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Petit retour sur Fannie Mae et Freddie Mac

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Published : September 21st, 2012
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Selon de très nombreux commentateurs, la crise des subprimes serait due à un excès de libéralisme économique. Si l’État et autres collectivités publiques ont failli dans cette crise, c’est en n’intervenant que trop peu pour réguler ces marchés incontrôlés. Cette perspective est devenue une sorte de dogme qu’il n’est pas permis de discuter.


Il est toutefois impossible de nier la responsabilité des deux organismes de refinancement du crédit hypothécaire prédominants aux États-Unis : Fannie Mae (FNMA) et Freddie Mac (FHLMC).


Le premier de ces organismes a été créé en 1938 en plein New Deal. Le but était de garantir les prêts immobiliers assurés par les banques et de les financer en rachetant leurs hypothèques. Ces hypothèques étaient ensuite revendues à des investisseurs avec, à la clé, la garantie de l’État. Cet organisme sera privatisé en 1968 du fait du déficit budgétaire américain toujours croissant et du coût de Fannie Mae. Néanmoins, en 1970, le gouvernement américain estimant dangereuse la position dominante de Fannie Mae, créera Freddie Mac.


Ces deux organismes sont techniquement « privés », bien qu’on les appelle des « entreprises soutenues par l’État » (government-sponsored enterprise) dans le jargon politique américain à cause de l’appui financier implicite que leur fournit Washington. Ils sont cotés en bourse. Ils ont conquis, à eux deux, plus de 50% du marché des prêts hypothécaires aux États-Unis. Pour autant, leurs obligations de service public sont lourdes à supporter et ce, bien qu’elles soient compensées par des avantages fiscaux non négligeables.


De plus, ce statut « privé » va être fortement amoindri au début de l’ère Clinton. En effet, le Président américain se rend compte, étude en main, que les populations hispaniques et noires se voient refuser, plus souvent que les autres, l’accès au crédit bancaire. Clinton lancera alors une grande politique d’accession à la propriété immobilière en faveur de ces minorités. Les banques refusant de prêter aux ménages issus de minorités défavorisées seront sanctionnées.


Des quotas de prêts aux familles à faible revenu qui n’auraient pas obtenu de prêts hypothécaires autrement seront imposés à Fannie Mae et à Freddie Mac. Ce quota est passé de 42% en 1995 à 56% en 2004. Les critères de sélection des banques seront constamment abaissés sous peine d’accusations de discrimination. Le Congrès, sous la pression de certains Représentants, va inciter ces sociétés à faire toujours plus pour les personnes à faible revenu.


Cette nouvelle politique va grandement contribuer au « boom immobilier » qui a débuté durant la décennie 1990. La volonté de donner « à chaque citoyen sa maison », un projet appuyé par l’ancien Président de la Fed, Alan Greenspan, aura des conséquences perverses en pratique, encourageant l’accès à la propriété avec de l’argent facile et fictif. De nombreuses personnes croiront naïvement que l’immobilier est un investissement beaucoup plus sûr que la bourse puisqu’il s’agit d’un bien tangible.


Cette politique désastreuse d’appui à l’immobilier sera poursuivie sous George W. Bush, en particulier par l’entreprise de la création monétaire. La masse monétaire (M2) a cru de 51,4% entre le 1er janvier 2001 et le 31 décembre 2007 et ce, alors que la croissance moyenne du PIB réel n’a été que de 2,4 % par an ! La politique de très bas taux d’intérêt de la Fed rendaient l’accès au crédit intéressant, de prime abord, pour les particuliers. Cette situation plaisait à tout le monde et, croyait-on, permettrait une croissance infinie ainsi que le renforcement du lien social dans le pays.


Malheureusement, la discrimination positive voulue par Bill Clinton avait un coût : Fannie Mae et Freddie Mac furent rapidement dépassées, les fonds détenus par ces deux organismes étant trop faibles pour faire face à leurs responsabilités. De nombreux propriétaires, illusionnés par le programme du Président américain, ne furent pas en mesure de rembourser leurs emprunts. Les saisies se multiplièrent, entraînant une tendance à la baisse des prix de l’immobilier.


Il est évident que Fannie Mae et Freddie Mac n’opéraient plus dans les conditions classiques d’un marché libre, les obligations pesant sur elles étant devenues extrêmement lourdes. Les liens suspects entre certains puissants sénateurs (Dodd, Frank…) ayant bénéficié de quelques largesses et les dirigeants de ces organismes confortent ce statut de sociétés quasi-publiques ou, à un degré moindre, « para-gouvernementales ».


