Le naufrage du Lord Clive

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Published : June 13th, 2017
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En 1763, les Britanniques, alors déjà en guerre contre les Espagnols, ont décidé de porter leur initiative jusqu’au nouveau monde. Le Lord Clive est arrivé à Colonia, en Uruguay, et n’a pas attendu avant de commencer à bombarder la petite ville. Au vu du nombre de canons dont il disposait, le capitaine du navire pensait pouvoir causer suffisamment de dommages pour forcer les habitants espagnols de la ville à se rendre. Après un long épisode de bombardement, les Espagnols ne se sont cependant toujours pas résignés à brandir le drapeau blanc, mais l’équipage du Lord Clive est, quant à lui, parvenu à déclencher un incendie sur son propre navire. L’incendie s’est très vite propagé, et le capitaine et ses hommes ont dû abandonner le Lord Clive.

Selon les récits locaux, ils auraient nagé jusqu’à la rive tout en s’excusant d’avoir bombardé la ville, avant de demander grâce. Les Espagnols les ont tous abattus.

Ce n’est en revanche pas la conclusion que décrivent les manuels d’histoire britanniques. Bien que la défaite britannique à Colonia soit ouvertement admise, a folie de cette entreprise ne l’est pas. Et bien que les historiens acceptent généralement une défaite, ils hésitent souvent à mentionner le comportement idiot de leur propre armée. C’est pourquoi la version anglaise de l’histoire est bien différente de celle racontée ci-dessus.

Et c’est dommage, parce que bien des leçons peuvent être tirées des idioties de l’Histoire. Et parce qu’elles ne sont que rarement mentionnées, les chefs militaires ont tendance à commettre les mêmes erreurs que leurs prédécesseurs.

En guise d’exemple, nous pouvons nous pencher sur les aventures dans lesquelles se lancent aujourd’hui les Etats-Unis, et observer les invasions dont ils ont été responsables au cours de ces quinze dernières années, au Proche-Orient comme ailleurs. Ces aventures sont menées, nous dit-on, pour « faire du monde un endroit sûr pour la démocratie ». Mais à chaque fois que les Etats-Unis s’emparent d’un pays étranger, ils y établissent un gouvernement fantoche, ce qui ne correspond pas vraiment à la définition que nous donne le dictionnaire du terme « démocratie ».

Sans oublier que la guerre coûte très cher. Choisir d’envahir plusieurs pays à la fois, comme l’ont fait les Etats-Unis depuis quinze ans, est plus coûteux encore.

Pire que cela, le gouvernement des Etats-Unis ne rate jamais une opportunité de dépeindre les Russes tels des agresseurs diaboliques – une appellation qui correspondrait bien mieux aux Américains. La Russie a déjà tenté à maintes reprises de mettre un frein à l’agression, alors que les Etats-Unis n’ont cessé de lui lancer des piques et de chercher à l’attirer vers un conflit.

C’est là un comportement extraordinairement idiot, pare qu’il n’en faudrait pas beaucoup pour qu’une guerre éclate entre les deux pays. Au fil des siècles, de nombreux pays ont tenté de s’opposer à la Russie, qui s’est toujours avérée être un ennemi très difficile à vaincre. Bien que les films américains sur la seconde guerre mondiale tendent à dépeindre les Américains comme victorieux contre les Allemands, ce sont les Russes qui ont fait le plus gros du travail. Même s’ils étaient moins équipés et moins préparés, les soldats russes étaient au nombre de 20 millions, et auraient pu éliminer n’importe quel opposant. Les Russes n’aiment pas plus la guerre que n’importe quel autre peuple, mais ils ont une meilleure endurance. Ils sont capable de mener une guerre jusqu’au bout, bien longtemps après que leur adversaire ait perdu son courage.

La Chine et bien d’autres ont aussi déjà annoncé leur soutien à la Russie, dans l’éventualité où les Etats-Unis s’emportaient dans leur programme d’agression du Proche-Orient. Et la Chine et la Russie ont toutes deux annoncé que, si les Etats-Unis s’en prenaient à l’Iran, elles joindraient leurs forces avec ce dernier.

