Sommaire.
1. Question n°1 : l’€uro, pour faire quoi.
. L’erreur.
. Ludwig von Mises et la théorie de la monnaie (décennie 1920)
. Les effets de la monnaie.
. La vérité
2. Les coûts cachés.
. Le coût de la situation.
. Le coût de l'échange.
. Le coût de la production de monnaie.
. Remarques.
3. La contrefaçon : le mensonge premier.
. les banquiers.
. les réglementations
4. Question n°2 : l’€uro, comment s’y sont-ils pris.
. La quantité d'€uro.
. Un paquet de réglementations.
. Pas d'innovation.
. Le concept "€uro".
5. Perspective ...
Il est un fait économique incontesté que ce qu'on dénomme
"monnaie"(1) aujourd'hui a été inventé par les gens il y a bien
longtemps.
(1)
"Argent" quand on se moque de la signification des mots, comme
c’est le cas en France (cf. ce texte de
novembre 2014 ) -
Et il y a consensus sur ce fait …
Mais le consensus disparaît dans l'instant pour répondre à ces deux
questions :
- comment s’y sont-ils pris ?
- pour faire quoi ?
Laissons de côté les réponses à ces questions pour transposer ces
dernières à ce qu’on dénomme « €uro ».
L’€uro est une "monnaie régionale réglementée" des pays de
l’Union européenne, récente à l’échelle de l’histoire (depuis 1999-2002).
Et inversons l’ordre des questions.
1. Question n°1 : l’€uro, pour faire quoi.
Des économistes répondent à la question que la gestion de la quantité
d’€uro par les hommes de l’état de la Banque centrale européenne doit
promouvoir la croissance économique des pays membres de la "zone
€uro".
Mais c’est, d’abord, une attente purement imaginée.
Ensuite, la réalité passée de ce fait a été pour le moins fort discutée
(cf. ce texte
de janvier 2013 ou celui-ci de
mars 2016), mais peu importe.
Peu importe, en particulier, l’évolution passée du prix de l’€uro en
dollar des Etats-Unis d’Amérique de 1999 à 2016 qui cache tous les échanges
convenus dont il a résulté (cf. graphique ci-dessous).
Tableau
Prix de l’€uro en dollar des Etats-Unis.
1999-2016
Source
: https://fred.stlouisfed.org/series/DEXUSEU
Et la perspective que l’€uro perdure pour cette raison, est bien
évidemment discutée et discutable.
a. L’erreur.
Reste que nos économistes articulent leur propos sur une erreur qu’il faut
dénoncer.
Leur propos voudrait que l’existence et le fonctionnement de l’€uro aient
tout à voir avec sa gestion étatique et les prétendus effets favorables de
celle-là sur le développement économique.
Il n’en est rien.
Et les controverses vont bon train
Empiriquement et théoriquement, la plus grande confusion règne sur le
propos depuis au moins les idées de Keynes (décennie 1930) ou de Friedman
(décennie 1960-70) … pour fixer les idées.(2)
(2) Cf. mon texte d’il y a
un an.
b. Ludwig von Mises et la théorie de la monnaie.
Auparavant, au début du XXème siècle, Ludwig von Mises a eu l'occasion de
faire le point sur ce qu'on avait dit sur le sujet de la monnaie jusqu'alors,
dans un article de journal scientifique de 1917-18 (cf. ce texte de juin
2014) (3).
(3)
Soit dit en passant, on ne peut que regretter que les historiens de la pensée
économique fassent peu de cas de cet article (cf. Fand D.I. (1970), "A
Monetarist Model of the Monetary Process", Journal of Finance, pp. 275-289).
A cette occasion, il a pu remettre en cause l'idée absurde, infligée
malgré tout à longueur de temps, que "la monnaie était politique"
et qu'elle devait rester monopole privilégié des hommes de l'état - ce propos
est d’ailleurs au cœur des défenseurs de l'€uro...-.
Mais les macro économistes sont arrivés dans la décennie 1930 pour
enfoncer le clou…
c. Les effets de la monnaie.
Quant à l’idée générale de l’effet qu’aurait la variation de la quantité
d’€uro sur la situation économique, elle est un fait récent : c’est, grosso
modo, ce qu’en disent les gens de la politique monétaire depuis le XXème
siècle qui se fait entendre.
A ce propos controversé de l’effet économique de la variation de la
quantité d’€uro, on devrait opposer la proposition sur les divers coûts que
l’€uro cache et fait supporter aux gens, qui rejoignent la question générale
originelle de l’existence de la monnaie, et dont peu de gens, sinon personne,
parlent aujourd’hui (4)
(4) Cf.
