Route de la Soie ou Route de l’Argent?

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From the Archives : Originally published December 31st, 2012
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Category : Gold University

 

 

 

 

The Wallace Street Journal

 

Silver Valley Mining Journal

 

 

 

Il y a quelques années, j’errais dans les rues pavées d’une petite ville Chinoise du nom de Lijang, accrochée à l’extrémité Sud de la chaîne de l’Himalaya et située à l’ombre du Mont du Dragon de Jade, surplombant le paysage du haut de ses 4800 mètres. Au travers de cette cité millénaire serpente le lit du fleuve Jinsha, lequel se divise plus loin en canaux servant à alimenter les viviers de poissons des restaurants pittoresques servant des perches fraîchement péchées, de la viande de yak et de la bière fraîche brassée dans les eaux glaciales du Mont.

 

Les pavés de la ville sont ce qu’il reste aujourd’hui de l’ancienne route de la Soie. Alors que je méditais sur le destin de ce lieu, il m’est venu à l’esprit que la route de la Soie était un nom inapproprié et qu’il aurait été meilleur de surnommer cette route commerciale la route de l’Argent. En considérant la civilisation Occidentale depuis une perspective Asiatique, cette route était bel et bien celle de l’Argent plutôt que celle de la Soie. Tentons de nous représenter cette partie du monde telle que Marco Polo la découvrait en 1280, à l’âge de 20 ans, en arrivant en Chine accompagné de son père et de son oncle, tous deux marchands vénitiens, lors de son second voyage dans l’Empire du Milieu.

 

Lorsque nous pensons à la Chine de l’époque, la soie et au thé nous viennent immédiatement à l’esprit. Les Polo y ont en revanche rencontré un souverain éclairé appelé le Khan, empli de grâce et de curiosité, qui leur a demandé, à leur retour en Europe, de prier le Pape de faire envoyer cent théologiens et érudits à Pékin afin de l’aider à développer ses connaissances sur la culture et la religion Européenne. Les Polo ont également découvert en Chine une matière nettoyante pouvant elle-aussi être nettoyée en étant jetée un instant au feu : l’asbeste. Et ce n’est pas tout. La Chine possédait alors une industrie sidérurgique dont la production n’a pu être égalée en Europe que plus de 5 siècles plus tard, une Poste Impériale offrant des services postaux de seconde, de première classe, ainsi que de classe prioritaire, un système de transports complexe mis en place grâce à des canaux fluviaux, ainsi qu’une industrie salière prodigieuse. Le sel, avant l’invention du système de réfrigération, était une matière première quasiment aussi précieuse que l’or.

 

Pour les Européens, il s’agissait là de concepts totalement nouveaux. Des relations amicales furent établies entre le Pape et le Khan, entre l’Europe et la Chine, les Polo et leurs successeurs faisant office d’émissaires. Rapidement, le commerce entre les deux continents devint vigoureux, et reprit là où la Chine et l’Empire Romain l’avaient laissé.

 

C’est de cette route de l’Argent liant la Chine à l’Europe que nous sont provenus la soie, la poudre à canon, les spaghettis, la céramique et le thé. A l’époque, les technologies majoritairement féodales et agraires de l’Europe n’avaient encore ni la volonté ni la capacité de produire quoi que ce soit. Mais la Chine marchande ne lui offrait pas tous ces produits gratuitement ! Les moyens de paiement qu’elle acceptait ? L’or et l’argent, bien sûr. Et surtout l’argent. L’amour de la Chine pour la monnaie argent remonte à la nuit des temps, et était déjà bien ancré avant la naissance de Jésus Christ. En 475 avant J.-C., l’argent y était déjà monétisé de manière officieuse, et y fut déclaré monnaie officielle par la dynastie Yuan dès 1279, époque à laquelle les routes commerciales entre la Chine et l’Europe rouvrirent. L’argent métal demeura monnaie officielle de la Chine jusque dans les années 1930, lorsque l’Empire du Milieu devint la dernière grande civilisation à succomber à la tentation de la devise fiduciaire.