Toutes ces mesures ont donc débouché sur la crise des subprimes, laquelle se résume tout simplement par le non-remboursement en chaîne de crédits immobiliers accordés, dans des conditions risquées, à des personnes peu solvables.


Ces propriétaires, qui n’auraient jamais dû l’être dans ces conditions, sont, en quelque sorte, victimes des politiques destinées à les soulager. Soit suite à la chute du cours de l’immobilier, elles se retrouvent avec un bien de moindre valeur que ce qu’elles doivent rembourser, soit incapables de rembourser, le bien est saisi. Voici où peuvent mener les politiques de discrimination positive qui, de plus, ne suscitent pas l’adhésion du peuple américain, loin s’en faut.


 

 

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Ronny Ktorza, diplômé de l'IEP d'Aix-en-Provence et d'HEC, est avocat depuis janvier 2011
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Un fait extrêmement méconnu sur Freddie Mac : en 2003, la totalité du management a été licencié suite à des malversations comptables. La direction avait sous-estimé ses profits sur des produits dérivés. Deux ou trois enquête ont été lancées (SEC, Congrès...).

Un management n'est jamais licencié pour avoir "caché" des profits (toutes les banques gardent des profits "sous le coude" pour lisser les résultats). La raison officielle invoquée était vraissemblablement fausse. Il est fort probable que le management avait maquillé des pertes futures inévitables, d'après les rares articles qui traitaient du sujet sur 321gold.com par exemple.

Mais le scandale était potentiellement monstrueux étant donné la taille de Freddie Mac. L'impact sur les marchés dérivés était totalement systémique si Freddie Mac venait à faire faillite (le fond LTCM étant en comparaison un nain).A cette époque, les institutions directement touchées par le tsunami étaient les actionnaires de Freddie Mac : banques et fonds américain, Japon, Chine, Arabie Saoudite. Dans un second temps venait les contrepartie sur les deals de dérivés.

Je reste convaincu qu'on ne comprendra jamais la crise des subprimes sans avoir le fin mot de l'histoire sur ce qui s'est passé. Car les pertes de Freddie Mac apparaissent au grand jour après la crise des subprimes, mais il est fort probable qu'elles étaient déja là avant.

La différence entre le "avant" et le "après", c'est que les subprimes sont les produits qui ont permis à la finance américaine d'internationaliser la crise. La cible des subprimes n'est pas l'américain pauvre. Il s'est fait escroquer, c'est certain, mais c'est un pion. La cible était l'ensemble des banques et des fonds du monde entier, mais européens avant tout. Il fallait les contaminer avec ces produits, pour qu'une crise immobilière américaine devienne une crise qui touche tous les intervenants financiers de la planète.

Des sources sur les "inquiétudes" comptables, bien avant la faillite de Lehman. Ron Paul avait déja senti les risques bien avant tout le monde

WIKIPEDIA : Freddie Mac
In 2003, Freddie Mac revealed that it had understated earnings by almost $5 billion, one of the largest corporate restatements in U.S. history

WIKIPEDIA : FANNY MAE
In late 2004, Fannie Mae was under investigation for its accounting practices. The Office of Federal Housing Enterprise Oversight released a report[64] on September 20, 2004, alleging widespread accounting errors

http://hotair.com/archives/2008/09/29/video-democrats-insist-nothing-wrong-at-fannie-mae-freddie-mac-in-2004

Ron Paul exposes Fannie Mae & Freddie Mac in 2003
http://www.youtube.com/watch?v=CJoKwB-JHn8
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Il ne s'agit pas de permettre aux bas revenus d'accéder à la propriété dans un but humaniste mais au contraire de spolier encore plus les bas revenus.

Les banques ne perdent rien, elles ont engrangées les interets des prets accordes et maintenant elle se trouve à la tete de milliers de maisons.

C'est une pyramide : la base doit toujours grandir sous peine d'effondrement
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La cible de l'arnaque n'est pas celui qui se fait saisir sa maison. Il n'y aucun intérêt pour une banque de développer un portefeuille de crédits "pourris".

La cible de l'arnaque, c'est celui qui va détenir ces créances "pourris" et qui paye la paume, sans jamais voir la couleur d'une maison en garantie.
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La cible de l'arnaque n'est pas celui qui se fait saisir sa maison. Il n'y aucun intérêt pour une banque de développer un portefeuille de crédits "pourris". La cible de l'arnaque, c'est celui qui va détenir ces créances "pourris" et qui paye la paume, s  Read more
zoppas - 9/23/2012 at 6:29 PM GMT
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