Menger, 1892.
d. La vérité.
Sans échange, sans besoin ou désir des gens d’échanger au moindre coût
(cf. ce texte
de novembre 2015), l’€uro n’existerait pas.
Il ne fait pas exception à ce qu’en disait JB. Say dans son Catéchisme,
il y a deux siècles :
« Qu’est-ce qu’on entend par un échange ?
Un échange est le troc d’une chose qui appartient à une personne, contre
une autre chose qui appartient à une autre personne.
Les ventes et les achats sont-ils des échanges ?
La vente est l’échange que l’on fait de sa marchandise contre une somme de
monnaie ; l’achat est l’échange que l’on fait de sa monnaie contre de la
marchandise.
Quel but se propose-t-on quand on échange sa marchandise contre une
somme de monnaie ?
On se propose d’employer cette monnaie à l’achat d’une autre marchandise ;
car la monnaie ne peut servir à aucune autre fin qu’à acheter. » (Say, 1815,
p.48)
« Qu’en concluez-vous ?
Que les ventes et les achats ne sont, dans la réalité, que des échanges de
produits.
On échange le produit que l’on vend et dont on n’a pas besoin, contre le
produit qu’on achète et dont on veut faire usage.
La monnaie n’est pas le but, mais seulement l’intermédiaire des échanges.
Elle entre passagèrement en notre possession quand nous vendons ;
elle en sort quand nous achetons, et va servir à d’autres personnes de la
même manière qu’elle nous a servi. » (ibid. p.49)
b. Un intermédiaire récurrent des marchandises (cf. ce texte
d'août 2016).
Depuis l'origine, l'€uro a été un intermédiaire récurrent des marchandises
et rien d'autres.
Les théories sur quoi des économistes se fondent (si tant est qu'ils aient
cette démarche, ce dont on peut douter...) sont fausses car elles procèdent,
chacune, d'une causalité non expliquée, le plus souvent non cernée (cf. ce texte de 1928).
Exemplaire a été le livre d'Irving Fisher (1911) intitulé The
Purchasing Power of Money (Its Determination and Relation to Credit,
Interest, and Crises) (cf. ce texte de
décembre 2015) qui a contribué à grand ouvrir l’hérésie actuelle et à
quoi personne ne s'est opposée.
En particulier, les "monétaristes" ne s'y sont pas opposés, mais
s'y sont moulés (cf. ce fameux texte
de Friedman, 1970).
Peu importent les taux d'intérêt des instruments financiers à quoi
beaucoup se réfèrent sans raison.
Ceux qui prétendent qu'il existe des "dei ex machina"
du genre "quantitative easing process" faisant en sorte que
l'augmentation de sa quantité par l'achat d'instruments financiers améliore
la situation économique et accroisse, en particulier, l'activité et l'emploi,
font fausse route.
L'€uro continuera à exister tant que le coût de l'échange indirect des
choses en €uro ne sera pas trop dénaturé par la chimère et jugé "trop
élevé" par les gens ... (cf. ce texte de mars
2016).
2. Les coûts cachés.
Qu’on le veuille ou non, à son aube, l’€uro a donné l’impression aux gens
d’amoindrir des coûts qui étaient cachés par les monnaies nationales
réglementées existantes et qu’ils supportaient.
Et Mises lui-même n'avait pas mis le doigt sur la cause de la (quantité
de) monnaie exprimée en termes économiques, à savoir "amoindrir, à la
fois, le coût de la situation où chacun se trouve avec insatisfaction, le
coût de son action d'échange avec quoi il essaye d'amoindrir ces deux
coûts" et le coût de la production de ce qu’on dénomme « monnaie ».
Par la suite, l’€uro a connu des réglementations nouvelles.
Ont été mis en oeuvre
- la "facilité
européenne de stabilité financière" , puis
- le "mécanisme
européen de stabilité", traité particulier...
- l’union
bancaire,
et ce n'est vraisemblablement pas fini....
Et l’€uro a moins confirmé l’impression initiale qu’il amoindrissait des
coûts de la situation économique de chacun, des actes d’échange et de
l’intermédiaire des échanges qu’il était.
Si la structure de ces divers coûts actuels venait à se détériorer aux
yeux des gens et à inquiéter les espérances qu’ils se forment sur les prix en
monnaie des biens économiques titres financiers inclus), il y a fort à parier
qu’il disparaîtrait au profit d’un ou plusieurs autres intermédiaires des
échanges, inconnus aujourd'hui... (cf. ce texte de
novembre 2014).
a. Le coût de la situation économique.
