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Pourquoi l’innovation ne génère-t-elle plus de croissance ?

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Published : September 25th, 2014
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Category : Editorials

La croissance moyenne en Europe, au Japon et aux États-Unis ne cesse de ralentir par rapport aux décennies précédentes, et elle tend autour de zéro, désormais, pour les deux premiers, et de 2% pour le troisième. Pourtant, dans ces pays, l’innovation demeure foisonnante, quantité de nouveaux services apparaissent, de nombreuses startups se lancent et lèvent des fonds, et la recherche scientifique continue de faire des découvertes. Alors pourquoi cette inventivité (qui permet de faire plus et mieux avec moins) ne se traduit-elle pas par de la croissance économique ?

Il existe, bien sûr, une raison purement économique : le poids croissant de l’État dans l’économie, le montant des impôts et l’accumulation des réglementations qui découragent l’entrepreneur et étouffent l’initiative. Mais poursuivons sur le terrain de l’innovation…

C’est que l’innovation comporte un inconvénient, formulé par l’économiste Joseph Schumpeter : la "destruction créatrice". Au début, elle rend obsolète des produits qui se vendaient bien, pousse à la faillite des entreprises trop sûres d’elles-mêmes, et détruit de l’emploi. C’est le processus normal du capitalisme, d’une société où règnent les libertés économiques. Seule cette voie permet l’enrichissement d’un pays, la hausse du niveau de vie et le plein emploi, par delà des crises de croissance.

Cependant, de plus en plus, l’État est tenté d’intervenir pour protéger les entreprises existantes. On l’a vu avec les banques lors de la crise de 2008, et cela continue aujourd’hui avec l’action des banques centrales qui maintiennent leurs taux au plus bas, de façon à faciliter le refinancement du système bancaire. L’État fédéral américain a également aidé General Motors et d’autres grandes entreprises. On le voit aussi avec des innovations de rupture qui font face à la puissance étatique et aux corporatismes comme, par exemple, Uber, qui voit son développement entravé dans de nombreux pays sous la pression des taxis, ou Airbnb, qui voit se dresser devant lui de nombreuses municipalités. Ce type d’alliance entre les grandes entreprises, les corporations et les pouvoirs publics afin de maintenir le statu quo, c’est ce qu’on appelle le "capitalisme de connivence" ("crony capitalism"), qui prend, malheureusement, de plus en plus d’ampleur.

Mais il y a pire : l’État prétend parfois indiquer le sens du progrès et y consacre des sommes gigantesques, au point de déformer complètement les logiques de marché (effet d’aubaine, course à la subvention, satisfaire l’appel d’offre plutôt que s’interroger sur les besoins du consommateur). C’est le cas du réchauffement climatique et des dépenses astronomiques engagées dans l’éolien, le photovoltaïque, la lutte contre le CO2. Nous n’aborderons pas le problème de fond ici, mais nous remarquerons tout de même qu’un organisme international a été créé spécifiquement pour prouver ce réchauffement (Intergovernmental Panel on Climate Change, GIEC en France) et que, s’il en venait à invalider cette tendance, il perdrait toutes ses subventions… voilà qui n’encourage pas forcément à l’objectivité scientifique.

Au final l’État se mêle de plus en plus de l’innovation, de ses applications dans la société comme des directions qu’elle doit prendre, à coup de réglementations et de subventions. Le marché, c’est-à-dire la rencontre des entrepreneurs et des consommateurs, a de moins en moins son mot à dire. Comment s’étonner ensuite que le flux d’innovation n’irrigue plus suffisamment l’économie ?

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@ RalphZ
C'est vrai que point de vue consommation, ça y va fort, on nous prend vraiment pour des gogos ! Honnêtement, mais rasoirs à 2 lames (on ne trouve plus que ça sur le marché) ne me rasent pas mieux que les précédents à une lame et je ne me coupe pas plus pas moins !
Vous aimerez cette anecdote tirée d'un livre de l'incontournable Henri Vincenot :"Le maître des abeilles". Un gars de la campagne (bourguignonne) va au salon des inventeurs à Paris, ça se passe dans les années 30. Là, le type médusé découvre la machine à faire les omelettes : on met les coucounets à l'entrée de la machine, hop, qqs coups de manivelle et les coquilles tombent d'un côté, les oeufs battus et prêts à cuire sont récupérés à l'autre extrémité. Le génie l'état brut : sûr, rapide, propre. Sauf que.......eh ben la bécane il faut l'entretenir : démontage, lavage et séchage des pièces, remontage. Pour le mec qui aime l'omelette baveuse, impensable de faire ça pendant la cuisson vu le temps nécessaire à cette laborieuse manip' !!!!! Une espèce de progrès à l'envers, un peu comme l'anti-matière quoi !!!!
Yapa photo, il y a quand même des types qui pensent.... Pour certaines innovation/inventions que on pourrait qualifier de limites, ce serait encore jouable. Mais avec l'état que nous connaissons, bardé de réglementations, hérissé de taxes et aussi fouille-merde qu'un rectoscope, autant rester chez soi sans faire de vagues !
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Qu'on se le dise, l'innovation vraie existe encore... mais proportionnellement en recul par rapport au reste.

7 airbags dans une voiture, l'ABS, ESP et autres systèmes de sécurité.... d'accord, ça sauve des vies, réduit les blessures.
Mais des capteurs de pluie ? est-ce tellement difficile de se rendre compte qu'il y a des gouttes sur le pare-brise et de tourner le bouton de l'essuie-glace ?

