Rousseau et la condamnation du luxe

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From the Archives : Originally published January 16th, 2012
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2012 fut l’année du tricentenaire de la naissance de Rousseau. Il faut  se rappeler que Rousseau fut l’inspirateur d’une philosophie sociale qui imprègne encore nos mentalités et notre culture politique. Ainsi, l’inquiétude née face aux progrès technoscientifiques et à leurs possibles dérives, ou face à la progression des inégalités sociales, tend à nous faire penser que le luxe serait dangereux, voire immoral. Il n’est pas rare d’entendre tel homme politique réclamer à haute voix une régulation des richesses et une condamnation du luxe. Si la rhétorique anti-luxe est politiquement « payante », à droite comme à gauche, c’est bien parce que Jean-Jacques Rousseau lui a donné ses lettres de noblesse.


Voltaire et Rousseau étaient tous les deux partisans d’un régime républicain. Leurs idées ont eu une influence durable sur la Révolution française et sur la vie politique des siècles suivants. Pourtant ils n’ont cessé de se combattre et de se haïr, notamment à propos du luxe.


Pour Rousseau, le luxe, les sciences, les arts et le commerce, promus par les philosophes détruisent la vertu du citoyen


La thèse de Rousseau dans le Discours sur les sciences et les arts (1750) est que la corruption des mœurs accompagne toujours le développement des sciences et des arts. Autrement dit, le luxe nourrit les inégalités et détourne les hommes de leur devoir. Il écrit : « on a de tout avec de l’argent, hormis des mœurs et des citoyens ». Le luxe prend racine dans une société lorsque les citoyens donnent libre cours à leurs désirs individuels de confort et de richesses. Ces désirs créent des inégalités entre les citoyens en plus d’affaiblir leur dévouement au bien commun.


Dès le début de son Discours, Rousseau souligne que « le luxe est diamétralement opposé aux bonnes mœurs ». Il produit « la corruption du goût », le déclin du « vrai courage » et « des vertus militaires ». Les hommes sont devenus « mous et efféminés ». Il écrit : « Nos âmes se sont corrompues à mesure que nos sciences et nos arts se sont avancés à la perfection ». Et encore : « Les anciens politiques parlaient sans cesse de mœurs et de vertu ; les nôtres ne parlent que de commerce et d'argent. »


Ainsi les Romains de l’âge impérial ont abandonné la grandeur militaire et la liberté de l’époque républicaine au profit des « funestes arts » (Discours sur les sciences et les arts, 17). Le luxe ouvre donc la voie au despotisme et à l’esclavage en détruisant la vertu civique.


La vertu civique serait le socle d’une bonne société


Au contraire, selon Rousseau, la vertu qui fonde l’égalité entre les hommes serait le moyen d’arriver au bonheur, c’est-à-dire à un peuple souverain. Être vertueux, c’est sacrifier son intérêt particulier à l’intérêt général, c’est se dévouer « pour la patrie, pour les malheureux et pour ses amis ».


Quelles limites faudrait-il alors fixer au luxe ? La réponse de Rousseau est que « tout est source de mal au-delà du nécessaire physique. La nature ne nous donne que trop de besoins ; et c'est au moins une très haute imprudence de les multiplier sans nécessité, et de mettre ainsi son âme dans une plus grande dépendance ». Par conséquent, selon lui : « l'une des fonctions les plus importantes du gouvernement est de prévenir l'extrême inégalité des fortunes. » Les impôts doivent être conçus de manière à construire une société juste à travers l'éradication de la consommation superflue.


Perspectives critiques


Rousseau est un partisan déclaré de la société administrée et gouvernée par des « sages » législateurs, qui seraient des hommes « supérieurs ». L'idée que la société peut être façonnée, pétrie suivant un modèle idéal, n'a pas, à l’époque moderne, d’avocat plus déterminé que lui (et Robespierre à sa suite). L’une des thèses fondamentales du Premier Discours est qu’il faut laisser la pratique des sciences et des arts à ces hommes « supérieurs » qui savent bien les utiliser, c’est-à-dire aux « sages ». Les autres, les hommes ordinaires, devraient s’en éloigner et rechercher la vertu.