 

Au cours des quelques siècles qui s’écoulèrent après le premier contact établi par les Polo, le commerce entre l’Orient et l’Occident devint si intense qu’en 1800, la Chine se retrouva avec entre ses mains la moitié de l’argent métal disponible sur la planète – sous forme de pièces Perses, Européennes et même Américaines. La moitié de la monnaie du monde ! Avant 1800, l’Europe, s’efforçant de maintenir ses relations commerciales avec la Chine, était déjà parvenue à coloniser le Nouveau Monde en vue d’y extraire l’argent et l’or. J’ai pu voir de mes propres yeux les vestiges d’une fonderie Espagnole situés à 3600 mètres d’altitude dans les Andes Péruviennes, à Arequipa, où les Espagnols avaient pour habitude de fondre l’argent et l’or qu’ils parvenaient à extraire du sol des Amériques. L’or était ensuite chargé sur des galions en partance pour l’Europe et l’argent étaient directement envoyé vers la Chine pour couvrir le déficit commercial de l’Empire Espagnol. Il existe pour le prouver de splendides pièces de poterie Chinoises tout au long de la côte Ouest de l’Amérique du Sud.

 

Mais l’Europe, malgré tout l’argent et l’or qu’elle parvint à découvrir au Nouveau Monde, ne parvint pas à maintenir ses paiements à jour et, en 1800, la Chine menait le jeu haut la main. Il va sans dire que la fierté Européenne s’en trouva bafouée. Ainsi, à court d’argent, l’Angleterre se lança dans une nouvelle entreprise commerciale : le trafic de drogue. Les célèbres routes commerciales du thé entre l’Angleterre et la Chine, et entre a Chine et les Amériques, ne servaient en réalité pas qu’à transporter du thé. Les navires ne revenaient jamais en Chine les cales vides. Au contraire, les Chinois se virent peu à peu introduire à l’opium par des Anglais avides de récupérer leur argent métal.

 

Au vu de la menace que la nouvelle drogue faisait peser sur son argent et sur sa jeunesse, la Chine, furieuse, rendit l’opium illégal dès le début des années 1800, tout d’abord afin de préserver la santé mentale de son peuple, puis de protéger l’intégrité de ses réserves d’argent métal qui, en 1500, avaient déjà fait de l’Asie l’acteur majeur de la première économie globale. Mais la Chine mercantiliste, habituée à favoriser une commerce pacifique et innovant plutôt que la guerre et les conquêtes, échoua à faire face à la Royal Navy qui transportait par bateaux à voile puis à vapeur les cargaisons de drogue tant redoutées vers les ports Chinois.

 

Voici ce que l’historien Richard Hooker écrit au sujet des années 1830:

 

‘Les Anglais devinrent rapidement la plus importante organisation criminelle du monde. Seuls très peu des cartels de drogue du XXe siècle ne peuvent rivaliser, en termes d’étendue et de criminalité, avec l’Angleterre du début du XIXe siècle. La compagnie East India, chargé d’importer de l’opium en Inde, fit envoyer des cargaisons de plusieurs tonnes vers Canton (aujourd’hui Guangzhau) afin de les échanger contre des produits et du thé Chinois. En conséquence de ce nouveau commerce naquit une nation de toxicomanes, dans laquelle les opiumeries commencèrent à proliférer dès le début du XIXe siècle. Le commerce d’opium fut déclaré une activité criminelle dès 1836, mais les marchands Britanniques parvinrent à payer des pots-de-vin aux fonctionnaires de Canton afin qu’ils ferment les yeux sur leurs activités commerciales. L’histoire de la Chine du début du XIXe siècle est l’histoire d’une tragédie humaine.’

 

Vous pouvez si vous le voulez accuser le gouvernement Chinois d’avoir déclenché la guerre de l’opium. Afin de faire respecter l’interdiction du commerce de l’opium (ainsi que sa souveraineté), la Chine dépêcha une flotte de jonques intercepter une cargaison d’opium Britannique à Canton en novembre 1839. Bien que les jonques n’aient pu résister au feu Britannique, la reine d’Angleterre, indignée, envoya sur place la Royal Navy afin d’obtenir vengeance. Deux années durant, la Royal Navy s’en prit à la flotte Chinoise, avant de finalement l’emporter. (Les Chinois, semble-t-il, n’avaient pas adopté la pensée de Klausewitz selon laquelle la guerre n’est autre qu’une extension de la politique. Ils croyaient naïvement que la raison et la technologie pouvaient l’emporter sur tout le reste).

