Un grain majeur à venir

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Published : March 02nd, 2013
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Category : Opinions

Bon, alors, finalement, cette reprise, elle vient ? Non, toujours pas ? Pourtant, il y a encore quelques mois, tout le monde s’entendait pour dire que les États-Unis repartaient de l’avant, youkaïdi, youkaïda, sous l’impulsion d’un Obama adulé par tous (mais si, mais si – à l’exception de quelques civils insurgés afghans, mais baste, passons). Las. Arrivé février 2013, la situation semble bien moins rose.

Et avant même d’entrer dans les détails d’un marché boursier qui semble s’agiter comme un junkie avant l’overdose, penchons-nous quelques instants sur les fondamentaux américains puisqu’il est dit et répété que l’Amérique conduit le monde. Penchons-nous, mais pas trop, de peur de tomber : c’est en effet des trous béants qui s’offrent devant nous, à commencer par celui de la dette américaine, toujours aussi gargantuesque, et qui continue d’enfler. Et pour cause : les États-Unis sont plongés dans le même paradigme délétère que l’Europe, paradigme qui veut qu’une bonne relance par la dépense aidera à nous sortir de l’ornière dans laquelle nous avons basculé.

Cependant, cela fait des années qu’on a basculé, cela fait des années qu’on relance, et cela fait des années qu’on n’en sort pas. La conclusion keynésienne de l’administration Obama est donc évidente : on n’a pas assez relancé. Notez à quel point le raisonnement est similaire à ce qui se passe en Europe, et en France en particulier, où les caniches de la dépense joyeuse continuent d’aboyer sur le contribuable à chaque mésaventure budgétaire et préfèrent grogner pour trouver 6 milliards supplémentaires qu’ajuster les dépenses pour 6 milliards de moins.

Et puis, les petits graphiques s’accumulent et ne pointent pas forcément dans la bonne direction. Celui de la masse monétaire (graphique n°1) présente une jolie exponentielle :

Celui de l’emploi, graphique n°2, lui, refuse méchamment de coller aux prévisions (malgré la relance, je le rappelle) :

Si l’on ajoute d’un côté l’effondrement des exportations américaines …

24hGold - Un grain majeur à ve...

… et l’investissement dans l’immobilier rocambolesquement élevé tout d’un coup, qui fait furieusement penser à une bulle d’opportunité

24hGold - Un grain majeur à ve...

… on en vient à douter (franchement, si) de la fameuse reprise américaine et à ne pas tout parier dessus pour nous sortir de la fameuse ornière de tout à l’heure. Je ne vais pas non plus parler du taux de déliquescence des prêts étudiants américains, dont la somme totale avoisine les 220 milliards de dollars et dont une moitié semble à passer en pertes…

Cela me semble évident : la crise est là, et bien là, et pour l’État (américain, européen, français), il va falloir encore se desserrer la ceinture un bon coup. Et là, il y a un problème. Parce que, comprenez-vous, dire officiellement qu’on va continuer à imprimer des billets comme les journalistes des années 50 des articles en cinq colonnes à la Une, avec les rotatives qui tournent à fond, ça risque d’inquiéter un tantinet des marchés déjà fort nerveux. Alors, on va indiquer, discrètement, que toute cette belle politique laxiste de distribution de papier à tout le monde, cela commençait à bien faire. Dans les minutes de sa dernière réunion, la Fed a ainsi expliqué :

« Un certain nombre de participants ont établi que l’évaluation de l’efficacité du coût et des risques des rachats d’actifs pourrait conduire le Comité à diminuer ou terminer ces rachats avant qu’on puisse constater une amélioration substantielle du marché de l’emploi. »

Une fois traduit, cela veut dire que certains se sont rendus compte que même si le graphique n°1 se verticalisait à la vitesse d’un DSK sous viagra, le graphique n°2, pour le coup, s’affalait comme un Hollande sous Valérie et que tous ces mouvements de petits billets ne servaient finalement peut-être pas à résorber le problème, voire à l’aggraver. À la suite de cette boutade fédérale, les marchés or & action ont bien entendu dévissé : stupéfaction ! Horreur ! Le bon argent frais va arrêter de dégouliner des tubulures chromées de la Fed !

Rassurez-vous : les autorités américaines sont bien vite revenues sur leurs constats.

