cette réception avec celles auxquelles il a participé dans un des châteaux du syndicat.

Évidemment, de flûtes en flûtes, la tête légèrement étourdie autant par le bon vin que les charmes nombreux des demoiselles, le sujet de l’usine de Martin, où il a passé l’après-midi à répondre à des interviews pour la presse avec un casque un peu usé qu’on lui a prêté pour l’occasion, a été très peu abordé au cours de la soirée. C’est ballot, mais il faut le comprendre : le sujet est aride, la victoire incertaine, ça passionne difficilement les jeunes filles. Et Martin comprend qu’il doit plutôt tenter de s’habituer à sa nouvelle vie de prochain élu, d’autant qu’à l’évocation de ses chances réelles de devenir un député européen, l’une des stagiaires semble très intéressée (au point qu’elle lui glisse à l’oreille, entre deux petits canapés au saumon, qu’ils peuvent passer la fin de la soirée ensemble).

Martin accepte. La journée a été harassante, avec toutes ces questions, et le lourd casque de chantier. La lutte est fatigante et après tout, un guerrier a droit à son repos. Les vapeurs éthyliques (et un soupçon d’excitation ?) l’empêcheront de noter que le taxi qui l’attend, à la sortie du conseil général au milieu de voitures officielles avec chauffeur, ne se dirige ni chez lui, ni chez elle, mais dans l’un des rares hôtels haut-de-gamme de la ville. Hôtel dans lequel la stagiaire a ses habitudes puisqu’elle en a déjà la clé. Et pour la facture, pas d’inquiétude : le taxi et l’hôtel sont payés d’avance, « pour que tu t’habitues à ton nouveau statut », lui a glissé un conseiller général à la poignée de main à la fois molle et moite.

24hGold - Made in France, E6 :...Le lendemain matin, émergeant avec difficulté d’une soirée et d’une nuit fort peu réparatrice, Martin apprend la nouvelle sur les gros titres des journaux régionaux et nationaux déposés devant sa porte de chambre : les hommes politiques ont retourné leur veste. L’actionnaire va fermer une partie de l’usine contre une promesse d’investissements dans la région dont le premier ministre est originaire.

L’appel à la chef de Cabinet confirmera qu’il est maintenant dans une autre cour : désormais, il faut accepter certaines concessions, et faire marche arrière semble délicat (on s’habitue vite aux avantages acquis, foi de syndicaliste !). La pensée, fugace, des barbecues au pneu dans la cour de l’usine, lui traverse l’esprit, et celle de l’espoir qu’il a suscité chez ses camarades de combat. Mais bon, c’est décidé : il doit aller vers de plus hautes responsabilités. Fini les bricolages locaux !

Déjà, dans sa tête, de belles affiches de campagne colorées remplacent les tracts en noir et blanc.

Cette histoire vous rappelle des cas que vous avez connus ? Vous lui trouvez une résonance particulière dans votre vie ? N’hésitez pas à en faire part dans les commentaires ci-dessous !