 

Humiliée par cette défaite, la Chine signa d’abord le Traité de Nankin en 1842, suivi un an plus tard du Traité du Bogue. Ces deux traités stipulaient que les ports de Guangzhou, Jinmen, Fuzhou, Ningbo, et Shanghai devaient être ouverts au commerce Britannique de l'opium et à la résidence des marchands Britanniques. Hong Kong fut également cédée aux Anglais. Flairant une bonne affaire, la France, la Russie et les Etats-Unis forcèrent la Chine à signer des traités similaires. C’est ainsi que l’Occident subdivisa l’Empire du Milieu.

 

Le Traité de Nankin, sorte de prototype du traité de Versailles, exigeait également le scalp de Lin Tse-hsü, commissaire impérial de Canton à l’origine de la campagne anti-opium de la Chine. Le pauvre homme fut déshonoré et s’effondra sur son épée. Que Margaret Thatcher ait rendu Hong Kong à la Chine quelques 150 années plus tard n’avait rien à voir avec un acte de reddition. Il s’agissait simplement de rendre à la Chine ce qui lui avait été volé, une décision dont on ne faisait à l’époque que très rarement l’expérience.

 

Il fallut environ un siècle à la Chine pour se sortir de sa stupeur née du commerce de l’opium, avant de subir entre 1930 et 1940 les abominables attaques Japonaises, puis la sauvagerie des révolutions culturelles de Mao Zedong, qui contribuèrent à l’élimination de l’élite culturelle et intellectuelle Chinoise.

 

Et nous voici aujourd’hui, 31 ans seulement après la mort de Mao, confrontés à une nouvelle Chine prospère et vigoureuse enseignant une fois de plus à l’Occident, comme elle l’a déjà fait durant plus de deux millénaires, les règles du jeu du commerce. Une fois encore, il semblerait que nous soyons incapables de retenir la leçon. Il y a quelques semaines, à Vancouver, Anthony Fell, ancien président de la Banque du Canada et actuel président de RBC Securities, fit la déclaration suivante au sujet des déséquilibres commerciaux entre l’Occident - et tout particulièrement les Etats-Unis - et la Chine :

 

‘Le déficit commercial annuel des Etats-Unis, s’élevant aujourd’hui à plus de 750 milliards de dollars – soit 6,3% du PIB – soulève d’importantes inquiétudes. Il n’est pas prudent pour les Etats-Unis que de dépendre des acheteurs d’obligations étrangers pour financer sa consommation nationale. Les pays Asiatiques produisent des marchandises à bas prix qui sont envoyées par bateau vers les Etats-Unis et échangés contre des dollars grâce auxquels les Chinois rachètent des obligations Américaines.

 

On pourrait dire qu’il s’agit là d’un système Ponzi de très grande échelle. Je ne pense pas qu’un tel système puisse être viable. Les banques centrales Asiatiques ne voudront jamais accumuler des dollars Américains aux taux actuels. Les cercles vertueux desquels tout le monde semble sortir gagnant ne se terminent généralement pas très bien.

 

La fin de l’histoire pourrait s’avérer malheureuse pour certains, mais pas nécessairement pour tout le monde. A la suite de la défaite de la Chine après la guerre de l’opium, le responsable Chinois Wei Yuan fit publier en 1850 un article dans le journal Illustrated Gazatteer of Maritime Countries, déclarant, pour citer une nouvelle fois Richard Hooker, ‘que les Européens ont, dans leur quête de pouvoir, de profit et de biens matériels, développé des technologies et des méthodes de combat toujours plus barbares. La civilisation Chinoise était en danger de tomber entre les mains des puissances Occidentales et de leur supériorité technologique. Selon Wei, la Chine est une nation pacifique et civilisée qui serait capable de renverser l’Ouest si tant est qu’elle apprenait ses technologies et ses techniques’.

