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L’auto-entrepreneur : la grande illusion

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Jean de Selzac
Published : April 16th, 2013
948 words - Reading time : 2 - 3 minutes
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Les gouvernements français successifs se gargarisent des chiffres de création d’entreprises. Au lieu de faire une loi démagogique sur la moralisation de la vie politique – une politique qui n’est qu’une source de maux pour notre économie -, il vaudrait mieux une loi de libération de l’entreprise.  Car si l’on peut se passer des hommes politiques, on ne peut pas faire l’économie des entrepreneurs. Or la France les a passés à la trappe, notamment avec le statut d’auto-entrepreneur.


L’auto-entrepreneur : l’expression en elle-même ne veut rien dire. Quant aux chiffres, ils laissent perplexe. Pas moins de 550 000 entreprises ont été créées en 2012 sous le régime de l’auto-entrepreneur, la moitié des créations d’entreprise en France. C’est impressionnant sur le papier, mais rien n’indique un quelconque dynamisme de l’économie française, encore moins une promotion de l’entrepreneuriat. En effet, les chiffres rappellent la dure réalité.


En 2012, la France comptait 834 000 personnes inscrites sous le statut d’auto-entrepreneurs. Sur ce total dit « administrativement actifs », c’est-à-dire non rayés des listes de l’Ursaff, seulement 49 % sont « économiquement actifs ». Autant dire que ce premier constat est peu rassurant sur la suite. Entrons dans le détail en décrivant les chiffres fournis par l’Acoss, la caisse nationale du réseau des Ursaff.


La réalité des affaires


Au quatrième trimestre 2012, ils sont 20 %, soit à peu près 167 550 auto-entrepreneurs, à réaliser un chiffre d’affaire trimestriel de 1500 euros, soit 500 euros par mois. Environ 19,7 %, 164 160 individus, réussissent à atteindre un chiffre d’affaire aux alentours de 3500 euros par trimestre, soit 1180 euros par mois. Ensuite les proportions chutent brutalement. Ils sont 6 %, soit 51 000 auto-entrepreneurs à pouvoir faire un chiffre d’affaire de 7 500 euros par trimestre, ce qui représente 2500 euros par mois. Ils ne sont plus que 3 %, environ 26 000 personnes, à tenir le haut du pavé auto-entrepreneurial en réalisant plus de 10 000 euros de chiffre d’affaires par trimestre, une moyenne de 3 300 euros par mois.


Désolé pour ces chiffres alignés comme une mauvaise liste à la Prévert, mais l’exercice était nécessaire pour bien se rendre compte de ce que les Français qui veulent tenter l’aventure de l’entrepreneuriat endurent. Car la réalité est, comme bien souvent en France, maquillée, arrangée, travestie. En effet, l’Acoss ne parle que de ce qui l’intéresse : le chiffre d’affaire, ce résultat dont l’administration saisira une partie sous prétexte de fournir une couverture sociale aux cotisants. Parlons plutôt de ce qui reste réellement après la ponction administrative, c’est-à-dire des bénéfices réels après cotisations. Là, l’histoire n’est plus la même.


Rappelons les données fournies par le régime social des indépendants (RSI) lui-même dans sa brochure sur l’entreprise. Un auto-entrepreneur qui s’installe comme artisan en 2012 et parviendrait à un chiffre d’affaire de 23 000 euros en 2013 devrait payer 9 997 euros de cotisations sociales RSI, soit 43,4 % de prélèvements. Il ne lui reste que 13 003 euros, soit 1083 euros par mois. En 2014, ce sera pire : les 14 693 euros de cotisations exigés par le RSI ne lui laisseront qu’à peine 700 euros par mois, soit  63,8 % prélevés. De quoi relativiser les chiffres d’affaire.


La réalité est donc la suivante : les 6 % d’auto-entrepreneurs réalisant un chiffre de 7500 euros par trimestre, soit une estimation annuelle de 30 000 euros, subiront un prélèvement de l’ordre de 53 % en moyenne de leur chiffre d’affaire. Ils finissent avec quelque chose comme 1300 euros dans les mains. Quant aux 3 % d’auto-entrepreneurs qui arrivent à faire un chiffre de l’ordre de 40 000 euros annuellement, ils se retrouvent en fin d’exercice avec environ 20 000 euros de bénéfices, soit réellement à peine 1 700 euros par mois. Pas de quoi faire rêver dans le contexte actuel, surtout quand on pense que ce sont là ceux qui réussissent le mieux ! Alors gardons un silence pudique sur les autres 40 % d’auto-entrepreneurs réalisant un chiffre d’affaire : ils sont au mieux au niveau de  la pauvreté, au pire au niveau du RSA. Espérons pour eux que ce ne soit qu’un complément de salaire.