Se pose aussi la question de l'utilisation qu'en fait le public. Depuis des années, les constructeurs auto redoublent d'efforts pour réduire la consommation de leurs moteurs..... et que font les acheteurs ? ils prennent des SUV, monospace, multispace... donc au lieu d'en profiter pour consommer moins, ils en profitent pour consommer autant (voire plus) avec une plus grosse voiture.

Je pense que l'innovation s'est dépassée pour devenir de l'innovation-à-tout-prix.

L'innovation "normale" : on identifie un problème, un besoin réel, un retard dans un mécanisme/processus, et on y apporte une solution. L'imprimerie par gravure était lente et s'usait vite, Gutenberg a innové avec des caractères mobiles qui permettaient de composer des pages de texte beaucoup plus rapidement.
Les communications dans l'économie mondiale étaient lentes et peu fiables, le téléphone et l'internet ont apporté des solutions innovantes.
Les autres méthodes n'ont pas pour autant disparu (écriture à la main, lettres postales,...).

Dans l'innovation-à-tout-prix, on ne cherche plus à "réparer" ou "compenser" des problèmes, on cherche juste à vendre un produit nouveau pour se différencier de la concurrence et pour répondre à un besoin artificiel de nouveauté entretenu par la publicité à outrance.
Pensez-vous vraiment qu'un rasoir à 5 lames change le monde comparé aux rasoirs à 2 ou 3 lames ? Il s'agit d'un pur produit marketing...pourtant des ingénieurs ont fait des études très difficiles et ont été payés cher pour mettre au point le rasoir à 5 lames. Pour autant, il n'y a pas plus de gens qui se rasent (enfin, proportionnellement à la population) et cela n'apporte aucune valeur ajoutée à l'économie ou la société (non, on ne se rase pas plus vite, on ne gagne pas du temps de travail).

L'industrie pharmaceutique en est un exemple pitoyable. Aujourd'hui encore, une page pleine dans le journal Le Soir au sujet des maladies inventées par l'industrie de la santé. Un médicament a pour effet secondaire de retarder le coït du mâle ? Parfait, on manipule quelques statistiques pour faire croire que 35% des hommes sont des éjaculateurs précoces et que leur femme les quitte ou les trompe, alors qu'en réalité il n'y a que 3-4 % d'hommes concernés, et souvent les femmes se montrent compréhensives.

Cette innovation-à-tout-prix a justement un prix : à force d'investir dans la R&D, les entreprises voient leurs marges bénéficiaires se réduire. Elles n'ont plus le temps de rentabiliser un nouveau produit, elles doivent déjà inventer le prochain pour rester compétitives.
Alors elles peuvent abandonner certains secteurs (comme Sony abandonne les ordinateurs, alors que c'était une des meilleures marques), ou bien faire payer très cher le marketing (comme Apple).
Mais cela épuise les ressources, le marché sature, beaucoup d'innovations ne sont pas fiables et n'apportent rien....

Ma mère a acheté des "distributeurs de savon" à capteur infrarouge.... ça sert à quoi ? On ne se lave pas les mains plus vite, et quand la gastro est arrivée dans la maison, on l'a tous chopée... Zéro valeur ajoutée.

La course à la consommation entre en surchauffe, la fin est inéluctable.
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@ RalphZ,

EXCELLENT !

;-)
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@ Ralphz

Point de vue intéressant mais qui à nouveau prends des exemples pour essayer d'en tirer une "généralité". Evidemment qu'il y a un tas d'innovation qui ne servent strictement à rien. De la à venir dire que l'innovation ne sert à rien est un raccourci qu'on aime bien prendre sur ce site :)

Et comme vous le dites si bien, bcp "d'innovations" n'en sont absolument pas, ce ne sont QUE des produits marketing.Et ensuite les prendre comme exemple pour valider vos théories foireuses c'est plutot comique :).

Tout ca pour dire que cet article rejoint "ma pensée" ainsi qu'une partie de celle de Charles :

L'innovation est utile et continuellement présente. Elle pourrait permettre à l'humanité de ne pratiquement plus travailler (penser aux emplois réellement utiles dans notre société ? 95% des emplois ne servent strictement à rien si ce n'est à générer contrôle et paperasse.

Mais une minorité s'accapare les bénéfices de l'innovation. Au lieu de profiter à l'humanité, elle profite à l'humanité et c'est ca le véritable problème de l'innovation.

Elle raréfie l'emploi, et les gains en productivité sont accaparés par cette minorité.

Bref, l'innovation est présente et utile. Reste à redistribuer correctement les bénéfices de cette innovation. Voir à repenser entièrement le système

Cdlt
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d'où la différence que j'ai posée entre "innovation" et "innovation-à-tout-prix", que vous avez bien soigneusement ignorée.

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l'innovation est soumise au diktat de la rentabilité financière, donc si on veut vous vendre plus cher et plus souvent quelque chose de nouveau et vous faire croire qu'il y a des avantages à ça même si ils sont minces, c'est pour générer du profit. L'innovation qui ne rapporte pas d'argent n'est pas l'innovation que l'on recherche, comme disait JP Morgan :" votre invention est fabuleuse Mr.Tesla mais où est-ce que l'on met les compteurs ?"
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Dekyus - 9/27/2014 at 8:24 PM GMT
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