Soyons bien clairs : ici, les opérateurs habituels jouent à se faire peur. Tout le monde sait pertinemment que la distribution de roudoudous verts va continuer, tout simplement parce qu’il n’y a aucune autre option dans la panoplie des économistes actuels. La seule échappatoire serait de laisser s’effondrer les banques chargées de créances douteuses ou pourries, de laisser se liquider les fonds de pension en défaut, de diminuer les dépenses gouvernementales comme jamais, sachant que tout ceci provoquerait une déflation à côté de laquelle celle de 1929 aurait un petit air « parcours de santé ». Il va de soi que la (très grosse) douloureuse s’étalerait pendant une paire d’années et que l’économie, assainie, repartirait ensuite sur des bases bien plus solides. Mais honnêtement, on voit mal les cyniques, les imbéciles et les mollassons qui nous gouvernent (tant de ce côté-ci que de l’autre de l’Atlantique) prendre une telle décision, politiquement intenable, d’autant plus dure à prendre maintenant qu’il aurait fallu la prendre il y a plus de dix ans, et qu’elle a été repoussée jusqu’à maintenant…

Autrement dit, non, les QE de Ben ne sont pas finis ; et je ne suis pas le seul à émettre cet avis :

Et à ceci se sont ajoutées les tensions gouvernementale italienne, avec la montée franche d’un populisme dont on peine à voir les objectifs concrets. C’est donc logiquement que les marchés ont montré des signes de nervosité particulièrement importants ces derniers jours, lundi 25 et mardi 26 février notamment. Or, cette agitation, si elle paraît particulièrement effervescente et brouillonne, permet tout de même de rassembler quelques informations intéressantes. D’une part, les volumes d’échange sont toujours aussi faibles, ce qui montre que non, les investisseurs les plus nombreux ne sont pas revenus. La confiance dans l’avenir, synonyme d’investissements boursiers et de prises de risque, n’est toujours pas là.

D’autre part, les cours de l’or, qui avaient subi une baisse logique depuis quelques mois, sont « subitement » repartis à la hausse alors que les tensions, justement, s’accumulaient. Il est intéressant de constater ce genre de mouvements sur le métal précieux, alors que, depuis quelques jours, l’or est à nouveau en backwardation : les prix des contrats futurs sur l’or sont actuellement supérieurs au prix courant (spot) de l’or. Autrement dit, un investisseur aurait tout intérêt à vendre son or maintenant pour le racheter à terme et récupérer un profit ; comme actuellement, ce n’est pas ce qui se passe, on en déduit que tout le monde préfère le « tiens » unique de maintenant aux deux « tu l’auras » dans plus tard. Tout se passe comme si certains envisageaient l’avenir encore plus sombre, notamment au niveau des monnaies, et se réfugiaient dans l’or.

Non, la crise n’est décidément pas finie, et l’Europe n’en finit pas d’aller mieux. La guerre des monnaies semble se mettre en place d’autant plus facilement que les imbéciles frétillants l’attisent de leurs grands moulinets oratoires, les chiffres macro-économiques se succèdent et se ressemblent tous dans l’abominable, et le pouvoir politique, des deux côtés de l’Atlantique, montre tous les signes d’une parfaite déconnexion avec la réalité.

Personne ne semble prendre la mesure de ce qui se profile à l’horizon, mais tout pointe dans la même direction : un grain majeur.

Sera-t-il plus ou moins camouflé, plus ou moins atténué par les mouvements excités de politiciens et de banquiers tentant de sauver les meubles par tous les moyens (illégaux ou non-orthodoxes y compris) ? Sera-t-il au contraire évident, massif, visible et supporté par tous ? Peu importe finalement : la situation est très tendue, et devant l’amoncellement de chiffres et de comportements catastrophiques, on voit mal l’année 2013, encore jeune, se terminer dans 10 mois sur un constat de stabilité.

Source : h16free.com
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H. Seize rédige sur http://h16free.com ses chroniques humouristiques d’un pays en lente décomposition, et apporte des solutions dans son livre, Egalité, Taxes, Bisous. Dans un monde toujours plus dur, et alors que la crise, la vilénie, les aigreurs et les misères allant de la maladie aux bières tièdes font rage, un pays fait courageusement face et propose toute une panoplie de mesures plaisamment abrasives qui permettront d'aplanir les aspérités, gommer les difficultés et arrondir les angles. Ce pays, rempli de gentils et d'aimables tous les jours mieux pensant, est devenu un véritable phare scintillant dans la nuit noire de l'obscurantisme des méchants et des vilains. Et pour mieux scintiller, il s'est doté d'une devise qui est parvenue à se hisser au rang de slogan, d'accroche et de modus vivendi : pour chacun et pour tous, il faudra de l'égalité, des taxes, et des bisous.
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Athènes, Rome. Pour ne citer que nos illustres cités joyaux de nos civilisations occidentales passées.
Mais, on pourrait citer les mégapoles antiques en asie, en amérique du Sud, totalement recouverte de végétation et sans homme...