En effet, pour changer la situation économique dont ils ne sont pas
satisfaits, pour amoindrir le coût qui lui est donné par chacun, les gens agissent,
mènent des actions étant donné à la fois l'abondance des actions qui
s'offrent à eux ou qu'ils imaginent, les méthodes et la succession nécessaire
des actions économiques l'une après l'autre.
Bref, les actions économiques suivies par les gens visent à améliorer la
situation a priori insatisfaisante, la "valeur" donnée à la
situation, et à amoindrir son coût, autre "valeur":
… «
Bastiat l'avait dit plusieurs fois expressément : c'est dans
l'amoindrissement successif de la valeur que le progrès de l'humanité
consiste. » (Asser, 1893, p.344)(5)
(5) H.L. Asser, « Frédéric
Bastiat et les néo-économistes autrichiens » , Journal des économistes, mars 1893, pp.337-346
Par exemple, une inflation attendue, certes avec incertitude, sinon basse,
au moins inférieur à ce que peuvent craindre les gens, satisfait un coût de
la situation amoindri.
b. Le coût de l'échange.
Au nombre des actions économiques, il y a, par exemple, l'échange de
droits de propriété sur les choses, le commerce avec autrui ou encore la « catallaxie
».
Comme toute action économique, l'échange est coûteux.
Mais ce fait a été en général mis à l'écart par les économistes(6) ou bien
ceux-ci ont fait l’hypothèse que le coût de l'échange était nul.
(6)
Et des économistes s’en sont inquiétés comme , par exemple, Ulph, A.M. et
Ulph, D.T. (1975), "Transaction
Costs in General Equilibrium Theory - A Survey", Economica, 168, novembre,
pp.355-372).
Ils ont insisté à la place sur les concepts – tout nouveaux au XXème
siècle - d’offre et de demande de monnaie.
Il n'en reste pas moins qu'en pratique, dans le passé, les gens ont essayé
d'amoindrir le coût de l'échange (cf. ce texte de
février 2015), un coût nécessairement inférieur au coût qu’ils donnaient
à leur situation, en inventant diverses méthodes.
Exemplaire comme méthode a été la valeur qu'étaient l'"intermédiaire
des échanges" et les formes qui lui ont été données (de ce qu'on dénomme
"monnaie" au "commissaire-priseur" en passant par
l’entrepreneur…).
Le "coût", notion de théorie économique (cf. Marget,
1935 ou Buchanan,
1969), recouvre malheureusement, à la place, des mots de rhétorique
"au mauvais sens du mot" comme les incapacités juridiques,
techniques ou économiques de chaque personne juridique physique (sigle
P.J.P.) pour échanger une marchandise contre une autre.
Il faut voir dans les intermédiaires de l’échange un long processus
d'amoindrissement des coûts des actes d'échanges des choses entre les gens
dont ceux-ci ont bénéficié et qui utilisaient ses formes au fur et à mesure
qu'elles éclosaient.
Ce processus n'est qu'une illustration de la fameuse "loi de
l'économie" qui continue à interloquer même les physiciens (cf. Omnès,
1994 et ce texte
de juillet 2015).
Le processus d'amoindrissement a déjà connu beaucoup d'étapes depuis son
invention attribuée à personne par les historiens, malgré les recherches sur
le sujet ...
Les dernières grandes étapes ont donné lieu, dans une majorité de pays, à
la "pièce de monnaie", puis s'y sont juxtaposé les "billets en
monnaie" et les comptes de dépôts bancaires, rassemblés sous la notion
de "substituts de monnaie bancaires".
La notion de "coût des échanges", notion récente dans la théorie
économique dominante, est d'ailleurs dénommée faussement "coût de
transaction", anglicisme notoire, par certains économistes comme si la
transaction n'était pas un moment de tout échange, celui du débat par les
parties (cf. Bastiat, 1850,
l'échange), sauf bien sûr quand les prix sont supposés imposés par les
hommes de l'état ou ce qui est dénommé "concurrence", en vigueur
(cf. ce texte
d'octobre 2016).
Ce qu'on dénomme "monnaie" n'est plus, en particulier, un élément
de la théorie de la valeur, point de départ, hier, de l'économie politique
(cf. ce texte
de novembre 2015).
Malgré cela, on ne saurait le retrancher en deçà de l'origine de
l'économie politique.
