L’architecte de l’euro passe aux aveux. Pierre Bourdieu (Septembre 1997)

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Published : January 13th, 2017
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Pierre Bourdieu:  » La politique qui vise à garder la confiance des marchés perd la confiance du peuple« 

Avant-propos: Voici une analyse  de 1997 qui n’a pas pris une ride. Une vérité atemporelle portée par un homme, visionnaire et lucide, doté d’une plume acérée. Du grand art! LHK

 Un entretien dévoile un univers. Lorsque la presse répercute la parole des «décideurs», dont chaque confidence peut faire vaciller les monnaies, on ne prête pas toujours attention à l’énorme somme de non-dits et de presque-suggérés que leurs propos véhiculent. Armés de leur «indépendance» conquise sur le pouvoir politique, les gouverneurs des banques centrales disposent désormais du pouvoir de changer le cours des nations. Quelle est leur vision du monde social? Et, par exemple, quelle est celle de M. Hans Tietmeyer, grand architecte de l’euro?

Ayant lu dans l’avion (1) un entretien du président de la Banque fédérale d’Allemagne (2), M. Hans Tietmeyer, présenté comme le «grand prêtre du deutschemark» — ni plus ni moins —, je voudrais me livrer à cette sorte d’analyse herméneutique qui convient aux textes sacrés : «L’enjeu aujourd’hui, c’est de créer les conditions favorables à une croissance durable et à le mot-clé — la confiance des investisseurs. Il faut donc contrôler les budgets publics.»

C’est-à-dire — il sera plus explicite dans les phrases suivantes — enterrer le plus vite possible l’Etat social et, entre autres choses, ses politiques sociales et culturelles dispendieuses, pour rassurer les investisseurs qui aimeraient mieux se charger eux-mêmes de leurs investissements culturels. Je suis sûr qu’ils aiment tous la musique romantique et la peinture impressionniste, et je suis persuadé, sans rien savoir sur le président de la Banque fédérale d’Allemagne, que, à ses heures perdues, comme le directeur de la Banque de France, M. Jean-Claude Trichet, il lit de la poésie et pratique le mécénat.

«Il faut donc, dit-il, contrôler les budgets publics, baisser le niveau des taxes et impôts jusqu’à leur donner un niveau supportable à long terme.»

Entendez : baisser le niveau des taxes et impôts des investisseurs jusqu’à les rendre supportables à long terme par ces mêmes investisseurs, évitant ainsi de les encourager à porter ailleurs leurs investissements. Continuons la lecture : «Il faut (…) réformer le système de protection sociale.» C’est- à-dire, bis repetita, enterrer l’Etat providence et ses politiques de protection sociale, bien faites pour ruiner la confiance des investisseurs, susciter leur méfiance légitime, certains qu’ils sont en effet que leurs acquis économiques — on parle d’acquis sociaux, on peut bien parler d’acquis économiques —, c’est-à-dire leurs capitaux, ne sont pas compatibles avec les acquis sociaux des travailleurs, et que ces acquis économiques doivent évidemment être sauvegardés à tout prix, fût-ce en ruinant les maigres acquis économiques et sociaux de la grande majorité des citoyens de l’Europe à venir, ceux que l’on a beaucoup désignés en décembre 1995 comme des «nantis», des «privilégiés».

M. Hans Tietmeyer est convaincu que les acquis sociaux des investisseurs, autrement dit leurs acquis économiques, ne survivraient pas à une perpétuation du système de protection sociale. C’est ce système qu’il faut donc réformer d’urgence, parce que les acquis économiques des investisseurs ne sauraient attendre. Et M. Hans Tietmeyer, penseur de haute volée, qui s’inscrit dans la grande lignée de la philosophie idéaliste allemande, poursuit :

«Il faut donc contrôler les budgets publics, baisser le niveau des taxes et impôts jusqu’à leur donner un niveau supportable à long terme, réformer le système de protection sociale, démanteler les rigidités sur le marché du travail, de sorte qu’une — ce «de sorte» mériterait un long commentaire — nouvelle phase de croissance (…) ne sera atteinte à nouveau que si nous faisons un effort — le «nous faisons» est magnifique — de flexibilité sur le marché du travail.»

