Dans son commentaire écrit pour US News, le spécialiste du marché de l’or et gestionnaire de fonds Jim Rickards met en avant deux raisons de taille pour lesquelles le gouvernement des Etats-Unis pourrait ne jamais auditer publiquement ses supposées 8000 tonnes d’or - à moins bien sûr que le républicain Texan Ron Paul ne parvienne à faire entendre sa voix en ce sens.
La première raison qu’il présente concerne la crédibilité de l’or comme composant des réserves de devises internationales et des systèmes monétaires en général. L’or fut officiellement démonétisé par le FMI en 1973, soit deux ans après que le président Nixon ait mis fin à la convertibilité du dollar en or. Depuis lors, le rôle de l’or en tant qu’actif monétaire n’a cessé d’être dénigré, le directeur de la Réserve Fédérale ayant lui-même très récemment décrit la possession d’or pas les Etats-Unis comme n’étant rien de plus qu’une simple tradition. Si c’était effectivement le cas, et que leur or n’était effectivement plus qu’un simple héritage traditionnel, quelle raison auraient les Etats-Unis d’en faire l’audit ? Le simple fait qu’il existe des audits prouverait que le métal jaune a de la valeur et qu’il mérite d’être respecté. Le gouvernement fait paraître l’or comme n’étant officiellement plus qu’un héritage sans importance particulière. Dans un tel contexte, son refus d’auditer ses réserves de métal apparaît comme étant quelque peu sensé. En effet, un audit offrirait bien trop de crédit à l’or et éroderait les bases même de la propagande officielle voulant que le métal jaune ne soit plus considéré comme étant un actif monétaire. Après tout, si personne ne fait l’audit du nombre de glands que compte le parc national, c’est qu’ils n’ont pas assez d’importance pour cela.
L’autre raison au refus des Etats-Unis de pratiquer un audit de leurs réserves d’or est que personne ne désire que des questions auxiliaires ne soient levées. Imaginons qu’un audit soit conduit, et que les choses soient en ordre, c’est-à-dire que les Etats-Unis possèdent effectivement le bon nombre de lingots d’or d’une pureté de 99.99% dans leurs coffres. Cela soulèverait inévitablement de nouvelles questions : Cet or est-il prêté ? A qui ? Sous quelles conditions ?
Certaines personnes assument naïvement que si de l’or était prêté à de grosses banques commerciales telles que JP Morgan, alors le métal concerné par de tels contrats devrait être déplacé physiquement. Ce n’est absolument pas le cas. De l’or peut être prêté sous la forme de transactions papier sans jamais quitter les coffres de Fort Knox ou de West Point. Le même or peut ainsi être prêté plusieurs fois, et ce jusqu’à ce que plusieurs partis réclament la possession des mêmes lingots d’or physique. Cet or physique pourrait donc soutenir à lui seul une pyramide d’or papier : contrats à terme, options, swaps, réserves non-allouées… L’une des raisons pour lesquelles refuser un audit est d’éviter toute forme de questions légales touchant au titre de propriété des lingots d’or des Etats-Unis – si tant est que leur présence dans leurs coffres soit prouvée. Mieux vaut donc pour le Trésor ignorer l’or qu’ouvrir la boîte de Pandore.
Notons également l’inquiétude rampante concernant la confiscation de l’or de ses citoyens par le gouvernement des Etats-Unis, et qui selon moi devrait être le moindre des soucis de tout possesseur d’or. Pourquoi cela ? Si le gouvernement désirait saisir l’or de ses citoyens (comme le fit Roosevelt en 1933, alors que le dollar était soutenu par l’or), nous aurions déjà pu assister à tant de bouleversements économiques et sociaux que vous auriez déjà manqué l’opportunité d’échanger une partie de votre métal contre des armes à feu et des munitions.