Il y a aussi chez lui une erreur économique fondamentale que Mises a appelé le « sophisme de Montaigne » (Human Action). A propos du commerce, Michel de Montaigne a soutenu dans ses Essais qu’« il ne se fait aucun profit qu’au dommage d’autrui » (Montaigne, Essais, I, 22). Or Rousseau écrit : « le luxe peut être nécessaire pour donner du pain aux pauvres : mais, s'il n'y avait point de luxe, il n'y aurait point de pauvres. » Et il ajoute « le luxe nourrit cent pauvres dans nos villes, et en fait périr cent mille dans nos campagnes » (Dernière réponse, Œuvres Complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, tome 3, page 79, note de bas de page). Autrement dit, le commerce serait un jeu à somme nulle où les gains des uns impliqueraient les pertes des autres. Rousseau hérite de la vision mercantiliste de l’échange, celle de Montaigne précisément, comme une guerre qui produirait des gagnants et des perdants.


A suivre… (Voltaire)


 

 

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Damien Theillier est professeur de philosophie en terminale et en classes préparatoires à Paris. Il est l’auteur de Culture générale (Editions Pearson, 2009), d'un cours de philosophie en ligne (http://cours-de-philosophie.fr), il préside l’Institut Coppet (www.institutcoppet.org).
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Gérard Depardieu est un incompris.
Selon moi, cela veut dire qu'un coupe frite qui se déglingue à la première patate est inhumain.
"Le luxe, c'est humain" Gérard Depardieu
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Le commerce n'est qu'une forme particulière de l'échange, dont la forme basique est le troc, universellement pratiqué de tout temps. Dans ce type d'échange, il n'y a ni gagnant, ni perdant (valeur contre valeur) si les protagonistes appartiennent à des civilisations de même niveau. Mais, dans le cas contraire, il peut y avoir un perdant et un gagnant : le colon américain qui échange des fusils contre des peaux de bisons place l'Indien en état de dépendance (pour ses munitions).
L'intervention du commerçant change la nature de cet échange : cet intermédiaire voulant vivre, voire s'enrichir, de son activité va chercher à acquérir les biens au plus bas prix possible et les revendre au plus haut. Son intérêt est donc 1°/ d'avoir des individus isolés comme interlocuteurs; 2°/ d'obtenir une situation de multiplicité des producteurs ainsi que d'acheteurs; 3°/ de jouer les individus les uns contre les autres afin de dévaloriser l'offre et valoriser la demande; 4°/ de mettre en œuvre tous les artifices possibles favorisant les comportements de consommation. Cet intérêt exige donc l'affaiblissement -voire la disparition- des structures naturelles de solidarité ainsi que la liberté de l'action publicitaire afin d'exacerber les désirs de consommation.
L'activité commerciale prive quoiqu'il en soit le producteur et le consommateur d'une fraction de la valeur des biens. Si le même objet -tenu pour immuable- est sujet à des aller-retours par l'intermédiaire du commerçant, ce sera de manière asymétrique puisque ce dernier prendra sa marge pour son intervention. Il y a donc bien, financièrement parlant, deux perdants et un gagnant. C'est sans doute ce que signifie le propos de Michel de Montaigne que Von Mises qualifia de 'sophisme'. A tort, me semble-t-il.
André Gortz a bien montré comment lentrepreneur du 18ème avait réussi (difficilement) à convaincre les exilés de la paysannerie à travailler plus pour gagner plus, c'est-à-dire à échanger du temps de sociabilité (être avec les siens) contre du temps de labeur. Cet échange fondamental est la source de la mutation future citoyen-consommateur : qui est assigné à produire et consommer ne peut que porter un intérêt superficiel à la res-publica. Voter en état de dépendance vis-à-vis des médias dominants (dont la fonction de tout temps est de protéger les intérêts de l'oligarchie au pouvoir), ce n'est pas être un citoyen. Dans nos sociétés mercantiles, la citoyenneté passe nécessairement par la participation à des organisations (telles les associations) qui, seules, peuvent disposer des moyens visant à contrôler les actes des élus, lesquels, sans ces contre-pouvoirs, peuvent se croire dotés d'une carte blanche. Hors cette sorte de militantisme thématique, toute activité politique (tel le vote) ne peut être qu'illusoire.
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Absolu tissu de galimatias.