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Source : h16free.com
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H. Seize rédige sur http://h16free.com ses chroniques humouristiques d’un pays en lente décomposition, et apporte des solutions dans son livre, Egalité, Taxes, Bisous. Dans un monde toujours plus dur, et alors que la crise, la vilénie, les aigreurs et les misères allant de la maladie aux bières tièdes font rage, un pays fait courageusement face et propose toute une panoplie de mesures plaisamment abrasives qui permettront d'aplanir les aspérités, gommer les difficultés et arrondir les angles. Ce pays, rempli de gentils et d'aimables tous les jours mieux pensant, est devenu un véritable phare scintillant dans la nuit noire de l'obscurantisme des méchants et des vilains. Et pour mieux scintiller, il s'est doté d'une devise qui est parvenue à se hisser au rang de slogan, d'accroche et de modus vivendi : pour chacun et pour tous, il faudra de l'égalité, des taxes, et des bisous.
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Le syndicalisme français est une des plaies de la nation avec les énarques et nos élus issus de la fonction publique. Ces gens-là ont en commun de n'avoir jamais rien prouvé, de n'avoir jamais été à un moment de leur vie producteurs de richesse pour le pays et d'être les assistés d'un système qui les surprotège grâce aux lois qu'ils ont voté pour eux. Le président Hollande en est l'exemple type, on en trouve à la pelle à droite comme à gauche, pas besoin de prendre une loupe !
D'ailleurs les gens ne s'y trompent maintenant plus, les syndicats pèsent 7 à 8 % du monde du travail, ce qui est ridicule. Il y a une collusion évidente entre cette caste corrompue et un état tout aussi corrompu qui les rince, chacun y trouvant son compte via une légitimité illusoire. Ce que pèsent les uns comme les autres ne représente quasiment rien des français, mais les lois qu'ils ont affinées en leur faveur leur donnent tout pouvoir et c'est bien là notre drame qui va bien plus loin que ce qu'Alain Peyrefitte décrivait dans "Le mal français".
"Le premier ministre et les ministres con-cernés vont rencontrer les partenaires sociaux". Ce serait à mourrir de rire si cette mascarade ne cachait pas un nouvel épisode de la tonte du citoyen-mouton et ne mettait pas en lumière l'impéritie de ceux qui ont l'outrecuidance de croire qu'ils nous sont indispensables.
Les syndicats ont confisqué le pouvoir des chefs d'entreprises au même titre que l'état par son omniprésence a confisqué les pouvoirs et les libertés des gens. Tout est sur la même ligne politique : laminer le pays et son économie. Il n'y qu'à voir le nombre de grosses boîtes (tiens, je pense à Sea France...) torpillées ou ce que sont devenus nos ports, sans chercher plus loin.
Je n'abordrai pas ici les rapports de la cour des comptes concernant la gestion de la sécu ou des grands CE par la cgt, la cfdt et autres, on y serait encore demain !
On ne parlera pas non plus des prud'hommes, étape de plus dans la confiscation du pouvoir des entreprises.
Et on ne parlera pas non plus des pressions physiques (doux euphémisme !) sur ceux-qui-ne-pensent-pas-comme-il-le-faudrait. J'en ai connu un qui avait été élu à la place d'un délégué sortant cgt viré. Dans un dépot sncf dans l'ouest du pays, mais chuuuut, ça n'arrive jamais...
Dans leur forme actuelle TOUS nos syndicats doivent être supprimés et leur patrimoine confisqué.
Je les accuse aussi d'avoir légalement et délibérément réussi à couler par un travail de sape régulier notre tissu de TPE et PME qui sont le fondement même des actifs d'un pays. Il faut laisser à nos entreprises la liberté de leur gestion, c'est à dire des accords internes direction/salariés, qu'on les laisse tranquiles et produire à leur rythme en fonction des marchés. Les entreprises n'ont pas à être aux ordres de psychopathes inféodés à des sytèmes politiques néanderthaliens. Elles sont là pour produire pour le bien de tous, sans être non plus à la botte d'actionnaires sans scrupules. D'ailleurs la disparition des petites boîtes est d'autant plus grave que cela revient à asphyxier une pépinière qui verrait apparaître des entreprises plus importantes grâce à leur développement, mais aussi ces petites entreprises ne fonctionnent pas avec des actionnaires ce qui leur donne une souplees incomparable.
J'ai croisé qqs délégués syndicaux. ils avaient tous en commun d'être grandes gueules, en général peu cultivés, et surtout animés par une espèce de haine viscérale et plus au moins refoulée des "patrons", bref, des revenchards....
"Que les médiocres restent médiocres ne me gêne pas. Ce qui me gêne c'est qu'ils se sont arrogés des pouvoirs qu'ils n'auraient jamais dû avoir et empêchent les autres d'avancer." Ne cherchez pas, c'est de moi !
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bravo merisier excellent commentaire et cette sage idée "Dans leur forme actuelle TOUS nos syndicats doivent être supprimés et leur patrimoine confisqué.
bien sur des syndicats corrompus et subventionnes par un pouvoir corrompu ,on ferait 4 milliards € d economie par an en ne versant plus de subvention mais cela permet aussi de controler la grogne
comme on dis c est celui qui paye l orchestre qui choisi la musique
le potentiel de nuisance est trop etendu c en est devenu un fleau pour l economie de la france
pour ex a une epoque si tu voulais rentre a la nmpp "nouvelle messagerie de la presse parisienne" il fallait impérativement etre syndiquer a la cgt ou avoir la carte du pc sinon embauche impossible
mais beaucoup d autre dans le meme cas pour ne citer que les dockers etc.............
sans parler de ceux qui ne veulent pas faire greve on leur fait vite changer d avis a coup de botte digne des méthodes maffieuses
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"Humain ! trop humain..." Il y a là dedans du Balzac, du Maupassant, c'est évident.
Mais, ce qu'on oublie de dire, en matière syndicale, c'est que parler au nom d'une corporation n'est pas simple, pour 2 raisons:
1/ c'est que très peu de personnes sont syndiquées et donc, on parle au nom d'un ensemble alors que la légitimité repose sur peanuts. Et les autres "partenaires" y trouvent leur compte, le pouvoir, l'administration en particulier, car cela leur permet de maintenir une fiction démocratique, sinon tout ce système se bloquerait.
2/ la majorité des gens de la dite corporation n'a aucune idée exacte de ce qu'elle veut et refuse de répondre à un questionnement précis en signant au bas de la feuille, quelque soit son niveau intellectuel d'ailleurs. Entre les slogans élémentaires et commodes et l'engagement logique qu'ils impliquent, il y a un pas énorme que bien peu franchissent.
L'Histoire récente, au delà de l'engagement syndical, fourmille de ce constat: la Résistance ( lisez Daniel Cordier), mai 68 entre autres.
Et après tout qui se souvient encore de Baudin , "Vous allez voir comment on meurt pour 25 francs !" ou de Martin Bidouré succombant à Aups lors du coup d'Etat de 1851.
"La soupe est bonne , mon général !"
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c'est absolument genial a croire que c'est du vecu !!!!
j'en redemande encore et encore :-)
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bravo merisier excellent commentaire et cette sage idée "Dans leur forme actuelle TOUS nos syndicats doivent être supprimés et leur patrimoine confisqué. bien sur des syndicats corrompus et subventionnes par un pouvoir corrompu ,on ferait 4 milliards €  Read more
houm - 3/8/2014 at 1:39 PM GMT
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