La monnaie, valeur de l'économie politique, a, en effet, une origine.
Cette origine, c'est le coût des échanges entre les gens.
Le coût est une façon de parler rhétorique "au bon sens du mot" des
choses de la réalité comparé aux façons de parler rhétoriques "au
mauvais sens du mot", en particulier, dans le domaine de ce qu'on
dénomme "monnaie" (où il est question de "fonctions", de
"difficultés, de "bonne ou mauvaise monnaie", etc.).
Il faut d'abord être sensible au fait que le coût n'est pas objectif, mais
subjectif.
Le coût de la monnaie ne tombe pas du ciel, chacun donne des coûts aux
actions qui lui importent au nombre de quoi il y a l'action d'échange et la
recherche de son amoindrissement.
Cette origine de la monnaie, ce sont aussi les échanges coûteux des
marchandises qu'ils ont menés jusqu'au jour où, dans un lointain passé, leurs
aïeux ont cherché à amoindrir le coût de l'échange qu'ils cernaient ou
ressentaient et y sont parvenus.
L'homme a en effet inventé l'"intermédiaire de l'échange" pour
amoindrir les coûts qu'il cernait ou ressentait dans l'échange.
L'intermédiaire allait de pair avec l'échange indirect et non plus avec
l'échange direct ou troc (barter ou swap en anglais).
La monnaie, création de valeur, a eu, en conséquence, des effets
économiques bénéfiques autres que l'amoindrissement du coût de l'échange
(comme les prix en monnaie, la comptabilité des échanges, le calcul
économique, etc.).
Et on peut penser que cela a contribué à ce qu'elle ne disparaisse pas à
la suite des malversations dont elle a été l'objet.
«
Comment la monnaie sert-elle dans les échanges ?
Elle sert en ceci, que lorsque vous voulez changer le produit qui vous est
inutile, contre un autre que vous voulez consommer, il vous est commode, et
le plus souvent indispensable de commencer par changer votre produit superflu
en cet autre produit appelé monnaie, afin de changer ensuite la monnaie
contre la chose qui vous est nécessaire." (Say, op.cit,
pp.49-55)
Selon Cournot :
«Dans
l'acte de l'échange, comme dans la transmission du mouvement par les
machines, il y a des frottements à vaincre, des pertes à subir, des limites
que l'on est assujetti à ne point dépasser.[…]
Pour trouver les équations du change, nous admettrons d'abord
- que les frais de change sont inférieurs aux frais de transport, ou
- que le change s'opère sans qu'il y ait un transport réel d'argent, sans
que la répartition des métaux précieux entre les places de change cesse
d'être la même.» (Cournot,
1838, p.29)
c. Le coût de la production de monnaie.
Les formes ont fait que les coûts de ce qu'on dénomme abusivement
"monnaie" aujourd'hui (sigle "C.Q.D.A.M.A.") sont
toujours restés "un peu plus" inférieurs ou, à l'extrême, égaux aux
coûts des actes d'échange amoindris (cf. ci-dessous).
Il est surtout caché que "CQDAMA" s'explique par les coûts des
échanges des gens désireux d'améliorer, chacun, leur situation par le choix
de mener l'acte d'échange (cf. ce texte
d'avril 2014).
De forme exemplaire de l'intermédiaire des échanges, il y a eu ce qu'on a
dénommé "monnaie".
Comparé à l'échange direct impossible et par conséquent jugé trop coûteux,
le principe de l'échange indirect, avec monnaie, moins coûteux, conduit à
divers résultats: - à des échanges aboutis de marchandises plus nombreux, - à
des prix en monnaie des marchandises, - à des quantités de monnaie unitaires
convenues, - à une quantité de monnaie totale, - à des gains des échangistes
non mesurables, - à des calculs économiques et - à une possibilité de
comptabilité pour enregistrer les échanges effectués (à partir de l'unité de
la quantité de monnaie, "unité de valeur" prise pour "unité de
compte").
Pour autant, des échanges avec monnaie n'aboutissent pas, eux aussi, car
ils restent "trop coûteux", mais ils sont moins nombreux que dans
le cas du principe de l'échange direct.
L’ont été aussi, en particulier, les formes qui, elles-mêmes, lui ont été
données par la suite par les gens.
Pour ne pas remonter trop loin dans le passé, disons les "pièces de
monnaie", les "coupures de billets en monnaie bancaires" et
les "comptes de dépôt bancaires".