Et que penser des 51 % d’entre eux, soit 425 340 individus, pour lesquels l’aventure entrepreneuriale ne signifie rien puisqu’ils ne gagnent rien. Que font-ils dans les statistiques officielles ? Que penser alors du chiffre annoncé pour ce premier trimestre 2013 qui affiche 895 000 auto-entrepreneurs ? Une augmentation par rapport à 2012 certes, mais de quoi ?


Le statu quo pour préserver l’illusion


Le gouvernement actuel ne touchera pas au statut d’auto-entrepreneur : il ne le chargera pas de plus de cotisations. Car la question était de savoir si le statut serait aligné sur celui des artisans notamment.  La réponse est non : on garde le statut tel quel, en franchise de TVA comme il a été conçu en 2009. Il aurait mieux valu un allègement des cotisations sociales RSI, mais le gouvernement est tellement aux abois financièrement que cela n’a pas effleuré Fleur Pellerin, la ministre déléguée en charge des auto-entrepreneurs.


Son cabinet a d’ailleurs indiqué à quoi servaient les auto-entrepreneurs : à fournir de bonnes statistiques.  « Dans le contexte actuel de l’emploi, il n’est pas possible de toucher aux auto-entrepreneurs qui représentent la moitié des créations d’entreprises, ce serait se tirer une balle dans le pied », affirme-t-on chez Fleur Pellerin. Au moins c’est clair : à défaut de booster leur revenu, les auto-entrepreneurs boostent les chiffres du ministère. Quelle belle illusion !


Quand cessera-t-on de voir petit dans ce pays ? L’entrepreneur mérite mieux que cela. En tout cas, aucun gouvernement, pour l’instant, de droite comme de gauche, ne mérite les entrepreneurs.

 

 

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A croire que la mise en place de ce système n'a été prévue que pour récupérer des cotisations et impôts, que le gogo ne s'en sorte pas ce n'est pas le problème des députés et fonctionnaires/territoriaux nantis.
Il vaudrait d'abord déjà analyser ces cotisations sociales RSI, pourquoi elles sont aussi délirantes ?

A lieu de faire la déclaration du patrimoine des ministres servent seulement à ridiculiser encore plus la France dans le monde, il vaudrait bien faire une belle révision des comptes public et contrôlé deux fois le gaspillage des cotisations sociales.