 

Depuis mon premier voyage en Chine, des astronautes ont été envoyés dans l’espace et le pays a propulsé l’un de ces propres satellites dans le ciel.

 

Voici un commentaire que l’on entend souvent dans la bouche des gens qui reviennent de leur premier voyage en Chine : ‘vous feriez mieux d’apprendre à vos enfants à parler Chinois et à faire la lessive’. Je pense cependant qu’il existe une alternative à cela. Cette alternative, c’est d’apprendre la langue de l’argent métal, de l’ancienne monnaie renaissant aujourd’hui en Chine. Mieux encore, investissez sur une société minière produisant de l’argent, qu’elle se trouve en Chine ou ailleurs.

 

Voici donc la leçon que j’ai pu apprendre lors de mon errance sur les rues pavées de la route de l’Argent à Lijang. Si vous produisez de l’argent métal, alors vous ne produisez rien de moins que de l’argent réel. Et lorsque vous êtes en possession d’argent réel, c’est-à-dire d’argent métal, alors vous avez compris l’intégralité de la philosophie Chinoise que vous aurez jamais besoin d’apprendre. Merci de m’avoir lu et bon voyage sur la route de l’Argent.

 

 

 

Par  : David Bond

Editeur : The Silver Valley Mining Journal

Silverminers.com

 

 

 

 

 

 

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David Bond est journaliste minier et suit les sociétés aurifères et argentifères pour de nombreuses publications depuis Wallace, dans l'Idaho, au cœur de la Silver Valley.
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voici deux titres a la bourse du canada a surveiller
ws-t
bbb-v

ws-t est une miniere d,argent au étas -unie qui prévoit produire bientot c'est la derniere miniere qui possede d'extraordinaire reserve d'argent situé en terre américaine ce titre prévoit produire 15 millions d'once d'argent et ce titre n'a que 133 million d'action en circulation donc pour ceux qui croient encore au marché boursier sa pourait etre une occasion de faire beaucoup de profit mais si il y a une crise de liquidité peut etre elle ne pourra pas produire sinon si l'argent monte a des sommets , ils trouveront du financement tres facillement

bbb-v est une miniere junior canadienne avec 61 millions d'actions en circulation et avec des résultat de forage extraordinaire d'argent de soit 106 g d'argent sur une profondeur de 310 metres se titres minier est au canada l'endroit le plus sure et le plus facile pour une miniere d'entrer en production avec la disponnibilité de l'énergie électrique a bon marcher
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Une mine de silver en Chine : Silvercorp Métal , code mnémonique SVM.
une Pépite .
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Les européens sont des monstres, ils ont détruit et colonisé les amériques, réduit l'afrique à l'esclavage, et drogué la chine.... décidément, si le diable existait, il aurait créé l'europe.

Plus sérieusement, je trouve qu'il y a beaucoup d'auto-flagellation dans le monde "occidental", on cherche à se faire culpabiliser pour tous les malheurs du monde.

Si la chine était tellement forte, pourquoi n'était-elle pas capable de résister à l'opium anglais ? Tout simplement parce qu'en s'enrichissant, la chine s'est surtout engraissée et sclérosée, ne voyant plus l'intérêt d'évoluer.

Aujourd'hui la chine envoie des gens dans l'espace, bravo, il n'en reste pas moins que sur la terre, les villes chinoises étouffent sous le smog et s'enfoncent sous le poids de leurs immeubles construits trop vite, tandis que 25% de l'eau douce chinoise est impropre à la consommation (et 15% tellement polluée qu'elle ne sert absolument à rien).
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on dit aussi que les villes chinoises nouvellement construite sont désertes car la classe moyenne est trop faible et personne n'a les moyens de les habiter on dit aussi que la chine est une grosse baloune prete a petter
il y a un paradox avec la chine ccar la chine s'enrichie grace au cheap laber mais la classe moyenne ne peux pas dépenser car trop pauvre
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crosseur - 12/31/2012 at 8:16 PM GMT
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