En tant que "valeurs", marchandises, les formes de monnaie
avaient, chacune, un coût qui, à la fois résultait de la production et leur
était donné par les gens.
Et, à son tour, ce coût de la monnaie ne pouvait qu'être inférieur au coût
de l'échange.
La liste des formes de monnaie qui ont perduré, s'est étalée dans le
temps.
Peu importent la "monnaie-or" ou "-argent" d'hier ou
le "pouvoir d'achat" à quoi certains économistes font référence
dans le meilleur des cas.
On peut considérer que cette évolution a concrétisé un amoindrissement
progressif tant du coût de la monnaie que du coût de l'échange pour ne pas
dire du coût de la situation, autant d'expressions économiques peu utilisées
par les théories en vogue.
d. Remarques.
Traditionnellement, les économistes laissent de côté l’étude du coût de la
situation économique de chacun au bénéfice de la notion d'équilibre
économique général ou de celle d'équilibre macroéconomique.
On ne peut que s’interroger sur ce choix, sauf à supposer qu’ils sont,
chacun, à leur optimum.
Longtemps, ils ont fait connaître à la notion de coût de l'échange le sort
du coût de la situation.
Ces dernières décennies, sous l'anglicisme "coût de
transaction", des économistes français ont sorti sa définition du
mutisme ambiant.
Le coût de la monnaie a toujours animé les esprits mais sans que ceux-ci
utilisent la notion de coût, ni ne soient capables de le relier au coût de
l'échange, voire au coût de la situation.
Le "dada" des politiques et de leurs conseillers, à partir de la
décennie 1930, a été néanmoins de vouloir diminuer la cherté de la monnaie
(cf. Hicks par exemple) à leur façon, son coût de production.
Et ce fut l’interdiction de la conversion des substituts de monnaie
bancaires en monnaie.
3. Le mensonge premier.
Il n'en reste pas moins qu'il ne faut pas oublier que, quelques temps,
certes inconnus, après l’invention de ce qui allait devenir « monnaie », il y
a donc bien longtemps, les hommes de l'état ont fait valoir que ce qu'on
dénommait alors "monnaie" pouvait être l'objet de contrefaçon (cf.
par exemple, Say, 1815).
Dans le but de protéger les gens contre la contrefaçon de la « monnaie » ,
ils ont fait valoir que, selon eux, ils devaient en avoir la maîtrise.
Et il s'ensuivit que, légalement, la "monnaie" fût un monopole
privilégié et son emploi ne pût être refusé par les gens.
Il faut savoir qu'hormis les plaisantins d'aujourd'hui, personne n'a
jamais donné aux pouvoirs publics le rôle d'avoir créé la monnaie (cf. ce
texte de
Bettina Bien Greaves, 1999).
Ludwig von Mises s'était chargé de montrer l'écart qui pouvait exister
entre ceux qui laissaient à l'homme libre le rôle de cette découverte et ceux
qui le situaient chez les pouvoirs publics (cf. le texte).
Contre toute attente, ces éléments de droits de propriété des gens ont
été, chaque fois, privilégiés par les hommes de l'état au prétexte de
garantir les formes de monnaie et de s'opposer à la contrefaçon.
Ils ont transformé l'invention en privilège de monopole de production de
la "pièce de monnaie" ou en privilège de monopole d'émission du
"billet en monnaie" pour eux-mêmes.
Et ils n'ont pas hésité à se vautrer dans la contrefaçon. Avec les
interdictions de conversion de ces substituts en monnaie-or ou -argent
convenues par nos falsificateurs internationalement au XXème siècle, une
nouvelle forme est apparue insidieusement au grand dam de certains (cf. ce texte de
juillet 2011).
a. Les banquiers.
Quelques siècles plus tard, une fois les "pièces de monnaie"
monopolisées, les banquiers leur ont juxtaposé les coupures de billets en
papier qu'ils venaient d'inventer.
Même démarche des hommes de l'état qu'antérieurement: il fallait protéger
les gens contre la contrefaçon des coupures de billets.
Même méthode: ils ont donné à un banquier privilégié créé pour l'occasion
et dénommé "banque centrale" le monopole de l'émission des coupures
de billet, les autres banques existantes devenant "banques de second
rang" et étant mises sous tutelle de la banque centrale.
C'est ainsi que, dans un premier temps, les "pièces de monnaie"
furent battues par le "monopole de frappe privilégié" et que, dans
un second, les coupures de billet qui leur ont été juxtaposées, ont vu leur
émission "planchée" par la "banque centrale", monopole.
b. Les réglementeurs.