Une menace proche du chantage

Ça y est. Les grands mots sont lâchés, et M. Hans Tietmeyer donne un magnifique exemple de la rhétorique euphémistique qui a cours sur les marchés financiers. L’euphémisme est indispensable pour susciter durablement la confiance des investisseurs — dont on aura compris qu’elle est l’alpha et l’omega de tout le système économique, le fondement et le but ultime, le telos, de l’Europe de l’avenir —, tout en évitant de susciter la défiance ou le désespoir des travailleurs, avec qui, malgré tout, il faut aussi compter, si l’on veut avoir cette nouvelle phase de croissance qu’on leur fait miroiter, pour obtenir d’eux l’effort indispensable. Parce que c’est d’eux que cet effort est attendu, même si M. Hans Tietmeyer, décidément passé maître en euphémismes, dit bien : «Démanteler les rigidités sur les marchés du travail, de sorte qu’une nouvelle phase de croissance ne sera atteinte à nouveau que si nous faisons un effort de flexibilité sur le marché du travail.» Splendide travail rhétorique, qui peut se traduire : Courage travailleurs! Tous ensemble faisons l’effort de flexibilité qui vous est demandé!

Au lieu de poser, imperturbable, une question sur la parité extérieure de l’euro, le journaliste aurait pu demander à M. Hans Tietmeyer le sens qu’il donne aux mots-clés de la langue des investisseurs : «rigidité sur le marché du travail» et «flexibilité sur le marché du travail». Les travailleurs, eux, entendraient immédiatement : travail de nuit, travail pendant les week-ends, horaires irréguliers, pression accrue, stress, etc.

On voit que «sur le marché du travail» fonctionne comme une sorte d’épithète homérique susceptible d’être accrochée à un certain nombre de mots, et l’on pourrait être tenté, pour mesurer la flexibilité du langage de M. Hans Tietmeyer, de parler par exemple de flexibilité ou de rigidité sur les marchés financiers. L’étrangeté de cet usage dans la langue de bois de M. Hans Tietmeyer permet de supposer qu’il ne saurait être question, dans son esprit, de «démanteler les rigidités sur les marchés financiers» ou de «faire un effort de flexibilité sur les marchés financiers». Ce qui autorise à penser que, contrairement à ce que peut laisser croire le «nous» du «si nous faisons un effort» de M. Hans Tietmeyer, c’est aux travailleurs et à eux seuls qu’est demandé cet effort de flexibilité, et que c’est encore à eux que s’adresse la menace, proche du chantage, qui est contenue dans la phrase : «De sorte qu’une nouvelle phase de croissance ne sera atteinte à nouveau que si nous faisons un effort de flexibilité sur le marché du travail.» En clair : lâchez aujourd’hui vos acquis sociaux, toujours pour éviter d’anéantir la confiance des investisseurs, au nom de la croissance que cela nous apportera demain. Une logique bien connue des travailleurs concernés, qui, pour caractériser la politique de participation que leur offrait en un autre temps le gaullisme, disaient : «Tu me donnes ta montre, et je te donne l’heure.»

Relisons une dernière fois les propos de M. Hans Tietmeyer :

«L’enjeu aujourd’hui, c’est de créer des conditions favorables à une croissance durable et à la confiance des investisseurs, il faut donc… — remarquez le «donc» …contrôler les budgets publics, baisser le niveau des taxes et impôts jusqu’à leur donner un niveau supportable à long terme, réformer les systèmes de protection sociale, démanteler les rigidités sur les marchés du travail, de sorte qu’une nouvelle phase de croissance ne sera atteinte à nouveau que si nous faisons un effort de flexibilité sur les marchés du travail.»

Si un texte aussi extraordinaire, aussi extraordinairement extraordinaire, était exposé à passer inaperçu et à connaître le destin des écrits quotidiens de quotidiens, qui s’envolent comme des feuilles mortes, c’est qu’il était parfaitement ajusté à l’«horizon d’attente» de la grande majorité des lecteurs de quotidiens que nous sommes. Or cet horizon est le produit d’un travail social. Si les mots du discours de M. Hans Tietmeyer passent si facilement, c’est qu’ils ont cours partout. Ils sont partout, dans toutes les bouches. Ils courent comme monnaie courante, on les accepte sans hésiter, comme on fait d’une monnaie, d’une monnaie stable et forte, évidemment, aussi stable et aussi digne de confiance, de croyance, que le deutschemark : «Croissance durable», «confiance des investisseurs», «budgets publics», «système de protection sociale», «rigidité», «marché du travail», «flexibilité», à quoi il faudrait ajouter, «globalisation», «flexibilisation», «baisse des taux» – sans préciser lesquels – «compétitivité», «productivité», etc.