Et nous nous ferions mieux qu'eux?
En quoi sommes nous plus grand? Par le progrès? Oui c'est plus sophistiqué désormais. Mais le fond reste le même.

Tout le monde le refuse, personne le souhaite et pourtant. L'humain est si faible...

Alors les américains... héhé... ce qui a de bon chez eux, c'est que même si c'est mauvais ils essaient, nous on a du retard car on attend de voir le résultat, on paie pour voir en quelque sorte...

Je crois que ce qu'il va se passer, même les pires dictateurs, ou les grand théoriciens de la limitation de population n'aurait pu rêver mieux.
Un Reset géant...
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Non ça n'arrivera pas, car nous avons tout pollué et intoxiqué, la végétation ne recouvrera pas nos cités ! mouahaha
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"la végétation ne recouvrera pas nos cités !"
De l'herbe dans nos cités, vous n'y pensez pas !
Ah, non, ok, en général, pas que celle-là, j'avais mal compris.
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Et Obama vient de mettre en route le plan d'austérité qu'il qualifie lui-même de "dumb and arbitrary".

Je crois que les gens ne réalisent pas ce qu'il se passe : ce plan d'austérité avait été concocté uniquement dans le but de faire peur aux politiciens et les forcer à trouver des accords (si possible via des psychodrames hypermédiatisés). Il n'était jamais question de mettre ce plan à exécution.
Mais la situation a tellement dégénéré et les politicards sont tellement nuls, qu'ils ont fini par se retrouver coincés dans ce jeu idiot et les voilà contraints de mettre ce plan en application.

C'est le triomphe de la non-volonté. Une forme de fatalité, comme si quelque chose de supérieur à la volonté humaine (qui se ratatine) imposait un destin inévitable.

Obama vient de signer l'arrêt de mort de la volonté politique moderne, de notre démocratie. La machine est en route et rien ne pourra plus l'arrêter.
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Les civilisations ne meurent pas, elles se suicident.
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Il se pourrait aussi que ce plan d'austérité aide au retour de la croissance puisque moins d'argent dépensé par l'état égale moins de gaspillages. On ne gaspille que ce qui est gratuit. L'état dépense l'argent "gratuit" des contribuables collecté par le fisc donc l'état peut gaspiller. Contrairement aux gens normaux qui ne peuvent pas gaspiller quelque chose parce qu'ils ont d'abord acheté la chose. Je parle bien de gaspillage au sens premier du mot, c'est à dire consommer en pure perte.
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Les gaspillages volontaires ne diminuent pas avec leur assiette.
Ceux qui ont un jour goûté à la dure ont une dépendance croissante, les changement d'environnement n'y font rien.
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C'est effectivement la théorie de base de tout plan d'austérité. Aucun gouvernement ne va mettre en oeuvre un plan d'austérité en déclarant "nous allons couper toutes les dépenses utiles afin d'enfoncer le peuple dans la misère tandis que quelques privilégiés profitent des dépenses inutiles que nous allons maintenir envers et contre toute logique économique". (pas même en belgique.....quoique).

Mais dans la pratique, les plans d'austérité européens ne semblent pas porter leurs fruits.

Le plan américain sera-t-il plus efficace ? A voir le commentaire d'Obama, j'en doute. Si ce plan avait pour but de faire peur, je crois qu'il fera mal.

J'ai lu quelque part que le plan prévoit de couper les aides à plus de 200 000 étudiants. Quand on sait que l'éducation publique est un problème aux USA, on peut se poser des questions sur leur avenir.
Il s'agit aussi de couper dans les 40 milliards de dépenses militaires. Il y a donc toute une industrie (fournisseurs) qui va en souffrir.

J'ai constaté que ce sont rarement les vraies dépenses inutiles qui sont coupées (car elles sont souvent obtenues par copinage et échappent aux catégorisations médiatisées). Par exemple à Bruxelles il y a une librairie assez grande, 1200m², qui génère des bénéfices. Pourtant elle reçoit 30 000 euros de subsides.
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"la végétation ne recouvrera pas nos cités !" De l'herbe dans nos cités, vous n'y pensez pas ! Ah, non, ok, en général, pas que celle-là, j'avais mal compris. Read more
Teubass - 3/4/2013 at 10:34 PM GMT
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