Celui qui met dehors de la concurrence la France ce n'est pas le cout de la main d’œuvre, mais bien les cotisations sociales déraisonnable le vrai problème c'est bien celui qu'aucun gouvernement ne veut pas voir.
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C'est magique ce status d'auto-entrepreneur.
On fait croire aux gens (souvent licenciés et guidés par le Pôle Emploi) qu'ils ont assez de compétences après un stage pour créer leur boite et qu'ils vont gagner en autonomie et salaire (de toute manière il n'a pas vraiment le choix vu qu'il ne retrouveront plus de boulot), alors qu'en fait c'est tout bénef pour le gouvernement : On fait rentrer le black d'avant, dans un circuit contrôlé et taxé, tout en sortant le type des statistiques de chômage.
Si j'ai bon souvenir, un auto-entrepreneur n'a plus le droit a aucune aide genre RSA si il met la clé sous la porte, du coup a y avoir cru, il aura vraiment tout perdu.
Mais je peux me tromper, si quelqu'un du forum directement impliqué pouvait décrire ce qu'il se passe en vrai, ça serait sympa !
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Je ne suis plus actuellement dans le circuit, mais c'est à peu près ça : lutter contre le black en contrôlant les gens. Maintenant une bonne réponse au "système" est d'être artisan en micro-entreprise. Faire acheter les fournitures au client, facturer une partie de la main d'oeuvre et se faire payer le reste en liquide. J'ai eu une discussion impromptue il y a un an environ avec un jeune qui s'était mis à son compte. A la chambre des métiers pendant le stage on leur a dit de faire 50% de black et de ne jamais embaucher s'ils voulaient survivre dans le système actuel....
Ca laisse rêveur non ??? Mais c'est la réalité. Franchement, 20 ans de moins, mon savoir-faire professionnel, je ne sais pas si je resterais en France... Bon, maintenant c'est rapé ! Alors on se balade sur 24h Gold !!!! Merisier.
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salut a toi Teubass !
bien ,lorsque tu t'est auto-entuber en faite tu declare ton Ca a l'ursaff et tu paye l'equivalent selon ton secteur d'activité de 13%(achat revente) et 26%(services) de ton Ca , tous les 3 mois.
cela dit tu perçois qd meme un RSA dit "d'activité" c'est a dire un complement en fonction de ta part restante de ton activité si ton Ca ne deppasse pas un certain seuil
ils calculent ton benefice selon un bareme en fonction de ta derniere declaration par deduction . le rsa perçu est donc reevaluer tous les 3 mois selon tes declarations des mois precedants. plus ton Ca est grand plus ton rsa diminue en gros . il tombe a zero si ton Ca depasse un certain seuil.
meme une fois ton activité arreté ( peu importe la raison ,elles sont toutes bonnes), tu perçois qd meme le rsa si tu n'a pas repris une autre activité.
en esperant avoir repondu a ta question.
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Parfaitement exact. Ce qui pousse donc ledit auto entrepreneur à rester en dessous du seuil fatidique pour continuer à toucher le RSA. Il faut bien comprendre que ce système de complémentation par l'état (qui une fois de plus se mêle de ce qui ne le regarde pas) à un effet pervers très simple et logique : on en déclare le moins possible pour continuer à toucher le RSA.
Mais ça va plus loin que ça encore. Il y a qqs années en arrière, une cliente agricultrice, me raconte l'histoire suivante. Elle fait partie occasionnellement d'un jury attribuant des CAP agricoles à des jeunes en reconversion. Elle s'étonne de voir le RMI ( rmi à l'époque) dans le projet comptable d'un candidat créateur de sa propre entreprise . Le type lui explique effectivemment qu'en dessous d'un certain seuil il continue à toucher le RMI. Sachant que le gars s'installait en maraîchage, vendait sur les marchés et bien sûr était payé en liquide, je ne vous fait pas de dessin !
Nous sommes impayables ! Où comment avoir un revenu d'état en étant travailleur indépendant !!!!!
Le croiriez-vous, cette dame était écoeurée en me racontant l'anecdote....
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Ok ! Merci d'avoir éclairé ma lanterne ! J'étais persuadé qu'on ne pouvait plus demander quoi que ce soit, ni même être aidé tout en étant en activité (ça c'est le pompon). C'est bon a savoir. Enfin bon...
Et merisier a carrément raison, en fait y a tout intérêt a rester sous le plafond, tout en faisant du black a mort...du coup y a toujours moyen de tirer sur toutes les couvertures en même temps....mouais....bizarrement foutu ce système.
Mais ça ne change pas le problème principal de la quantité de travail : Le gars y croit, se met a son compte, mais si il ne trouve pas assez de boulot...il touche le RSA comme "n'importe qui" (je mets bien les guillemets). Du coup oui c'est CLAIR que ça ne rime a rien de faire croire a une dynamique économique alors que ce ne sont que des arrangements comptables et un tas de papiers en plus.
Merci pour les infos !
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Bonjour,
Plus exactement les cotisations RSI micro-entreprise ou auto-entrepreneur au 01 janvier 2013 sont de 15 % du CA au BIC et de 26.30 % au BNC. Les travailleurs dit pauvres dont le salaire n’excède pas 1.04 SMIC perçoivent également le RSA pour le cas de l'auto-entrepreneur il semble qu'avec un CA mensuel de 1200 euro il puisse encore percevoir 172.07 euro. http://aide-création-entreprise.info/RSA-cumul-auto-entrepreneur.
Rectificatif: Ces montants inclus le versement libératoire de l'impôt sur le revenu, sinon c'est 14,00 et 24,60 exactement
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Le statut d'auto entrepreneur permet simplement à plein de gens d'exister officiellement, ce qui n'est déjà pas si mal, même si c'est un cautère sur une jambe de bois.
L'analyse de l'état actuel des entreprises françaises est très simple : leur pouvoir a été confisqué par la bureaucratie et les syndicats.
Si on veut vraiment de la création d'entreprises et du développement d'entreprises existantes (et je ne parle pas de celles qui partent), il n'y a pas 36 solutions.
1) Abrogation du monopole de la sécurité sociale. Cotisations à la carte et exit l'urssaf.
2) Abrogation du code du travail qui n'est qu'un instrument permettant de saquer les entrepreneurs. Donc liberté d'embauche et de débauche. Le secteur privé ne fonctionnera jamais comme la fonction publique, et réciproquement.
Ces mesures fondamentales ne sont absolument pas électoralistes et incompatibles avec un état providence.
Nous ne faisons que récolter ce qui a été semé depuis 60 ans.
Moralité : on va encore bouffer de la merde pendant longtemps.
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Bonjour, Plus exactement les cotisations RSI micro-entreprise ou auto-entrepreneur au 01 janvier 2013 sont de 15 % du CA au BIC et de 26.30 % au BNC. Les travailleurs dit pauvres dont le salaire n’excède pas 1.04 SMIC perçoivent également le RSA pour le  Read more
ERWIN - 4/17/2013 at 3:34 PM GMT
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