Retour vers la Grande récession

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Delta Global Advisors
Published : November 11th, 2015
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Category : Today's Editorial

Il deviendra très vite évident que nos économies à l’agonie ne pourront pas être ressuscitées par un gonflement continuel du crédit par les banques centrales. Des nations qui ont souffert de lourds déséquilibres de capitaux, un endettement excessif et des bulles sur les actifs ne peuvent pas être guéries par la création monétaire. Le quantitative easing et les taux d’intérêt proches de zéro ont la capacité d’apporter une croissance du PIB qui n’est qu’éphémère et illusoire. La raison en est qu’il est capable de faire grimper temporairement les prix des actions, des obligations et des propriétés, ce qui génère une croissance artificielle de l’emploi et de la consommation. Mais les bénéfices de la gratuité de la monnaie a ses limites, et sont accompagnés de lourdes conséquences.

L’espoir de croissance économique généré par les banques centrales disparaît rapidement parce que le mécanisme de transmission est désormais brisé. Les banques centrales peuvent imprimer de la monnaie, mais si les nouveaux actifs ne sont pas achetés par des banques privées, la croissance de la masse monétaire est limitée. Maintenant qu’une majorité des banques centrales ont fixé le taux d’emprunt à des niveaux plus bas que jamais, il n’est plus possible d’aller plus bas encore. Et il devient évident que les gouvernements sont très doués pour ce qui est de générer des bulles sur les actifs, mais complètement inadéquats pour ce qui est de générer une croissance durable.

La Banque du Japon est par exemple parvenue à générer une inflation (hausse de l’indice des prix à la consommation de 2,4%), mais après plus de deux années d’Abénomie et d’attaques portées contre le yen, le PIB du pays est désormais plus bas encore qu’en 2012. La dynamique de croissance n’est pas très différente en Chine, où la croissance du PIB en 2010 était 5% supérieure à ce qu’elle est aujourd’hui, selon les chiffres officiel, et alors que la Banque populaire de Chine tente de laisser s’échapper de l’air de sa bulle sur les actifs.

Tous les espoirs des banques centrales reposent désormais sur Mario Draghi et sur la BCE. Deux années après avoir promis de faire « le nécessaire » pour faire baisser les rendements des obligations, la BCE devrait commencer à acheter officiellement des obligations au mois de mars. Le problème étant que la décision de Mr Draghi n’a servi qu’à permettre aux banques d’agir les premières. Ainsi, les rendements des obligations souveraines sont déjà proches de zéro, et tout bénéfice artificiel dérivé de taux d’emprunt moindres a déjà été pris en compte. Et aujourd’hui, ces banques, saturées de dette européenne, n’attendent plus que le début du mois de mars pour vendre à Draghi. Ces mêmes banques ne s’empresseront pas d’émettre de nouveaux prêts avec le crédit de la BCE, ni d’acheter de la dette additionnelle, puisque les actifs concernés n’offrent aucun profit.

Les Etats-Unis ont pu profiter de la capacité de la Fed à faire grimper les prix de l’immobilier et les poches des banquiers de Wall Street, bien que temporairement. Mais une fois de plus, sur Main Street, les choses semblent douloureusement illusoires. Le PIB américain pour le dernier trimestre de l’année 2014 était inférieur de moitié à ce qu’il était un trimestre auparavant. La croissance du PIB de 2,4% enregistré en 2014 reste inférieure à la croissance de 2,5% enregistrée en 2010 pendant la première année de la Grande récession.

Les banques centrales ont détruit les vestiges du marché libre avec leur objectif de création d’inflation. Mais avec la disparition des bénéfices de croissance dérivés de la monnaie gratuite (s’il en existe), qu’avons-nous à espérer aujourd’hui ? Les investisseurs auront le plaisir d’être témoins du renversement des rendements des obligations, alors que l’échec des banques centrales et des gouvernements à générer un PIB durable deviendra évident aux yeux de tous. Les obligations japonaises sur dix ans rapportent aujourd’hui 0,46%, contre seulement 0,2% le 19 janvier dernier. Les rendements ont commencé à grimper en Europe ainsi qu’aux Etats-Unis.

Le renversement des rendements des obligations souveraines n’est pas lié à la hausse de l’inflation, ou à l’accélération de la croissance, mais à la fin de l’efficacité du QE. Nous voilà donc avec des rendements qui doivent maintenant prendre en compte le risque d’inflation représenté par la hausse des bilans des banques centrales et des réserves d’obligations accumulées depuis la fin de la Grande récession. Plus important encore, sans une manifestation de cette croissance promise par la création monétaire des banques centrales, les nations souveraines ne peuvent plus maintenir l’illusion de solvabilité. Depuis le début de la crise à la fin 2007, la dette globale a augmenté de 60 trillions de dollars, soit 286% du PIB, contre 269% il y a sept ans.

Alors que la confiance en la capacité des banques centrales à sauver le monde se dissipe, les taux d’intérêt commencent à grimper. Une hausse des taux d’intérêt est l’inverse du QE. La hausse du coût du remboursement de la dette, combiné à l’éclatement imminent de la bulle sur les actifs, fera s’effondrer le PIB. Cerise sur le gâteau, la Réserve fédérale menace de faire grimper les taux dans un contexte de ralentissement de la croissance du PIB tout autour du monde. Avec une capitalisation boursière totale pour les actions américaines de 124% du PIB et une bulle historique sur la dette gouvernementale, les investisseurs du monde doivent se préparer à voir réapparaître une Grande récession.

 

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