Ainsi, "le commerce est une forme particulière de l'échange, dont la forme basique est le troc" Mmm ? Cela sonne bien, mais qu'est ce que cela veut dire ?

Commercer c'est échanger, que l'échange soit fait bien contre bien ou par l'intermédiaire d'un bien tiers que l'on appelle une monnaie. Et même là quand vous vendez quelquechose vous achetez de l'argent, tout comme quand vous achetez quequechose vous vendez de l'argent.

Je continue. Selon vous, le commerce se fait valeur contre valeur ? Il y a un siècle et demi que cette erreur a été démontrée, relisez les marginalistes. L'échange n'existe que parce qu'il est mutuellement bénéficiaire, et donc qu'il crée de la valeur pour les deux partenaires. Autrement il n'y a aucune raison d'échanger.

Et si l'échange n'était pas créateur de valeur, comment pourriez vous expliquer la formidable richesse qui s'est créee depuis qu'on a laissé, voici deux siècles, les infividus librement commercer ?

Il n'y a pas de création de richesse possible dans votre système, et aucune compréhension des mécanismes humains de l'échange.

J'imagine que pour vous, comme l'échange n'est pas créateur de valeur mais simplement la prédation d'un dominant sur un dominé, il faut administrativement tout régler : les prix, la production, les conditions de l'échange, etc. On a vu ce que cela a donné

Ces idées sont d'un autre temps, heureusement révolu. Et pour votre gouverne je vous garantis qu'un individu déterminé fera bien plus qu'une association dont la motivation est égale à la moyenne plus un de la motivation de ses militants.
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Vous ne semblez pas vous être aperçu que toute la première partie de mon commentaire concerne non pas le commerce, mais le troc (mais il apparaît que vous ignoriez le sens de ces termes). Dans le troc, l'échange est bénéfique aux deux parties sans créer de valeur. Par définition, un échange est la substitution d'un bien à un autre de valeur estimée équivalente. La richesse provient de la conjonction de l'accumulation des biens et de l'accroissement du labeur (en productivité et en durée). La prédation d'un dominant sur un dominé s'appelle le pillage, la razzia, le vol, la rançon, la gabelle, la taxe... mais pas l'échange. Pour votre gouverne, sachez que les associations ne manquent pas d'individus déterminés et que l'existence des lobbies n'est pas une légende urbaine.
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Merci de la courtoisie de votre réponse.

J'avais bien lu la première partie de mon commentaire, je l'avais au contraire commenté en mentionnant que la seule différence entre l'un et l'autre était l'utilisation d'un bien tiers, la monnaie, comme moyen de paiement. Sinon troquer, echanger, faire du commerce sont des termes parfaitement identiques en termes d'opération.

Il n'y a pas de difference entre troquer un bien contre un billet ou echanger un bien contre un autre.

Cela dit, ma réponse concerne la réfutation de votre affirmatio que "l'échange est la sustitution d'un bien contre un autre de valeur estimée équivalente".

Je vous répète fermement que c'est l'erreur dans laquelle se sont enfermés les économistes classiques et néoclassiques, erreur qui a été rectifiée avec l'approche marginale.

Quelques petites lignes sur le sujet :
http://www.wikiberal.org/wiki/Marginalisme

Un échange n'est pas fait à valeur équivalente, parce qu'il n'a aucun intéret pour aucune dse parties. Pour que je puisse faire un échange il faut que j'y gagne quelquechose, et c'est précisément la raison pour laquelle l'échange est possible.

La beauté de l'approche marginaliste est d'avoir compris que la valeur est subjective et marginale, c'est à dire qu'elle est différente pour chacun d'entre nous, et qu'elle peut changer à chaque instant.