On sait la suite : des contrefaçons publiques monumentales à l'initiative
des hommes de l'état (incluant des périodes d'hyperinflation) dont les gens
ont été les dindons, jusqu'au XXème siècle où les dernières réglementations
en date ont privé ceux-ci de toute liberté monétaire (cf. ce texte de mai
2011).
Et les hommes de l'état n'ont plus fait référence à la protection contre
la contrefaçon, mais aux prétendus effets économiques bienfaisants qu'ils
imaginaient qu'une "bonne politique monétaire" pourrait développer,
idée au moins aussi absurde que la précédente (cf. ce texte de mai
2015).
4. Question n°2 : l’€uro, comment s’y sont-ils pris…
A son origine, l'€uro a été le nom donné à une fusion des "monnaies
nationales réglementées" d'une partie des pays de l'Europe géographique,
en une nouvelle "monnaie réglementée", régionale cette fois (cf. ce
texte
d'août 2016).
Mais les "monnaies nationales réglementées" dont il est question
et qui nous situaient alors à la fin du XXème siècle, ont peu de choses à
voir avec les monnaies antérieures du début de ce siècle à cause des
nouvelles réglementations internationales et nationales que les hommes de
l'état sont convenus de se donner au cours du siècle, sans doctrine.
Les arguments développés à propos de l'€uro sont en général du même ordre,
sans doctrine, de non seulement :
. de son existence,
. des conditions qui ont présidé à son existence et
. des grandes réglementations monétaires antérieures qu'on vient de
préciser, mais encore
. des effets à moyen et long termes de ces dernières qu'on peut laisser de
côté, sauf à voir dans l'€uro l'un de ces effets.
On ne saurait ne pas souligner, en effet, que l'€uro est le nom donné à
une - prétendue - "monnaie" régionale réglementée, obtenue par
fusion réglementaire de - prétendues - « monnaies » nationales réglementées,
i.e. de systèmes monétaires nationaux, aux termes du traité de Maastricht
(1992) et de ses codicilles:
- «prétendue» car si on respectait un minimum le sens des mots, leur sens
premier, par simple honnêteté intellectuelle, on devrait parler de « substituts
de rien bancaires » pour désigner ce qu'il recouvre et non pas de monnaie, on
devrait parler de « monnaies » - monnaies entre guillemets "..." -
pour désigner ces prétendues monnaies ;
- « régionale » car son monopole d'émission obligatoire (banque centrale
tutelle des banques de second rang) est donné à un organisme à cheval sur
plusieurs nations, disposant, chacune, d'un Etat à budget national voté
annuellement par ses parlementaires élus par ses citoyens, et, par statuts,
indépendant de ceux-ci.
La fusion a été effectuée sur la base des taux de conversion décidés
eux-mêmes sur la base de l'observation des prix du marché des changes du
moment, d'abord en mai 1998, puis au 31 décembre 1998.
Il a été convenu que s’échangeraient contre 1 €uro :
Allemagne 1.95583 Deutsche Mark,
Autriche 13.7603 Schilling,
Belgique 40.3399 Franc belge,
Espagne 166.386 Peseta espagnole,
Finlande 5.94573 Mark finlandais,
France 6.55957 Franc français,
Grèce 340.750 Drachme,
Irlande 0.787564 Livre irlandaise,
Italie 1936.27 Lire italienne,
Luxembourg 40.3399 Franc Luxembourgeois,
Pays-Bas 2.20371 Florin néerlandais,
Portugal 200.482 Escudo portugais.
Source : O.C.D.E.
Selon certains, l'€uro apparaît ainsi comme un "commun multiple"
des prix de ces monnaies nationales réglementées les unes dans les autres, de
leurs taux de change, qui présente la caractéristique d'avoir été fixé à
l'unité et non pas d'avoir été le "plus petit" selon l'expression
arithmétique consacrée .
Les architectes de cette fixation auraient dû savoir qu'elle ne saurait
anéantir les actions humaines qui s'étaient harmonisé et avaient conduit à
ces prix observables des "monnaies nationales réglementées' les unes
dans les autres, variables d'un jour à l'autre.
A fortiori, ils auraient dû s'attendre à ce que ces mêmes actions
la missent à bas.
Bref, ils auraient dû renoncer à se lancer dans l'expérience.
Mais au lieu de cela, aujourd'hui, les politiques inventent un discours.
Dans le meilleur des cas, ne sont plus en question les taux de change des
"monnaies" nationales réglementées d'hier puisqu'ils ont été sinon
anéantis, du moins jetés au cachot par leurs soins.