Cette croyance universelle, qui ne va pas du tout de soi, comment s’est-elle répandue? Un certain nombre de sociologues, britanniques et français notamment, dans une série de livres et d’articles, ont reconstruit la filière selon laquelle ont été produits et transmis ces discours néolibéraux qui sont devenus une doxa, une évidence indiscutable et indiscutée. Par toute une série d’analyses des textes, des lieux de publication, des caractéristiques des auteurs de ces discours, des colloques dans lesquels ils se réunissaient pour les produire, etc., ils ont montré comment, en Grande-Bretagne et en France, un travail constant a été fait, associant des intellectuels, des journalistes, des hommes d’affaires, dans des revues qui se sont peu à peu imposées comme légitimes, pour établir comme allant de soi une vision néolibérale qui, pour l’essentiel, habille de rationalisations économiques les présupposés les plus classiques de la pensée conservatrice de tous les temps et de tous les pays.

La satisfaction que procure le fatalisme

Ce discours d’allure économique ne peut circuler au-delà du cercle de ses promoteurs qu’avec la collaboration d’une foule de gens, hommes politiques, journalistes, simples citoyens qui ont une teinture d’économie suffisante pour pouvoir participer à la circulation généralisée des mots mal étalonnés d’une vulgate économique. Un exemple de cette collaboration, ce sont les questions du journaliste qui va en quelque sorte au devant des attentes de M. Hans Tietmeyer : il est tellement imprégné par avance des réponses qu’il pourrait les produire. C’est à travers de telles complicités passives qu’est venue peu à peu à s`imposer une vision dite néolibérale, en fait conservatrice, reposant sur une foi d’un autre âge dans l’inévitabilité historique fondée sur le primat des forces productives. Et ce n’est peut-être pas par hasard si tant de gens de ma génération sont passés sans peine d’un fatalisme marxiste à un fatalisme néolibéral : dans les deux cas, l’économisme déresponsabilise et démobilise en annulant le politique et en imposant toute une série de fins indiscutées, la croissance maximum, l’impératif de compétitivité, l’impératif de productivité, et du même coup un idéal humain, que l’on pourrait appeler l’idéal FMI (Fonds monétaire international). On ne peut pas adopter la vision néolibérale sans accepter tout ce qui va de pair, l’art de vivre yuppie, le règne du calcul rationnel ou du cynisme, la course à l’argent instituée en modèle universel. Prendre pour maître à penser le président de la Banque fédérale d’Allemagne, c’est accepter une telle philosophie.

Ce qui peut surprendre, c’est que ce message fataliste se donne les allures d’un message de libération, par toute une série de jeux lexicaux autour de l’idée de liberté, de libéralisation, de dérégulation, etc., par toute une série d’euphémismes, ou de double jeux avec les mots — réforme par exemple —, qui vise à présenter une restauration comme une révolution, selon une logique qui est celle de toutes les révolutions conservatrices.

Si cette action symbolique a réussi au point de devenir une croyance universelle, c’est en partie à travers une manipulation systématique et organisée des moyens de communication.

Ce travail collectif tend à produire toute une série de mythologies, des «idées-forces» qui marchent et font marcher, parce qu’elles manipulent des croyances : c’est par exemple le mythe de la «globalisation» et de ses effets inévitables sur les économies nationales ou le mythe des «miracles» néolibéraux, américain ou anglais. A la mythologie selon laquelle les inégalités sociales et économiques se réduiraient aux Etats-Unis, on peut opposer le travail d’un sociologue, M. Loïc Wacquant, montrant que, aux Etats-Unis, l’«Etat charitable», fondé sur une conception moralisante de la pauvreté, tend à se dédoubler en un Etat social assurant les garanties minimales de sécurité aux classes moyennes et un Etat de plus en plus répressif pour contrecarrer les effets de la violence liée à la précarisation des conditions d’existence de la grande masse de la population, noire notamment. Ainsi l’Etat de Californie, un moment constitué par certains sociologues français en paradis de toutes les libérations, consacre désormais à ses prisons un budget largement plus élevé que celui de toutes les institutions d’enseignement supérieur réunies, qui sont pourtant parmi les plus prestigieuses du monde.

