Quel est l’intérêt du gouvernement de légiférer sur les produits d’optique correctrice ?

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Published : March 26th, 2014
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Le billet précédent a analysé la capacité de la nouvelle loi relative à la consommation (dite loi Hamon) à améliorer la concurrence en déréglementant certains secteurs d’activité, comme celui de l’optique correctrice. Nous avions conclu que la nouvelle obligation pour les ophtalmologues d’inscrire l’écart pupillaire sur les ordonnances, non seulement n’est pas une véritable dérèglementation (car les opticiens-lunetiers n’ont actuellement pas un tel monopole), mais qu’elle introduit en outre un nouveau privilège qui avantage directement les marchands de lunettes en ligne.


Une question supplémentaire se pose : celle de comprendre quelles sont les véritables motivations du gouvernement pour légiférer sur ces produits d’optique correctrice car – en dépit de ce qui transparait dans les communiqués de presse – ce n’est certainement pas le pouvoir d’achat des consommateurs. En réalité, dans les conditions actuelles, une baisse hypothétique des prix des lunettes laisserait inchangé le pouvoir d’achat des consommateurs, dans la mesure où ils seront remboursés dans les mêmes proportions par les mutuelles privées. C’est donc tout au plus le montant des frais avancés et des remboursements qui changerait. Cette observation nous laisse entrevoir que le véritable intérêt du gouvernement de réglementer davantage ce domaine est surtout lié aux montants remboursés par les mutuelles privées.


De ce point de vue, il n’est pas anodin que cette démarche favorisant les opticiens en ligne s’appuie essentiellement sur un rapport de la Cour des comptes publié le 17 septembre 2013, concernant l’application des lois de financement de la sécurité sociale. Il mettait en évidence le prix élevé des lunettes en France par rapport à d’autres pays européens. Ce rapport avait été suivi par une série d’articles dans la presse nationale qui fustigeaient les opticiens-lunetiers pour les prix élevés pratiqués en France. La loi Hamon s’est précisément proposée de s’attaquer tout particulièrement à ce problème de prix des lunettes, en cherchant coûte que coûte à augmenter la concurrence dans ce domaine.


Mais, pourrait-on se demander, si les prix des lunettes (aussi élevés soient-ils) ne creusent pas le déficit de la sécurité sociale, pourquoi le gouvernement se soucierait-il du remboursement des mutuelles privées ? Dès lors qu’elles offrent une couverture généreuse de l’optique correctrice, c’est certainement qu’elles ont un intérêt économique à le faire, et tant qu’elles restent viables, c’est certainement que les clients trouvent un intérêt dans le payement des primes d’assurance. Les mutuelles privées ont, en effet, progressivement investi ce domaine de l’optique correctrice abandonné par la sécurité sociale, et utilisent l’argument d’une bonne couverture des lunettes pour attirer des nouveaux clients.


C’est probablement ce montant généreux des remboursements des mutuelles privées que le gouvernement regarde avec envie, surtout à l’aune des déficits abyssaux de la sécurité sociale. En effet, si on le lit plus attentivement, le  Projet de Loi sur le Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) précise qu’un décret devrait précisera « les règles pour éviter de solvabiliser des pratiques tarifaires excessives qui contribuent à la dérive des prix de certains soins ». Cette observation nous amène à anticiper un nouveau décret pour réglementer la couverture des assurances privées, qui les pousseraient à diminuer leurs remboursements d’optique correctrices tout en les obligeant à prendre en charge des nouveaux actes de santé que la sécurité sociale ne peut déjà plus prendre en charge. Ainsi on comprend mieux l’intérêt du gouvernement dans le domaine de l’optique correctrice, qui va au-delà des éléments de langage concentrés sur le pouvoir d’achat des consommateurs.


Si toutefois le gouvernement suivait ce plan, dans son objectif de réduire le déficit de la sécurité sociale, il ne ferait que transférer progressivement les frais médicaux sur les consommateurs, qui, par exemple, vont devoir commencer à payer les frais d’optique correctrice, (même si les prix des lunettes diminuent après le désinvestissement des mutuelles et grâce à l’émergence de produits d’une qualité plus faible). En outre, un tel plan qui propose de plafonner les remboursements ne ferait que collectiviser les assurances santé privées. De ce fait, il leur promet d’ores et déjà le même sort que celui de la sécurité sociale.


Somme toute, on ne déréglemente en réglementant.


 

 

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Marian Eabrasu est professeur d’économie et d’éthique à l’ESC-Troyes. Il a été chercheur à l’International Centre for Economic Research (Turin, Italie) et à l’institut Ludwig von Mises (Auburn, Etats Unis). Il est l'auteur de nombreux articles publiés dans des revues à comité de lecture comme La Revue Française de Science Politique, Quarterly Journal of Austrian Economics, Business and Society, etc. Son dernier article publié en 2012 dans Raisons Politiques s'intitule "Les états de la définition wébérienne de l'Etat"
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Les grandes enseignes font aussi de la vente en ligne, par exemple : http://www.krys.com/lunettes-de-vue-1/lunettes.html
Les mutuelles n'ont pas à vocation de rembourser des marques de luxe, à 600 ou 1500 euros la monture ! C'est sans doute ça le message essentiel à retenir.

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A part "Alternances" chez Kriss, le reste c'est pas des marques de "luxe" ?
Et bien Je ne pense pas être un idiot mais je ne comprends absolument rien à vôtre contorsion conceptuelle mais ce que je sais c'est que quand je fais réviser ma voiture j'exige que mon mécanicien indique précisément ce qu'il à réparé et les pièces qu'il a changé;Est-ce trop demander qu'à-ce que
l'ophtalmo indique l'écart pupillaire sur ma feuille d'ordonnance donc merci au gouvernement et cela sans parti pris envers le socialisme par contre
vous me paraissez prendre parti pour la corporation des ophtalmos
le raisonnement " faire baisser le prix des lunettes ne donnera pas plus de pouvoir d'achat aux consommateurs puisque les mutuelles remboursent tout" est faux.
Dans mon cas ( myopie faible):
je change de lunettes environ tous les 3 ans.
Prix en général autour de 300E, remboursés par la mutuelle ( prise évidemment en fonction).
Si je prend une mutuelle " sans lunettes" je paye 100E e moins par ans. Sur 3 ans 300E. Si concomitamment j'achète le même produit ( lunettes donc) sur Internet , j'ai fait un devis récemment, je paye 80E.
Pas besoin de faire de grandes études pour dire que si je prends une mutuelle sans lunettes+ mes lunettes non remboursées sur Internet, je gagne 220E tous les 3 ans.

L"état perd en plus j'imagine 20% de tva sur la mutuelle+ 20% sur les lunettes a 300. Donc 120.

Et effectivement, le tarif délirant des lunettes ( ie 300 vs 80, et encore 300 je suis sympa) engendre une floraison de magasins d'optique. Est ce que créer 2 marchés virtuels ( celui des mutuelles, qui finalement facturent au client les marges des opticiens) et celui d'opticiens qui fleurissent comme des marguerites au printemps est une bonne chose?

La question du déficit de la SS est un autre sujet...ne serait ce que celui de l'APHP mériterait 20 pages bien fournies.

Mais bon, pour une fois qu'Hamon fait un truc correct ( le seul dans sa vie??) , pas la peine de le démolir ...



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Les grandes enseignes font aussi de la vente en ligne, par exemple : http://www.krys.com/lunettes-de-vue-1/lunettes.html Les mutuelles n'ont pas à vocation de rembourser des marques de luxe, à 600 ou 1500 euros la monture ! C'est sans doute ça le message  Read more
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