Cela résoud les paradoxes dans lesquels les classiques sont tombés en essayant d'objectiviser la valeur. Erreur qui a permis la monstrueuse création du marxisme, entre nous soit dit, qui a attribué la valeur au travail dans sa tentative de la quantifier.
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Quand une langue propose des termes comme 'troc,échange,commerce' qui font référence à un objet commun (le passage d'un bien d'une personne à une autre), c'est que leur sens diffère, désignant des phénomènes qui ne sont pas identiques. J'ai fait ci-dessus une description succincte de ces différences. Dans le troc (échange de bien contre bien, le bénéfice de chacun réside dans le comblement d'une carence ou insuffisance : des plantes médicinales cueillies en forêt contre de la farine de blé, absent de mon biotope (chez les Pygmées). La valeur est entièrement contenue dans les biens eux-mêmes, l'échange se faisant sans frais. Ce n'est pas parce que les protagonistes gagnent à échanger que l'échange crée de la valeur. Il y a là deux problématiques. Du commerce, on peut toujours dire qu'il agit comme un amplificateur : il incite les protagonistes à consommer et produire plus de bien (faire croître le flux de valeurs)
La querelle entre valeur objective (la quantité de travail) et marginale (l'utilité de l'unité supplémentaire) est hors propos et vaine. Ne voyez vous pas que la première, dominante jusqu'à la fin du XIXe siècle, représente l'approche du producteur, la seconde, celle (subjective) du consommateur? Que le premier se trouvait dans une situation générale de restriction/pénurie de la production, le second dans l'abondance naissante suite à l'industrialisation des processus? Que, bien évidemment, l'échange se situe à l'intersection des deux approches? Que, par conséquent, la valeur, c'est-à-dire le niveau auquel se fait l'échange, est fonction des deux approches suivant un mixte qui dépendra du contexte?
Quant au billet, simple bout de papier peint coupé de toute réalité physique, sa valeur d'intermédiaire ne tient qu'avec la confiance placée dans son émetteur. Cet artifice se trouve dénué de toute valeur lorsque, comme cela est déjà arrivé maintes fois, cette foi se perd. Et que font les gens, sinon se ruer vers les 'valeurs tangibles', c'est-à-dire les biens physiques qui, eux sont les (vrai) réceptacles de valeur?
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Allez, ce fut un plaisir.

Mais toutefois, sans l'homme les biens n'ont aucune valeur.

En conséquence, " La valeur est entièrement contenue dans les biens eux-mêmes" ne fait pas sens.

Nous arrivons aux mêmes conclusions, c'est déjà cela.
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Plaisir partagé.
Vous avez raison : la valeur économique et la beauté du monde partagent le même statut : ces deux formes de jugement sur les choses ne tiennent que par l'existence des hommes. Evidemment, la théorie dite de la valeur objective est faussement nommée : il s'agit tout de même largement de la subjectivité du producteur qui est à l’œuvre dans la valorisation de son labeur. Il ne faut pas s'étonner de ce que les économistes ne s'accordent jamais dans leurs prévisions, se trompent si régulièrement et, dans leur majorité, se révèlent incapables de prévoir les crises.
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Oui, oui. Mais c'est la même chose pour l'acheteur.

Pour le reste, je me suis laissé dire que les économistes avaient été inventés pour qu'il n'y ait pas que les météorologues qui passent pour des imbéciles.
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Si le luxe se définit comme le superflu (ce dont on dispose au delà de nos besoins fondamentaux) les masses 'occidentales' (ou occidentalisées) se trouvent effectivement en moyenne dans le luxe (surnutrition, suréquipement, surconsommations variées -dont les échappées touristiques-etc...). Ce qui se mesure également à la quantité de déchets produits (boosté par le triomphe du jetable). Le luxe est comme la victoire militaire : difficile à maîtriser, il induit systématiquement des comportements de démesure. Comment peut on espérer que le mot d'ordre de Guizot ("enrichissez-vous") ne résulte pas dans une corruption généralisée de la société (la situation de -presque- toutes les sociétés avancées) dans ces nations où la dissolution du lien social a exacerbé l'individualisme? L'arrogance de l'homme se prenant pour le propriétaire de la Terre ne serait-elle tenue en laisse que par l'état de pauvreté qui le laisse en situation d'échec par rapport à ses désirs et ce monde qui, quoiqu'il en soit, n'est pas à sa dimension?
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Je comprends mais je préfère quand même l'individualisme prospère au lien social obligatoire de la misère, et l'eau chaude et les dentelles aux guenilles et aux toilettes au fond du jardin.
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@Gretel
Bien sûr que, lorsque cela est possible, la quasi totalité des hommes fait le choix de la maximalisation du confort -fondé cependant sur l'abondance énergétique-(l’irrésistible attractivité de la modernité repose sur ce désir puissant). Les rares qui ne le font pas sont nécessairement des ascètes (posant une limite à ce désir); ils vivent pour une autre idée de la vie que le "bien-être" matériel. Ceci dit, il ne faut pas confondre la pauvreté avec la misère. Un auteur (je crois qu'il s'agit de Pierre Rahbi) soutient que la modernité chasse la pauvreté pour, à côté de l’extrême richesse, créer de la misère (une évolution que l'on voit sous nos yeux s'approfondir). La pauvreté étant l'état naturel de l'homme, la modernité est bien ce mouvement prométhéen (et faustien) d'opposition à la nature. Là où elle mènera sera le destin de l'être humain, situé au-delà du désir et de la volonté; peut-être pas de l'intelligence. Le destin reste ce à quoi on n'échappe pas (voir Œdipe).
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Merci.