Autre exemple, la Grande-Bretagne, dont on nous dit tous les jours qu’elle a résolu le problème du chômage, a en fait multiplié les emplois précaires, et les travailleurs britanniques découvrent avec envie les acquis sociaux encore survivants en France. Cela, paradoxalement, au moment même où l’on dit aux Français à quel point les travailleurs d’outre-Manche sont heureux de leur malheur.

Peut-être assistons-nous à un phénomène d’involution de l’Etat qui s’est constitué historiquement par concentration successive de force physique (la police et l’armée), de capital culturel (le système métrique, etc.) et de capital symbolique. Un des effets de la philosophie néolibérale, qui n’est que le masque d’une vieille philosophie conservatrice, est de conduire à une régression de l’Etat vers l’Etat minimal tout à fait conforme à l’idéal des dominants, c’est-à-dire réduit aux forces de répression, comme en témoigne l’augmentation des dépenses pour la police.

Confiance des marchés ou confiance du peuple

Revenons pour finir au mot-clé du discours de M. Hans Tietmeyer, la «confiance des marchés». Il a le mérite de mettre en pleine lumière le choix historique devant lequel sont placés tous les pouvoirs : entre la confiance des marchés et la confiance du peuple, il faut choisir. La politique qui vise à garder la confiance des marchés perd la confiance du peuple.

Selon un sondage récent sur l’attitude à l’égard des hommes politiques, les deux tiers des personnes interrogées les considèrent comme incapables d’écouter et de prendre en compte ce que pensent les Français, reproche particulièrement fréquent chez les partisans du Front national (FN) — dont on déplore par ailleurs l’irrésistible ascension, sans songer un seul instant à faire le lien entre FN et FMI.

Il faut mettre la confiance des marchés financiers ou des investisseurs — qu’on entend sauver à tout prix — en relation avec la méfiance des citoyens. L’économie est, sauf quelques exceptions, une science abstraite fondée sur la coupure, absolument injustifiable, entre l’économique et le social qui définit l’économisme. Cette coupure est au principe de l’échec de toute politique qui ne reconnaît pas d’autre fin que la sauvegarde de l’«ordre et de la stabilité économiques», c’est-à-dire du deutschemark, ce nouvel absolu dont M. Hans Tietmeyer s’est fait le desservant…

Pierre Bourdieu, Sociologue, professeur au Collège de France.