Seuls leurs effets persistent comme, par exemple, l’excédent des
exportations sur les importations de l’Allemagne et le déficit des
exportations sur les importations de la France…
A la place des actions de vous et moi qui y conduisent aujourd'hui de
façon sourde et ignorée, sont en jeu, au premier plan,
- les soldes comptables des budgets des Etats des pays de la zone euro ou
bien
- les
"compétitivités" des économies de ces pays réduites
* aux "coûts salariaux" nationaux ou, si on préfère
l'expression,
* aux "salaires
complets" nationaux,
i.e. aux différents prix des marchés du travail nationaux, lesquels ne
forment pas un "marché unique" malgré les engagements politiques pris
dans le passé (cf. O.C.D.E.,
décembre 2012 ).
A cet égard, il y a une grande différence à signaler entre - la
réglementation instaurée en 1944 par les accords de Bretton-Woods et - la
réglementation à quoi a donné lieu le traité de Maastricht (1992):
* avec l'une, les taux de change fixés restaient visibles,
* avec l'autre, ils ont été cachés en étant jetés au cachot.
Avec l'une, on a admis a priori qu'ils pourraient varier si nécessaire (à
l'aide du Fonds monétaire international créé pour l'occasion), avec l'autre,
on l'a refusé ... a priori et on n'a pas crû bon de créer
d'organisme particulier en relation...
Mais c'étaient des voeux pieux.
On sait la suite : les accords de Bretton Woods ont été dénoncés en
1971-73 à cause des réglementations antérieures (à commencer par le F.M.I.),
mais le F.M.I. a perduré (cf. ce billet
de mars 2009).
Les arguments tenus actuellement sur l'€uro ont comme grande originalité,
d'abord, d'être sans relation avec le fait qu'il n'existait pas il y a un
siècle, ni il y a un demi siècle, ni même il y a vingt ans...
Est-ce à dire que ce fait nouveau qu'est l'existence de l'€uro est sans
importance économique ?
On aurait tendance à le penser à entendre certains commentaires et à lire
certains rapports qui n'hésitent pas à mettre de côté cette réalité, à ne pas
s'intéresser aux effets économiques de l'existence de l'€uro et à suivre leur
idée.
a. La quantité d'€uro.
Certes, l'€uro existe sous des formes traditionnelles (pièce en (alliage
de) métal, coupure de billet en papier et dépôt bancaires) et, des formes en
quantité - en "masse" comme certains le disent en France ...-, en rendent
compte les comptabilités bancaires (cf. par exemple les agrégats monétaires
M1 et M2, source : B.C.E.).
En proportion du produit intérieur brut (P.I.B., facteur d'échelle
emprunté à la comptabilité nationale) des pays de la zone €uro, on peut
parler de "demande unitaire d'euro", demande d'euro par unité de
P.I.B. (cf. sources : Eurostat, Capital).
Mais ces existences de formes en quantités variables dont on parle - ainsi
que de leurs effets économiques mesurés (par exemple, l'inflation dans la
zone €uro et l'emploi tant dans la zone €uro que dans l'Union européenne) -
ne sauraient l'emporter en importance économique sur la première, l'existence
de l'€uro.
b. Un paquet de réglementations.
L'€uro est le fruit de règles de droit, de réglementations convenues entre
les gouvernements des Etats dans la décennie 1990 puis après, qui ont limité
encore les règles de droit en matière monétaire, et respectées ou non par la
suite.
Au nombre de ces éléments, il y a l'obligation faite à vous et moi de paiements
en €uro des échanges et des impôts sur le territoire des pays des Etats de
l'euro et le privilège de monopole accordée à un organisme créé pour
l'occasion, à savoir la Banque centrale européenne (cf. sa déclaration
du 14 décembre 2012).
c. Pas d'innovation.
Bref, l'€uro existe pour cause de réglementations nouvelles de monnaies
nationales étatiques, ce qui ne veut pas dire « innovation »...
Et les réglementations antérieures qui limitaient déjà les règles de droit
en matière de monnaie ne sauraient être passées sous silence comme si elles
n'avaient pas eu d'effet sur ce qu'il est devenu (cf. par exemple ce billet de
septembre 2012).
Rien ne justifie de mettre tout cela de côté.