Je ne suis pas d'accord avec votre premisce, 'la pauvreté étant l'état naturel de l'homme". Le dénuement est le propre de l'homme, il nait effectivement nu, faible et fragile, mais riche de tant de choses, de potentiel et d'espoirs !

On ne peut pas réduire l'homme à sa dimension matérielle, que faites vous de la distinction entre le corps, l'esprit et l'âme ? L'opposition à la nature, pour autant puisse être possible n'a lieu que dans la partie matérielle de l'humanité.

Cela dit, je vous le concède et d'après mon expérience, beaucoup d'hommes ne sont que de pauvres hères, les misérables.
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Mon propos se cantonnait à l'état technico-économique de l'homme : la pauvreté est cette situation dans laquelle l'homme possède ce dont il a besoin pour assurer légèrement plus que sa survie quotidienne (abri, outils, nourriture, vêtements, cosmétiques et amulettes...). Chasseur-cueilleur ou éleveur transhumant, il se trouvait dans l'incapacité d'accumuler les biens. Cela définit l'état naturel de l'homme. Sa croyance éventuelle aux esprit, aux âmes n'y change rien (les comportements induits -cérémonies, sacrifices- interviennent marginalement dans cette économie). L'état de pauvreté pouvait même être maintenu dans des tribus sédentarisées par des mécanismes sociaux interdisant l'accumulation de richesses collectives (tel le potlatch) ou imposant à l'individu enrichi la redistribution de l’excédent.
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Vous êtes donc un ardent défenseur de la Corée du Nord ?
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"donc" me paraît de trop : traitant des hommes du paléolithique et début du néolithique, je me demande que vient faire la Corée du Nord dans ce tableau. Traiter de thèmes comme l'économie, l'échange, la valeur, etc... oblige à prendre en considération ce qu'ils pouvaient signifier pour l'humanité archaïque afin d'atteindre une vision générique (à valeur anthropologique) et non pas rétrécie à la modernité (à valeur restreinte). La seule chose qui m'intéresse -et que je pourrais défendre ardemment- est la compréhension du monde dans lequel je vis.
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C'est le propre de toute démarche scientifique. Bravo
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Alors la démarche scientifique, dans ce cas, ne fait que recouvrir de mots ce qu'elle ne peut comprendre pour le rendre supportable ! L'économie est une science par abus de langage et de procédés. Sinon nous n'aurions pas cette crise !
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Il n'est pas possible de vous laisser dire cela.

L'économie est une science exacte, c'est meme une science dure au sens que les mêmes causes produisent les memes effets.

La différence avec la physique, par exemple, c'est que vous ne maitrisez pas le temps, parce qu'il dépend des décisions de tous les intervenants, qui elles sont imprévisibles.

Il existe une seconde différence. En physique, personne ne s'aventurerait à exprimer une opinion absurde, parce que son auteur se ridiculiserait immédiatement.

Il n'en est pas de même en économie, particulièrement depuis que l'Etat a pris un role préponderant dans son fonctionnement. Chacun y va de son commentaire, et personne ne se couvre jamais de ridicule, précisément parce que tout le monde a son idée de comptoir.

Et comme en économie les bonnes décisions sont celles qui sont à l'opposé de ce que demande le politique, il n'y a pas la moindre chance que les principes d'économie soient appliqués dans la réalité.

C'est la raison pour laquelle cette science est discréditée dans le public, parce que son message est inaudible dans ce foutoir général.

Mais je vous rassure, c'est une science exacte.

Qu'il faut reprendre à zéro dans l'enseignement.