Il serait très imprudent de la part du gouvernement américain de croire possible de s’opposer à de tels pouvoir et de s’en sortir victorieux.

Mais que cela a-t-il à voir avec le naufrage du Lord Clive ?

Comme je l’ai dit plus haut, le capitaine du Lord Clive avait entre ses mains un immense navire de guerre, capable de causer des dommages significatifs. Mais l’enthousiasme de son équipage pour la destruction est devenu tel qu’il n’est pas parvenu à éteindre l’incendie qui s’est déclenché à bord de son propre navire. Alors lui et ses hommes ont dû sauter par-dessus bord, et se rendre face aux Espagnols qui, à ce moment-là, et je peux les comprendre, n’avaient plus le cœur à se montrer miséricordieux.

Les Etats-Unis sont aujourd’hui dans une situation similaire. Sur le plan domestique, ils ne sont pas dans la meilleure posture qui soit. L’économie américaine semble tirer à sa fin, et un effondrement financier pourrait être imminent. Le gouvernement devient de plus en plus autocrate, et un Etat-policier pourrait être établi dans un futur proche. Et il deviendra nécessaire, à mesure que les fonds d’aides sociales s’assècheront et que ceux qui acclament aujourd’hui l’Etat-providence réaliseront qu’on leur a menti. Les fonds de pension sont aussi à genoux, et les employés du secteur privé comme du secteur public se montreront d’autant plus maussades quand ils se rendront compte que ce tapis-là aura lui-aussi été tiré de sous leurs pieds.

Si nous devions imaginer le pire avenir possible pour les Etats-Unis, il pourrait se jouer ainsi :

  • Les Etats-Unis envahissent l’Iran, ou attaquent directement les forces russes en Syrie ou dans n’importe quel autre pays.
  • La Russie riposte et le monde entier choisit son camp pour laisser place à une troisième guerre mondiale.
  • Pour la toute première fois de l’Histoire, le peuple américain est plus en colère contre son gouvernement que contre l’ennemi qu’on lui demande de haïr.
  • Le gouvernement américain fait face à un conflit international alors même qu’il est forcé de défendre sa légitimité sur son propre territoire.
  • A une heure où les Etats-Unis sont en banqueroute et économiquement incapable de supporter un conflit sur quelque front que ce soit.
  • Le monde se tourne contre les Etats-Unis au vu du fisc qu’ils ont causé et, pour la toute première fois, les Etats-Unis se retrouvent seuls.
  • Les efforts des Etats-Unis n’aboutissent pas et, à la manière de l’équipage du Lord Clive, les Etats-Unis abandonnent le navire et demandent le pardon à ceux qu’ils ont envahis.

Dans le scénario ci-dessus, nous estimons que les Etats-Unis ont généré une situation qui a maximisé l’hostilité du reste du monde. En 1919, l’Europe a imposé le Traité de Versailles à l’Allemagne, non pas par nécessité, mais pour se venger. En conséquence, le peuple allemand a souffert des décennies durant – aussi bien socialement qu’économiquement.

Une dernière chose : tous les soirs, sur les chaines d’informations américaines, experts, politiciens et généraux à la retraite font des rodomontades et nous chantent que le reste du monde ferait mieux de coopérer avec les Etats-Unis, sinon… Bien que ces bravades puissent plaire à un segment de la population américaine, elles sont aussi accessibles au reste du monde. Et nous, qui ne sommes pas Américains et ne résidons pas aux Etats-Unis, écoutons cette rhétorique menaçante et la trouvons dérangeante. Plus important encore, les chefs d’Etat du monde regardent aussi ces programmes, qui ne sont pas sans rappeler le ton de la propagande nazie du début des années 1930. Aux yeux de ceux d’entre nous qui ne vivent pas aux Etats-Unis, les chefs d’Etat américains apparaissent de plus en plus dangereux.

Si tout cela se jouait sur les grandes lignes du naufrage du Lord Clive, le peuple Américain devra un jour payer le prix du comportement irresponsable de ses représentants.

 

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