Et il conviendrait toujours de distinguer l'une de l'autre, à savoir: .
la question de l'existence de l'€uro,
. la question de l'existence sous telle ou telle forme,
. la question de l'existence en telle ou telle quantité,
. la question de l'existence du concept "€uro",
. etc.
et d'être sensible au fait que la "théorie de la monnaie"
dominante n'explique pas l'existence de la monnaie d'une façon satisfaisante.
d. Le concept "€uro".
S'agissant de l'existence conceptuelle de l'€uro, on peut se demander, en
passant, si l'€uro est ... aux choses rondes dans la nature (par exemple, le
ballon…) ce que l'amoindrissement des coûts est ... au cercle.
Dès lors qu'on abandonne la rhétorique au mauvais sens du mot qui fait
parler de l'"argent" comme de ce qui "facilite les
échanges" (cas du discours dominant), il faut reconnaître que le coût
des actes d'échange présent que nous choisissons de mener pour améliorer
notre situation, est la raison d'être de ce qu'on dénomme "€uro"
aujourd'hui.
Il n’a rien à voir avec les taux d’intérêt comme tendent à le faire croire
politiques et économistes officiels.
Si le coût des actes d'échange présent est estimé "trop élevé",
on n'échange pas, on juge qu’on n'a pas la capacité d'échanger, certains
diront qu'"il y a des obstacles ou des barrières" à l’échange,
bref, il n'y a pas échange.
A l’opposé, parce que l'existence de l’"€uro" contribue sinon à
diminuer des coûts des actes d'échange présent, au moins à les maintenir «
peu élevé », on échange, des échanges deviennent possibles, des « biens
échangeables », on acquiert la capacité d'échanger, certains diront, en
"mauvaise rhétorique", "on abaisse les barrières, on surmonte
les obstacles".
Encore faut-il avoir "en stock", i.e. "dans son
esprit", en particulier, le concept d'"acte d'échange" de vous
et moi et ceux de "coût de l'acte d'échange" et de "coût de la
situation" pour le comprendre. Sinon, on est coincé (9).
(9)
En écrivant la proposition comparative sur l'€uro et les choses rondes
ci-dessus, j’ai fait une allusion implicite à la critique d'un propos de
Stuart Mill sur l'existence des objets soutenue par Henri Poincaré au début
du XXè siècle (cf. ce billet
de mai 2012).
Contrairement à ce qu'a écrit Mill, à savoir qu'en définissant le cercle,
on affirmait qu'il y avait des choses rondes dans la nature, Poincaré a
expliqué que l'existence du cercle était une considération mathématique et
signifiait l'absence de contradiction dans le raisonnement logique, rien
d'autre.
Les objets empiriques (au nombre de quoi l'"amoindrissement des
coûts") n'étaient pas des objets mathématiques.
Pour cette raison, il faut être réservé sur l'application d'une
mathématique à un domaine de la pensée scientifique autre où, en particulier,
interviennent des objets empiriques, et a fortiori sur ses
interprétations.
5. Perspective ...
Ce qu'on dénomme "€uro" depuis 1999-2002 et que des gens
utilisent comme intermédiaire récurrent des échanges indirects, peut-il être
considéré comme ayant amoindri une fois encore tous les coûts évoqués?
On peut se poser la question (10) quoiqu'aucun politique, ni économiste
officiel, ne l'évoquent jamais.
(10)
Cf. ce texte
de mai 2015.
Jusqu’à présent, l’€uro a perduré
- non pour les fausses raisons assénées par politiques et économistes
officiels, à savoir que l’augmentation de sa quantité favoriserait le
développement économique,
- mais, qu’on le veuille ou non, parce que l’intermédiaire récurrent des
échanges indirects à quoi son nom a été donné, a fonctionné : il y a eu
amoindrissement des coûts de la situation économique, de l’échange et de
l’intermédiaire récurrent des échanges indirects lui-même.
. Que sera l’avenir de l’€uro compte tenu de ces derniers faits ?
Comme on l’a écrit ci-dessus, tout dépendra des espérances de coûts
attendues avec incertitude par les gens des genres évoqués (11),
(11) Cf. http://ec.europa.eu/eurostat/tgm/table.do?tab=table&init=1&language=fr&pcode=teicp000&plugin=1
assises sur les propos des prétendus « politiquement indépendants », à
savoir les membres du conseil d’administration de la Banque centrale
européenne et de leurs actions en matière de crédits dites « politiques
conventionnelles » et « politiques non conventionnelles », nouvelle alternative
monétaire irraisonnée.(12)
(12) Cf. http://www.ecb.europa.eu/mopo/implement/omo/html/index.en.html .