Leçon 1 : Le fondement de l'économie est l'action humaine
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Désolé de vous contredire, mais l'économie ne constitue ni une science dure ni exacte. Le mot science est piégé depuis le scientisme du XIXe qui a capté la légitimité des idées. On trouve même des 'comités scientifiques' où ne siège aucun titulaire de la filière scientifique. Même l'idéologue cherchant à placer sa camelote recherche une caution scientifique. Bref, pas de sérieux (parce que pas de vrai estampillé) hors la Science. Prenez une bille et lâchez la : je peux vous dire exactement où elle se trouvera deux secondes et demi plus tard. Connaissez vous un seul économiste capable de prédire systématiquement quel sera l'état d'une économie à un an de distance? Pour qu'une science soit exacte et dure, il faut que son objet soit homogène et que les facteurs actifs soient peu nombreux. Or, les êtres vivants exhibent, y compris à l'intérieur de leur propre famille, une homogénéité qui se réduit au cours de l'évolution du règne animal. Ainsi, il n'y a rien de plus hétérogène que les comportements humains. Par ailleurs, ils mettent en œuvre une rétro-activité par laquelle l'individu peut modifier les facteurs de causalité qui déterminent son comportement. D'où l'impossibilité de l'économie à se constituer en science dure. Tout au plus est-elle capable de produire des connaissances statistiques aux marges (et d'une utilité parfois discutable).
"En physique, personne ne s'aventurerait à exprimer une opinion absurde, parce que son auteur se ridiculiserait immédiatement" écrivez-vous. Pourtant, lorsque des scientifiques sont venus expliquer sur les plateaux de la TV US que, suite aux terribles incendies, les poutres d'acier des tours du WTC ont fondu, leurs stupidités furent accueillies sans broncher. Idem lorsqu'un éminent professeur soutient que les parties sommitales des mêmes tours ont agit comme un piston (un marteau si vous préférez) en écrasant les parties inférieures (plus résistantes), l'individu n'est nullement ridiculisé et continue à être honoré. Et Lyssenko (biologiste soviétique) reste l'exemple phare du fait que si une science est utile à un système politique, celui-ci peut réussir à l'instrumentaliser à travers l'aveuglement ou la veulerie des scientifiques (qui ne sont, sauf rarissimes exceptions, ni des anges, ni des saints).
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Vous devez, heureusement pour vous, être assez jeune pour en être à votre première crise importante. Il est par ailleurs extrêmement difficile de se placer dans la situation de seulement quelques 60 ans en arrière, alors "l'humanité archaïque" même à valeur anthropologique me semble ne pouvoir être qu'une simple construction de l'esprit car entachée définitivement d'une impossibilité de compréhension, par construction.
Quand à "non pas rétrécie à la modernité - à valeur restreinte" ce me semble un pur charabia !
L'homme - et l'humanité - ne change pas mentalement. Simplement elle s'adapte, et si possible, elle adapte son milieu : c'est la définition de l'intelligence.
J'ai connu des périodes extrêmement différentes de celle d'aujourd'hui et des conditions de vie très peu différentes de celle de l'humanité archaïque et je peux vous affirmer que la capacité d'adaptation humaine est bien au-delà des soubresauts que nous vivons actuellement, ceci dans un luxe à peu près insoutenable, toutes proportions gardées.
Mais cela il ne peut que vous être très difficile de même l'imaginer.
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Rousseau faisait partie de cette catégorie d'hommes qui affirment "faites ce que je dis" et ne le font pas eux-même. Ses propres enfants ont bien connu la pauvreté !
C'est exactement ce qu'il ne faut pas être et, pour l'avoir bien étudié, je n'en ai que du mépris. Il aurait été un excellent copain pour F. Mitterrand.
J.J. R est plutôt l'ancêtre/modèle de Staline, Mao et Eva Joly !
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Le luxe, ce n’est pas le contraire de la pauvreté mais celui de la vulgarité.

Coco Chanel
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Et elle savait ce qu'était la pauvreté pour être née dedans !
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Rousseau n'a pas à s'en faire alors.

Les masses n'y accèderont jamais
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Gérard Depardieu est un incompris. Selon moi, cela veut dire qu'un coupe frite qui se déglingue à la première patate est inhumain. Read more
Pierre70 - 1/18/2013 at 1:36 PM GMT
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