Le Monde diplomatique

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les politiciens professionnels inventent des impôts pour que le commun des mortels n'ai rien à transmettre et qui se votent des exceptions pour ne pas être concernés.
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L'automne 2016 devait être de tous les spécialistes des métaux précieux le moment de l'effondrement. Et comme d'habitude, il n'en n'a rien été. Mais nous sommes habitués, cela fait des années d'annonces bidons de ce type.
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Il reconnaît qu'il a fait le con.
Quand on voit les dégâts que les théories de Bourdieu ont fait dans le domaine de l'éducation (nivellement par le bas pour éviter la reproduction des élites...), on peut se poser quelques questions sur ses compétences en matière économique. Ses théories fleuries à l'eau de rose sont aussi inconséquentes que contre productives. Le fait qu'il soit professeur au collège de France signifie qu'il a du travailler dur et compter ses sous. Vouloir pour les autres un monde sans travail et sans argent peut séduire les naïfs et les donneurs de leçons mais comme pour l'EN on ne fait qu'aggraver les situations qu'on prétendait résoudre. C'est pur jus, grand cru socialiste populiste...
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Toute notre histoire récente montre que sans fric, aucun Etat ne peut subsister hormis par la dictature et l'asservissement comme le fait Maduro actuellement au Venezuela, Castro durant 60 ans, ou Kim il Jung en Corée du Nord. Quel richissime fou irait placer son argent dans ces pays ?
Or, "pas d'argent ? pas de Suisses !" ! Vous pouvez avoir la plus géniale invention, un nouveau fil à couper le beurre "quantique", sans argent pour expérimenter, tester, fabriquer, votre idée reste lettre morte. Et les Etats , c'est pareil. Pour maintenir l'Ordre, assurer un minimum de revenus aux Fonctionnaires, entretenir l'existant, je ne parle même pas d'avancer, de progresser, il faut trouver de l'argent... Et où se trouve l'argent sinon dans la poche de ceux, majoritairement étrangers, qui en ont. Peu importe la source de ces capitaux, morale ou immorale ! L'argent n'a pas d'odeur quand il s'agit de survivre et de nourrir ses enfants. La prostitution était légale jusqu'à Marthe Richard et on "n'accablait pas une femme qui tombe".
Une fois que vous vous êtes fait élire sur "L'argent , le sale argent !" ou " mon ennemi, c'est la finance !" la réalité frappe à la porte; alors on parle de "régulation" pour calmer le peuple et on accepte l'argent du Quatar ou de la Drogue, en fermant les yeux. Combien de campagnes électorales françaises ont-elles été financées par la Plaine de la Bekaa épargnée durant les guerres du Liban ?
On le voit chez nous avec les ruptures d'approvisionnement en médicaments ! Comme on "tracasse" les fabricants mondiaux, comme on les insulte alors que eux, ils cherchent, investissent et trouvent( pas toujours mais cela on ne veut pas le voir), ils livrent en priorité ceux qui payent cash et disent: "merci". Et résultats? le diabétique, le cancéreux doivent attendre en utilisant une formule ancienne ou moins efficace.
Sans "capital", sans le sale "capital", nous serions encore au fond de la grotte en écoutant brailler les Dinozores, et Bourdieu ferait ses prêches, tout nu, même sans peau de bête pour masquer sa nudité, car le premier capital n'était-il pas le vêtement, la viande séchée et l'écuelle transmis de génération en génération, avec le minimum de droits de succession..
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excellent commentaire ( comme toujours, merci ! )... à mon sens, il n'y a même pas de réelle civilisation durable possible sans garantie de pouvoir accumuler, conserver en toute quiétude et faire prospérer son capital privé
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Comment imaginer l'amour sans possession ? Seuls les saints sont totalement détachés. Pour pouvoir offrir , il faut posséder avant !
Et même, l'achat d'une œuvre d'Art est (parfois inconsciemment) une spéculation, sinon autant acheter une copie. Posséder une œuvre, l'avoir à soi, l'avoir appréciée avant les autres, en un mot l'aimer, c'est "capitaliser", pouvoir transmettre.
Le seul désintéressé absolu, c'est le fakir sur sa planche à clou, et que serait-il si des jobards ne capitalisaient pas pour lui donner 4 sous ? Que transmettrait-il ?
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Le mot "amour" n'est qu'un générique à large spectre qui recouvre, à tout le moins l'ancienne trilogie grecque : Eros, Philos et Agapé.
Tout le monde connaît Eros et le comprend plus ou moins. Il ne concerne que la matière et à ce niveau, votre conception est pertinente. Dans l'Eros, l'ego est seul maître à bord (déguisé parfois) ou, à tout le moins, dominant.
Philos jouit déjà d'un meilleur partage entre ego et alter. Il concerne l'amitié sincère, notamment chez les vieux couples qui ont réussi leur parcours.
Agapé est également sujet à divers degrés mais en lui, l'altruisme domine toujours, voire terrasse l'égoïsme, chez lui, aimer c'est donner, s'offrir sans prudence ni calcul ni retenue aucune.
" Pendant les millénaires de l'histoire de la civilisation, bien des gens ont été pris par cet Amour qui dévore. Ils avaient tant à donner et le monde exigeait si peu, qu'ils furent obligés de chercher les déserts et les lieux isolés................l'Amour qui dévore fait perdre à tout, absolument tout, son importance. Ces hommes ne vivent que pour être consumés par leur Amour." (Paulo COELHO Le pèlerin de Compostelle)
" Lorsqu'un être humain est crucifié, lorsqu'il meurt à lui même, son coeur s'ouvre comme une fleur. Bien sûr l'on ne meurt pas, la mort n'existe pas. L'on ne fait qu'atteindre un nouveau niveau de vision, un nouveau royaume de la conscience, un nouveau monde inconnu." ( Henri Miller, La crucifixion en rose.)
Dans l'Amour ciblé quasi parfait, par exemple, (l'Amour Parfait, Christique, est universel) un homme serait ravi de voir sa Bien Aimée épanouie dans les bras d'un autre ! Mais voilà, nous en sommes encore bien loin .........
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@ Louis L.
Merci pour ce commentaire des plus pertinents.
Je suppose que les indiens aux flèches rouges n'en sont encore qu'à une compréhension primitive d’Éros.
Mais à mon avis cela ne vous empêche pas de dormir....
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L'esprit alerte et la plume affutée.
Excellant commentaire comme souvent.
Je ne comprends pas la flèche rouge.
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lemassonla - 1/17/2017 at 7:19 AM GMT
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